Un. Je viens d’une famille plutôt modeste. Une mère espagnole qui a immigré ici, un père américain. Rien de bien surprenant. Deux. Mon frère aîné a trois ans de plus que moi et ma soeur, huit ans de moins que moi. Mes parents ne pensaient pas avoir un troisième enfant après moi, et voilà que ma soeur est apparue. Trois. Mon enfance et mon adolescence se sont déroulés sans grande histoire. À l’école, je n’étais pas un génie, mais je n’étais pas un cancre non plus. Sachant que mes parents n’avaient pas les moyens de m’envoyer à l’université et que je n’avais pas les capacités d’avoir une bourse d’études, j’ai fait un cours d’administration dans une université communautaire près de Los Angeles, en Californie. Quatre. Le déménagement à l’autre bout du pays n’a pas été difficile. Avec mon frère ayant quitté la maison rapidement et ma soeur arrivant à un âge où elle était capable de me tomber sur les nerfs rapidement, le changement d’air me fit le plus grand bien. J’avais toujours eu pour habitude de me débrouiller pas mal seule de toute façon. Cinq. Bien que j’ai l’impression d’avoir grandi rapidement, une chose me fait sentir comme une enfant, et c’est Disney. Pendant mes études, j’ai travaillé à Disneyland comme caissière dans une boutique et à ma surprise, j’adorais l’endroit. Six. J’ai rencontré mon futur mari alors que je travaillais comme secrétaire dans un cabinet médical. Je n’avais pas toutes les connaissances, mais j’apprends rapidement et surtout, je suis organisée comme peu de gens le sont. À ce moment, il était doux et attentionné avec moi. Deux ans après notre rencontre, il m’a demandé en mariage. Sept. Suite à notre union, nous sommes déménagés à Bishopville. C’est grâce à une des amies de mon mari, Olivia, que j’ai trouvé un nouvel emploi. Huit. Je ne sais toujours pas si c’est le déménagement, le changement d’emploi ou autre, mais mon mari a commencé à se comporter de façon différente suite à notre arrivée en ces lieux. Il était devenu plus colérique, plus difficile à saisir. Puis, un soir, il vint à me gifler, sans aucune raison. Il s’excusa. Je crus que c’était qu’un seul épisode, que ça ne se reproduirait plus. Je ne savais pas à quel point j’avais faux à ce moment-là. Neuf. Les épisodes n’ont pas diminués. Ils sont devenus plus réguliers, et surtout plus intenses. Il s’excusait, tout le temps, jusqu’au moment où il ne s’excusait plus. Où les marques étaient présentes plus d’un seul soir. Les questions commençaient à surgir, mais je ne parvenais juste pas à y répondre. Dix. C’était il y a six mois. Sa colère était pire que jamais. À ce stade, je n’étais plus sa femme, j’étais juste une personne quelconque, son punching bag idéalement. J’étais si mal en point que je ne parvenais pas à me lever. Je ne me voyais pas appeler la police, il était parti de toute façon, boire je ne savais où. J’ai appelé Olivia. Je détestais me montrer si vulnérable mais je n’y parvenais plus. Heureusement, elle était parvenue à m’aider à faire mes valises et quitter la maison avant qu’il ne revienne. Onze. J’avais tellement de blessures que j’avais été obligée d’aller à la clinique. Ce fut au moment de mon examen qu’on m’apprit que j’étais enceinte. D’un rapport que je n’avais pas voulu avec lui, mais que j’avais perdu le bébé, suite aux coups. Je ne sais toujours pas comment digérer cette nouvelle. Douze. M’enfermer dans le travail, tenter de passer outre, de ne pas y penser, voilà comment j’essaie de m’y faire, à cette vie qui ne me ressemble pas pour le moment. J’ai de la difficulté à m’adapter, mais j’essaie de faire comme si ce n’était pas le cas. Je sais que ça va me rattraper un jour. Je ne sais juste pas comment, et je ne sais pas si je veux le savoir.