Le cauchemar est terminé. Enfin. Le soulagement est immense pour moi mais tout n'est pas terminé tant que je n'aurais pas vu mes filles. C'est à elles que j'ai pensé durant tout ce calvaire, enfin du moins quand j'étais assez lucide pour le faire. Pour elles j'ai tenu le coup. Car mes filles n'ont plus que moi et il était hors de question que je les abandonnes. J'ai perdu mes parents quand j'était petite, elles ont perdus leur père déjà. Je ne pouvais pas les abandonner, pas moi. Alors je me suis accroché à ça quand je me sentais à bout. Maintenant j'ai juste envie de les voir, ce qui n'est pas encore arrivée. Depuis que je me suis réveillée à l'hopital, j'ai juste eu le droit au défilé de mes collègues, de mon patron et même une tentative d'intrusion d'un journaliste. Soit un tas de gens a qui je ne voulais pas parler. Mais pas mes petites filles pour le moment. On m'a dit que c'était mieux ainsi, que je n'étais pas belle a voir et que je pourrais leur faire peur. Pourtant j'ai envie de les voir moi, j'ai eu si peur de les perdre. Quand la porte s'ouvre j'ai l'espoir de voir ma mère arriver, avec mes filles puisque c'est elle qui les as récupérés. Mais ce n'est pas elle, c'est Jonas qui arrive, mon partenaire. Je souris en le voyant arriver. « Salut Jonas comment tu vas ? »

Ma partenaire avait vécu un enfer. Je le savais, et j’avais eu terriblement peur pour elle ces derniers jours. J’avais pris la peine de lui laisser de l’air ces dernier temps, mais je ne pouvais pas rester plus longtemps sans la voir. Aujourd’hui, c’était mon jour de congé et je n’avais pas Maelia avec moi. Parce que ses grands-parents avaient d’autres plans. Comme bien souvent lorsque je n’avais pas un week-end libre, ou que ce n’était pas prévu des semaines d’avance. Mais aujourd’hui, je n’allais pas passer le temps à me morfondre, parce que je voulais aller voir Edwige. Je n’avais pas pu prendre du temps pour lui parler depuis les évènements et il était temps, en mon sens, que je le fasse. Quittant ma demeure, j’arrêtai dans un café pour aller prendre du café pour nous deux et des petites douceurs. Viennoiseries, donuts - un incontournable - tout ce qui pourrait lui plaire. Je me rendis ensuite chez elle, et je frappai à la porte. J’eus une réponse rapidement, avec une tête qui me brisait un peu le coeur. Gardant ma contenance, je lui lâchai un petit:  « Hey… » J’eus un petit sourire un peu nerveux, puis je répondis:  « C’est plutôt à moi de te poser la question… » Moi ça allait et c’était inutile d’en parler. Présentant les victuailles, je demandai ensuite:  « Tu es occupée ? » Je ne voulais pas la déranger non plus avec tout ça. Au pire, je lui laisserais ça et j’allais quitter avec le café que j’avais pris pour moi. Après tout, je voulais savoir comment elle allait, prendre des nouvelles, pas me montrer envahissant.

Voir Jonas remuait un peu les choses en moi. Je n'avais pas trop repensé au travail depuis mon retour, enfin pas quand j'étais seule en tout cas. Alors voir mon partenaire me ramenait inévitablement au travail. Heureusement pour moi, ce n'est pas que mon collègue, c'est aussi un ami alors grâce à ça je peux repousser au loin mes pensées les plus morose. J'arrive à afficher un sourire de façade avant de le saluer. Je remarquais bien son air en voyant mon visage, je savais que je n'étais pas très belle à voir. Mais il eu la délicatesse de ne pas me le faire remarquer. Je le laissais entrer. Il me retourna ma question, comment j'allais. Par moment j'en avais un peu marrer d'entendre ce refrain. Je sais que les gens ne pensent pas à mal, au contraire. Mais que pense t'il que je vais répondre? Non c'est évident que je ne vais pas méga bien, je pense que personne n'irait bien dans ces conditions. Le pire pour moi étant de n'avoir aucun souvenir précis, je sais qu'on m'a fait du mal mais je ne suis pas capable de dire quoi exactement. Je ne répond pas à Jonas, je hausse simplement les épaules. Si j'ouvre la bouche je risque de laisser couler toute ma peur. Il me tend ce qu'il a dans les mains, me demandant si je suis occupé. Je secoue la tête et l'invite à me suivre pour venir s'asseoir. Une fois bien installé j'ouvre enfin la bouche « Je suis contente de te voir, je me sens un peu seule en ce moment. Les filles sont chez mes parents » J'attrape le café qu'il m'a apporté « Merci beaucoup » Je trempe mes lèvres dedans avant de me confier « J'ai peur toute seule, je pense que je vais allez vivre un peu chez mes parents »

Je ne fus pas nécessairement surpris de n’avoir aucune réponse de sa part. Je supposai rapidement que c’était le choc, le contrecoup de toute cette histoire et c’était une réaction tout à fait normale et ce, pour qui que ce soit. Je l’avais vue tellement souvent sur plein de gens, je ne m’en étonnai pas, mais il n’en demeurait pas moins que parce que c’était une personne à qui je tenais, parce qu’elle était ma partenaire et que nous étions quand même proches, ça me perturbait, ça me brisait un peu le coeur. Je lui offris un petit sourire triste tandis qu’elle me laissait entrer. Je n’avais pas tenu quelconque mot depuis que je lui avais demandé comment elle allait, et je ne le fis pas quand elle me dit qu’elle se sentait seule. Tout ce que je fis, ce fut de me congratuler d’avoir choisi de passer la voir plutôt que de rester chez moi et attendre qu’elle revienne travailler en ne sachant pas combien de temps il faudrait. Je savais que je ne pouvais pas tout changer, mais si je pouvais lui tenir compagnie pendant un petit temps, c’était certainement mieux que rien du tout, n’est-ce pas ? Enfin, c’était ainsi que je voyais les choses. Prenant un air un peu plus sévère quand elle me dit qu’elle avait peur seule, je fronçai les sourcils, et je lui demandai:  « On ne t’a pas proposé de protection ? » Je n’aimais pas nécessairement l’idée après ce qu’elle avait vécu. Je savais qu’elle travaillait pour la police, mais quiconque devrait y avoir droit en cas de besoin, non ? Enfin, je n’étais pas familier avec absolument tous les détails de la police locale, il fallait encore que je comprenne tous ces cas qui n’arrivaient pas chaque jour, mais je posais la question, instinctivement, n’aimant pas vraiment que ma partenaire soit laissée ainsi à elle-même. Avoir su, je m’en serais mêlé bien avant aujourd’hui, même si ce n’était pas mon genre à la base de m’imposer.

Il était pour moi compliqué de parler de tout ça, j'avais plus envie de l'oublier qu'autre chose. J'aimerais vraiment pouvoir occulter tout ce que j'ai vécut ces quelques jours. Alors je me contente de ne rien dire sur comment je vais, je pense que Jonas est assez intelligent pour savoir que je ne vais pas bien de toute façon. Mais je le laisse entrer, je suis heureuse d'avoir un peu de compagnie, enfin surtout de la compagnie différente de mes parents. Je les adore, mais en ce moment ils ne sont pas vraiment ce qu'il me faut. Je leur suis en revanche très reconnaissante, ils prennent soin de mes filles. Je remercie Jonas pour le café qu'il m'a apporté, celui du petit café près du boulot, que j'adore mais que je n'ai pas savouré depuis longtemps. Je sais que je suis stupide, mais je n'ose plus trop sortir ces derniers temps, trop peur de faire une mauvaise rencontre. J'évoquais ensuite l'idée de retourner vivre un peu auprès de ma famille, pour me sentir en sécurité. Et mon ami semble surpris, je ne comprends pas de suite pourquoi mais je ne tarde pas à comprendre pourquoi quand il me demande si on m'a proposé une protection rapproché. Je secoue la tête « Il y a trop de victimes et pas assez de personnel, il ne me considère pas comme prioritaire ... c'est pour ça que pour le moment mes filles ne sont pas avec moi » Si jamais quelqu'un venait chez moi, je ne me pardonnerais pas qu'il leur arrive un truc. Je pose mon gobelet de café et regarde Jonas « Ils n'ont pas voulut tout me raconter ... mais de ce que j'ai compris il y a eu plusieurs enlèvement en même temps ? »