Un. Je n’ai pas eu une enfance nécessairement simple. Ma mère est décédée d’une overdose lorsque j’avais quatre ans. Je ne m’en souviens pas nécessairement. △ Deux. Le pire, c’était la relation avec mon père après le décès de ma mère. Torture mentale, torture physique surtout. Parfois, je ne mangeais pas. Je restais enfermé dans ma chambre, parfois j’empilais toutes les choses que j’étais capable de pousser jusqu’à la porte pour la bloquer. Parfois ça l’arrêtais, parfois pas. △ Trois. Un soir, ça ne l’a pas arrêté. il a commencé à me chasser dans la maison, à me frapper. J’essayais de me protéger la tête, tant bien que mal. Je parvins à me dégager, ouvrir la porte, me rendre sur le balcon. Se précipitant, il est passé par-dessus le balcon et a chuté, trois étages plus bas. Paniqué, ne réalisant pas que je venais de tuer mon père, je tentai de trouver de l’aide. Les secours, les services sociaux, tout le monde s’enchaîna, venant changer complètement ma vie. △ Quatre. Je commençai à être envoyé d’une famille d’accueil à une autre, sans m’attacher à qui ou quoi que ce soit. Je n’avais pas d’appartenance, et même si je faisais comme si je n’en souffrais pas, la réalité était que j’en avais besoin. △ Cinq. Je me trouvai une amie, une amie bien unique, que j’appréciais énormément en la personne de Kaitlyn. Si ça n’avait pas été d’elle, certainement que ma vie aurait pris une autre tournure, jamais je n’aurais su dire à quelqu’un que j’avais trente-et-un ans à un moment ou un autre, puisque je n’aurais pas survécu jusque là. Mais entre l’adolescence, le départ de Kaitlyn, la tentation de devenir indépendant, les mauvaises influences firent leur entrée dans le décor. Une ombre, une personne inconnue de tous, c’était parfait pour transporter de la drogue, aller chercher de l’argent çà et là. △ Six. Ce fut ainsi que j’entrai dans un gang. Pas un groupe bien réputé, mais de quoi revenir avec de l’argent pour me payer un loyer, pour me payer une vie plus confortable que l’argent que je pouvais gagner comme simple commis dans un magasin grande surface. Pendant quatre ans, je vivais relativement bien ma vie. △ Sept. J’avais beau faire des échanges de drogue contre de l’argent, mais, je ne consommais pas. Souvenirs, traumatismes d’enfance, très certainement. J’ai fumé la cigarette sur un temps, mais rien de plus. △ Huit. Malgré le fait que jamais je n’avais consommé, je fus pris. J’avais vingt-cinq ans. J’avais été prudent. Je soupçonne encore aujourd’hui que quelqu’un m’a dénoncé. Verdict ? Sept ans derrière les barreaux, avec possibilité de sortir après cinq si j’adoptais une bonne conduite. △ Neuf. La vie en prison n’a clairement pas toujours été simple. Faire sa place, ne pas se laisser marcher dessus par les autres, c’était un défi bien différent. J’ai fait ma réputation surtout dans la cour intérieure lorsqu’on nous laissait fait du sport. C’est là que je me suis découvert un talent pour le football et le football américain. Sans contact, évidemment. △ Dix. Pendant mon séjour en prison, j’ai aussi développé un intérêt pour la lecture. Ironiquement, j’ai une préférence pour les romans policiers. △ Onze. J’ai obtenu ma libération conditionnelle tout récemment, je peux réintégrer la vie normale. Comment vais-je faire ? Je ne sais pas vraiment. Je sais une chose, c’est que Kaitlyn sera d’une aide incroyablement précieuse.