Seul dans mon bureau, j’étais en train de m’énerver, tout seul, comme un idiot, pour une raison idiote. Pourquoi ? Parce que je cherchais un papier important que je ne trouvais pas. Qui l’avait pris, qui devais-je blâmer ? Moi et moi seulement. Puisque je travaillais à domicile, seul moi pouvait entrer dans mon bureau, et j’étais celui qui laissait un bordel dans celui-ci. J’aurais pu dire que j’avais une excuse, l’excuse comme quoi les affaires allaient bien et que je n’avais pas le temps de me garder organisé. Mais c’était une excuse pourrie, parce que je ne pouvais pas me plaindre que les choses allaient bien, quand même. N’arrivant toujours pas à trouver ce papier, je décidai de sortir de la petite pièce. Je voulais prendre l’air, comme si j’espérais que sortir et revenir allait faire en sorte que le papier arrive par magie sur mon bureau. J’aimerais bien que ce soit le cas, même si ce n’était pas logique. Pile au moment où je sortis du bureau, j’entendis Skylar parler, avec des propos, sur un ton qui ne disait rien de bon. Elle faisait ses affaires, je faisais les miennes, mais là, je ne pus m’empêcher de demander:  « Qu’est-ce qui se passe ? » Je ne pensais pas l’avoir fait de façon insistante, faisant en sorte que si Skylar ne voulait pas en parler, elle n’avait pas à le faire, mais dans le cas contraire, elle pouvait le dire. Après, je ne savais pas si je pourrais l’aider ou faire quoi que ce soit, mais en parler un minimum pourrait peut-être aider ? Je l’ignorais, mais la question était posée. Il me restait à voir ce qu’elle allait me répondre.

Je n’étais pas fier d’avoir fait peur à Skylar comme ça, mais quand je me rendis compte que ce n’était pas la fin du monde, qu’elle ne faisait pas une crise cardiaque ou quelque chose du genre, je décidai de ne pas m’excuser, de ne pas perdre mon temps de faire ça. Je ne fis qu’hausser les épaules, attendant de voir si elle allait me dire ce qui lui dérangeait à ce point. Je ne l’obligeais pas à le faire, mais je voulais me montrer une oreille attentive si elle en ressentait le besoin. Rapidement, elle vint à me dire qu’elle ne trouvait pas de boulot. Je n’en étais pas nécessairement surpris. Pas parce que je croyais Skylar incapable de quoi que ce soit. Au contraire, plus je la connaissais, plus j’étais persuadé qu’elle avait le potentiel de faire bien des choses, et ça me frustrait de savoir que certaines gens n’étaient pas capables de faire comme moi. Pinçant les lèvres, je ne savais pas quoi dire. J’avais envie de l’encourager, mais je trouvais que simplement essayer de la convaincre qu’elle allait trouver quelque chose éventuellement serait ridicule. Pouvais-je l’aider à faire quoi que ce soit ? Je ne savais pas. Je n’étais pas un expert. Voilà pourquoi je travaillais à mon propre compte. Pensant à cette idée, je dis, sans vraiment réfléchir aux conséquences de mon propos:  « T’aurais pas envie de travailler pour moi ? » Il fallait croire que le fait d’être aussi désorganisé avait eu raison de mes idées qui laissaient déjà à désirer à la base, mais qui, visiblement, pouvaient être pires. Ou l’était-elle ? Je pensais lui proposer à la blague, mais je réalisais, lentement mais sûrement, que ce n’était pas une idée que je détestais vraiment. Évidemment je n’allais pas lui dire, mais alors que j’aurais dû peut-être rajouter quelque chose, je ne le fis pas, à défaut de savoir quoi ajouter désormais.