Point n°01. C’est le 02 Août 1989, par une journée pluvieuse malgré le fait que c’était le plein été, que j’ai vu le jour à Seattle dans l’État de Washington, ville où j’ai passé toute mon enfance. Je n’ai jamais manqué de rien et le fait d’être enfant unique ne m’a jamais posé le moindre problème. Point n°02. J’ai toujours été très proche de mon père, et beaucoup moins de ma mère, je ne savais pas pourquoi j’avais la sensation qu’elle ne m’aimait pas tant que ça, mais je composais avec. Après, je ne pouvais pas dire qu’elle ne me portait pas du tout d’affection, simplement c’était beaucoup moins que mon père. J’avais finalement appris bien plus tard qu’en réalité elle était malheureuse car quelques années avant ma naissance ils avaient perdu un enfant, ma grande sœur. Point n°03. Alors que je venais à peine d’avoir dix-huit ans, mon père est décédé, et j’ai été anéanti de perdre celui qui était mon pilier dans la vie depuis ma naissance. Mon père ayant toujours été passionné par l’armée mais n’ayant pas pu l’intégrer, un peu à cause de ma mère, j’ai voulu le faire pour lui et aussi car je savais que ça me permettrait de rester dans le droit chemin et ne pas partir en vrille. Si mon père n’était pas entré dans l’armée, c’est car à la suite de la perte de ma sœur, il ne pouvait pas laisser ma mère seule, sans quoi elle aurait sûrement mis fin à ses jours. Sauf que le temps est passé et qu’après trente ans, ce n’était plus possible pour lui. Ce fut donc un peu contre le gré de ma mère que j’ai rejoint l’armée. Point n°04 Quand je suis entré dans l’armée, j’ai fait la connaissance de Teddy. Tout de suite je me suis bien entendu avec lui, et rapidement, il est devenu un protecteur pour moi. Malgré notre faible écart d’âge, je l’ai rapidement pris comme modèle, comme cette figure masculine dont j’avais besoin. C’est pourquoi je n’ai pas supporté sa disparition il y a cinq ans de cela. Même l’armée n’a pas su me garder dans le droit chemin, et j’ai vrillé. J’ai sombré dans une profonde dépression et pour aller avec, je suis tombée dans ce cercle vicieux qu’est l’alcool. Point n°05 Au cours de ma petite vie, je n’ai eu que très peu de relations amoureuses sérieuses, pour ne pas dire aucune. Au vu de mon métier et du fait que je pouvais souvent être absent et que je risquais ma vie, je ne préférais pas m’engager auprès de qui que ce soit au risque de la faire souffrir s’il m’arrivait quoi que ce soit. Toutefois, bien sûr que j’avais su trouver plusieurs relations sans lendemain, coup d’un soir, et cela m’allait bien. Point n°06 En apprenant la disparition de Teddy, je n’ai pas su faire autrement que filer dans un bar pour boire, une énorme quantité d’alcool, pour oublier le choc que m’avait procuré cette annoncer. Alors oui j’avais pu oublier ça le temps d’une soirée, j’avais même totalement oublié cette soirée et ce que j’avais fait, soit coucher avec un homme. Ce qu’il s’est passé ce soir-là, c’est le trou noir pour moi, j’espère simplement que je n’ai rien fait de mal. Point n°07 Sachant que Teddy habitait Bishopville, j’ai décidé de venir m’y installer à la suite de sa disparition. C’était complètement fou, je le savais, mais je me trouvais cela un peu rassurant d’y être. J’avais toujours espoir de le revoir, mais je n’étais pas certain que cela arriverait un jour. Même si ma vie était devenue sombre et que plus rien ne me faisait envie, je errais souvent dans les rues en me demandant ce que Teddy avait pu voir ou faire ici. Très souvent je terminais dans un bar pour me mettre minable, mais j’avais tout de même su trouver un petit emploi de caissier dans un supermarché pour payer mes beuveries et mon loyer. Point n°08 Depuis quelques mois, Teddy était de retour, et ce retour avait été pour moi un réel soulagement. Ca avait provoqué chez moi un électrochoc. Maintenant qu’il était de retour, bien qu’il avait besoin de temps pour renouer avec sa femme et son fils, je pouvais le voir de temps à autre et cela me faisait un bien fou. Je lui avais un peu parler de mon « parcours » suite à sa disparition, mais je ne voulais pas me lamenter sur mon sort, juste lui faire part du fait que je voulais m’en sortir. C’était pourquoi je me rendais à des réunions des alcooliques anonymes et que j’avais viré tout l’alcool que j’avais chez moi et depuis que j’avais appris son retour, je n’avais plus bu une seule goutte, même si parfois c’était dur, je faisais le maximum pour aller mieux. Point n°09 Même si les réunions aux alcooliques anonymes m’étaient d’une grande aide, je sentais parfois que ce n’était pas suffisant, que j’avais besoin de quelque chose en plus. J’en avais donc parlé, j’avais aussi confié que je me sentais seul dans mon combat et que le célibat commençait à me peser mais qui voudrait d’un ancien alcoolique qui se bat chaque jour contre ses démons ? On m’avait soumis l’idée de l’équithérapie. Je ne savais pas ce que c’était dans un premier temps, je m’étais renseigné sur le sujet et il y avait de bons retours. J’avais donc fait quelques recherches pour savoir si cela se pratiquait dans le coin, et visiblement c’était le cas à Bishopville, alors j’étais ravi et j’étais prêt à essayer, je n’avais rien à perdre de toute façon.