Un. Je viens d'une famille stricte et d'une longue génération de militaires. Suivre les traces de mon père, puis comme son père l'a fait avant lui, était inévitable. Deux. Quelques années après avoir rejoint l'armée, j'ai été approché par des instances plus élevées pour accomplir des missions particulières pendant mes déploiements. Trois. Il y a de cela cinq ans, j'ai été enlevé pendant une mission, séquestré et torturé, laissant ma famille sans nouvelle, sans être en mesure de contacter qui que ce soit. Ne pas pouvoir contacter ma femme et mon fils, me rendre compte que je ne verrais pas celui-ci grandir fut le plus difficile. Pourtant, je me suis accroché à leur souvenir aussi bien que j'ai pu. Quatre. Je suis parvenu à me libérer et revenir au pays par mes propres moyens, ne me sentant plus en confiance pour me fier sur mes précédents supérieurs. De retour, je n'avais rien, je n'étais rien. Il était hors de question que je retourne auprès de ma femme comme ça. J'ai erré, sans abri, dans la ville pendant un bon moment. Cinq. Un matin, dans la rue, en train de boire un café, ce petit garçon est venu me donner un billet. Je suis encore persuadé que c'était mon fils. Jamais je ne l'ai dit à personne, mais ce moment m'a poussé à faire quelque chose. J'ai commencé par me trouver un petit travail dans un café pour tenter de me remonter un peu. Six. J'ai eu le courage de retrouver ma femme et mon fils il y a quelques mois maintenant. À mon grand soulagement, Hazel m'a permis de revenir habiter avec elle, avoir la vie normale que j'aurais du avoir avec ma famille mais que je n'ai jamais connue. Le changement est perturbant et il est difficile de tout concilier. Sept. Mon pire fardeau actuellement est le traumatisme de ce qui s'est passé. Je n'ai jamais su m'y faire, mais c'était toujours mon problème à moi. Maintenant, Hazel doit le supporter et pour elle, comme pour Freddie, j'essaie d'y travailler, mais c'est difficile. Huit. J’ai plusieurs cicatrices dans le dos, au vu de ce qui s’est passé pendant que j’étais en mission. Je n’aime pas les montrer et pour ça, je suis devenu un peu pudique. Neuf. Je ne me suis jamais séparé de mon anneau de mariage en quelconque circonstance, même lorsque j'étais persuadé qu'Hazel avait passé outre notre histoire et fait sa vie avec un autre, ce que je m'étais déjà résigné à accepter le cas échéant. Dix. Pendant que j'étais à la rue, il m'est arrivé quelques fois de me faire arrêter pour flânage nocturne et passer des nuits au commissariat.