- Allo ?

Elle ignore qui se trouve derrière ce cabinet. J'ai si peur de prendre la parole qui l'entendre prononcé mon nom en panique. Je suis celle qui est disparue. Celle qu'on aperçoit sur les affiches des enfants disparus. Je serre mes jambes sur ma poitrine et renifle entre deux larmes. J'ai si peur. Je veux lui parler, mais je ne sais quoi faire. Je lève tranquillement la tête et regarde l'homme étendu dans sa propre marre de sang. Seigneur ! Qu'est-ce que je venais de faire ? Il avait parlé une fois de trop. Il avait levé le poing encore. Je m'imagine qu'il est vivant. Je crois qu'il respire, mais sa tête confirme que non. J'avais pris une tige pour bouger les bouts de bois dans la cheminée entre les mains et je lui avais enfoncé violemment dans le dos. Il était tombé. Il criait de douleur en m'insultant, je ne savais pas quoi faire. J'ai pris alors la lampe de pierre forgée pour l'assommer. Le sang avait éclaboussé sur ma personne. Le premier coup était la peur, le second la tristesse et ceux qui suivent sont la vengeance.

- Anna...aide-moi.

Je parle. Ma voix vibre sous la panique. J'ai besoin d'elle. Elle était si loin, mais si proche. Je ne pouvais plus de ses déplacements. Je ne pouvais plus de vivre cette souffrance. Je venais de donner mon enfant à un orphelinat et de tuer celui qui m'avait gardée captive. J'avais son numéro en mémoire. J'espérais qu'elle gardait le même. Merci Seigneur.

-  Qui.. Juniper ?

J'éclate en sanglots. Elle se souvient. Ma soeur se souvient de mon prénom. Je laisse tombé le portable à mes pieds et j'éclate en sanglot. Je pleure, je crie et hurle sous la pression qui s'empare de mon coeur.  Je voulais qu'elle vienne.  Qu'elle me débarrasse de cette douleur qui me presse de l'intérieur. Moi qui souhaite disparais pour oublier les mains m'ayant touchée. Les bouches ayant parcouru chaque parcelle de mon corps. Je voulais plus qu'un homme se glisse en moi de force. J'en suis fatiguée. Je veux qu'elle apparaisse devant moi tel qu'un ange atterrissant sur terre. Qu'elle me sert dans ses ailes blanches en me disant que tout va bien aller.

Le mal était fait. L'accomplissement de ma haine personnel avait était mise en fonction. Ce corps n'est qu’impureté ! Il est taché par les mains d'hommes vicieux et des lèvres dégoulinantes de salive. Combien de fois ai-je approché le miroir de salle de bain pour y regarder le reflet de cette petite fille enjôler par une séductrice. Un homme voulant que la pureté d'une adolescente peu formée. À dix-sept ans, nous croyons que l'avenir nous appartient. Qu'il n'a rien pour nous arrêter. Moi, j'ai eu lui. Cette personne dont la tête ressemble à une compote de fruit. Les morceaux d'os éparpiller, la cervelle écraser telle une pomme. J'ai mal coeur. Ce vomissement naissant remonte le long de ma gorge laissant cette saveur amère brûler sa route. Je me lève doucement sur mes mains. Laissant mes genoux au sol, mon dos lever et mes paumes bien placer contrent le sol. Mes lèvres s'entrouvrent et laissent ce restant de nourriture rejoindre le plancher. Un éclaboussement qui me revient au visage et sur mon haut. Mes mains accueillent une partie de ce liquide puant. La couleur me dégoute, les morceaux de nourriture ne font qu’augmenter le haussement. Je recommence. J'en suis plus capable. Rien n'arrête ! La bile brûle ma bouche. Je me replace sur le coter. J'entends Anna me crier après. Elle glousse en me suppliant de lui répondre. Je regarde mon téléphone. Marche vers lui tel un animal en l'attrapant. Mon doigt appuie sur le bouton rouge. Fermant notre appel. Je m'assoie et lui texte. Mon dos tombe contre le plancher. Ma tête cogne à son passage. Mes paupières se ferment doucement alors que mes joues brûlent. Je respire, je soupire en gloussant de viscère. Ma respiration est difficile. Ma poitrine se soulève et s'abaisse. Je reste ainsi. Sans bouger. Émiettant l'âme, qui quitte mon corps. Je ne suis plus capable. J'ai mal. J'ai tellement souffert de mes choix. Cet homme m'avait manipulée, il avait joué de ses mots, il savait amuser avec ma personne tout comme lorsqu'on habille une poupée. Sa surveillance m'étouffait. Son obsession sur ma personne m'égorgeait. J'ai été naïve. Trop stupide pour le réaliser. Il n'avait pas un instant que ses reproches venaient contre moi. Je faisais tout de mal. Il n'avait rien que je créais de bien. Il me forçait à consommer cette substance que je détestais. Une poudre blanche contre le nez, une aiguille dans le bras, une pilule contre ma langue et sa main contre ma bouche. Il m'avait nourrie des substances illégales. J'ai oublié. Ma soeur n'allait point me reconnaitre. Mon visage est si maigre, mon ventre est mince malgré le ventre de grossesse. J'ai menti. Je lui aie menti. Il l'avait découvrir. Je lui avais dit qu'il s'agissait de son enfant, mais ce n'était qu’ânerie. Il s'agit d'un autre. Un client m'ayant prévus de me sauver. Mais, il est disparu. Il a fui loin de moi. Me laissant dans l'agonie de ma vie. J'ai grossi, j'ai baisé, j'ai été brutalisée. Il s'amusait avec moi et je me suis débarrasseur d'elle. Avant de lui retirer sa vie.

Ma soeur arriva. Défonçant la porte, un ami l'accompagne. Je la vois courir vers moi. Je l'observe. Annabella s'accroupit en me regardant avec curiosité. Près de 10 ans que je ne l'avais pas vus. Son doux regard. Je lui souris et pleure. Ses mains touchent mon visage et d'un mouvement rempli de surprise, elle me rapproche d'elle et pleure avec moi. Ce corps ? Son corps ? Il disparut comme si rien n’était arrivé. Cette soirée fut la libération et une seconde perte. En ce soir de novembre à mes 25 ans, je pars loin. Je rejoins cette ville. Bishopville. Quittant de nouveau ma soeur pour vivre auprès d'une amie m'offrant un travail.

J'ai appris, j'apprends et je me mens. J'ai construit une carapace et bâtit ce caractère horrible que j'ai. Seules ma belle Anna et sa fille ont la chance d'apercevoir ce sourire. Sans oublier ce vrai visage. À 28 ans, je suis danseuse et escorte. Rien de bien merveilleux, mais je gagne au moins ma vie.

Une chose que personne ne connaît de moi. J'ai pris le goût du sang. Je laisse ma main glissée d'un mouvement vif contre la nuque d'un client trop brusque, trop vorace envers nos douces demoiselles. Un tir alors que le sang explose et l'odeur de la poudre vole dans les airs ! Merde ! J'aime tuer ! J'aime voir ses hommes me supplier alors qu'ils viennent de laisser les filles dans un mauvais état. Ce délice d'apercevoir un homme faible à mes pieds...