Cela faisait quelques jours maintenant que tu étais sorti de l'hôpital et que tu allais pour le mieux. Les journées se ressemblaient et tu te languissais de rentrer au lycée. Tu n'avais pas hâte de rencontrer les autres lycéens parce que t'étais pas des plus sociables, mais au moins, ça te fera les pieds et ça t'évitera de trop penser. Et puis, il y aura sans doute Vica et cette idée te faisais plaisir. Au moins, tu ne seras pas complètement seul.
Depuis que tu étais rentré, tu t'étais remis à t’entraîner au lancer de couteau pour t'occuper et à prendre en photo des choses et d'autres, juste parce que tu n'avais rien de mieux à faire. Les vacances touchaient à leur fin et l'été aussi. T'étais plutôt en forme malgré ton agression il y avait quelques jours, même si t'ignorais toujours qui s'en était pris à toi et aux onze autres victimes et que cette question te taraudait l'esprit. En tout cas, tu ne faisais pas grand chose de tes journées et lorsque tu avais du temps libre, tu dormais pour reprendre des forces.

Pourtant, ce soir, tu avais envie de sortir. La nuit était tombée et tu savais précisément où tu allais aller. Tu profitas qu'il n'y avait personne dans les alentours pour sortir et prendre la direction de la maison de Vica. Tu étais sur tes gardes cette fois ci, pas comme la dernière fois où tu avais voulu faire le chemin inverse. Et heureusement, il ne t'arrivas rien sur le trajet. Tu avais envie de revoir Vica, elle te manquait énormément et tu ne l'avais pas vraiment revu depuis la dernière fois que vous vous étiez quittés, pile avant ton agression. Une chance qu'elle ait été retrouvée, parce qu'il lui était arrivé malheur à elle aussi et que tu t'étais énormément inquiétée pour elle.
Arrivé devant chez elle, tu grimpas sur le mur grâce aux plantes pour accéder jusqu'à la fenêtre de sa chambre. Elle était là, sur son lit, en train de dormir. Tu toquas alors en te promettant de ne pas trop insister si elle ne se réveillait pas. Elle était si belle lorsqu'elle dormait... Enfin, elle l'était habituellement mais là, elle l'était encore plus.

Il te manquait à un tel point que tu n'arrivais plus à faire la différence entre le jour et la nuit. Perdue entre ton chien et tes draps, tu tournais en rond dans ton lit. Sortir de ta chambre devenait un défi, mais les hainissements des chevaux t'offrait un certain sentiment de sécurité. Tu arrivais à sortir de ce bungallow pour prendre l'air. Tu t'étais entiché de Banner, un étalon noir qui semblait ne reconnaitre que ton grand-père comme cavalier. Pourtant, toi, tu arrivais facilement à l'approcher, à le toucher. Tu entends souvent les employés dire que c'est impossible, qu'ils ne comprennent pas. Ton père doit sûrement se dire la même chose, mais cet animal te fait un bien fou. Il sent ta panique venir avant même qu'elle n'arrive et il ne te quitte plus lorsque tu te promènes sur le terrain du ranch. Avec lui et Demjin, tu arrivais à contrôler cette angoisse qui te prenait depuis le début du mois.
Tu avais peut de nouvelles de ta mère, mais tu savais qu'elle était en vie, qu'elle allait bien, du moins, mieux depuis qu'on t'avait sorti de ce mauvais travers. Elle t'appelait à tous les jours pour te parler, pour prendre de tes nouvelles. Elle espérait que tout se passait bien avec ton père et étonnament, ce point semblait en bonne voix. Puis ce soir, elle a ramené sur le sujet ce que tu tentais d'éviter, tu ne voulais pas y penser et pourtant, dès que le nom de Jacob est sorti dans la conversation, tu t'es sentie envahie d'un sentiment d'angoisse. Il n'était pas là et ce manque t'écrasait le coeur. Tu avais ce besoin de l'avoir près de toi, mais tu n'osais pas sortir de chez toi et tu avais peur qu'il lui arrive quelque chose s'il venait te voir...
Tu avais eu du mal à t'endormir, c'est l'hyperventilation qui t'avait fait sombrer dans les bras de morphée. Tu ne voulais pas en parler à ton père de peur qu'il ne comprenne pas. Ton sommeil est resté troublé, perturbé par ces nombreux cauchemars que tu ne contrôlais pas. C'est dans un sursaut que tu te réveilles, quelques coups contre une fenêtre. Ta respiration est haltante et il te prend un moment avant de te redresser dans ton lit. Tu jettes un coup d'oeil à la fenêtre. Tu y vois une silouhette, mais ta vue est encore légèrement embrumée. Tu récupères la batte de base-ball près de ton lit. Tu t'approches et tu allumes la lumière. Tes yeux se mettent à briller, un large sourire se dresse et tu laisses tomber la batte. « Jake! » Tu ouvres la fenêtre en vitesse, l'agrippes par le col et le tires vers toi avant de poser tes lèvres contre les siennes en vitesse. Tu bascule vers l'arrière, l'entrainant avec toi, tu te retrouves au sol et tu laisses tomber un rire.

Tu n'avais qu'une envie, te retrouver auprès de Vica. Cela faisait trop longtemps que vous ne vous étiez pas vus et lorsque vous vous étiez séparés, il t'étais arrivé malheur. A vrai dire, t'avais pas été serein sur la route qui te menait jusqu'à chez elle, surtout que t'avais décidé à y aller à pied, mais t'étais à l'affut de la moindre agression sur ta personne. Il était hors de question que tu te fasses avoir par surprise comme la dernière fois et sur le coup, t'étais prêt à riposter en cas d'attaque. T'étais pas si faible, au fond, tu savais que tu pouvais te défendre, t'avais juste été un peu trop idiot lorsque tu t'étais fait agressé. A vrai dire, t'avais pas eu le temps de réfléchir comme tu le faisais habituellement, t'avais pas pour habitude d'être chassé, c'était plutôt le contrairement normalement.

Mais il ne t'arriva rien. Le calme pur était mis en place et tu fus plutôt soulagé lorsque t'arrivas devant la maison. Non pas que tu ais peur, mais t'étais plutôt inquiet à l'idée de finir à nouveau à l'hôpital avant la rentrée scolaire. Ceux qui t'avais fait ça n'avaient toujours pas été arrêtés après tout et c'était un énorme risque que tu prenais en sortant comme cela.
Cependant, tu ne pouvais plus attendre. Vica te manquais, indéniablement, et t'aimais cette sensation de liberté que t'offrais la nuit en allant jusqu'à chez elle. Une fois devant sa fenêtre, tu tapotas et tu reculas légèrement en la voyant se réveiller et s'approcher avec une batte de baseball. Visiblement, elle ne t'avais pas reconnu. Puis après un petit temps, elle changea d'attitude et se précipita pour t'ouvrir. Elle te prit par le col et te fis entrer sous un baiser que tu prolongeas jusqu'à ce que vous tombiez tous les deux sur le sol. Tu te joignis à ses rires puis tu la regardas attentivement, comme si tu avais peur que ce soit la dernière fois.

"Salut Princesse. Je ne te dérangeais pas au moins?" demandas-tu en te culpabilisant un peu de l'avoir réveillée. "Je n'ai pas pu tenir, il fallait que je te revois." ajoutas-tu en poussant une mèche de ses cheveux au dessus de son front.

Tu paniques malheureusement à rien depuis que Jacob à quitté la maison de ta mère en début du mois et c'est devenu pire quand on t'a arrachée à elle. Tu revois encore et encore ce qu'il lui on fait subir et ce que tu as vécu de ton côté. C'est bien, tu t'en es plutôt bien sortie, mais ton état psychologique en est resté marqué. Tu aurais tellement aimé que tout ça s'efface de ta mémoire. Un simple coup sur la tête, plus fort que celui reçu serait bien suffisant. Tes cauchemars sont intenses et t'empêche de bien dormir. Tu dors si peu, tu te contentes souvent de fixer la noirceur de la nuit par ta fenêtre. Sinon, tu angoissais dans les draps de ton lit, replié sur ton corps.

Sommeil léger, tu t'es ruée sur la fenêtre, batte à la main. En un quart de second, elle s'est retrouvée au sol et ton coeur s'est mis à battre à tout rompre. Tu ne pouvais pas faire autrement que de le faire entrer. Large sourire aux lèvres, tu étais loin d'être prête à le lâcher. Tu es toujours ancré à son col, de peur qu'il s'envole. Tes doigts effleurent la peau de son cou et ton regard dérive vers sa gorge et ton sourire s'évapore un instant. Tu secoues négativement la tête. « Tu ne me dérangeras jamais... » Tu ramènes ton regard dans le sien en arquant un sourire. Tes mains remontent en douceur contre son visage et tu viens de nouveau capturer ses lèvres des tiennes. Tu gardes les yeux clos en laissant ta tête retomber contre le sol. Tu le regardes. « T'es venu seul ? » Tu es inquiète, la peur qui te prend à l'estomac. Tes mains tremblent contre ses joues et tu le pousses en douceur pour t'asseoir. Un coup d'oeil à la fenêtre et tu viens te plaquer contre lui.

Tu étais conscient que tu avais pris de gros risques en sortant seul de la maison. Mais d'une certaine manière, t'avais comme la désagréable impression d'être surveillé. En tout cas, c'était ce que t'aurais fait si t'avais un fils qui avait manqué de se faire tuer récemment. Mais maintenant, tu étais mieux préparé. Il était hors de question qu'on te retombe dessus par surprise, tu faisais plus attention et t'étais sur tes gardes. De toute façon, tu savais que, d'une certaine manière, tu n'étais pas seul, même si parfois, la solitude te manquait. T'avais beau avoir seize ans, on te considérait toujours comme un mioche et ça t'agaçais. T'étais grand maintenant, et autant avant on se fichait pas mal de ton sort, à présent, tu avais toute l'attention sur toi. T'étais pas habitué, clairement pas. Après tout, tu ne demandais pas la lune, tu voulais simplement sortir et vivre ta vie comme bon te semblait. Tu ne trainais pas dans des affaires louches, t'étais pas dans quelque chose d'illégal, tu étais plutôt propre sur toi.

Retrouver Vica te soulageait autant que ça te faisait plaisir. Tu capturais chacun de ses baisers avec tendresse et saveur, tu voulais en profiter un maximum. Tu avais beau avoir seize ans et commencer à avoir certaines envies, surtout au niveau sexuel, tu ne comptais pas te précipiter pour autant. Non, tu prendrais le temps, elle ne méritait pas que tu la considères comme n'importe quelle fille que tu aurais pu croiser. Et puis, ce n'était pas ton genre d'être à fond dans ça. Même si tu commençais à y penser quand même. Mais pas pour le moment. T'étais juste bien avec elle, et tu voulais que ça dure un maximum.
Elle t'assuras que tu ne la dérangeais jamais, ce qui te fit arquer un sourire sur tes lèvres. Tu étais pourtant persuadé l'avoir dérangée dans son sommeil, mais tu comptais rester avec elle désormais. Tu savouras le nouveau baiser qu'elle t'offrit, en mettant tes mains dans ses cheveux, puis elle te demanda si tu étais venu seul.
"Je ne suis pas venu accompagné tout cas." répondis-tu avec calme. "Mais je ne pense pas être seul" ajoutas-tu immédiatement en plongeant tes yeux dans les siens. Tu restas un petit moment à la dévisager en silence avant de reprendre la parole.
"Ça ne te dérange pas si je reste avec toi cette nuit là?"
Après tout, elle en avait peut être pas envie. Mais toi oui, cruellement. Elle te manquait beaucoup trop, depuis ce mois ci sans que tu ne l'aies côtoyée. Et puis, elle avait eu malheur récemment, et tu t'inquiétais pas mal à son sujet. Même si elle n'était pas seule.