Je n’irais pas dire que je suis une bonne institutrice, mais je savais que je faisais attention à mes élèves. J’étais prête à donner de ma personne pour les aider, mais ce n’était pas toujours facile quand je ne savais pas ce qui n’allait pas. Les enfants sont des êtres vraiment impressionnants dans le sens où ils savent tellement tout garder pour eux, intérioriser et ne jamais dire ce qui ne va pas. Pourtant, ça peut se ressentir autrement. Malheureusement, depuis quelques semaines je constatais une baisse des résultats d’une de mes élèves, la petite Octavia. La première fois, je n’en avais pas vraiment tenu compte car un accident de parcours ça peut arriver à tout le monde. Toutefois, ses résultats continuaient de baisser et de rester bas. Je m’inquiétais pour la petite fille, elle était plutôt bonne élève à la base alors j’estimais que ce n’étais pas normal que ses résultats baissent de la sorte. Ainsi, je décidais de convoquer sa maman afin d’en discuter avec elle, d’en apprendre plus sur la petite fille et peut-être connaître la raison qui faisait qu’Octavia avait des résultats en baisse. Non pas que j’étais curieuse, simplement que je voulais pouvoir tout mettre en œuvre pour lui venir en aide. J’avais alors mis un mot dans le carnet de correspondance de la petite fille indiquant que je souhaitais rencontrer un parent, j’avais laissé mes coordonnées afin que si la mère préférait elle puisse m’appeler pour convenir d’un rendez-vous. Nous étions parvenues à tomber rapidement d’accord pour un rendez-vous un soir après l’école. La classe était terminée, j’attendais à l’entrée avec Octavia que sa maman arrive. En attendant, je surveillais que les autres élèves rejoignaient bien leurs parents respectifs et qu’il n’y avait pas de personne louche devant l’école.

Enfant je n'aimais pas l'école, essentiellement car je ne m'en sortais pas. Avec ma jumelle qui brillait dans tous les domaines et à laquelle on ne cessait de me comparer, c'était encore pire. Maintenant que j'étais adulte, ce n'était pas forcément mieux. Il fallait bien avouer que j'avais souvent eu du mal à faire faire ses devoir à Octavia. J'avais eu beaucoup de chance, ma fille n'avait pas énormément de difficulté. Alors quand la maîtresse de ma fille avait fait passé un mot comme quoi elle voulait me voir, j'avais tout de suite sentit le danger. Je sentais qu'on allait me faire des reproches et je détestais ça/ Mais je ne pouvais pas refuser de prendre ce rendez vous. Si l'avocat de Teodore en entendait parler, ce serait une raison de plus pour me retirer la garde. J'étais donc tendue quand j'entrais dans l'école de ma fille, en retard en plus car mon collègue qui prenait ma relève était en retard comme environ un jour sur deux. J'avais bien tenté de conduire plus vite, mais la circulation étant ce qu'elle était, ça n'avait pas été un grand succès. En arrivant devant l'école il ne restais donc plus grand monde. Je rejoignit ma fille et la prit dans mes bras en souriant « Coucou trésor comment était ta journée ? » Alors qu'elle répondait rapidement, je remettais en place l'une de ses mèches et la relâchais doucement avant qu'elle râle car ses copines pouvaient la voir. Enfin je portais mon attention sur la maîtresse de ma fille « Bonjour mademoiselle Scott, vous vouliez me voir ? » Je regardais les enfants dans la cour, qui attendaient avec des animateurs que leur parents arrivent « Peut être que je peux laisser Octavia avec les animateurs ? » En fait je n'avais pas spécialement envie que ma fille puisse entendre ce que cette femme allait me dire. J'était méfiante, je sentais la pluie de reproche arriver. Peut être que mon intuition était mauvaise mais pour le moment, je préférais la suivre.

J’aimais mon métier par dessus tout, ça avait été une évidence pour moi. Être institutrice était ma vocation, je ne me voyais clairement pas faire autre chose de ma vie. J’étais quelqu'un de très investie dans mon travail, je voulais que mes élèves apprennent correctement, aient le moins de difficultés possibles et j’étais toujours prête à me plier en quatre pour les aider. Il était évident que j’accordais un peu moins d'attention aux élèves qui s’en sortaient bien et n'avaient pas de difficultés mais je ne les laissais pas tomber pour autant. J’avais toujours un œil sur eux pour m'assurer qu'ils comprenaient bien tout et qu’ils n'avaient pas de baisse de résultats ou des difficultés quelconques. C’était car j’étais attentive à chacun de mes élèves que j’avais pu me rendre compte que les résultats de la petite Octavia était en chute libre, alors que c’était une bonne élève qui jusqu’à maintenant obtenait de très bons résultats. Je pouvais savoir combien les enfants étaient de vraies éponges capables d'aspirer une quantité énorme de chose que ce soit à apprendre ou même des sentiments, émotions. Quelque chose n'allait pas avec Octavia et je voulais savoir quoi car je voulais l’aider, il était hors de question pour moi de la laisser de côté. C’était pourquoi j’avais convoquer sa maman. J’arborais un large sourire en voyant la mère de la petite fille arriver. J'appréciais toute cette tendresse à laquelle je pouvais assister quand les parents retrouvaient leurs enfants après la journée d’école. Je lui laissais donc le temps de retrouver sa fille. Elle venait ensuite s'adresser à moi. Je fis un petit signe de tête en guise de bonjour. “Mademoiselle Woodley.” J’arborais un sourire pour ne pas l’inquiéter, cette convocation n'avait pas pour but de blâmer qui que ce soit, je voulais simplement faire le point. “Oui bien sûr elle peut aller retrouver ses camarades, et rester avec les animateurs le temps de notre entrevue.” J’attendais donc qu’Octavia rejoigne les autres enfants avant d'accompagner mon interlocutrice jusqu’à ma salle de classe non loin de là. “Alors oui je voulais vous voir, c’est au sujet des résultats scolaires d’Octavia. Ils sont en chute libre en ce moment, est-ce que quelque chose la tracasse ?” Je l'aimais beaucoup cette petite, je n'allais pas dire qu’elle était mon élève préférée car je me devais d’être impartiale, mais c’était un peu le cas alors évidemment je me préoccupais de son cas, mais j’aurais agis totalement de la même manière s’il avait été question d’un autre enfant.

Je suis heureuse de retrouver ma petite Octavia. Ma fille me manque quand elle n'est pas avec moi, c'est encore pire quand elle est chez son père mais ça c'est une autre histoire. Je la câline donc, pas trop longtemps, je sais qu'elle vas râler sinon, sous prétexte que ses copines sont là. Je la relâche donc et vais vers la maîtresse. Je n'ai aucune envie de faire ça. Trop de mauvais souvenirs, je ne compte plus le nombre de fois où ma propre maîtresse avait demandé à voir mes parents. Mais contrairement à moi aujourd'hui, ils se donnaient rarement la peine de venir. Moi je le fais, d'abord car c'est pour ma fille mais aussi un peu car je n'ai pas envie que mon ex puisse me reprocher quoi que ce soit. Il me reproche déjà suffisamment de ne pas offrir à ma fille une vie aussi correcte que ce qu'il peut lui offrir lui. Je fait donc un effort en saluant la maîtresse puis je propose de laisser ma fille avec ses camarades et les animateurs, ainsi nous seront plus tranquille pour discuter. Je suis soulagée quand la femme accepte. J'embrasse le front d'Octie « Vas jouer avec tes copines ma chérie, je parle un peu à ta maîtresse puis on rentre » Ma fille est un ange, elle accepte sans soucis et vas rejoindre avec joie ses amies qui sont encore là. Je sais que ce service est payant, raison pour laquelle j'y met rarement ma fille, si ce n'est jamais. Et je sais que ça feras un trou dans le budget du mois, mais ce n'est pas grave, je vais arranger ça, j'y arrive toujours. Je jette un dernier regard vers ma fille avant de suivre la femme dans sa classe. Dieu que je déteste cet endroit, trop de mauvais souvenir. Je ne peux pas m'empêcher de grimacer. Mais je m'installe face à la femme. Ce qu'elle me dit ne me surprend pas, j'ai remarqué les notes catastrophique que ma fille ramène ces derniers temps « Je le sais bien, mais je n'ai pas un très bon niveau non plus, j'ai tenté de l'aider mais je ne peux pas. » Prédisant ce qu'on pourrait objecter je soupirais « Je n'ai pas les moyens de lui payer des cours de soutient » Franchement j'aimerais vraiment pouvoir lui offrir ça, je pourrais demander à Theodore, évidemment, mais pas en ce moment. Je sais très bien ce qui peut tracasser ma fille en ce moment, je sais qu'elle nous as entendu la dernière fois « Son père et moi sommes en conflit pour sa garde. La dernière fois qu'on s'est vus, le ton a monté. Octavia était présente » En réalité je mens, ce n'est pas la dernière fois que j'ai croisé Théodore. Mais la dernière soirée que j'ai passé avec lui, j'ai préféré l'effacer. « Je vais en parler avec Octavia, mais s'il vous plait, ne convoquer pas son père. Il prendras tout ce qu'il a sous la main pour me retirer ma fille »  

Je ne voyais absolument aucun inconvénient à ce que l’on laisse Octavia rejoindre ses camarades et les animateurs pendant que je m’entretenais avec sa mère. Bien au contraire, je trouvais que cela était une bonne idée, au moins nous pourrions parler tranquillement sans se soucier de ce qu’Octavia pourrait entendre ou non. Je sentais qu’il y avait un lien fort entre la mère et sa petite fille et c’était agréable de voir ça, car malheureusement certains parents n’étaient pas aussi aimants avec leur enfants et cela pouvait conduire à des drames. Je souris quand la jeune maman déposait un baiser sur le front d’Octavia avant de lui dire d’aller rejoindre ses camarades pendant qu’elle parlait avec moi et qu’elles rentreraient ensuite. Une fois que la petite fille était en compagnie de ses amies, et en sécurité, nous allions vers ma classe. Je m’installais à mon bureau faisait signe à la mère d’Octavia de prendre place sur la chaise à côté du bureau. “Asseyez-vous, je vous en prie.” J’avais ensuite expliqué que les résultats d’Octavia étaient en chute libre alors que la petite fille avait un niveau convenable voire bon avant. Evidemment je voulais comprendre. Depuis quelques temps la petite fille semblait distraite, moins concentrée et cela me contrariait. Quand j’appris que la mère s’était aperçue de la baisse des résultats de mon élève j’étais quelque peu rassurée. A la maison, en terme de devoir, de notes, la petite fille était suivi par ses parents, ou du moins sa mère. Elle n’était pas laissé confrontée à elle même et c’était déjà une bonne chose. Visiblement, la maman d’Octavia avait fait de son mieux pour aider la petite fille mais ça ne semblait pas porter ses fruits. J’eus un pincement au coeur quand elle avouait qu’elle n’avait pas les moyens de payer des cours particuliers à sa fille. Elever un enfant ça coûtait de l’argent, et parfois des coûts que l’on n’avait pas pensé et j’étais embêtée pour elle. Mais après, j’avais peut-être une solution pour venir en aide à Octavia sans que ça ne coûte rien. “Vous n’êtes pas obligée de lui payer des cours, je veux bien me porter volontaire pour aider Octavia après l’école à faire ses devoirs et l’aider sur des choses qu’elle n’aurait pas compris…” Peut-être que je faisais une préférence entre mes élèves en proposant cela, mais je voulais aider cette petite fille qui selon moi le méritait. Et puis jusqu’à dernièrement elle avait de bons résultats, c’était donc dû à quelque chose. Finalement j’apprenais que ses parents étaient en conflit concernant sa garde et qu’elle avait assisté à une dispute entre son père et sa mère ce qui avait dû être très perturbant pour la petite fille. “Je suis désolée…” Je tentais un sourire rassurant pour la jeune maman à la demande qu’elle venait de me faire. Instinctivement, et même si ce n’était pas quelque chose que j’étais censée faire, je venais poser ma main sur la sienne pour lui montrer que je la soutenais et que je ne laisserais pas tomber Octavia. “Je n’avais pas prévu de voir qui que ce soit d’autre que vous concernant Octavia. Dites-lui que je veux bien l’aider après l’école, si elle est d’accord, et que vous aussi… Je veux l’aider, vraiment, c’est une bonne élève en difficulté en ce moment du fait de vos différends avec son père, mais ça peut s’arranger, j’en suis sûre !” Je ne savais pas expliquer pourquoi tout ça me tenait tant à coeur mais c’était ainsi. J’espérais que la jeune femme allait accepter ma proposition et qu’Octavia serait d’accord pour tout ça si sa maman était d’accord.

Ma fille semble heureuse à l'idée d'allez jouer avec ses amis et je dois bien avouer que ça m'arrange pas mal. Je ne sais pas comment j'aurais géré la chose si elle avait refusé. Je préférais que ma fille ne soit pas là pour discuter de tout ça. Mais non, l'idée de jouer avec ses copines plus longtemps l'emballe, et c'est tant mieux. Alors je dépose un dernier bisou sur son front, elle m'a trop manqué . Et je la laisse filer en me disant une fois de plus que mon petit bout grandit bien trop vite. Puis je suis sa prof vers la classe. Je me sens tellement mal à l'aise dans une salle de classe. Je n'ai qu'une seule envie, partir en courant a toute vitesse et ne jamais revenir. Mais je ne peux pas faire ça, car c'est de ma fille qu'on vas parler. Octavia, ma douce Octavia. Par ma faute et celle de son père, elle n'est pas bien. Alors même si je déteste au plus haut point tout ce qui est scolaire, je me force et écoute ce que sa prof me dit. Rien de bien nouveau, j'ai bien remarqué les chutes de ses résultats et aussi qu'elle n'était plus très attentive. Mais je ne savais pas quoi faire. Je n'y arrivais pas du tout et vu mon niveau scolaire, je ne pouvais pas faire grand chose. Je lui avoue que je n'ai pas les moyens de payer des cours de soutien à Octavia. J'aimerais vraiment pouvoir le faire mais mon budget est bien trop serré pour ça, même avec la pension que me verse son père. Pour ma fille je fais déjà de gros sacrifices mais ça je ne peux pas, je sais que ça monterait bien trop vite. Mais la proposition que sa prof me fait alors me surprend. Je la regarde, comme pour vérifier qu'elle ne se paye pas ma tête. Mais non elle à l'air sérieuse. Alors je répond « Ce serait très gentil de votre part » Je me sens en confiance, alors je lui explique ce qu'il se passe. Là encore je suis surprise quand elle pose sa main sur la mienne. Je souris faiblement « Merci ... » C'est tout bête mais je dois bien avouer que ça fait du bien de se sentir soutenue. Je lui demande donc de ne pas en parler à son père et elle me rassure en me disant qu'elle n'en feras rien. Je hoche la tête « Je vais lui en parler. Et merci de ne pas avoir aussi convoqué son père, je ne peux vraiment plus le voir » Bon d'accord c'est en grande partie car si je le vois je ne résisterais pas à l'envie de lui sauter dessus. Mais ça je ne vais pas le dire à la maîtresse de ma fille. Non je lui demande plutôt « Est ce qu'Octavia vas bien ? Enfin hormis sa chute de résultat ? A la maison elle est normale mais c'est aussi le cas en classe ? »