Troublée, je fixe le miroir. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi la petite blonde devant moi ne joue pas avec moi. J'appelle doucement ma soeur, ma jumelle. Mais elle ne répond évidemment pas. Frustrée je crie le prénom de ma jumelle, Annabel. Soudainement, une autre petite fille apparaît face à moi, je tourne la tête et découvre avec joie ma sœur juste à coté de moi. Je la prend dans mes bras et la sert fort pour vérifier que cette fois c'est belle et bien elle. Je viens soudainement de comprendre que ma sœur n'est pas moi et inversement. Nous sommes deux personnes différentes mais si similaires en même temps.

Je regarde ma mère qui est si fière. Mais cette fierté ne m'ai pas destiné, je le sais trop bien. Elle est fière de ma soeur, tout comme papa. Il n'y en a que pour ma jumelle, toujours, depuis un bon moment à présent. Annabel est formidable, parfaite. Moi je suis décevante. A cinq ans, Annabel sait déjà lire et écrire. Elle sait compter aussi. Précoce, le médecin vient de l'annoncer. Moi, je suis banale. Mais je n'en veux pas à ma soeur, c'est ma jumelle et rien ne sauras nous séparer. Heureusement pour moi, Anna n'est pas du genre à profiter de cet amour que nos parents lui portent, bien plus à elle. Ma soeur se moque bien que je ne sois pas aussi intelligente qu'elle. On reste proche, très proche.

Je ne veux pas y allez, je traîne les pieds. L'école est un calvaire pour moi. Je déteste m'y rendre, encore plus car ma sœur et moi sommes séparé là bas. Annabel a sauté deux classes déjà. Moi je suis à la traîne, la lecture est un calvaire, vraiment. Les lettres se mélangent et forment des choses incompréhensible devant mes yeux. Je n'y arrive pas et mes parents n'aident en rien. Annabel accapare tout leur intention et ils ne font attention ni à mon frère ni à moi. Alors c'est mon grand frère qui vas tenter de m'aider, comme il peut. J'ai six ans, il en a quinze mais il m'aide beaucoup, sans lui je n'aurais jamais réussit à vaincre cette affreuse chose qu'est la lecture. C'est ainsi que je commence à m'éloigner de ma sœur pour me rapprocher de mon frère.

Je m’éloigne de plus en plus de ma sœur en grandissant, ainsi quand elle part pour l'université avec maintenant trois ans d'avance, je ne ressens presque rien. Pourtant nous n'avons pas l'habitude de passer très longtemps l'une sans l'autre. Quelques années plus tôt j'aurais appréhendé la séparation, plus maintenant. Avec le temps nous n'avons plus grand chose en commun, on ne se parle presque même plus. Elle est la fille parfaite que nos parents aiment tant. Moi je suis devenue tout ce qu'ils voyaient en moi. Je sors, je fumes, je bois et je ramène des notes catastrophique. Ils me voient comme une raté et bien j'en serais une. C'est ma façon à moi d'exister, il n'y a que comme ça qu'ils font attention à moi. Même si je ne suis que déception quand ils posent les yeux sur moi, au moins il le font.

Je tombe enceinte à dix huit ans. Alors que je ne sais toujours pas ce que je vais faire de ma vie, en fait je ne sais pas ce que je veux. Mon petit ami de l'époque prend assez bien la chose, j’appréhendais un peu, beaucoup en réalité mais il reste avec moi. Ensemble nous décidons de garder cet enfant. Le coup de trop pour mes parents qui me prient de quitter immédiatement leur maison. Je le fais sans regret, ils ont beau être mes parents, je ne ressens absolument aucun attachement pour eux. Heureusement pour moi, mon frère est là et me soutient, même s'il ne comprend pas mon choix. Pour Annabel c'est plus compliqué mais elle me soutient tout de même, essayant de temporiser les choses entre les parents et moi, en vain. Je m'installe donc avec Teodore, le père de mon futur enfant. Il trouve un petit boulot, arrêtant ses études pour subvenir au besoin de cet enfant.

On s'engueule, une fois de plus. La fois de trop. Cette fois Teodore part en claquant la porte, réveillant au passage Octavia qui se met à pleurer. Je soupire et vais prendre ma fille dans mes bras. J'essaye de la rassurer, de la rendormir mais du haut de ses deux ans Octavia se trouve dans la pire des périodes et c'est un calvaire pour qu'enfin elle se rendorme. Enfin je la dépose de nouveau dans son lit et essaye de rappeler Teodore pour qu'on reparle de tout ça. Mais la sonnerie de son portable retentit dans l'appartement, il est partit sans. Je dois attendre qu'il revienne ce qu'il ne fait pas avant le lendemain soir. Entre nous plus rien ne vas, nous n'arrivons plus à nous entendre et chacun passe son temps à reprocher tout et n'importe quoi à l'autre. Il m'en veut d'avoir arrêter ses études, je lui en veux de rester coincer toute la journée chez nous. Octavia et ses caprices à répétitions n'arrangent rien. On ne peut plus vivre ensemble, c'est ce qu'il m'annonce ce soir là. Impuissante je le regarde faire ses valises. Il embrasse Octavia et puis il part me promettant de donner rapidement des nouvelles.

J'aimerais qu'on puisse tout recommencer, qu'il ne parte pas et qu'on arrive à trouver une solution. Mais ce n'est pas ce qu'il veut lui. Il me laisse l'appartement et la garde d'Octavia, il dit que c'est mieux pour elle d'être avec sa mère. Il me promet de venir la voir souvent et de me payer une pension alimentaire pour que je l'élève comme il faut. Mais il ne veut pas tenter de recoller les morceaux entre lui et moi. Il me dit qu'on est trop jeune, qu'on aurait du faire les choses autrement. Il en a marre de cette vie là, il veut reprendre ses études et avoir un boulot qu'il aime. Alors on se sépare, je lui rend la bague de fiançailles d'un air rageur. Je ne veux pas qu'il voit qu'il me rend triste, qu'il me fait du mal. Alors acerbe je lui retoque que je serais bien mieux sans lui, que l'on seras bien mieux. Je me retrouve seule avec une enfant de deux ans. J'aime Octavia mais par moment quand je la regarde je me dis qu'elle a pas mal gâché ma vie.

En soupirant je me gare devant la maison de Teodore. Octavia me regarde tristement mais je lui souris doucement « Je reviens te chercher demain ma puce » Je n'aime pas la laisser non plus, mais je ne peux pas priver son père de visite. Sur ce je descend de la voiture et vient prendre Octavia dans mes bras. La porte de la maison s'ouvre sur Teodore tout sourire. Je suis de bonne humeur alors je vais lui rendre son sourire quand je vois sa copine sortir à son tour. Mon expression change totalement et je me dirige vers le coffre pour prendre les affaires de ma fille. Teodore me rejoins devant la voiture et voyant mon expression contrarié m'apprend qu'ils ont emménagé ensemble, que c'est pour ça qu'elle est ici. Je lui lance un regard blasé « Tu fais ce que tu veux avec ta pouffe » Je lui met le sac dans les mains, embrasse une dernière fois le front de ma fille avant de la mettre dans les bras de son père « Demain dix huit heures » Je ferme mon coffre remonte dans ma voiture et part sans un mot de plus.

J'attends devant l'école d'Octavia, maintenant c'est plus simple de se faire l'échange. Il la récupère à l'école le vendredi et l'y remet le lundi matin. Je la récupère le lundi soir et plus besoin de se voir. Je ne supporte plus de la ramener chez lui, dans sa jolie maison avec sa jolie copine puis de rentrer chez moi, dans mon appartement minable, qui était notre appartement il n'y a encore quelques années. Je n'aime pas le voir plein de bonheur, car au fond de moi j'avais encore l'espoir qu'il le vive avec moi ce bonheur. Quand j'aperçois Octavia à la sortie je lui fait un grand sourire. Elle s'empresse de monter dans la voiture, elle a l'air heureuse. Je lui demande comment son weekend s'est passé et elle me répond avec toute sa naïveté d'enfant. Ils vont se marier. C'est elle de sa toute petite voix qui me l'annonce. Elle ne remarque pas combien ça m'ébranle. Mais je souris d'un air faux en lui disant que c'est super. Ils vont se marier, ils sont heureux. Avec toutes ces années, ça ne devrait pas me faire si mal. Je démarre, les larmes aux yeux.

Quand j'ouvre ma porte et que je le trouve là, je sens qu'il y a un truc qui cloche. Je ne sais pas depuis quand il n'est pas venu chez moi. Mais ça fait un bon bout de temps. Alors oui parfois il passe en coup de vent car Octavia a oublié un truc ou deux mais c'est de plus en plus rare maintenant qu'elle a grandit. Même si elle oublie sa peluche, à présent elle peut dormir sans. Alors je le regarde et lui demande ce qu'il y a. Octavia est chez une copine, ça m'arrange j'ai accepté des heures supplémentaires au cinéma, je me prépare pour l'anniversaire d'Octie, histoire de lui faire un cadeau presque aussi bien que celui qu'il vas lui faire. Je n'ai pas le fric de Teodore, je le sais bien. Mais j'aime ma fille très fort alors je veux lui faire autant plaisir que possible. Surprise donc je laisse entrer Teodore, lui demandant si tout vas bien. Quelques instant plus tard je regrette déjà de lui avoir ouvert puisqu'il m'apprend que sa chère femme et lui ont pris un avocat. Ils veulent la garde d'Octavia. Je lui demande s'il est sérieux et sa réponse me fait encore plus mal que je ne le pensais. Elle seras mieux avec eux. Furieuse je lui ordonne de sortir et quand il part cette fois c'est moi qui claque la porte derrière lui. Il n'as pas le droit de me faire ça. Je m'occupe d'Octavia depuis toujours, je ne suis peut être pas la mère parfaite ni la plus riche mais j'aime mon enfant. Je ne vais pas le laisser faire.

Quelqu'un tambourinant à ma porte, c'est ça qui me fait ouvrir les yeux. Je jette un œil au réveil et je soupire qui est le con qui ose venir à cette heure là. J'ai envie de l'ignorer mais la personne dans le couloir continue et si je ne fait rien les voisins me tuerons demain. Alors je me lève en grognant et ouvre cette porte. Il est là devant moi. Il me fixe un moment avant de me dire « Je veux pas que tu me déteste » Je le fixe sans comprendre, pourquoi débarque t'il comme ça en pleine nuit pour me dire ça. En plus il sait très bien que c'est faux. Même si la guerre est déclarée pour la garde, jamais je ne pourrais le détester. Je secoue la tête « Je ne te déteste pas » Il affiche alors un drôle de sourire et essaye de me prendre dans ses bras. Il manque de s'étaler au sol. D'accord il est ivre, ça explique tout. Je soupire et le fait rentrer, je ne peux pas le laisser dans cet état. Il me sert plus fort contre lui. Puis me murmure « Je t'aime encore » Je le pousse doucement sur le canapé « Arrête tes conneries t'es juste ivre mort » Il attrape ma main, m'attire vers lui et tente de m'embrasser. Je le repousse puis je croise son regard. Il a beau être ivre, je vois dans son regard cette étincelle que je n'ai pas vu depuis si longtemps. Alors quand il essaye de m'embrasser de nouveau, je ne résiste pas. Quand quelques minutes plus tard il entreprend de me retire ma nuisette, je ne proteste pas plus.

Le lendemain je me réveille, il est toujours là. Il m'observe alors que me tire doucement de mes rêves. Il n'aurait pas été là, je croit que j'aurais pris tout ça pour un rêve justement. Car ça fait si  longtemps que j'avais envie de l'avoir de nouveau avec moi. Mais je sens son corps chaud contre le mien, sa main posé sur mes hanches. Tout ça est réel, nous avons bien couché ensemble hier. La vérité me percute de plein fouet. On a couché ensemble. Je réalise soudain ce qu'on vient de faire. Je me redresse, attirant la couette à moi pour cacher ma nudité, stupide je le sais mais je me sens mal à l'aise de me trouver nue devant lui. Je ne peux pas avoir fait ça, pas avec lui. Tout es déjà si compliqué entre nous, ajouter ça à l'équation. Il me regarde sans comprendre. Je soupire « On a déconné là... t'es marié » Et je sais qu'ils sont heureux, enfin c'est ce que je pensais en tout cas, à chaque fois que je les voyait, leur bonheur me donnait envie de vomir. Teodore me demande alors si je n'ai pas aimé. je soupire, qu'est ce qu'il ne comprend pas? « Il ne s'est rien passé hier et il ne se passeras plus rien, habille toi et vas y »

Depuis quelques semaines, je ne me sens pas très bien. C'est en ouvrant le placard à pharmacie que je tombe sur un truc qui me perturbe. J'attrape la boite de tampon et l'observe en cherchant mentalement. Je suis en retard, mais depuis combien de temps ? Une angoisse me prend aux tripes. Ce n'est pas possible. Mais plus je cherche et plus ça me semble clair. Les symptômes sont exactement les mêmes que pour Octavia. Je vais au travail en essayant de ne pas y penser, mais c'est peine perdue, ça me tourne dans la tête toute la journée. Alors sur le chemin du retour je fais un détour par la pharmacie et achète un test de grossesse pour éloigner le doute. Une fois Octavia couché, je fais ce fameux test. Dix minutes de patience et voilà que deux petites barres apparaissent. Et merde.