Je suis épuisée, mais pourtant je suis incapable de dormir. Ma main sert celle d'Aubin, guettant le moindre signe prouvant son réveil. Je suis inquiète pour lui. Et on vas dire que le médecin ne m'a pas vraiment rassuré la dernière fois que je lui ai parlé. L'opération avait été faite en urgence et il n'était pas certain de l'état d'Aubin à son reveil. En entendant ça, j'avais eu envie de tuer ce fameux médecin et puis j'avais aussi dût lutter contre mes larmes. Je craignais le pire. J'étais vraiment à deux doigt de craquer. J'étais terrorisé à l'idée qu'il se reveile paralysé, ou amnésique ou je ne sais pas quoi d'autre. Mais je m'en voulais aussi d'avoir réagit comme je l'avais fait. J'étais persuadée qu'il n'était pas venu car il ne le voulait plus de sa fille. Je m'étais sentie abandonnée, une fois de plus. Mais en réalité il n'en était rien. Il avait dut faire face à une crise, plus grosse que les autres. J'étais loin d'imaginer qu'il était ici. Je ne remercierais jamais assez son ami de m'avoir appris qu'il était là même si cette histoire de bague me troublais. Je n'aimais pas ne pas savoir de quoi il en retournais. J'avais du mentir un peu pour pouvoir me tenir près de lui, mais ce n'était qu'un détail. Le médecin semblait encore douté de ce que j'avais raconté, mais je m'en moquais, ma main pouvais serrer la sienne et je le voyais respirer, c'est tout ce qui comptait. Ma fille me manquait et je m'en voulait de l'avoir laissé avec mes parents, qui s'engueulaient encore quand je l'y avais déposé. Mais je me voyais mal entraîner Annabeth ici et lui faire découvrir son père dans cet état. Alors que mes paupières commençaient à se faire lourde, je sentis du mouvement. Je me redressais et soupirais de soulagement en voyant les yeux d'Aubin enfin ouvert. Je souris malgré la larme qui glissait le long de ma joue « Aubin tu es réveillé ! » Je posais ma main sur sa joue « Tu m'as fait peur »

Tu étais instable et peu de personne était au courant. L'enfer vécu à l'armée t'avait marqué plus que tu ne semblais le dire. Hope vivait les cauchemars à l'appartement. Certains passant avaient droit à tes sautes d'humeurs. Les seuls fois ou que tu as eu la force de tout contrôler, c'était avec tes moments avec Aspen. C'était un peu, peut-être même beaucoup comme un réconfort. Tu ne te souviens de pas grand chose, tu ne sais même pas ça fait combien de temps que tu es là. Tout ce que tu sais, c'est que ça a fait un mal de chien que tu as cru que ton corps s'écroulait sous ton poids. Tu te souviens de la douleur, du hurlement que tu n'as pas su tenir, du visage de ton frère. Tu as encore les sensations dans ton corps entier, comme si plus rien ne voulait bouger. Avant de t'éteindre, t'as cru que c'était vraiment la fin et tu n'avais même pas l'occasion de voir ta fille. Ce fut ta dernière pensée. Tu es resté deux jours dans un sommeil beaucoup trop profond. Tu ne te souviens même pas avoir manger, ou avoir fait quoi que ce soit. T'as se bourdonnement dans la tête qui te donne la nausée et t'as juste envie qu'il s'arrête. Des bruits qui résonne, on dirait un rythme constant de bip. Des machines? Tu serres les paupières, tu essaies de bouger, mais ça te parrait impossible. Tu ne sens plus rien. Putain ! Tu n'arrives même pas à ouvrir les yeux. Ta tête te fait un mal de chien. Toi qui ne s'énervait jamais, t'as eu un réveil plutôt brûtal. T'as fini par ouvrir les yeux, tu ne réalises pas la main qui serre la tienne, tu t'en arraches. Ta voix se fait forte, c'est anormal. « Non mais c'est quoi ça putain! » Tu ne jurais jamais non plus. « Fait chier merde! ARR! » Tu tires sur les fils, sans même avoir pris conscience de la présence de ta douce. Un tic nerveux fait incliner rapidement ta tête sur le côté. Ton coeur, ta respiration, tout s'accélère et le bourdonnement dans ta tête devient plus fort encore. Tu viens la prendre entre tes mains. Tu veux te lever, mes tes jambes ne bougent pas. Tu te retrouves dans une chute qui propulse ton corps sur Aspen. Soudainement, toute cette noirceuer qui t'avais envahi quelques secondes plus tôt, disparait. Ton regard se pose dans le sien et tous tes muscles se détendent. Un mien vient se poser contre sa joue. « Aspen... »

Le soulagement me prend quand je remarque qu'Aubin se réveille. Enfin, deux jours que j'attendais ça. Deux jours que je suis à son chevet, attendant qu'il se réveille enfin pour savoir ce que l'opération a sauvé, ou non. Le médecin est incapable de me dire si la chirurgie est un succès total ou partiel. Mais le soulagement ne dure pas longtemps quand je le vois s'agiter. J'essaye de lui dire que tout vas bien, que je suis là. Mais c'est peine perdue, j'ai l'impression qu'il ne m'entends pas, qu'il ne me voit pas. Je me sens inutile. Impuissante je le regarde arracher sa perfusion. Je l'appelle une fois de plus « Aubin ? » Mais mon appel reste sans réponse. Je vais me lever pour appeler un médecin, un infirmier n'importe qui. Mais la tête d'Aubin se tourne et enfin son regard croise le mien. Je lui fait un petit sourire, j'essaye d'effacer de mon visage ma panique, je veux le rassurer. Je remarque son mouvement, je n'ai pas lui tend de lui dire d'y allez doucement. En moins de temps qu'il le faut pour le dire, je me retrouve avec Aubin sur moi. Même si le fait qu'il se soit écroulé sur moi m'inquiète. Je ne peux pas retenir mon sourire quand il murmure mon prénom. Je savoure le contact de sa main sur ma joue un instant avant de lui répondre « Je suis là Aubin, je le serais toujours » Et mes lèvres viennent prendre les siennes un instant. Puis je me détache doucement et lui demande « Comment tu te sens ? » Je sais que cette question est un peu stupide, malgré tout je voulais savoir, j'en avais besoin. Je me rend compte qu'il ne sait peut être pas pourquoi il est ici alors je lui apprend « Tu as été opéré.. tu as fait une grosse crise il y a deux jours »

T'es dans un délir, tu te crois seul. Au premier coup d'oeil, t'as aucune idée d'ou tu es, tu es désorienté. Tu veux te lever, mes tes foutus jambes ne supportent pas ton poids. Tu basules contre Aspen et ton regard s'ancre dans le sien. Ton coeur s'emballe et déballe. Ton rythme cardiaque est irrégulier et c'est désagréable. Tu veux bien te caler sur la sienne, tu essaies, mais ça reste relativement difficile à faire. T'es affreusement tendu et ses lèvres si douces rejoignent les tiennes. Difficilement, comme si ton bras était trop lourd. Tu arrives à venir glisser une main contre sa nuque pour prolonger le baiser, mais il retombe rapidement au sol. Les yeux clos, tu viens poser ton front contre le sien. Lorsqu'elle te demande la question, tu te la poses aussi. T'en sais rien. Tu t'es énervé tellement rapidement, que tu n'as même pas pris conscience de ton état. Tu ne saurais dire vraiment ce que tu te souviens en dernier. Tu observes autour de vous tout en restant au sol. Pour que tu te retrouves à l'hôpital, c'est qu'il s'est passé quelque chose. Elle fini par t'avouer que tu as été opéré, puis que deux jours étaient passé. Tes yeux deviennent rond. « Non... » Tu tentes de te relever, mais t'y arrives pas, tu t'aides de tes bras pour te laisser tomber à ses côtés. Tu te retrouves sur le dos, incapable de te lever. « NON! » Tu essaies encore, de toute tes forces, mais tes jambes ne bougent pas. Tu te plis difficilement, sans pour autant décoler du sol. Tu agrippes une jambes, tu ne sens rien. Tu te mets à frapper sur tes jambes. Toujours rien. « Aspen ! Je sens plus rien! Je sens plus mes jambes! » La panique s'entend dans ta voix, ta gorge se noue et ta voix s'enroue. « JE SENS PLUS MES JAMBES! »

Je ne veux pas lui montrer combien j'ai eu peur, comme j'ai encore peur. Alors même si sa chute me terrorise, je me fais violence pour ne pas lui dévoiler combien ça me chamboule. Je l'embrasse avec plaisir quand il s'approche de moi. J'ai eu tellement peur de le perdre pour de bon que je veux profiter de chaque moment de tendresse qu'il m'offre. Malgré tout je sens bien qu'il manque de force, son bras qui retombe me le prouve bien. J'essaye de me rassurer comme je peux, c'est surement normal, il vient de dormir pendant deux jours. Il doit se remettre. Oui c'est normal, il n'y a pas de raison qu'il ne se remette pas vite. Le médecin m'a garantit qu'il avait fait son maximum. Je lui demande comment il vas. J'ai envie de l'entendre me dire que tout vas bien, que ce n'est rien. Mais il ne me répond pas. Je lui apprend alors ce qu'il s'est passé. Je sais qu'il vas me le demander de toute façon. Je savais qu'il réagirait ainsi. Alors je prend sa main et murmure « Je suis désolé, on avait pas le choix ... » Il serait mort sinon, la balle bougeait de plus en plus et risquait d'allez se loger dans une zone mortelle. De nouveau il hurle son mécontentement. J'essaye de le regarder, de le calmer mais c'est peine perdu. Je vois qu'il panique et je me sens impuissante, tellement. Et quand il m'annonce qu'il ne sent plus ses jambes, mon monde s'écroule. C'est pas possible. L'opération s'était bien passé. Je le prend de nouveau contre moi « Aubin calme toi, c'est rien, je suis certaine que c'est rien ... tu viens de te réveiller ça doit être les médicaments » Je n'en sais rien, j'essaye de le rassurer mais en moi c'est aussi la panique totale. Ma main appuie doucement sur le bouton pour appeler une infirmière, je ne sais pas quoi faire. De nouveau je murmure « Tout vas bien Aubin » J'ai l'impression d'essayer de rassurer ma fille après un cauchemar, sauf qu'avec elle je suis plus douée.

Putain! C'est ce mot qui se répète encore et encore dans ta tête. Tu as été opéré. T'as la rage au ventre, la peur au coeur. Tu n'as même pas eu le temps de prendre du temps pour voir ta fille, t'amuser avec elle, comme un père devrait le faire. Tu ne peux pas te montrer face à elle en chaise roulante! Non! Tu refuses! MERDE ! T'as envie de hurler, mais Aspen est là et sa présence a le don de tempérer tes émotions devenues explosives. Tu pourrais très bien tomber en crise de panique si elle n'était pas là avec toi. Tu as envie de chialer, parce que tes chances de faire plaisir à ta fille semblent avoir disparues. Tu fermes ta gueule lorsqu'elle mentionne le choix. Pas le choix mon oeil, ouais. Tu lui cracherais au visage si c'était quelqu'un d'autre qui t'avait dit ça. Si ça avait été le médecin, ta mère, ton père, ton frère. Tu t'en contrefous, tu l'aurais fait... Mais ta Aspen... Non, jamais tu n'oserais. Elle te demande de te calmer, mais c'est plus fort que toi, ta respiration est irrégulière et tu te mets à frapper tes jambes. Tu hurles enfin de rage, ça arrive enfin à trouver le point de sorti. Les larmes de colère se mettent de concert et tu frappes de plus en plus fort, mais tu ne sens rien. Tu ne te rends pas compte que des infirmiers entre dans la pièce. Tu te retrouves soulevé de terre. « LÂCHEZ-MOI! LÂCHEZ MOI! » Ils t'installent sur le lit et cherchent à remettre les fils en place, mais tu bouges trop. L'un d'eux s'exclame enfin pour attiser ton attention. « C'est normal de ne rien sentir! La partie inférieur de votre corps a été anestésié. Il faut lui donner le temps de recouvrir. » Tu le dévisages et tu tournes la tête vers Aspen. Tu arrives à te calmer, ils font ce qu'ils ont à faire avant de sortir. Tu te sens stupide soudainement.

Il me fait peur. Il me terrorise en réalité. Car je ne sais pas comment le calmer. J'ai envie de pleurer, mais je ne peux pas craquer devant lui, je refuse. Je suis tellement désolé pour lui, nous n'avons pas eu le choix, il aurait pu mourir si on ne l'avait pas opéré et ça je ne l'aurais pas supporté. J’essaye de le convaincre que tout vas bien, mais je n'en sais rien en fait. Alors j'appelle à l'aide. Heureusement pour moi des infirmiers arrivent. Je les laisse faire mais voir Aubin se débattre encore et encore. J'ai les larmes aux yeux. Enfin un des hommes explique les choses à Aubin et enfin mon compagnon se calme. Je soupire soulagée. Je regarde l'infirmier et murmure un petit merci alors que les autres s'affairent autour d'Aubin.. Quand tout le monde repart, je revient près d'Aubin. Ma main se glisse de nouveau dans la sienne et je laisse mes larmes couler. J'ai besoin de lâcher prise un peu. Je fond en larme avant de murmurer « Je te promet que ça vas allez Aubin, tout iras bien. On pouvait pas te laisser mourir. Je sais que tu ne voulais pas de cette opération mais tu n'avais pas le droit de me laisser cette fois. » Je plante mon regard dans le sien avant de murmurer « Pardonne nous » Car oui j'avais eu ma voix à ce chapitre puisqu'on avait légèrement mentit au médecin pour que je puisse venir. Pour le médecin j'étais sa fiancée. D'ailleurs j'ai besoin de me détendre alors je murmure doucement « En fait, fait pas de gaffe, le médecin pense qu'on est fiancé »