Je tremble, morte d'inquiétude. Clara, il est encore arrivé quelques chose à ma sœur. Papa l'a retrouvé dans les escaliers quelqu'un l'a poussé mais il ne sait pas qui. L'idée de perdre ma sœur est insupportable, la terreur qui m'a pris pendant son enlèvement revient, j'ai envie de vomir tellement ça me sert le cœur. J'attends mon frère, heureuse qu'il puisse m'emmener, j'ai tenté de prendre le volant mais je suis incapable de conduire. Le klaxon retentit et aussitôt je bondis dehors, suivit de près par Occamy qui semble bien décidé à ne pas me quitter. Je monte en voiture et prend le chiot sur moi avant de claquer la porte. Je regarde mon frère et je vois dans son regard la même inquiétude que moi. Je ne dis rien, je ne sais pas ce que je pourrais lui dire.

Je vois bien le regard qu'il porte sur ma chienne, mais je ne veux pas la laisser là. Elle me fait du bien Occamy, je sais que ça parait stupide, elle me fait du bien, elle m’apaise et même elle sait prévenir mes crises, j'en ai fait deux malgré les médicaments et elle les as sentis venir. Alors je m'attache et caresse Occa pendant que le silence s'installe dans la voiture. Je n'ose pas briser ce silence, je ne sais pas quoi dire. Mais heureusement pour moi c'est lui qui le fait en me demandant ce qu'il s'est passé avec papa. Je soupire, peut être que finalement j'aurais préféré qu'il ne me demande rien. " Il m'a encore traité comme une gamine, alors j'en ai eu marre et j'ai finit par lui dire que je le détestait " Je sais que ça peut paraître stupide ou vraiment rien, mais sa réponse m'a fait mal, il le sait, comme si c'était vrai. Evidemment que je ne le pensais pas.

J'ai un peu honte quand je vois sa réaction. Mais bon est ce que lui ne lui as jamais dit pendant son adolescence ? J'ai le droit d'être en colère parfois non ? En plus je lui en veut car il m'a rappelé de mauvais souvenir, cet été des choses dont je ne voulais vraiment plus me rappelle. Il me parle de l'autre soir et je ne comprend pas " Dans quel état ? " Je ne vois pas de quoi il me parle mais je soupire doucement " Evidemment que je lui ai déjà dit tu l'as jamais fait toi ? " Il est plus vieux, il n'est peut être plus dans cette phase, mais il est forcément passé par là, c'est logique

J'attends sa réponse et je soupire quand il me dit qu'il a retrouvé papa ivre à la maison. Je vois de quel soir il parle, celui où il m'a demandé si je dormais à la maison. Mon frère me dit encore une fois que papa pense que je le déteste. Je soupire. Non, je suis en colère c'est tout. Alors je ne dit rien que répondre de toute manière ? Mon frère m'agace quand il me dit qu'il n'aurait jamais dit ça à papa. Je me retient de lui faire une remarque acerbe. Je me contente de répondre " Et bien moi si, j'en ai marre qu'on me traite comme une enfant! Pire que ça qu'on me mente! On m'a mentit toute ma vie sur maman ! Alors oui j'ai le droit de lui en vouloir "

Il roule vite, trop vite et ça me stresse. Mais je ne dit rien car je sens qu'il est en colère. Il me fait des reproches et ça m'agace car j'ai l'impression de ne prendre que ça en boucle. Occamy doit sentir que je ne vais pas bien car elle colle sa tête sous ma main et je la caresse pour me détendre un peu. En vain. Je ne lui répond pas car j'en ai marre d'entendre ça. On me renvoie toujours ça en plein visage, on me demande de grandir mais on ne cesse de me traiter d'enfant. Puis il me parle de maman. Mais pas comme je m'y attendais. Suicide. Ce n'est pas ce que papa m'a dit. Je suis choqué, je reste muette un instant. Puis soudain j'explose " Me préserver ! En quoi me mentir ça m'aide! Comment tu veux que je me confie, que je dise la vérité si on prétend que mentir aide! On me demande de parler de ce que j'ai vécut cet été mais papa me ment sur maman ! Tu savais toi aussi n'est ce pas ? Mais tu ne nous a rien dit? J'ai idéalisé maman vous m'avez laissé faire mais en vrai elle a abandonné ses enfants! J'aurais put la connaitre ! " Et soudain je me sens mal et là j'entends Occamy qui grogne et tire ma manche " Arrête toi ! "

Il s'est garé mais il ne semble pas décidé à me laisser partir. Pourtant je sens la vague monter et Occamy pleure de plus en plus fort. Je le sens pas. Alors je ferme les yeux. Mais j'écoute ce qu'il me dit. Je grimace quand il me dit qu'ils ne voulaient pas me donner tout les détails. Un suicide ce n'est pas totalement ce que j'appelle un détail. Mais je ne suis pas assez en forme pour lui faire remarquer. Alors j'écoute sa nouvelle leçon de morale sans rien ajouter. Mais quand il me dit qu'il ne me laisseras pas sortir je murmure " Tu comprends pas " Occa grogne encore et je murmure " Je crois que ... je vais faire une crise "

Je me sens de moins en moins bien. Je veux juste sortir d'ici. Je ne sais pas ce qu'il vas se passer si la crise se déclenche dans la voiture. Ma main hésite, est ce que je dois détacher ma ceinture ou non ? Mon instinct me dit que non et heureusement. Car j'ai à peine le temps d'entendre mon frère me demander quel genre de crise je veux faire. Je veux lui répondre, je n'en ai pas l'occasion. J'entends Occamy pleurer une dernière fois. Et puis je me sens m'effondrer, retenue par la ceinture. Mon corps s'agite violemment, en proie a une nouvelle crise épileptique. Je perds connaissance au bout de quelques secondes ? Minutes ? Je n'en sais rien.

Je ne convulse plus mais je n'arrive pas tout de suite à rouvrir les yeux. Puis peu à peu je commence à ressentir des choses. Je sens les poils d'Occa sous ma main. Puis j'entends la voix de mon frère qui prononce mon prénom. Péniblement je rouvre les yeux, mes doigts remuent sur le pelage de mon chiot. Et puis je murmure " Désolé " Je m'en veux de lui avoir fait peur, j'en veux aussi à mon corps de me lâcher de la sorte. Une larme coule le long de ma joue.

Je sens la main d'Ali dans la mienne et je la sert tout doucement. Comme après la première crise, je me sens vidée et j'ai simplement envie de m'endormir. Mais ma sœur est à l’hôpital alors je ne peux pas. Mon frère s'excuse et la façon dont il le fait je comprend qu'il s'en veut, se pense responsable. Je secoue la tête, mauvaise idée je me sens encore un peu vaseuse. Mais je lui dit " Arrête, tu as le droit d'être en colère. C'est pas ta faute... " Et non. Je sais pourquoi l’épilepsie s'est déclenché, un cadeau de ce qu'il s'est passé en août, comme si les cauchemar ne suffisait pas pour que je m'en souvienne.

Je suis dégoûtée, je ne voulais pas que mon frère me voit dans cet état. En fait je ne voulais que personne ne me voit en pleine crise. Il me demande si ça vas et je hoche la tête d'une façon qui se veut convaincante mais qui ne l'ai pas du tout. Je me sens vaseuse, vraiment très vaseuse. Doucement je caresse Occamy et embrasse la boule de poil entre ses deux oreilles. Je souris doucement " Bravo mon Occa ! T'es trop forte " Même si je m'en était rendue compte trop tard, le petit chiot avait sentit la crise arriver. Elle m'aidait beaucoup, grâce à elle je pouvais anticiper un minimum et ne pas m'écrouler d'un seul coup. Je regarde Ali avant de lui murmurer " Tu peux démarrer "