La pire chose qui puisse arriver. Je n'osais y croire et pourtant c'était réel. Deux jours maintenant, une éternité. Clara, ma sœur, ma maman de substitution avait disparu. Non elle avait été enlevée. Et on n'avait aucune piste. J'en voulais à la Terre entière. A mon père de ne pas avoir protégée sa fille. A mes frères d'avoir été défaillant dans leur rôles de grand frère. A maman, de ne pas avoir été là pour prévenir sa fille des dangers que représentait les hommes. Aux flics d'avoir déclaré qu'il fallait attendre avant de prendre ça au sérieux, car elle pouvait être partie de son plein grès. Et je m'en voulais à moi aussi, d'être une sœur si minable. Je lui avais fait la gueule une bonne partie de ces dernières semaines, pour une histoire de garçon. Et maintenant je redoutais de ne plus jamais la voir. Que mes derniers souvenirs d'elle soient entachés par ça. J'avais perdu maman toute jeune, je n'avais aucun souvenir. Je ne voulais pas perdre Clara aussi. Le premier soir j'avais été en colère, j'avais passé mon temps à hurler, dire qu'il fallait faire quelques choses. L'alcool m'avait rendu plus vive que jamais. Mais après une courte nuit, j'étais dévasté. Personne ne nous aidait et on avait aucune piste. Alors je passais mon temps entre le salon et ma chambre, guettant le moindre coup de téléphone qui nous donnerait un indice. Je passais mon temps sur mon lit, serrant Belzébuth contre moi et pleurant. Je n'avais pas mangé depuis que j'avais appris, je n'avais pas faim même si je me sentais de plus en plus faible. Sans Clara je n'avais la force de rien. Je n'avais même pas parlé à Lily de tout ça. J'aurais bien besoin de sa présence pourtant. Mon père avait bien fait venir une fille. Mais j'avais peur de l'embêter avec tout ça. Je fixais mon portable, incertaine quand à la marche à suivre. Devais je lui demander de venir ou non ? Quand la boule de poil noir fila hors de ma chambre. J'avais besoin de ses ronrons, aussi je quittais mon lit pour le rattraper. C'est en le cherchant que je tombe sur Ali. Je plisse le front en remarquant l'état de mon frère. Certes en ce moment nous sommes tous plus ou moins en mode zombie en ce moment. Mais là c'est autre chose. Alors je me précipite vers lui et l'attrape avant qu'il s'écrase au sol. « Ali qu'est c'est qu'il y a ? » Je l'inspecte avant de demander « Qu'est ce que t'as pris ? » Je ne suis pas stupide, ni toute innocente, il n'est pas dans cet état juste à cause de la tristesse et de la peur.

Perdus dans notre tristesse, je crois qu'on reste chacun dans son coin et qu'on ne fait pas vraiment attention aux autres. Alors quand je vois mon frère qui titube, je suis d'abord surprise. Je ne pensais pas qu'il allait si mal. Pourtant je souffre tellement, je peux comprendre. Alors instinctivement je viens aider mon frère. Je suis inquiète pour lui maintenant, comme si j'avais besoin de ça en plus. Mais je ne peux pas le laisser, je lui demande si ça vas puis voyant son état je comprend qu'il y'a un truc qui cloche. Je ne peux pas rester silencieuse alors je lui demande ce qu'il a pris. Mais je n'obtiens pas de réponse. Ce qui ne fait qu'augmenter mon inquiétude. Il me repousse même et je le regarde monter les escaliers en craignant qu'il s'écroule à chaque marche. Alors je le suis de près. Puis le regarde s'engouffrer dans sa chambre, de plus en plus angoissée pour mon frère. Je reste devant sa porte, hésitant à entrer et lui reposer les questions pour avoir une réponse ou bien allez en parler à papa. Mais je me souviens de l'état de ce dernier, je ne suis pas certaine que lui demander un coup de main soit la solution en ce moment. Alors que je suis en train de me décider pour le rejoindre, j'entends un bruit de chute. Je n'hésite plus et me précipite dans sa chambre « Ali ! » Je le rejoins et c'est là que mon regard se pose sur le tiroirs ouvert et les boite de cachets qui s'y trouvent. Un regard à mon frère, qui ne semble pas en danger de mort immédiat, et je prend les boites. Depuis combien de temps il prend ces trucs ? Et pourquoi il n'as rien dit. « T'es pas sérieux Ali? » Pourquoi prend il ça d'ailleurs ? Je chercher mais je ne trouve pas de justification. Certes il a quitté sa copine, ou sa copine l'a quitté, je n'ai pas tout suivit. Je repose les médicaments et essaye d'aider mon frère a s'asseoir sur son lit.

J'étais inquiète pour ma sœur, morte d’inquiétude. Mais maintenant je devais aussi m’inquiéter pour mon frère. Si un autre membre de la famille faisait encore un truc du genre, je crois que je ne tiendrais pas le choc. Pour le moment je me concentre sur mon frère, lui je peux l'aider, il est là. Alors j'essaye de le mettre sur son lit, heureusement pour moi il se rend compte de ce que j'essaye de faire et il m'aide un peu. Une fois qu'il est en sécurité sur son lit, je farfouille un peu et trouve les flacons. Depuis quand il prend ces trucs ? Je le regarde, me demandant pourquoi il n'as rien dit? J'écoute sa réponse. Il s'est trompé dans les dosses. Je ne peux même pas lui en vouloir. Pour le coup, avec tout ce qu'il se passe, il avait surement la tête ailleurs, je peux lui pardonner. Par contre je tique quand il me dit qu'il vas bien. Non. Juste non. On voit très bien qu'il vas mal. Je le sais, il le sait. Il me prend juste pour une gamine, croyant que je vais me contenter de ça. Mais je ne suis plus une petite fille et je vois très bien qu'il ne vas pas bien. Alors je lui répond d'un ton ironique « Oui c'est ça tu vas méga bien, tu es en pleine forme. C'est super crédible » Je soupire de plus belle avant de lui demander « Et si tu vas si bien que ça pourquoi tu prend ce genre de cachets ? Je sais ce que c'est des antidépresseurs Ali, j'ai plus quatre ans » Même si pour toute la famille j'ai l'impression que c'est le cas.

A sa réponse, je roule des yeux. Il ne veut pas nous inquiéter « Et bien c'est gagné » En ne nous disant rien ça n'arrange pas les choses. Je ne sais pas ce qu'il se passe et il m'a vraiment fait peur. Ce n'est pas le meilleur des moments, c'est vrai. Je suis déjà terrorisé par la disparition de ma Clara. Mais ce n'est pas pour autant que je vais lâcher l'affaire. Je veux savoir ce qui ne tourne pas rond. Alors je cherche moi même et je tombe sur ses médicaments. Pas des trucs anodin. Des antidépresseurs. Des saloperies à en voir son état. Mais ce n'est pas ça qui me préoccupe. C'est plutôt la raison pour laquelle il doit prendre ça. Enfin j'ai bien une idée, mais j'attends sa confirmation. En effet, c'est depuis qu'elle l'a quitté, depuis qu'il est revenu à la maison. Je hausse un sourcil « Depuis le début de l'année ? Mais ça vas passer ? » Je n'y croit pas vraiment et je pense que lui non plus. Je m'assois près de lui. Je suis vraiment inquiète pour lui. Je secoue encore la tête quand il me dit que ça n'as pas d'importance, que je devrais me préoccuper de Clara, que c'est elle qui importe en ce moment. « Tu sais comme je suis proche de Clara et tout ça me rend malade. Mais pour le moment ces connard de flics ne veulent rien nous dire et je pense pas que je puisse faire grand chose pour elle... » Cette simple pensée m'arrache une larme. Je n'aime pas être impuissante. Je ne peux rien faire pour Clara, mais pas pour lui « Toi t'es là, je peux t'aider. » Je souris faiblement « Je veux t'aider. Pourquoi tu n'en parle pas à quelqu'un ? Je sais que l'amour peut faire mal... mais tu te met dans un état inquiétant quand même »

Il m'inquiète. Et ce n'est vraiment pas le moment. Mais je ne peux pas ignorer ce que je viens de voir. Je le regarde et soupire quand il me dit que ça passeras. Vu son état et le temps qu'il s'est écoulé depuis sa rupture, j'en doute vraiment. Mais que lui dire de plus. Je n'en sais rien alors je me contente de murmurer « Si tu le dit » Il me parle encore une fois de Clara, me dit qu'elle est l'actuelle priorité mais je réfute tout ça. Nous ne pouvons rien faire pour elle malheureusement. Je lui dit qu'il doit faire quelques chose, en parler à quelqu'un. C'est là qu'il m'apprend qu'il voit un psy. Ce ne doit pas être papa, c'est certain même. Et personne ne doit être au courant, sinon j'en aurais entendu parler, je le sais bien. « Tu devrais le dire à papa, mais je n'en ferais rien » C'est à lui de le faire, pas à moi. Puis il me parle de sa rupture de ce qu'il a ressentit et comme toute ma famille, il fait la comparaison avec la mort de maman. Une fois de plus je me sens exclue, c'est un coup bas je trouve. Je soupire « J'en ai marre qu'on me parle toujours de maman... vous savez très bien que je ne peux pas me souvenir de ça. Alors non je ne peux pas comprendre ce que vous ressentez c'est vrai... » Ce n'est pas que je n'aimais pas notre mère mais c'était vraiment compliqué pour moi de ressentir la même tristesse qu'eux. Comment regretter une femme que nous n'avons pas connu. Je pouvais évidemment l'imaginer, tenter de me projeter. Mais je n'ai rien construit avec elle avant sa mort. J'étais trop petite. Je regarde mon frère « En fait je suis amoureuse de Lily... et j'imagine assez bien ce que tu peux ressentir même si je ne me suis pas fait larguer »

Je me contente de hocher la tête quand il me dit qu'il vas en parler avec papa. Je pense que c'est la meilleure chose à faire. Papa saura bien mieux que moi comment l'aider. Moi je dois bien avouer que je me sens absolument inutile. Je veux aider mon frère mais je pense que je ne le peux pas. En fait il n'y a qu'Ali qui le peut je le pense. Mais ça ne doit pas être simple à réaliser. Parler avec un psy est surement une première étape. Une fois de plus on me renvoi à la figure une comparaison avec maman. Je sais qu'ils ne le font pas exprès, qu'ils ne se rendent pas compte. Mais c'est douloureux de les entendre parler de chose que je ne connais pas. Car non je n'ai aucun souvenir de maman, j'étais trop petite pour me rappeler. Quand on me parle de papa et maman, de leur amour, leur relation, je ne vois rien. Maman n'est qu'une grande inconnue pour moi. Je ne leur en veut pas mais j'ai quand même mal. Cette fois je me sens obligé de lui dire. Et quand mon frère s'excuse je murmure « C'est rien, je suis habitué » Et comme pour lui montrer que je tourne la page, je parle d'autre chose. De Lily en l'occurrence. Il est surpris, ça c'est normal. Je souris quand il me demande si je comptais lui dire. « Je pensais compter sur ton sens de l'observation. Elle arrive, je lui ai demandé de venir me soutenir. Et j'ai besoin de son réconfort alors ... Enfin c'est compliqué tu sais. Je suis amoureuse mais on en a pas trop parlé, je sais pas trop si on est ... un couple » Lily était ma meilleure amie et l'idée de lui en parler me terrorisait car j'avais peur de la perdre.

Il ne parle plus de maman et ça me soulage. Pas que je n'aime pas en parler, mais à chaque fois je suis vraiment mal à l'aise. Je n'ai pas le même vécut, ni les même souvenir qu'eux, je crois qu'ils ne se rendent pas compte. Enfin ce n'est pas grave, je me voit mal le lui reprocher, surtout pas aujourd'hui. On a d'autre soucis que ça. Il y a évidemment Clara qui a disparut, c'est le plus important. Mais aussi Ali, en ce moment c'est ça le soucis. Il me rassure en disant qu'il discuteras avec papa, c'est tout ce que je lui demande et c'est le plus important. Puis on dévie sur le sujet de l'amour, puisque c'est son chagrin d'amour qui le met dans cet état. Je gaffe légèrement et je lui avoue que j'aime ma meilleure amie bien plus que tout le monde ne le pensais. Je souris doucement quand il me dit que son sens de l'observation est partit « Mais non, elle n'est pas encore venue aujourd'hui et les autres jours, j'ai toujours agis comme une amie » Alors il ne peut pas se reprocher de ne rien avoir vu. « En fait ... papa n'en sait rien, j'en ai juste parlé à ... » Soudainement je n'arrive plus à prononcé le prénom de ma soeur, toute l’inquiétude remonte. Je me met à pleurer sans pouvoir me contrôler « Clara ... » Sans lui demander, je me colle contre mon frère, j'ai besoin de soutient. On parle encore un peu de couple, mais je ne suis plus vraiment en état de discuter de tout ça. Alors je regarde mon grand frère et lui demande « Tu crois qu'ils vont vite la retrouver ? » Je l'espère, vraiment, je ne m'imagine pas vivre sans ma soeur.

Je craque, j'essaye de me contrôler mais je n'y arrive pas. Penser à Clara me faisait tellement mal. J'avais si peur qu'elle ne revienne jamais. Je remarque que mon frère se redresse et je m'en veux, il doit se reposer. Mais finalement il n'arrive pas à se redresser totalement et se contente de prendre ma main. Je la sert et lui sourit d'un petit air triste. Il me dit qu'on vas la retrouver, qu'il le faut. Je suis d'accord sur ce second point, ils doivent la retrouver. La famille ne survivra pas à ça. On le sait tout les deux. « Tu n'en sais rien » Malheureusement ce n'était que la simple vérité, on avait aucune idée de ce qu'il s'était passé, d'où elle était. Peut être qu'on ne la retrouverais jamais. Encore une fois cette pensée me fait pleurer. Pas Clara, tout sauf ça. Je sert encore un peu plus la main de mon grand frère « Je peux pas la perdre » Clara c'est comme ma maman, je ne peux pas imaginer ma vie sans elle. Puis Ali me dit que je dois manger, je secoue la tête « J'y arrive pas, j'ai pas la tête à ça et puis je suis tellement mal pour Clara, j'ai envie de vomir » Je savais que je n'aiderais en rien ma sœur si je finissait par tomber à cause du manque de nourriture, mais je n'y arrivais pas. Comment manger alors que si ça trouve elle même était privée de tout. Non je ne mangerais pas aujourd'hui. « Tu voudra bien dormir avec moi ? Je pourrais pas trouver le sommeil seule » Là encore je n'avais aucune envie de dormir, mais je savais qu'il faudrait bien s'y résoudre.

Il a raison, il faut garder espoir, c'est tout ce qu'on peut faire de toute façon. mais c'est compliqué à faire. J'ai si peur qu'il lui arrive un truc. C'est ma maman, l'une des personnes les plus importante de ma vie. Chaque membre de ma famille compte, évidemment mais Clara seras toujours Clara et elle aura cette place bien spéciale dans ma vie et dans mon cœur. C'est peut être mal, mais je crois bien que je l'aime un peu plus que mes frères. Je dis à Ali que je ne peux pas la perdre et il me dit qu'il le sait. Je ne répond pas, je crois qu'on se comprend sans paroles. La famille ne survivrait pas a cette épreuve, je ne survivrais pas à cette épreuve. Je secoue la tête quand il me dit qu'il n'est pas à la hauteur « On fait ce qu'on peut aujourd'hui, moi aussi je suis nulle » Mais nous ne sommes pas en état, on ne peut pas être au top. C'est trop dur de traverser ça, de ne rien savoir. Chacun fait ce qu'il peut et en ce moment c'est vraiment pas grand chose, mais c'est mieux que rien. Je pensais qu'il allait insister pour que je mange mais il ne le fait pas et heureusement. Je sais que je suis incapable d'avaler quoi que ce soit ce soir. Alors je suis vraiment soulagée et je lui demande juste de dormir avec lui. Dès qu'il accepte, je grimpe dans son lit et me blottie contre lui « Merci Ali » Je met un bon bout de temps, mais je finit par m'endormir, blottie contre mon grand frère.