Un. Je viens d’une famille sans trop d’histoire. Je suis le plus vieil enfant de mes parents. Ma soeur est arrivée trois ans après moi, après une grossesse et un accouchement qui ont été difficiles pour ma mère, si bien qu’on l’a prévenue après qu’elle ne pourrait plus avoir d’enfant. Mes parents s’étant promis lorsqu’ils étaient jeunes adultes qu’ils auraient trois enfants. Ils sont parvenus à respecter leur promesse, en adoptant un troisième enfant, un petit garçon, lorsque j’avais dix ans. C’était un imprévu, mais tout simplement parfait pour eux, faisant une famille complète, unie, simple. Deux. Mes parents avaient toujours cette habitude de capturer les moments importants en photo, en vidéos et ce, depuis que j’étais enfant. Je ne saurais compter les souvenirs que nous comptons dans la demeure familiale. Je suis persuadé que c’est ainsi que j’ai développé mon intérêt pour la photo. J’étais que jeune adolescent lorsqu’on m’offrit mon premier appareil. Progressivement, ce ne fut pas mes parents qui vinrent à prendre les photos, mais moi. C’est toujours ainsi aujourd’hui. Trois. J’entrai à l’université Coastal Carolina avec une majeure en photographie et une mineure en géographie. Je ne m’attendais pas à grand-chose. Maintes fois, ma famille éloignée m’avait jugée pour ce choix, disant que je ne ferais rien de pertinent. Mais j’avais deux intérêts; voyager et faire des photos. Je ne savais pas si j’allais gagner ma vie avec ça, mais au moins, j’aurais fait ce que j’aimais pendant quatre ans, tout en travaillant pour l’université comme photographe pour des évènements importants. Quatre. Après avoir obtenu mon diplôme, je commençai à prendre quelques contrats çà et là, rien de bien important. Mon premier contrat considérable fut lorsque je commençai à prendre des photos pour des équipes professionnelles de la région. Hockey, Football américain, Baseball, je faisais un peu de tout, dépendant des saisons. Une chose menant à l’autre, il me fut proposé d’aller sur la route, voyager pour photographier des évènements sportifs d’envergure, comme des championnats ou les Jeux Olympiques, ce que j’ai eu la chance de faire à quelques reprises, surtout à l’été. Cinq. Ce fut pendant un de mes voyages que je la rencontrai. C’était il y a environ dix ans. Avant ça, j’avais eu quelques relations, mais avec mes déplacements constants, il était difficile de garder une relation stable. Je réalisais un contrat au Mexique. Nous nous sommes croisés dans un bar, avons commencé à discuter, rien d’extraordinaire. J’étais persuadé à ce moment que j’étais amoureux, mais en vérité, j’étais que naïf. Six. J’ai été tellement naïf que je lui ai demandé de m’épouser, de revenir chez moi aux États-Unis, à Bishopville. J’ai été tellement naïf que j’étais fou de joie à l’idée qu’elle soit enceinte, alors que nous ne nous connaissions pas depuis longtemps. J’avais toujours eu ce rêve secret d’avoir une famille un jour, en me disant au fil du temps que ce n’était pas possible. C’était un souhait qui se réalisait. Sept. Maverick est venu au monde le premier septembre deux mille douze. Je croyais que c’était le début d’une belle histoire, mais ce fut le début d’un véritable cauchemar, qui n’avait rien à voir avec le fait que notre fils dormait que trop peu la nuit, refusant de dormir dans son propre lit. Ce fut le début d’un cauchemar parce que c’est là qu’elle choisit de quitter, sans rien dire, sans rien laisser sauf son alliance et les papiers de divorce déjà signés. Elle avait profité de ma nationalité pour obtenir sa citoyenneté et chose faite, elle était partie pleinement en profiter. Je me sentis terriblement floué. Je m’étais promis à ce moment que je ne saurais plus affectionner qui que ce soit, tomber amoureux. Pire encore, je me devais de composer avec un enfant tout jeune, alors que je ne savais pas comment faire. J’arrêtai de travailler pendant un temps, le temps de m’y habituer, avant de commencer à voyager avec Maverick, lui faire découvrir le monde, mon monde, pour le temps que je pouvais le faire. Huit. Lorsque Maverick eut presque cinq ans, je décidai de laisser tomber les voyages pour m’installer dans ma ville natale, Bishopville, pour de bon, parce que je voulais lui offrir la stabilité que j’avais eue lorsque j’étais enfant. Je continue à faire des contrats pour des équipes sportives professionnelles, mais je limite les voyages aux périodes de vacances scolaires, afin d’être présent pour mon enfant aussi bien que je le peux. Neuf. Depuis mon divorce, je n’ai pas eu d’autre relation sérieuse. J’ai appris à apprécier les histoires d’un soir, tantôt régulières, tantôt pour une seule fois. Ainsi, je n’ai pas de sentiments à gérer et c’est parfait comme ça, puisque je crains de tomber amoureux de nouveau. C’est pire depuis que j’ai eu de ses nouvelles et qu’elle s’excusait, et que j’ai dû lutter pour lui dire que je ne voulais pas qu’elle revienne dans notre vie. Maverick, lui, croit que sa mère est décédée, et c’est parfait comme ça. Dix. À chaque endroit que j’ai visité, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, je rapporte un souvenir. Bien souvent, c’est une décoration, un bibelot, que je garde dans ma bibliothèque. À défaut d’être un grand lecteur, je conserve des souvenirs d’un peu partout. Onze. Je suis la logique de mes parents et je prends beaucoup de photos de Maverick, que ce soit au quotidien ou pendant des évènements spéciaux, comme des sorties, des matchs de sport auxquels je l’emmène. Limite je me sens torturé d’être l’entraineur de sa petite équipe de baseball parce que je ne peux pas prendre des photos en tout temps. J’essaie toujours de trouver le moyen de me retirer un temps pour le faire. Douze. Lorsque j’ai du temps libre, j’aime prendre du temps entre amis pour jouer aux cartes. Je crois plutôt bien me débrouiller au poker.