Cela faisait trois ans que j’étais en couple avec Tobias. Il était doux, gentil, aimant, et je l’aimais très fort. Alors que cela n’était pas du tout prévu, j’étais rapidement tombée enceinte, après un peu moins d’un an de relation. C’était un accident en réalité mais finalement nous avions décidé de garder le bébé et neuf mois plus tard j’avais donné naissance à une petite fille. Il était vraiment un père formidable, quand il était là. Il s’occupait à merveille de notre fille et j’aimais passer du temps avec lui quand il n’était pas en déplacement pour son travail. Ce n’était pas toujours facile à gérer le fait qu’il ne soit pas toujours là, mais je m’y faisais, je faisais avec, et puis avec les mots rassurants qu’il savait me dire quand il était là me faisait me sentir mieux et ainsi je parvenais à gérer ses absences. Toutefois, c’était parfois trop dur à gérer et il m’arrivait de craquer. Alors pour me rassurer, il m’avait fait une promesse avant de repartir une énième fois en déplacement, celle de venir s’installer avec moi et notre fille. J’avais été plus que ravie par cette promesse, enfin nous allions vivre ensemble et avoir une vie normale. Cependant, après qu’il m’ait fait cette promesse, je ne l’ai pas revu. Je n’ai plus eu de nouvelles ni quoi que ce soit d’autre. Je m’inquiétais, vraiment beaucoup et je ne savais pas quoi faire. Il ne répondait pas à mes appels, ni à mes messages. J’étais totalement perdue, et notre fille aussi qui commençait à réclamer son père et moi qui n’était pas en mesure de lui montrer au moins en appel visio. Je connaissais son adresse, il me l’avait donné. Toutefois, il m’avait fait promettre de ne jamais m’y rendre. Il m’avait dit que c’était un logement miteux, quasiment insalubre mais que cela lui suffisait pour son boulot, mais qu’il ne voulait pas que je m’y trouve ou même que notre fille puisse y passer quelques minutes. C’était pour notre bien qu’il avait dit. Je lui avais promis, mais je n’étais jamais restée si longtemps sans nouvelles, cela ne lui ressemblait pas. J’avais toujours au moins un message, un appel, ou quelque chose comme ça, mais là rien de rien. Alors j’avais décidé de rompre ma promesse et de me rendre à l’adresse qu’il m’avait indiqué en me disant qu’il s’agissait de la sienne. Pour cela, j’avais laissé ma fille à mon oncle Rhett qui était de retour à Bishopville depuis quelques temps à la suite d’un accident qui lui avait fait perdre son pied durant sa mission humanitaire en Afrique. J’avais ensuite entré l’adresse sur le GPS de mon téléphone et suivre la route jusqu’à destination. Quelle fut ma surprise que l’adresse qu’il m’avait donné menait finalement dans un petit quartier pavillonnaire avec des maisons plus ou moins grandes mais rien qui ne semble insalubre ou dans un état miteux. Je commençais à me dire que mon compagnon m’avait baladé concernant son lieu de vie… Peut-être vivait-il à la rue ? Il n’avait pas osé me le dire ? Mais dans ce cas, pourquoi n’était-il pas resté avec nous, chez moi ? Je décidais tout de même d’aller au bout de mon action et d’aller finalement frapper à la porte de l’adresse indiquée. « Tobias, ouvre moi s’il te plait… » Je ne savais pas vraiment pourquoi j’avais dit ça, peut-être n’étais-je pas à la bonne adresse, ou alors il m’avait donné une adresse bidon… J’étais stressée et j’avais peur de ce que je pouvais découvrir. Sans doute me cachait-il quelque chose, mais quoi ? Je ne savais pas, et j’avais peur de le savoir, j’avais sûrement raison… J’attendais tranquillement devant la porte que l’on vienne m’ouvrir, en tout cas je n’avais pas l’intention de bouger tant que personne n’aurait ouvert. J’avais besoin de réponse, savoir comment Tobias allait et pourquoi il ne me donnait pas de nouvelles.

Je pensais que j’aurais eu à attendre beaucoup plus longtemps que ce fut le cas devant la porte. En réalité, j’avais peur de rester face à une porte fermée. Tout simplement car Tobia ne daignerait pas m’ouvrir la porte, pour la simple et bonne raison qu’il m’en voudrait d’être venue ici alors qu’il m’avait fait promettre de ne pas le faire. J’avais longtemps hésité à venir jusqu’ici mais c’était trop dur à supporter que de ne pas avoir de ses nouvelles, alors j’avais pris le risque de le mettre en colère en venant ici, quitte à ce qu’il me fasse la tête pendant plusieurs jours, au moins je serais rassurée de savoir qu’il allait bien. Finalement, à peine quelques secondes après que j’ai frappé à la porte, cette dernière s’ouvrait devant moi, mais ce n’était pas la personne que j’attendais qui ouvrit la porte. J’étais figée sur place, je me demandais bien qui pouvait-être cette femme, et j’étais à me dire que Tobias m’avait fourni une adresse totalement bidon, d’une personne qu’il connaissait afin de savoir si oui ou non je tiendrais ma promesse de ne jamais venir ici. Peut-être avait-elle dû m’entendre demander à Tobias d’ouvrir la porte puisqu’elle me demanda directement si c’était bien lui que je cherchais. J’étais totalement paralysée et j’avais un peu peur, je l’avouais. Si bien que pour seule réponse, je hochais la tête pour lui dire qu’il était bien celui que je cherchais. Visiblement, elle connaissait Tobias, mais qui était-elle pour lui ? Je me posais une tonne de questions mais j’allais vite tomber de haut car sans que je demande quoi que ce soit, elle finit par me dire qui elle était pour lui. Au départ, quand j’avais entendu son nom de famille, Griffin, le même que celui de Tobias je m’étais dit alors qu’il s’agissait de sa sœur ou d’une cousine quelconque, mais juste après elle ajouta « sa femme ». A ce moment-là, j’ai du devenir aussi livide qu’un linge blanc. Je ne pouvais pas croire ça, j’avais probablement mal entendu, mais non, elle était bel et bien la femme de Tobias. Je n’arrivais pas à le croire, pendant ces trois dernières années que j’avais côtoyé Tobias, je n’avais jamais douté de sa fidélité et de sa sincérité envers moi. Je lui avais toujours fait confiance… Puis nous avions quand même eut un enfant ensemble, et tout ça sans que je sache que je n’étais pas sa petite-amie mais sa maîtresse car il avait en fait déjà une femme. Je m’en voulais de n’avoir rien vu et lui en voulait de ne m’avoir rien dit et mentit comme il l’avait fait. J’aurais préféré restée seule en connaissance de cause qu’avec lui dans une totale ignorance. « Sa femme ? Je… Je ne savais pas qu’il était marié, il ne m’a jamais rien dit… » Je me sentais horriblement mal. Sans même l’avoir vraiment énoncé, je venais d’avouer que j’étais la maîtresse de son mari et que j’osais me pointer chez lui comme ça, comme une fleur.

Je me sentais totalement stupide d’être ici et je m’en voulais d’avoir été si naïve et de croire tout ce qu’il me disait concernant ses nombreuses absences. Il avait su trouver les mots pour m’embobiner, me raconter que c’était pour son travail, mais ce n’était rien de tout ça, c’était juste pour pouvoir mener sa double vie tranquillement. Quand je pensais qu’il me disait qu’il m’aimait plus que tout, et qu’il aimait aussi notre fille, et je l’avais cru, comme une adolescente qui fait son premier amour. Comment avais-je pu croire à tout ça, tomber dans le panneau comme une débutante ?! Je m’en voulais car à cause de moi, ma fille allait se retrouver avec des parents séparés, et il était évident que je ferais mon possible pour qu’il puisse voir sa fille le moins souvent possible. Il n’était absolument pas question qu’en plus de m’avoir prise pour une bille il s’en tire bien avec une garde alternée, s’en était hors de question pour moi, et je n’en démordrais. Sauf qu’en fait, je n’étais pas au bout de mes peines avec cet homme-là. Elle le traitait de connard, tout naturellement, et j’avais envie de confirmer puisque visiblement il m’avait menti. Jamais je n’aurais voulu entretenir une relation telle que je l’avais avec Tobias en sachant qu’il était marié. J’aurais certainement souffert un peu au début mais avec le temps se serait passé et je serais partie sur autre chose, j’aurai rencontré quelqu’un d’autre, et je ne me serais pas retrouvé à enfreindre une promesse que j’avais faite pour finalement apprendre qu’il avait une femme et que je n’en savais rien. Et ce n’était pas tout ce dont je n’étais pas au courant. Ce que je comprenais finalement à ce qu’elle murmurait et que je parvins à comprendre, c’était qu’elle ne semblait pas au courant du fait que son mari la trompait. Alors il était fort, il avait réussi à nous embobiner toutes les deux, nous faire croire que je ne savais trop quoi pour aller vivre sa deuxième vie ailleurs. J’étais furieuse contre moi, et j’étais désolée aussi pour cette femme de savoir qu’elle avait été trompée par son imbécile de mari, qui n’était autre que mon compagnon depuis quelques années maintenant. Le pire dans tout ça c’était de me rendre compte qu’il m’avait mené en bateau pendant si longtemps sans que je ne vois rien… Je me sentais mal à l’aise, vraiment, pourtant il fallait que je réponde à sa question, et il ne serait pas bienvenue de ma part de lui mentir, je n’en avais pas envie, pas maintenant que j’étais là en sachant qu’il nous avait prise pour des idiotes pour les deux visiblement. « Je… C’est que je n’ai pas de nouvelles depuis quelques temps, d’habitude il m’en donne même quand il travaille. Puis sa fille le réclame… » Je me pinçais les lèvres et baissais la tête, honteuse d’avouer qu’en plus d’avoir été voir ailleurs son mari avait fait un enfant à une autre. Je n’étais pas fière de cela, mais je ne savais rien, mais je comprendrais totalement qu’elle me jette et me somme de m’en aller sans rien me dire au sujet de Tobias. Je restais plantée là, devant la porte d’entrée face à la femme de mon compagnon, enfin ex-compagnon, car avec ce que je venais d’apprendre, je ne voulais plus de lui, ça valait de soit.

La jeune femme avait soupiré à ma remarque, mais n’avait rien dit sur le coup. Elle m’avait simplement invité à entrer chez elle d’un signe de la main, ce que j’avais fait pour ne pas sembler impolie. Je n’avais pas prévu de rentrer au départ, peut-être même que je n’aurais jamais dû venir ici, mais j’étais là, et je voulais comprendre ce qu’il se passait. Apprendre comme ça qu’il était marié et qu’il s’était royalement fichu de moi avait été un véritable choc dont je peinais un peu à me remettre, mais apprendre en plus qu’il avait deux filles avec sa femme, ce fut comme un coup de massue que je prenais sur la tête. Pourtant, je n’étais pas au bout de mes peines. Je m’en voulais d’être tombée sous le charme de cet homme. A mon insu, j’avais probablement détruit une famille, et j’avais en même temps détruit celle que j’avais construit avec lui. Je ne comprenais pas comment j’avais pu être aussi naïve, je m’en voulais énormément, pourtant je ne pouvais pas revenir en arrière. Je n’étais pas rassurée quand elle me dit que je devrais m’asseoir, ce genre de propos ne présageait rien de bon en général. Toutefois, si elle me le disait, c’était sûrement que ce qu’elle avait à me dire était suffisamment grave et important pour que je ne reste pas debout. Qu’allait-elle me dire ? Que Tobias était en prison pour une raison que j’ignorais ? Je n’en savais rien. A vrai dire je me faisais un tas de scénario dans mon esprit et cela me torturait de ne pas savoir. Je m’asseyais donc sur son conseil, malgré tout je n’étais pas prête à entendre ce qu’elle me dit ensuite. Je plaque ma main sur ma bouche pour étouffer un petit cri, de douleur, de désespoir. Je n’arrive pas à croire ce qu’elle vient de dire, ce n’est pas possible, c’est une très mauvaise blague qu’elle me fait ? Pour me faire payer le fait d’avoir été la maitresse de son mari peut-être ? Non, elle ne pouvait pas être cruelle à ce point. « C’est pas possible… » Les larmes coulaient sur mes joues, il m’était impossible de les contrôler. « Que lui est-il arrivé ? » parvins-je à demander. Ma vue était totalement floutée par les larmes, je ne voyais plus rien, j’étais horriblement mal. J’avais la sensation d’être dans un cauchemar, et je voulais juste me réveiller et sortir de là. « Et moi pour les tiennes… » Il laissait une veuve, une femme amoureuse de lui, et trois filles orphelines. Mais quand j’y pensais, c’était un sacré enfoiré de nous avoir toutes les deux menées en bateau comme il l’avait fait.

Même si j’avais dit que ce n’était pas possible, je me doutais bien qu’elle ne me racontait pas n’importe quoi. Simplement, je ne pouvais pas croire ce qu’elle me disait. Pourtant, je n’allais pas avoir le choix puisqu’elle me confirma, en s’excusant quelque peu, que c’était la vérité. J’étais totalement perdue, je ne savais pas ce que je devais ressentir, penser, ni comment je devais réagir. Tout se bousculait dans ma tête et tout était confus. L’homme que j’aimais depuis un plus de trois ans maintenant, était mort. Il était le père de ma petite fille et j’avais cru qu’entre nous c’était le grand amour mais ce n’était visiblement pas le cas. Je venais d’apprendre beaucoup trop de choses bien trop difficiles à encaisser d’un seul coup. En plus d’apprendre qu’il s’était fichu de moi en ne me disant pas qu’il avait déjà une femme et des enfants, maintenant il était mort et j’ignorais ce qui lui était arrivé. J’avais un peu de mal à comprendre pourquoi elle me disait que ses filles se portaient mieux sans lui, était-il un monstre ? M’avait-il caché sa véritable personnalité en plus de m’avoir menti sur son statut matrimonial ? Je ne savais pas trop quoi penser de tout ça, et j’avouais que je n’osais pas forcément lui demander pourquoi elle me disait ça. Après, peut-être que juste leur peur était absent… Ma curiosité était touchée, et je voulais savoir. « Comment ça ? » Je ne savais aucunement si elle allait répondre à ma question, peut-être était-ce trop indiscret. Après tout, elle et moi on ne connaissait pas et je débarquais comme ça chez elle en lui disant que je cherchais son mari, car ma fille le réclamait et que je m’inquiétais pour lui du fait de ne pas avoir de nouvelles. Je n’étais pas nécessairement la personne à qui elle avait envie de parler. Un peu après, je lui avais demandé ce qui était arrivé à Tobias, j’avais besoin de savoir comment il était mort. Mais quand elle m’avoua ce qui lui était arrivé, je ne m’attendais absolument pas à cela. Je m’étais dit au début que probablement il avait eu un accident de voiture ou quelque chose dans le genre, mais je n’aurais jamais pu imaginer qu’il avait été assassiné. Je n’en revenais pas qu’il ait pu prendre dix-huit coups de couteau. Je n’étais pas certaine de pouvoir en donner un, alors dix-huit… J’étais sur le cul, je ne cessais de pleurer, je ne parvenais pas à me calmer, mes nerfs étaient à vif, j’avais envie d’hurler, mais je ne me permettais pas de le faire. « Comment c’est…possible ? » J’avais du mal à parler, à trouver les mots. J’avais un espoir, que j’étais dans un cauchemar et que j’allais me réveiller très vite de tout merdier.

Je voulais savoir ce qui lui était arrivé, pour quelle raison il avait été assassiné. Je le connaissais comme un homme bon, gentil, aimant, attentionné… Qui pouvait lui vouloir du mal ? Etait-il celui que je croyais ? Probablement pas… J’espérais que la jeune femme pourrait m’en apprendre plus, même si au fond de moi j’avais peur d’apprendre la vérité. Il faudrait que je vive avec ensuite, et qu’est-ce que j’allais bien pouvoir dire à ma fille Lexie ? Pour le moment, la question n’était pas là, puisque je ne savais rien. Alors que la jeune femme face à moi commençait son récit, j’étais quelque peu rassurée d’apprendre qu’elle connaissait le Tobia que je connaissais. Ainsi, s’il était devenu un monstre, il ne l’avait pas toujours été. Toutefois, il semblait jouer sur les deux tableaux et être gentil d’un côté et une horrible personne de l’autre. Puis quand elle commença à dire qu’il avait changé après leur mariage, cela me glaça le sang. S’il s’était contenté de cris au début, visiblement les gifles avaient vite fait leur apparition avant qu’il se mette visiblement véritablement à la frapper. J’étais horrifiée par ce que j’étais en train d’apprendre. Je ne doutais absolument pas de la sincérité de la jeune femme, mais j’avais tellement de mal à imaginer Tobias comme étant cet homme-là. Je ne le voyais pas du tout ainsi, et je ne parvenais pas à l’imaginer, cela ne lui ressemblait tellement pas. Mais il avait certainement bien su cacher son jeu, il était parvenu à me cacher pendant tant d’années qu’il était déjà marié et père de deux filles, et je n’y avais vu que du feu. Je n’avais jamais subit quoi que ce soit de sa part, et je n’avais subit aucune violence venant de qui que ce soit, mais j’avais entendu dire qu’il était assez rare que les femmes s’en aillent, et ce pour plusieurs raisons. Déjà car souvent elles étaient dépendantes financièrement de leur compagnon, parce qu’elles avaient peur de ce qu’il pourrait faire et enfin parfois elles restaient pour les enfants. Ces hommes-là savaient visiblement y faire pour retenir leurs victimes à leur côté, ils savaient trouver les mots pour que les femmes ne s’en aillent pas, leur faisant toujours croire que ça n’arriverait plus, mais ça recommençait encore, et c’était souvent de pire en pire. Je me sentais horriblement mal face à la jeune femme. J’étais horrifiée à l’idée d’imaginer Tobias serrant le cou de mon interlocutrice, j’aurais pu être à sa place, et si elle avait réussi à s’en sortir peut-être que ça n’aurait pas été mon cas. J’étais déjà choquée de savoir qu’il battait sa femme, mais qu’il ait osé lever la main sur sa fille c’était pire que tout, et en tant que mère, je savais que tou ce qui comptait c’était protéger son enfant, et je comprenais donc que Delilah ait complètement pété les plombs et l’ait tué de dix-huit coups de couteau. J’étais triste de la mort de Tobias et je ne savais absolument pas ce que je dirais à Lexie, mais elle avait sauvé sa vie, celle de sa fille, et peut-être les nôtres à Lexie et moi. Alors même si c’était terrible ce qui était arrivé, ce n’était sûrement pas le plus terrible qui aurait pu arriver. « Je suis désolée, vraiment pour tout ce que Tobias vous a fait vivre.. Je n’imaginais pas qu’il était un monstre pareil… » Je me sentais mal, très mal, je sentais mon estomac de tourner dans tous les sens. Je me levais rapidement et eut juste le temps d’arriver à l’évier de la cuisine pour vomir. Tout ce que je venais d’apprendre c’était trop pour moi. Une fois que je me sentais mieux, je me nettoyais la bouche ainsi que l'évier et je retournais vers la jeune femme. « Désolée, c’est beaucoup…d’émotions… » dis-je en tentant d’esquisser un petit sourire, pâle comme un linge.

J’avais encore du mal à intégrer ce que je venais d’apprendre, mais je croyais Delilah. Après tout, pourquoi est-ce qu’elle irait me raconter qu’elle avait tuer un homme, qui plus est son mari, si ce n’était pas le cas ? Elle n’avait aucun intérêt à cela. Et vu comment elle me racontait ça, tout ce qu’elle avait dit ne pouvait être que vrai. En plus, elle m’avait montré ses bras recouverts de bleus, qu’il lui avait fait en la frappant. Je m’en voulais de ne pas avoir vu quel genre d’ordure il était. Et bien que je sois vraiment peinée pour ce qu’elle avait vécu et ce que ses filles avaient pu subir indirectement avec tout ça, j’étais soulagée qu’il n’ait jamais touché à ma fille, sans quoi je n’aurais pas pu le supporter. Toutefois, je culpabilisais un peu quand même du mal qu’il avait pu leur faire. Comment pouvait-il être deux personnes aussi différentes quand il était avec elle et quand il était avec moi ? Peut-être que je n’avais pas été avec lui assez longtemps pour en arriver là… Et si jamais il avait été encore en vie et que j’avais débarqué dans cette maison alors qu’il me l’avait interdit, peut-être qu’il serait passé à l’acte et qu’il aurait commencé à me frapper moi aussi… Cette idée me faisait clairement froid dans le dos. Même si au fond de moi je ressentais de la tristesse en apprenant la mort de Tobias, car j’avais des sentiments pour lui, je me disais qu’il était à sa place où il était et qu’au moins il ne ferait plus de mal à personne ici. “Je ne savais rien c’est vrai, mais si j’avais su, j’aurais peut-être pu aider… Mais c’est vrai qu’on a eu de la chance, car il ne nous a jamais touché…” Après avoir rendu le peu que j’avais mangé, je me sentais un peu mieux. Revenue auprès de Delilah elle s’excusait, mais elle n’avait pas à le faire. “Ne le sois pas, ça passera tu sais. Il faut juste que je digère tout ça, c’est pas si simple. Je pensais qu’il était quelqu’un de bien et tu m’apprends que c’était le pire des monstres…” J’étais contrariée, il allait falloir que je puisse parler de tout ça à quelqu’un, mais je ne savais pas qui. Mais une chose était sûre, je ne pourrais pas garder tout ça pour moi, j’allais avoir besoin d’extérioriser, de parler, de dire tout ce que j’avais à dire. Je haussais les épaules à sa proposition. Peut-être que ma fille aimerait avoir un souvenir de son père, car après tout elle n’avait jamais eu de soucis avec, mais quand elle saurait qui il était vraiment, je n’étais pas certaine qu’elle accepte quoi que ce soit qui venait de lui. “Je ne crois pas non, c’est gentil merci. Je ne veux pas garder quoi que ce soit d’un homme pareil, même si je ne l’ai pas connu comme ça…” Je me doutais que ça ne devait pas être facile pour elle tout ça. Elle devait tout trier, vivre avec un poids sur la conscience car elle avait quand même tuer un homme de sang froid et également gérer ses deux filles, je ne savais pas comment elle faisait. Alors gentiment je lui proposais de l’aide. “Est-ce que tu veux que je t’aide à trier tout ça ?” Même si je n’étais pas forcément la personne qu’elle devait préféré au monde du fait que j’étais la maîtresse de son mari, il me semblait correct de lui proposer mon aide, même si elle la refusait.