Noir, il fait si noir autour de toi. Tu as perdu toute notion de temps. Une heure, un jour, une semaine. Tu n'as aucune idée de depuis combien de temps tu es là. Tu ne sais même plus pourquoi papa s'est mis en colère. Il y a surement une raison, il y a toujours une raison. Mais du haut de tes trois ans, tu ne les maîtrises pas très bien. Les raisons des adultes te dépassent. Tu fais toujours trop à leur yeux, trop de bruits, trop de chichis, trop de caprices. Du haut de tes souvenirs c'est toujours ainsi que ça se passe. Tu fais quelques choses, papa s'énerve et papa t'attrape. Et c'est le placard. Longtemps. Tu attends. La porte finit par s'ouvrir. Mais pas sur papa. Sur une inconnue. Ta sauveuse. Enfin ta vie vas changer, même si évidemment tu ne le sais pas encore.

Nouvelle maison. La femme qui t'y dépose te fais un grand sourire, te dit que tout vas bien mais tu as du mal à y croire. En fait tu ne sais même pas ce que bien veut dire. Tu n'as connu qu'une seule chose dans ta vie et tu pensais que tout ça était normal. Alors tu suis sans rien dire. Ta petite main s'accroche fermement à celle de la femme quand la porte s'ouvre. Les deux personnes qui en sortent te font un grand sourire.Tu aimerais t'y fier mais cette petite voix au fond de toi s'allume et te dit de te méfier.

Maman, un mot simple que tu prononce enfin, il t'a fallut deux ans. Mais à présent tu ne cesse de le répéter. Tu es devenu une vraie pipelette. Jamais tu n'es trop bruyante pour elle, ni pour ton nouveau père. Petit à petit les mauvais souvenirs commencent à s'effacer. Pas de cris, pas de placards. Ne reste que cette peur viscérale, enfouie au plus profond de toi, celle du noir. Celle qui te fais hurler quand par malheur le courant saute, celle qui te met en boule quand ton ampoule grille.

Jalousie, ce sentiment te prend à tes neuf ans quand tes parents te parlent d'avoir un petit frère ou une petite soeur. Tu refuses, tu hurles, pique ta colère. Mais ils ne cèdent pas. Tu te sens trahie, mais surtout terrorisé. Tes peurs les plus sombres viennent te prendre. Et cette petite voix que tu n'avais plus entendue depuis des années revient, insidieuse. Petit à petit tu imagine le pire, te disant que tu n'es pas assez bien pour eux, s'ils veulent un autre enfant c'est bien qu'il y a une raison. Et c'est forcément toi qui n'est pas assez satisfaisante. A cette époque tu fais tout pour être meilleure, a l'école, dans tes activités extrascolaire. Mais ça ne change rien.

Nathan, il arrive finalement un an plus tard. Ton frère comme tes parents te le présentent. L'envahisseur comme tu l'appelle dans son dos. Un gosse de cinq ans que tu pourrais trouver mignon, dans d'autre circonstance. Mais tu ne peux pas. Tu le déteste, pour tout ce qu'il représente. Il te fais des sourires et tu ne lui répond que par des regards noirs. Le pire vient quand cette chose essaye de te faire un câlin, tu le repousses. Tu le haït et tu veux bien lui faire comprendre qu'il n'est pas le bienvenu. Il débarque et voilà que tout le monde se focalise sur lui. Tu sais que c'est égoïste mais tu ne veux rien partager et encore moins tes parents.  

Déception, tu la prend si vivement en pleine poire que tu as envie de hurler et de tout renverser. Heureusement pour toi, il y a ta famille derrière toi qui te soutient. Tu ne seras pas médecin, tu n'as pas été admise. Au fond de toi tu le savais. Les études et toi ce n'as jamais été une grand histoire d'amour. Tu as fais des efforts, autant que possible mais parfois ça ne suffit pas. Tu n'étais pas faite pour ça, c'est ainsi. Ta mère te prend dans ses bras et te sert contre elle. Tu es rassurée, au moins tes parents ne t'en tiennent pas rigueur.

Tobias, il était si gentil Tobias. Il te faisais rire et plaisait à tes parents. Tu l'as rencontré au travail, une rencontre banale, loin de celle que tu imaginais enfant. Pas de prince sur son cheval blanc mais un type qui se blesse et qui vient se faire soigner. Vous vous êtes revu après ça et puis petit à petit votre relation s'est développé. Tu sortais d'une histoire compliqué alors tu t'es laissé porter. Tu étais bien avec lui. Vous avez finit par sortir ensemble et rapidement vous avez emménagé ensemble. Tout allais pour le mieux dans le meilleur des mondes. C'était beau, trop beau.

Oui, un petit mot banal. pas ce jour là. Car tu étais devant le maire et que ce oui allait sceller ton union avec Tobias. Tu étais rayonnante dans ta robe blanche et tout le monde te félicitais, te disant combien tu semblais heureuse. Pourtant au fond de toi il y avait ce doute. Ce petit détail qui te perturbait tant. Tu n'en parlais à personne, surtout pas. Mais ça te rongeait. Ta main se pose sur ton ventre déjà légèrement arrondit. Tu t'étais rendu compte de ta grossesse peu de temps après la demande en mariage de Tobias cela vous donnait une raison de plus de vous unir avait il dit. Tu étais d'accord avec lui, jusqu'à la veille du mariage. Il n'étais plus le même. Mais tu avais décidé de mettre ça sur le coup du stress. Oui c'était le mariage. Tout irait mieux ensuite.

Illusion, tu t'en étais bercé. Le mariage n'avais pas calmé la tension. Loin de là. Petit à petit tout avait empiré. Tobias était de plus en plus en colère, de plus en plus souvent. Et il avait dérapé de nouveau.. Il ne s'était pas contenté d'une gifle cette fois. A chaque fois tu t'étais laissé convaincre par ses excuses. Et il avait prit l'ascendant. Tu adorais ton travail et pourtant, tu l'avais abandonné, pour prendre soin de ta fille, Naween. C'était mieux pour elle selon ton mari. Il avait peut être raison, mais tu aurais aimé pouvoir retourner au travail et ne pas être coincé dans la maison. Puis il avait commencé par te couper de tes amis, et puis de tes parents et de ton frère. Tu ne t'étais pas rendue compte de l'emprise qui se refermait petit à petit sur toi.

Rage, il avait osé. Tu avais accepté beaucoup de chose, tu avais subis sans rien dire. Mais cette fois il avait été trop loin. Tobias avait levé la main sur ta fille. Tu ne pouvais pas accepter ça. Pas Naween, pas ta petite fille. Tu l'avais vu attraper ta fille pour la frapper et ton cœur avait bondit. Quand il l'avait giflé, tu avais saisit la première chose qui t'étais tombé sous la main et te trouvant dans la cuisine, c'était un couteau. Ton instinct de maman avait prit le dessus à cet instant et avant même qu'il puisse réagir, tu l'avais planté. Il était tombé. Tu ne réalisais pas tout de suite. Mais ta fille hurla soudain et tu remarqua le sang. Tu attrapais ta fille et la ramenais dans la chambre, la déposant près de sa petite soeur, Lison. Puis tu étais redescendu. Tu avais fixé un moment le corps sans vie de ton mari. Tu avais toujours pensé que ce serait lui qui finirait par avoir ta peau. Finalement non. Et tu te rendis compte de ce que tu venais de faire. Tu l'avais tué. Et tu étais terrorisé. Alors tu finis par attraper le téléphone et appela la police.  

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