J'aime bien ce moment avant l'ouverture, où je termine de tout mettre en place, où il n'y a encore que moi et les chats. Je met donc en place les pâtisseries jour, lance les différentes machines. Puis je m'occupe de mes animaux, remplit toutes les gamelles puis comme j'ai encore un peu de temps avant d'ouvrir, je câline mes animaux avec tendresse. Evidemment chaque chat vient me réclamer un câlin que j'offre avec plaisir. Pour le moment j'ai sept chats et donner des caresses à chacun n'est pas si simple que ça. Mais on y arrive. Je dépose ma mascotte à son endroit fétiche. C'est une toute petite boule de poil que j'ai trouvé dans la forêt. Le petit chat ronronne et je lui donne un dernier bisou avant d'ouvrir la porte. En général la matinée est assez calme, c'est plus dans l'après midi que le bar se remplit. Alors je ne m'affole pas quand je n'ai personne le matin. Au contraire, j'en profite pour faire des petites chose, finaliser la décoration, faire les comptes et évidemment faire des tas de papouilles à toute mes boules de poil. Même si évidemment celui qui en récolte le plus est mon petit chaton. Je crois bien que lui je vais finir par le passer de l'autre côté, dans la partie de ce bâtiment qui est devenu mon chez moi. Je crois bien que je ne pourrais pas le laisser partir. Je suis occupé à lui grattouiller le ventre accroupie sous mon comptoir quand j'entends la porte s'ouvrir. Je me redresse en souriant, c'est toujours un bonheur d’accueillir le premier client de la journée. Mais le plaisir est un peu moins présent quand je reconnais la personne qui se trouve là. Le chaton grimpe sur ma jambe et je me penche pour le percher sur mon épaule avant de déclarer d'un ton qui se veut neutre « Bonjour, bienvenue » J'aimerais lui dire de sortir, lui hurler de le faire même. Mais c'est une cliente avant tout et vu que mon ouverture est encore récente, je ne peux pas faire la fine bouche « Que puis je vous servir ? » Oui ma stratégie est de faire l'autruche, prétendre que je ne la connais pas.

Tu avais beaucoup d'affiliations avec les animaux, aussi, lorsque tu avais appris qu'un bar à chat avait ouvert en ville, il ne t'en avais pas fallu longtemps avant que ta curiosité te pousse à aller voir ce qu'il en était. T'aimais beaucoup les chats, t'en avais pas mais l'idée d'en posséder te faisait envie. Malheureusement, tu ne vivais pas dans un endroit assez grand pour qu'ils puissent s'épanouir, d'autant plus que tu hébergeais ta soeur jumelle qui en était allergique, ce qui devenait problématique.
En effet, depuis que tu avais rompu avec ton copain, tu t'étais mise en collocation avec elle afin de pouvoir te consoler et de ne pas être toute seule. Au final, l'entente se passait plutôt bien, même si elle n'était pas souvent présente à cause de son travail. Alors tu t'occupais comme tu le pouvait, tu sortais la plupart du temps toute seule, quoique, parfois ton agent t'accompagnais, surtout lorsqu'il fallait faire du shopping. Lorsque tu avais du temps libre, tu allais prier à l'église et il t'arrivait de passer de nombreuses minutes dans le bâtiment juste pour l'ambiance qu'elle dégageait. Tu te sentais bien à l'intérieur, c'était un peu ta seconde maison. Et puis, tu t'entendais bien avec le curé, il te rassurait lorsque tu avais besoin de conseil ou que tu te confessais.
C'était seule que tu avais entreprit d'aller voir ce que donnait le bar à chat de la ville. Lorsque tu entras, tu ne reconnus pas immédiatement la propriétaire, tu t'étais avancée directement vers le comptoir, un peu timide. Tu avais été présente dès l'ouverture aussi, il n'y avait encore personne d'autre que toi. Ca t'angoissais un peu d'ailleurs, t'aimais pas aller quelque part où il n'y avait encore personne, ça t'intimidais. Mais ce n'était qu'un bar à chat après tout, pas la fin du monde.
Finalement, quelqu'un se présenta et il ne te fallut pas longtemps avant de la reconnaitre. Raven, ton ex, se tenait devant toi alors que tu t'étais installée à une table et elle te parla sur un ton sec, ce qui te mis mal à l'aise.
"Raven?" l'appelas-tu en posant tes yeux sur elle, incapable d'être indifférente face à ces retrouvailles. Tu sentais qu'elle t'en voulait et ça te mis pas bien du tout.
"Excuse moi de te déranger. Je n'aurais pas dû venir."
Enfin, tu ne pouvais pas savoir non plus que ce serait ton ex qui tenait cette entreprise.

J'avais tenté de ne pas me montrer trop froide envers mon ex petite amie, mais vu le regard qu'elle me lança, ce n'était pas une franche réussite. En même temps, je m'étais retenue tout de même. Si j'avais suivit mon instinct je lui aurais hurlé dessus pour qu'elle parte. Je ne voulais plus la voir car c'était trop douloureux pour moi, me faire rejeter de la sorte. Moi qui l'avait tant aimé, je n'était pas encore tout à fait remise de cette rupture et la voir devant moi n'aidait pas du tout. En tout cas le chaton semblait sentir la tension qui m'habitait car il sauta de mes bras pour allez se réfugier dans un coin plus tranquille. Je soupirais en entendant Nim prononcer mon prénom, moi qui voulait faire la technique du je ne te connais pas, c'était râté. Alors je change de solution et déclare d'un ton narquois « Tient tu sais encore comment je m'appelle ? » Mon regard se fit fort pour se planter dans le sien. Je ne voulais pas craquer, ne pas lui laisser comprendre combien elle m'avait fait mal en me quittant. Mes bras se croisent devant moi et je continue de la fixer d'un air plus froid que tout à l'heure. Pour le moment je n'ai pas d'autre client alors j'ai tout le loisir de me montrer désagréable avec elle. Si quelqu'un entre il faudra changer de disque, j'hésite quelques instant, peut être que je devrais fermer quelques minutes, le temps de nos explications. Mais elle me dit qu'elle n'aurait pas du venir et ça coupe mon élan. « En effet, tu n'aurais pas du venir ... mais tu ne pouvais pas savoir que j'étais la proprio puisque tu m'as largué juste avant que je te parle de ce projet, c'est bête n'est ce pas ... » Un des chats vient se frotter à moi avant de sauter sur la chaise à côté de Nimuë « Ecoute, je débute, alors reste j'ai besoin de client, commande et puis ignorons nous, c'est simple comme bonjour » Je lui tend la carte en silence et caresse le gros chat roux avant de me diriger de nouveau vers mon comptoir pour la laisser faire son choix.

En entrant à l'intérieur, dès que tu l'aperçus, tu compris que tu avais fait une erreur. Pourtant, l'endroit était très tentant. Bishopville n'était pas une très grande ville, c'était le premier bar à chat que tu croisais depuis longtemps et comme tu adorais les chats, tu avais voulu y aller. Mais t'avais pas prévu de tomber sur ton ex petite amie, loin de là. Et un froid s'était installé depuis qu'elle t'avais aperçue elle aussi. Tu te sentis très mal à l'aise, pas à ta place, comme si tout en toi te disait de partir. Lorsqu'elle te fit remarquer que tu connaissais encore son nom, une boule au ventre te tomba dans l'estomac et tu te sentis envahir par un sentiment de gêne.
"Bien sûr que je me souviens. Comment l'oublier?" réussis tu à répondre. La relation que tu avais partagé avec elle avait été belle, mais pas naturelle. Enfin, en soi, t'avais rien contre, mais pas pour toi. Ca n'allait pas avec tes convictions et tu t'étais pas sentie toi même tout le long. C'était bien pour cette raison que tu l'avais quittée, malgré toi, malgré tes sentiments pour elle. De toutes les relations que tu avais eues, certes t'en avais pas eu des masses, mais Raven était la plus saine et la plus intense que tu ais vécue.
Elle ne t'aida pas lorsqu'elle reprit la parole, te rappelant que tu l'avais larguée. Tu restas silencieuse, avec l'envie de pleurer, mais tu te retins de le faire. Tu n'avais pas le droit de lui montrer tes larmes, pas après ce que tu avais fait. Tu t'en voulais, bien sûr, mais tu ne te voyais pas continuer cette relation alors que tu n'en avais plus envie. Alors que tu te sentais mal et que tu n'étais pas en accord avec toi même. Ca aurait été hypocrite de poursuivre juste pour lui faire plaisir.
"Je ne peux pas t'ignorer Raven..." poursuivis-tu, en la regardant avec un air sérieux. "Je... je ne sais pas quoi te dire. Si ce n'est que je suis profondément désolée."
Tu ne savais pas comment renouer avec elle et c'était mal parti. En fait, depuis votre séparation, t'étais encore pire qu'avant. Tu te sentais mal tout le temps, comme s'il manquait quelque chose à ta vie. T'avais essayé de te remettre avec quelqu'un, mais t'en avais pas été amoureuse, et pire, il t'avait trompée ce qui t'avais rendu encore plus mal.
"Je vais seulement prendre un thé. Je ne t'ennuierais pas longtemps, je te le promet."
Tu te mouillas les lèvres et ajoutas :
"Sache que... je m'en veux..."
Tu soupiras, consciente que ça n'allait pas changer grand chose. Mais tu lui devais au moins cela, puisque tu n'avais pas pu lui dire après avoir rompu.

Quand elle me demande comment elle pourrait oublier mon prénom je hausse les épaules. Je ne sais pas vraiment quoi lui répondre. Vu la façon dont notre relation s'était terminé je pensais vraiment qu'elle avait tenté de me rayer définitivement de sa vie. De faire mine qu'elle ne me connaissait pas. Vu comme elle m'avait fait sentir mal pendant notre rupture, avec ses arguments religieux. Pour moi c'était des excuses foireuses, ces conneries de religions ne l'avaient vraiment pas dérangé pendant les longues semaines que nous avions passé toutes les deux. Alors je ne commente pas et continue de caresser mon chaton favori. La solution que je lui propose ne semble pas la satisfaire, pourtant c'est ce qu'il me semble être le mieux. Faire comme si nous nous ne connaissions pas, comme si jamais rien ne s'était passé entre nous. Moi ça m'allait très bien, même si je n'avais aucune honte avec ce que je ressentait pour les femmes. Encore une fois je ne répond pas à ce qu'elle vient de me dire, je ne sais pas quoi lui proposer. Je ne réagit que lorsqu'elle me dit qu'elle prendra un thé « Un thé c'est noté » Puis quelques secondes plus tard une autre phrase m'échappe « Tu ne me dérange pas » Ce n'est pas totalement vrai, pas faux non plus. Elle me dérange car elle me fait souffrir, sa présence me renvoi la douleur de l'échec de notre couple. Mais en même temps je peux revoir cette femme que j'ai aimé, car oui je l'ai aimé, bien plus que n'importe qui. Mais ça plutôt crever que de l'avouer. Je pose le chaton sur la chaise près d'elle puis vais préparer l'eau pour son thé. C'est là que je l'entends me dire qu'elle s'en veux. « De toute façon le mal est fait maintenant. Tournons la page, tu n'aimes pas les femmes, j'ai seulement été une erreur. Comment vas ton mec ? » Je tentais de garder un ton neutre, ne voulant pas lui montrer combien ça faisait mal de se faire jeter de la sorte.