Tu étais là... Debout, elle contre toi, ton arme braqué dans la direction de ce type. Tu n'avais qu'une seconde pour être le premier à tirer et pourtant, ton esprit a divagué ailleurs pendant un instant. Et si ça arrivait à Giulia ? Une foutue pensée de plus pour elle qui t'amène à recevoir une balle. Pourquoi tu en étais là ? Tu ne pourrais le dire... Une balle dans le flanc gauche. Elle y était toujours, tu aurais bien pu la laisser là aussi. Tu aurais pu rentrer chez toi et ne pas y toucher. Peut-être que ce serait mieux qu'elle ne le sache pas. Non? Ramener Moïra chez elle et rentrer chez toi, c'était le plan. Irrationnel, mais c'était le plan. Du moins c'était le plan avant que Moïra ne se retrouve à accoucher dans tes bras, ou plutôt avec toi.

Te retrouver dans le passé pendant cette situation... T'as cru voir Adèle lorsqu'elle donnait vie à ta fille. Tu es resté silencieux jusqu'à ce qu'elle se soit endormie et tu es parti. Dans ta tête, tout s'enchainait en flash. Tu revoyais le sourire de Adèle, le poupon fragile que tu n'avais jamais osé prendre, puis cet accident. Pourquoi est-ce qu'il n'y avait eu que toi qui a survécu ? Tu avais étrangement été épargné durant l'impact. En vie, et tu pouvais marcher sur tes pieds. Tu t'es rendu jusqu'à chez toi, clefs en main, tu t'es freiné devant ta porte. Tu t'es appuyé contre cette dernière et tu as fini par lui faire dos. Tu as baissé les yeux sur ta chemise avant que tes doigts agrippent le trou. Dans un soupire tu essuies tes doigts sur ton jean avant de passer ta main dans tes cheveux. Une pensée te traverse l'esprit. Giulia... Pourquoi ? Encore. Dans un soupire, t'es redescendu de ton immeuble et t'es remonté dans ta voiture.

Une fois chez elle, tu te retrouves coincé devant sa porte. T'avais tenté la poignée, mais elle l'avait verrouillée. Tu roules des yeux avant de fouiller dans ta poche. Tu ne sortais jamais sans être équipé. Un petit crochetage en normes. Tu entres en silence en déposant tes clefs au premier endroit que tu croises. Tu refermes derrière toi et sécurise le loft. Tu pousses un soupire et retire difficilement ton manteau. Ouais... Manteau... Tu étais blessé et étrangement, tu ne te sentais pas très bien, pris par des pensés que t'avais facilement chassé des années plus tôt. Ton corps est endolori et tu le sens. Tu traverses le loft en observant. Giulia était sûrement couchée. Normalement, tu aurais fait fit, mais une pression dans la poitrine, tu t'es rendu jusque dans sa chambre. Tu as ouvert la porte discrètement et tu es entré. Tu t'es même rendu jusqu'au lit. Tu l'as observée dormir un moment avant de sortir. Tu as fermé la porte en attrapant le bois, sans pour autant la clencher. Tu as récupéré un verre, tu as trouvé la première bouteille et tu t'es versé un verre. Ta main tremble du au tension dans ton épaule. Tu avais sûrement fait sauter quelques points, que ce soit là, ou à ta cuisse. Boitant, tu te laisses tomber sur le canapé en buvant d'un rythme léger l'alcool. Tu fixes le vide en silence. Il est passé quatre heures du matin, tu devrais être dans ton lit à dormir, pourtant, t'avais cette envie de la voir elle.

Encore une fois, il n'avait rien voulu entendre. Il avait frôlé la mort il y a trois mois, mais il n'y avait rien à faire, il continuait les missions. Et il en ressortait encore blessé. Elle l'avait à peine recousu, qu'il parlait déjà de repartir, seul qui plus est. Giulia avait essayé de le raisonner mais elle savait elle-même que c'était peine perdue. Il était entêté et inconscient et il allait finir par la rendre folle. Elle commençait à croire qu'elle finirait par avoir des problèmes à Kaj. Cela faisait des mois qu'elle le soignait, mais certaines blessures dataient d'il y a plusieurs mois et ne cicatrisaient pas. Kaj allait douter de ses capacités. Mais bon, ce qu'il l'inquiétait c'était surtout dans quel était il allait revenir de sa mission. S'il en revenait d'ailleurs.

Comme promis, elle avait laissé la porte ouverte un certain temps et n'avait pas mis son portable sur silencieux. S'il avait besoin, elle débarquerait pour l'aider, du moins, pour le soigner. Elle ne serait pas utile pour grand chose d'autre. Elle s'était mise au lit mais n'arrêtait pas de consulter son téléphone toutes les deux minutes et restait attentive au moindre bruit, espérant l'entendre franchir la porte. Vers 1h du matin, alors qu'elle n'avait toujours pas fermé l'oeil, elle se leva et décida de fermer la porte à clé. Elle l'avait prévenu, elle ne la laisserait pas ouverte toute la nuit.

De nouveau dans son lit, elle continua de tourner dans tous les sens avant de finalement trouver le sommeil. Elle n'arrêtait pas de visualiser les plaies par balles de Brom, elle le savait fatigué, elle avait bien vu les cernes qui soulignaient son regard. Il prétendait qu'il allait bien mais elle savait bien qu'il n'était pas totalement remis. Il avait même avoué perdre en vigilance. Elle savait pertinemment qu'il ne reviendrait pas indemne de cette nouvelle mission mais elle espérait qu'il réussirait à retrouver Moïra. Moïra disparue, cela l'inquiétait aussi, cela ne lui ressemblait pas du tout et elle se demandait ce qui avait bien pu se passer.

Epuisée par tous les soins qu'elle avait dus faire au manoir, elle avait fini par s'endormir. Mallheureusement, son sommeil ne fut pas de tout repos. Les cauchemars refirent leur apparition. Les corps qui gisaient au manoir devenaient les corps des enfants de l'orphelinat syrien où elle avait travaillé. Les coups de feux retentissaient partout, tout le monde tombait autour d'elle, les rescapés hurlaient. Toujours endormie, elle se débattait dans son sommeil et marmonnait des paroles incompréhensibles tout en pleurant. Le rêve finissait toujours de la même manière, par un énième coup de feu qui la réveillait en sursaut. Elle se réveilla en bondissant, le souffle coupé. Elle était en sueur, la bouche terriblement sèche. Elle alluma aussitôt sa lampe de chevet pour se rassurer. Elle essuya les larmes qui coulaient encore sur sa joue et se leva en direction de la cuisine. Alors qu'elle voulut ouvrir la porte de sa chambre, elle remarqua que celle-ci était entrouverte. Elle l'observa. Elle était persuadée de l'avoir fermée. Elle vit des traces de sang sur le côté de celle-ci. Son cœur commença à s'accélérer. Comment était-ce possible? Elle tira doucement la porte et s'avança dans la pièce principale à pas légers. Elle n'entendait rien et ne voyait rien de suspect. Elle alluma une lampe d'appoint dans le séjour, et remarqua une silhouette sur le canapé. Elle sursauta. Son coeur avait bondi dans sa poitrine et elle n'avait pu s'empêcher de pousser un cri. Elle reconnut Brom. Mais ça va pas la tête?!  Qu'est-ce-que tu fais là? Tu pouvais pas prévenir? Et comment t'es entré d'abord? Les questions avaient fusé et elle ne parlait pas de son ton habituellement doux. Il l'avait terrorisé et cela s'entendait. Son coeur était encore tout aussi affolé.  Qui s'introduisait chez une femme en pleine nuit sans rien dire? A part les psychopathes.

Tu n'en voulais pas. Tu ne voulais pas retomber y'a huit ans et encore moins y'a cinq ans. back in the days, tu avais ce qui se rapprochait le plus d'une famille. Tu as disparu de la map, pas même Kaj ne savait ou tu te trouvais. Non, il ne connaissait même pas ton nom d'emprunt. Tu vivais une tout autre vie. Non, ce n'était pas facile à gérer pour quelqu'un qui n'a jamais rien possédé. Tu es tombé sur cette blonde, Adèle. Un ange parmis les démons du Brésil. Adèle n'avait rien d'une brésilienne, non, elle avait du français dans le sang et vu le caractère, ça n'aurait pas été surprenant qu'elle soit canadienne aussi. Elle se disait en voyage. Une soirée bien pénard au bar, puis un tour à la chambre d'hôtel. Si seulement ce n'était que ça. Au lendemain, tu t'es retrouvé avec une gamin au bout du nez. Trop curieuse. Elle t'a affreusement surpris. Tu ne te laissais jamais surprendre en fait. Trixie, c'était son nom. La douce blonde avant une fille et elle s'était accroché à toi comme si tu étais son père. Ce fut difficile à gérer en trois ans, surtout quand vous vous êtes officiellement installé à Rio de Janero. Faut dire que tu avais les moyens de vivre ou tu veux, tu as fait bâtir une maison en quelques mois pour Adèle, Trixie et toi. Ça n'avait pas pris plus de six mois avant que la gamin se mette à t'appeler papa. Putaint que ce mottu le détestait. T'avais rien d'un père, mais tu avais beau lui dire que non, elle se l'était encré dans la tête. T'étais condamné à ce mot. Trois putain d'année avec elles à recevoir des calins par ici, d'autre par là. Ça te rendait inconfortable à chaque fois, mais bon, fallait faire un effort.

Ce fut trois années agréables, mais de là à dire parfaite ? Impossible. Il manquait toujours un petit quelque chose. Non, ce n'est pas parce que vous avez eu une fille tous les deux. Un petit univers parfait, quoi. Pour elles, pas pour toi. T'avais beau essayé d'oublier ton boulot, d'oublier qui tu étais, mais le Brom Alpha en toi trouvait toujours son chemin. Tu ignores si tu en es responsable, mais vous avez été victime d'un accident de voiture. Tu causais souvent des bagarres dans les bars pour laisser passer l'agressivité qui sommeillait toujours en toi et t'as fini par tomber sur les mauvaises personnes. Toi, ça ne te fait pas peur, mais Adèle et Trixie ne méritait pas ça, elles ne savaient rien de ta vie. T'as joué l'égoïste, tu n'y pensais pas. Tu rentrais de plus en plus tard suite à la naissance de Primrose. Une nuit, c'est Trixie qui t'as accueilli en larmes. Elle n'allait pas bien. Tu n'as pas compris pourquoi et tu n'as pas cherché à comprendre. Elle s'était endormi contre toi. Le lendemain, elle n'était plus là. Elle était parti et quelques affaires avaient aussi disparu. Adèle en larmes, le bébé incontrôlable, vous êtes partis à sa recherche. À peine quelques rues plus loin, tu as perdu le contrôle de la voiture et tu t'es retrouvé encastré dans un poteau. Plus un son dans la voiture. Adèle était morte sur le coup. Primrose aussi. T'as eu ce vide soudain qui t'as envahi la poitrine. Un mal que tu ne t'aurais jamais connu en temps normal. T'avais du mal à respirer, pourtant tu avais enduré pire que ça.

Quand tu es sorti de la voiture, ton regard s'est posé au loin sur Trixie, son petit sac sur le dos qui te fixait en larmes. Les sirènes de la police corrompue de Rio en approche tu lui as fait signe de foutre le camp. On allait sûrement te mettre leur mort sur le dos et ils auraient fait pression sur Trixie pour que tu te retrouves en taule. T'as réussi à t'en sortir sans encombre, aucune idée comment et t'en as profité pour faire disparaitre Dorian Melch pour revenir à tes racines.

Tu n'en avais jamais parlé, tu n'en as jamais parlé et tu avais cessé d'y penser, tu ne retombais plus dans cette période de ta vie depuis longtemps, mais te retrouver avec Moïra en train d'accoucher, tu as fini par replonger. Tu es là, sur le canapé chez Giulia et tu ne touches même plus à ton verre encore plein. Il est là dans ta main à s'agiter en silence. Tu revois le visage de Trixie, en larme. Tu revois le regard vide de vie de Adèle en sang et puis... Primrose sur la banquette arrière. Sans vie. Tu as l'effet de sursaut quand la voix de Giulia de sort de tes songes. Tu fais tombé le verre et tu te redresses en tournant la tête vers elle. Tu grimaces en posant ta main sur ton flanc gauche. Tu la fixes en silence en avalant difficilement ta salive. Les pensée reviennent, le questionnement reprend. Et s'il lui arrivait quelque chose à elle ? Qu'est-ce que tu ferais ? Arriverais tu à la sauver ? Ou ferais-tu tout foirer comme avec ton ex et ta fille ? Un drôle de flash te passe dans la tête, Adèle avait disparu, Giulia avait pris sa place. Non. Hors de question. Tu fermes les yeux et secoue la tête. Tu fais pression sur ta plaie, ce qui t'offre une grimace de douleur. Tu préférais avoir mal plutôt que de voir ces images. « J'ai pas fait attention. » Tu ne poses pas ton regard sur elle. Hors de question que ça reprenne. « Tu m'as dit de passer. J'ai pas vu de lumière, je me disais que tu dormais, donc je suis entré. » Tu pousses un soupire et vient passer ta main vierge sur ton visage. « J'ai crocheté la serrure. » Tu pointes la porte en relâchant ta plaie. Quel imbécile. Ta main dégouline de sang et tu fermes les yeux. Vu l'heure, normal que tu sois épuisé... Mais avec tout ce sang, ça ne t'aide pas non plus.

Les cauchemars s'étaient calmés durant une période de sa vie. Elle pensait en avoir fini avec cela, mais depuis plusieurs mois, ils avaient réapparu dans sa vie. Elle allait devoir se rendre à l'évidence, elle n'était pas passée à autre chose, elle n'était pas guérie, elle était encore traumatisée et elle devrait se soigner. Elle connaissait cependant trop bien les traitements et leurs effets indésirables. Elle n'était pas prête à franchir ce pas. Elle essaierait d'abord d'autres alternatives. Elle verrait. Elle avait l'impression de pouvoir encore tout géré et qu'elle n'y avait donc pas d'urgence.

Essoufflée, le cœur encore emballé, elle se dirigea avec peur dans le salon. Elle n'était pas encore complètement revenu dans le monde réel et cette trace de sang sur la porte lui avait vraiment fait froid dans le dos. Ce n'est que quand elle reconnut Brom, qu'elle revint à la réalité. Elle n'avait pas pu retenir un cri en voyant sa silhouette et elle lui avait apparemment fait peur aussi puisqu'elle entendit un verre tomber au sol. Elle l'assaillit de questions sans se déplacer, les jambes paralysées par la peur. Elle prit une grande respiration et l'observa. Il grimaçait de douleurs, avait le regard fuyant. Il avait l'air en sale état. Elle en oublia aussitôt son cauchemar et s'approcha doucement vers lui après qu'il lui ait dit ne pas avoir fait attention. Elle n'était pas sûre de bien comprendre, la tête tout de même encore un peu embuée.  Comment ça, t'as pas fait attention? Elle était maintenant inquiète et le regardait avec attention.

Alors qu'elle arrivait à son niveau, elle ne releva même pas qu'il avait crocheté la serrure, tout ce qu'elle voyait c'était sa main en sang qui pointait la porte. Elle comprenait donc la trace sur sa porte de chambre... Elle retrouva sa voix douce habituelle. Ta main... Qu'est-ce-qu'il s'est passé? Elle prit la main de Brom, qu'elle posa dans la sienne pour voir si la blessure provenait d'ici ou s'il avait une plaie ailleurs. Elle détailla sa main tout en la caressant doucement. Rien ici... Elle garda sa main dans la sienne et s'installa à côté de lui sur le canapé, évitant le verre qui gisait sur le sol. Qu'avait-il encore eu? Elle était assise tout contre lui, elle observait son visage. Elle l'avait vu à l'article de la mort, mais là, c'était encore différent. Il avait l'air tourmenté et cela lui serrait le cœur. Elle remarqua qu'il portait encore son manteau. Quelque chose n'allait vraiment pas, il faisait chaud. Elle était en petit haut et short à côté de lui, sa peau chaude reposait contre le tissu épais. Elle fronça légèrement les sourcils et lâcha sa main pour se permettre d'ouvrir elle-même le manteau. Elle identifia rapidement la source du problème, tout son côté gauche était ensanglanté. Encore une balle. Elle avait laissé sa trace dans la chemise foncée qu'il portait.Brom... souffla-t-elle en le regardant. On pouvait tout lire dans ses yeux foncés qu'elle planta sur son visage. L'inquiétude, la peur mais aussi le soulagement qu'il se soit rendu chez elle. Elle soupira, ce n'était plus possible, dans quel état allait-elle le retrouver la prochaine fois? Elle n'était pas fâchée, ni déçue... simplement profondément inquiète. Elle détailla le reste de son corps afin de s'assurer qu'il n'avait pas pris une autre balle. Tu as d'autres blessures? Elle espérait que non, elle n'avait pas beaucoup de matériel au loft, s'occuper de cette balle serait déjà assez périlleux. En attendant sa réponse, elle appuya sur la plaie avec le manteau tout en maintenant la pression pour essayer de contenir l'hémorragie.

Une fois la réponse obtenue, elle se leva pour aller chercher sa mallette de secours. Elle  revint rapidement et prit une pince afin de retirer la balle en espérant ne pas faire de dégâts mais la balle ne semblait pas logée trop profond. Elle n'avait pas d'anesthésiant sous la main, Brom allait devoir endurer tout cela à vif. Elle ne lui dit rien et enleva le manteau de la plaie, elle ouvrit délicatement les boutons de sa chemise, décalant le pan gauche de celle-ci sur le côté. Elle nettoya la plaie comme elle le put et retira rapidement la balle avec adresse. Ils avaient de la chance, elle était facile à retirer et n'avait rien touché de grave. Elle posa la pince et la balle sur la table basse et attrapa des compresses afin de s'occuper maintenant de stopper l'hémorragie. Les deux mains posées sur son flanc meurtri, elle posa son regard sur Brom. Ca va aller? Son teint était pâle, il avait l'air épuisé, elle craignait qu'il fasse un malaise. Elle sentait sa peau froide sous ses mains chaudes. Elle espérait une réponse honnête de sa part, mais il minimiserait sûrement la situation, comme à son habitude. Elle espérait cependant qu'elle n'aurait pas à l'emmener à l'hôpital. Avec autant de blessures, le personnel poserait beaucoup trop de questions.

Pourquoi est-ce que ta tête te faisait ça ? Pourquoi elle t'agressait de cette façon? Tu ne supportes pas ce genre de pensées en temps normal. Tu briserais la chaîne qui te liait à elle si elle ne te brûlait pas l'âme. Tu n'arrives pas à le faire. Pas que tu n'ais pas tenté de le faire, de te défaire de ces chaines. Quand tu fermes les yeux, elle est là, jamais bien loin. La nuit, ça passe, tu ne risques rien, mais là... En deux jours... Ce désagrément aurait pu te couter la vie. Tu le sais pertinament que tu dois t'éloigner d'elle. Tu dois la sortir de ta vie.

Il y a dire et faire les choses... Tu as beau te dire de t'éloigner, pourtant, tu es là, installé sur son canapé à pissé le sang sous ce foutu menteau. Tu trembles sous l'effet du froid, pourtant, il fait affreusement chaud dehors. Tu n'as aucune raison de le porter. Dans un moment de stupidité, tu t'es dit qu'elle ne remarquerait sûrement rien. En fait, à t'être dit ça, qu'est-ce que tu fais vraiment chez elle ? Pourquoi est-ce que tu es là. Franchement. Est-ce parce que tu sais bien qu'il trouvera la plaie, ou parce qu'elle t'a demandé de passer, ou encore parce que tu voulais tout simplement la voir. Tu n'en as aucune idée... En fait, peut-être, mais tu veux simplement ne pas y penser.

Tu fais pression sur la plaie pour éviter de t'y concentrer. Pourtant, tu relâches la pression pour pointer la porte. Tu n'avais plus tellement la force de tenir, mais au moment ou ton bras vient pour relâcher la tension, ta main termine dans la sienne. Tu fixes ta main dans la sienne et tu retiens un instant ton souffle lorsqu'elle s'installe à tes côtés. Tu avales difficilement ta salive, un frisson qui te parcours le corps entier. Qu'est-ce qu'elle fait ? C'est quoi ce touché? Tu voudrais bien retirer ta main et t'éloigner, mais les signaux ne s'envoient pas aux membres.

T'es armé d'un silence de mort et ton regard reste fuyant, tu n'arrives pas à la regarder. Tu sais qu'elle est là, qu'elle te touche et ça te semble déjà trop à endurer. Ta respiration s'accélère lorsqu'elle s'approche de ton menteau. Elle l'ouvrir et on peut bien voir la difficulté respiratoire que t'accable. Tu serres les dents, tu fermes les yeux, le tissus s'était collé à ta peau et c'était désagréable vu qu'il était imbibé de sang. Tu bascules ta tête vers l'arrière et fixe le plafond. Ton corps suit un instant le tissus avant de redescendre pour libérer la zone affecté.

Ses mains ont l'effet d'une décharge contre ta peau et ton corps tréssautes à ce contact. Ta main vient agripper son poignet par réflexe. Laisse-la faire son boulot Brom. C'est ce que tu te dis, c'est que tu dois te convaincre de faire. Tu n'avais qu'à rester sagement là et te laisser faire. L'as-tu simplement fait une fois dans ta vie ? Pas vraiment. Du moins, pas sans broncher. Tu retires ta main, la laissant tomber. Tu fais un signe que non, tu n'as pas d'autres blessures et tu sens sa chaleur te quitter. Tu tournes la tête la regardant s'éloigner. Tu viens à fermer les yeux tout en replaçant ta tête vers l'arrière.

Tu aurais pu t'endormir là et être, vraisemblablement, tranquille. Pourtant, ses mains reviennent contre ta peau et tu sursautes. Tu baisses les yeux vers elle au moment ou les pinces se glissent sous ta peau. Tu grimmaces et grognes en amenant ta main contre ton front. Tu serres les dents en les entendant grincer et tu reprends une respiration plus calme lorsque la balle est retirée.

Tu aurais pu mentir, tu aurais du mentir et pourtant, lorsqu'elle te demande si ça allait, tu secoues négativement la tête. Tu es dans un état d'esprit second, tu ne réalises pas le geste que tu as fait. « Ça va. Je vais dormir quelques heures et je serai en pleine forme. Comme d'hab' » En fait, ne pas trop dormir pour ne pas lui offrir des parcelles de ton passé. Tu parles dans ton sommeil, ça a toujours été le cas.

La vision de sa main ensanglantée lui avait vite fait oublier son cauchemar et le fait qu'il soit entré chez elle en crochetant la serrure. Même s'il lui avait flanqué la peur de sa vie, une part d'elle était satisfaite de le voir ici. Était-il venu pour qu'elle la soigne? Pour simplement la voir? Elle lui avait demandé de passer, elle savait que cette mission supplémentaire relevait de l'inconscience. Il allait finir par y laisser sa peau et elle refusait que cela arrive. Mais que faire? Il avait insinué qu'il s'était pris des balles suite à des moments d'inattention. Moments où il avait pensé à leurs parties de jambes en l'air. Serait-donc celle qui le mènerait à sa perte? Elle savait qu'elle n'aurait pas dû mêler travail et plaisir. Elle s'en était déjà mordue les doigts, mais elle n'aurait jamais pu s'imaginer Brom revivre leurs moments passés ensemble en pleine mission. Il était bien resté longtemps avec Moïra sans avoir de tels soucis... Elle aurait certainement dû prendre du recul, lâcher du lest et encore moins lui demander de venir chez elle après cette mission. C'était plus fort qu'elle, elle ne pouvait pas résister. Elle avait besoin de savoir dans quel état il se trouvait, elle devait prendre soin de lui et elle ne pensait pas pouvoir se passer de lui. Ses silences, sa personnalité rustre cachait un homme blessé, qu'elle voulait aider. Pour couronner le tout, son corps l'attirait comme un aimant. Chaque contact avec sa peau la magnétisait. Comment mettre fin à tout cela?

Elle s'empressa de scanner son corps à la recherche d'une blessure.  Pour une fois, il la laissa l'examiner sans contester. Il lui facilitait au moins la tâche et elle en profita pour se montrer encore plus douce qu'à l'habitude. Elle remarqua ses difficultés à respirer, la douleur qu'elle lui fit ressentir en ouvrant son manteau pour observer la blessure. Elle se mordit la lèvre, essayant le plus possible de ne pas lui faire encore mal. Elle le sentit frissonner au contact de sa main sur sa peau.En réponse, il lui attrapa le poignet. Surprise, elle releva la tête en sa direction, inquiète de l'avoir de nouveau fait souffrir. Tous les deux restaient silencieux... Il lâcha aussitôt son poignet avant même qu'elle ait eu le temps de lui demander si tout allait bien et elle reprit rapidement son travail.

Elle faisait du mieux qu'elle pouvait pour faire vite. Il avait les yeux fermés lorsqu'elle revint vers lui avec son matériel. Il sursauta de nouveau au contact de ses doigts sur sa peau. Elle pensait lui avoir fait peur. Elle se hâta de retirer la balle. Elle l'entendit grogner, l'anesthésie n'aurait pas été un luxe mais elle n'avait rien sous la main et elle ne pouvait pas le conduire au cabinet dans cet état. S'il tombait, elle n'aurait jamais pu le relever seule. C'est bon... je l'ai. dit-elle en posant la balle sur la table basse.

Elle devait encore le recoudre mais avant ça, elle posa son regard sur lui afin de savoir comment il se sentait. Son silence, son regard fuyant et son teint pâle ne présageait rien de bon. Il fallait qu'il tienne le coup, si elle l'amenait à l'hôpital, les médecins s'alarmeraient. Il lui dit bien aller mais sa tête fit le signe inverse. Il faut encore que je te fasse quelques points... Je vais te chercher de quoi boire avant, ok?Ne t'endors pas encore. Il perdait du sang, était exténué depuis des jours... Il avait certainement besoin de reprendre un peu de force. Elle fit glisser ses mains le long de son buste avant de se relever. Elle revint rapidement avec un verre de whisky et une petite bouteille d'eau. L'alcool, meilleur remontant en cas de malaise à domicile. Elle se rassit à côté de lui et lui tendit le verre. Elle observa rapidement sa blessure, il n'était pas trop ouvert, deux points feraient l'affaire. Il but rapidement son verre et elle finit son travail en deux temps trois mouvements. Elle aurait bientôt soigné chaque centimètre carré de son buste. Cette fois c'est vraiment terminé. Elle observa son visage, guettant sa réaction et passa doucement la main dans ses cheveux avant de la reposer sur son torse. Tu te sens capable d'aller jusque dans ma chambre? Il serait mieux dans son lit que sur le canapé mais cela était peut-être encore trop risqué. Elle espérait qu'il en serait capable, elle comptait rester à ses côtés pour surveiller son état et elle ne pouvait pas retourner dormir seule après son cauchemar.

Sérieusement... Pourquoi t'es là ? Tu fais rarement ce que les autres te disent, du moins, autres que Kaj. C'est bien le seul que tu écoutes et que tu fais ce qu'il te demande sans broncher. C'est pas seulement ton patron, c'est un ami, un frère. Tu le fais surtout par respect et si ça ne te plait pas, tu ne le fais pas et tu ne te gênes pas à le lui dire. C'est parfois la guerre entre vous deux, mais vous finissiez toujours par vous accorder. Vous avez grandit ensemble et vous étiez loin de vous dénouer un jour. Vous étiez et serez toujours comme deux doigts de la main. C'est vrai, tu avais ton équipe avec qui tu t'entendais plutôt bien. Une vraie famille. Les famille c'est de l'emmerde assurer et tu le sais bien. Avec la connerie que tu venais de faire, c'était sur et certain qu'ils allaient soi te faire la morale, soit te charier. C'était inéluctable. Ils étaient comme ça et toi aussi, donc vous vous agenciez plutôt bien.

Mais pour Giulia... C'est in terrain miné, un terrain inconnu. En te pointant chez elle, rien ne pouvait être prévisible. Tu n'avais aucune idée de comment tu allais réagir. Ce que tu allais faire face à ce qu'elle ferait. Putain, c'était presqu'un terrain hostile. C'était pire qu'une putain de mission de laquelle tu n'avais aucune information. Tu préfèrais être en mission que d'être chez elle. Ta tête bourdonne, ton coeur te rend inconfortable. Tu n'aimes pas toutes les sensations qui se font la guerre au fond de toi. Tu sais bien ce qu'ils te hurlent, mais tu ne veux pas les écouter. Ô putain, non! Tu veux qu'ils se taisent et pourtant, t'es toujours chez elle, sur son canapé à sentir ses mains contre ta peau. Ces frissons qui te parcourent dans le corps entier. T'es netement perturbé par sa présence, par son touché.

Ton regard la fuit comme la peste, du moins, tant qu'elle se trouve près de toi. Cette proximité qui te rend nettement tendu depuis que tu avais sorti Moïra de son faux pas. Putain, Giula... Qu'est-ce qu'elle te fait... Toi qui n'a jamais voulu d'attache, toi qui fuyait tout ça comme la peste, te voilà proie à des pensées accrochées à un désir que tu croyais purement charnel. Pourtant, une petite voix au fond de toi te dit autre chose. Toi qui n'écoutes jamais cette petite voix... Elle a su prendre le dessus t'amenant sous ses mains expertes. Tu te crispes rapidement dans un grognement lorsqu'elle récupère la balle. Tes mains se sont refermées brusquement contre les coussins, toi qui restait naturellement de marbre, tu avais perdu cet aspect. Tu bascules la tête vers l'arrière en serrant les dents. Tu peux bien tenter de te cacher la douleur, mais c'était une cause perdue. Tu n'oses même pas la regarder, tu détournes la tête. Tu te mords la lèvre inférieure, jusqu'à la percer, le sang qui glisse contre elle et t'offre un goût de fer.

Tu ne bronches toujours pas lorsqu'elle d'inflige les points de suture. Tu as le même réflexe pour taire les réflexes évident de ton corps. Tes dents s'enfoncent encore un peu plus dans ta lèvre et tes muscles se tendent au maximum, jusqu'à ce qu'elle ait terminé. Tu pousses un soupire et fermes enfin les yeux. Tu souffles et ta respiration se pose d'un rythme enfin normal. Tu n'avais même pas touché à la bouteille qu'elle t'avait amené. Étrangement, toi qui n'en profitais, t'es vraiment à côté de la plaque. Pour être perturbé, tu l'es... Pendant un moment, t'as cru être parti dans un autre monde, mais ce fut comme une onde de choque lorsque sa main entrant en contact délicat avec ta peau. Tu ouvres les yeux d'un coup et ta main se glisse sur la sienne en douceur avant de la prendre. Tu restes un instant immobile avant de la retirer. Tu viens à t'asseoir en te râclant la gorge. Tu regardes ta chemise, elle dégage cette odeur de sang. Tes paumes contre tes genoux, tu viens te dresser sur tes jambes. Tu fais deux pas pour t'éloigner du canapé. Tu retires ta chemise et la balance avec ton menteau. Tu tournes la tête vers sa chambre, sans pour autant répondre. Tu marches jusqu'à la pièce avant de t'appuyer contr le cadrage de la porte. Tu fous quoi là ? Tu fais ce qu'elle te demande. Encore... Puis... C'est sa chambre... Pourquoi ? Tu viens passer une main contre ta nuque la remontant dans tes cheveux que tu décoiffes maladroitement. Tu pousses un soupire et ferme les yeux en sentant une faiblesse dans les jambes.

Il était venu. Elle n’y croyait plus. Son entêtement était tel, qu’elle ne s’attendait plus à rien, si ce n’est à ce qu’il n’en fasse qu’à sa tête. Il était là mais il ne l’avait même pas réveillée. Pourquoi avait-il mené son chemin jusqu’ici ? Elle devait bien avouer qu’elle était soulagée de le savoir ici, rentré, même si son état laissait à désirer. Elle s’inquiétait pour ses patients, tous ses patients. Mais avec Brom, c’était différent. Elle l’avait sauvé puis suivi durant des mois. Elle devait bien reconnaître qu’elle s’était retrouvée de plus en plus attirée par ce patient imprévisible. Elle s’était persuadée que cette attraction n’était que physique. Elle commençait cependant à douter. Il hantait bien trop ses pensées.

Tout était si étrange. Il était venu sans rien dire. Il se laissait soigner restant silencieux. Elle regardait de temps en temps son visage pour contrôler son état. Il souffrait et était incapable de le cacher. Il n’osait même pas la regarder. Son comportement l’alertait. Elle se hâta de le soigner au plus vite, tout en lui expliquant ce qu’elle faisait afin de le rassurer et de s’assurer qu’il restait conscient. Il ne devait pas s’endormir, pas encore.Il ferma les yeux une fois le calvaire terminé. Elle ne put s’empêcher de passer une main dans ses cheveux, avant de glisser sa main sur son torse. Comment pouvait-elle encore croire qu’elle ne ressentait rien pour lui ? Il fit glisser sa main sur la sienne et l’attrapa doucement. Tout son corps frissonna à ce contact et une sensation de picotement envahit son estomac. Un long silence qui en disait bien plus qu’un discours. Elle le regardait tendrement, sa lèvre qu’il avait mordue saignait. Il lâcha sa main et elle en profita pour passer délicatement son pouce sur celle-ci, effaçant les traces de sa douleur. Elle s’écarta légèrement lorsqu’il se redressa. Encore une fois, il faisait ce qu’elle lui disait, sans rien dire. Alors qu’elle aurait pu s’en réjouir, elle n’en était que plus inquiète et profondément perturbée. Cela ne pouvait pas être bon signe. Elle le laissait faire sans rien dire, l’observant toujours attentivement. Elle le suivait, quelques pas derrière lui. Elle le rejoignit sur le pas de la porte où il s’était arrêté. ça va ? lui demanda-t-elle en posant sa main sur son avant-bras. Il n’avait plus que quelques pas à faire jusqu’à son lit, ce n’était pas le moment de faillir. Elle prit son bras entre ses mains et le passa autour de ses épaules afin de lui servir de béquille. Elle passa son bras autour de son buste afin de le soutenir comme elle le pouvait. Viens… t’y es presque. Elle leva la tête pour le regarder tendrement. Elle posa sa main doucement sur sa joue pour tourner sa tête vers elle. Sans réfléchir, elle vint déposer, du bout des lèvres, un léger baiser sur sa joue. Elle laissa glisser sa main sur celle-ci avant de la poser sur ses abdominaux, lançant le premier pas en direction de son lit.