Tu pensais pouvoir tenir le coup, mais tu te voilais la face depuis le début. T’avais essayé, vraiment, mais maintenant tes nerfs étaient trop à vif pour continuer ta retraite. Tu as besoin de ce boulot, c’en est même vital. Tu t’énervais plus que d’habitude et tu sais que le fait d’être enfermé y est pour quelque chose. Bordel, t’es un tueur, pas un père au foyer. T’en peux plus ! T’es à bout ! T’as tenu le plus que tu pouvais mais l’adrénaline, tes armes, les contrats,… tout ça te manquait terriblement. Mais Kaj refuse de te reprendre pour tu ne sais quelle raison. Ça sent le roussi avec la Mafia et pourtant il ne veut pas de ton aide, soit disant pour ta promesse. Mais tu t’en fous de ta promesse toi ! Ça ne serait pas la première que tu ne tiens pas. Tu lui avais même dit que tu serais prêt à te jeter dans la gueule du loup seul. Tu pensais que ça l’aurait convaincu de te reprendre, mais visiblement il n’avait pas l’intention de revenir sur sa décision. « On va voir si t’as vraiment rien à foutre de moi ! » Sur un coup de tête, tu prends tes clés de voiture et tu fonces jusqu’à la tour. Ça faisait maintenant des mois que tu n’y avais plus mis les pieds, mais rien n’avait changé. Un gars voulait t’empêcher d’entrer, mais un coup dans la gueule te laissa le champ libre. Tu continues ta route jusqu’à l’ascenseur. Tu montes jusqu’à son bureau, pensant le trouver là. Tu sors et t’es accueillis par un type que tu connais. « Appelle Kaj, je sais qu’il est ici quelque part ! Dis-lui de me retrouver sur le toit ! » Sur ces mots, tu montes l’étages supérieur pour te retrouver au sommet de la tour. T’as une idée derrière la tête qui laisse deux finalités : soit tu crèves, soit tu survis. Peut-importe l’option, tu t’en fous.

Tu étais descendu au sous-sol pour récupérer les têtes de ses traitres pour les amené à l'étage de cryo. Ouais, toi, qui le fait personnellement. C'était plutôt personnel. Dans ces têtes, il y avait celui qui avait toucher à Sara, celui qui l'avait poussé au suicide. Tu ramènerais bien sa tête dans ton bureau. Tu as même retrouvé des hommes qui avaient bossé avec ta mère. T'avais le feu au cul, c'est le cas de le dire. Depuis un an, tu en avais laissé passer des trucs et depuis que Evan était parti, tout te semblait plus facile, ou tu ne connaissais tout simplement plus tes limites. C'est peut-être plus ça. Imprenable. Invincuble, peut-être. T'as repris tes vieilles habitude, pourtant ton corps montre le contraire. Tu peux être atteint comme les autres, comme tout le monde. Une croyance marqué à vie dans ta petite tête. Tu t'étais retrouvé seul. Vera était morte et ce sont de tes hommes qui l'ont tuée, tu es responsable de sa mort. Evan a pris la décision de te quitter aussi, pour sa femme, pour Catherine, c'était peut-être mieux ainsi. Tu n'avais pas envie de risquer encore sa vie. Puis il y a eu Moïra qui t'as annoncé son départ. Vu sa grossesse, c'était mieux comme ça, surtout en sachant que sa soeur t'avait caché la sienne. Puis les risques de traitrise diminuait. Si par la suite elle te plantait un couteau dans le dos, ce serait qu'une personne de plus sur ta liste. Tu tenais à elle, c'est vrai, mais elle avait fait son choix. S'attacher à l'ennemi.

T'as un sac à l'épaule quand tu arrives au dernier étage ou se trouve ton bureau. Tu ne croises aucun regard et ce n'est pas normal. Tu t'arrêtes au centre du hall et tu laisses tomber le sac. « Qui va se dévouer et me dire ce qui se passe ? » Tu les regardes chacun leur tour, jusqu'à ce qu'un dernier sorte de ton bureau. Tu arques un sourcil et il te fixe. Il est tétanisé sur place. « Je... huuuh... Evan est sur le toit... » Il pointe au dessus et tu roules des yeux en soupirant. Tu viens pincer l'arrête de ton nez. Tu te penches et récupère le sac. Tu le lui lances et lui pointe ton bureau. « Déposes ça là-bas. » Tu enfiles tes lunettes soleil et tu montes dans l'ascenseur en replaçant ta veste. Tu laisses les portes se fermer et tu te retrouves en un claquement de doigt sur le toit. Tu replaces tes manches et fait quelques pas avant de le trouver. Tu enfouis tes mains dans tes poches et tu le regardes. « Qu'est-ce que tu fais ici. »

S’il y a bien une chose que tu ne supportais pas, c’est qu’on t’envoie chier comme Kaj venait de le faire. Tu n’aimes pas qu’on dise que t’es inutiles et qu’on n’a pas besoin de toi. Tu prends ça comme une forme d’abandon et ça t’es insupportable. T’acceptes pas du tout ce genre de chose et il le sait très bien ! Mais il n’est plus le même. C’est plus le Kaj que tu as connu et t’essaye tant bien que mal de t’en souvenir. « T’es peut-être pas toi-même, mais tu restes mon frère quand même ! » Tu parles tout seul sur le toit où tu l’attends. La rage gronde en toi, crispant tes muscles. Tu regardes dans le vide, debout au bord sur toit. Un coup dans le dos suffirait à te faire tomber de cette tour, mais personne ici n’est assez fou pour pousser le frère du chef. Même si tu sais que beaucoup rêverait de le faire vu comment tu les traitais à l’époque où tu travaillais encore ici. Par contre toi, t’es assez fou pour sauter. T’as rien à perdre à t’écraser au sol. Catherine t’avait fait comprendre qu’elle n’en pouvait plus de toi, ton frère ne voulait plus de toi et tes amis … bah ce n’est pas comme si t’en avais beaucoup. Tu peux crever sans problème, même si ce n’était pas ton but premier. « Tu te rappelles du jour où t’as su que j’étais ton frère ? T’es venu me sauver » Tu regardes un instant le vide avant de tourner sur toi-même pour faire face à Kaj, restant toujours bien sur le bord. « Après ça, ta vie a complétement changée et pas en bien. Je t’ai apporté mes problèmes et maintenant j’ai bien compris que tu regrettais que je sois arrivé dans ta petite vie tranquille. En fait t’en a jamais rien eu à foutre de moi, mais c’est seulement maintenant que t’es devenu comme papa que t’as le cran de me dire que j’suis inutile. » Chacun de tes mots sont cracher comme du venin. Tes yeux sont remplis d’un mélange de déception et de colère. « Mais pour moi tu restes mon frère ! Un frère que j’aurais voulu avoir dès le début. Alors prends cet adieu comme un cadeau Kaj ! Tu vas pouvoir récupérer ta petite vie tranquille sans le boulet que je suis pour toi ! » Sur ces mots, tu te recules un peu plus jusqu’à être à la limite de la bordure. Tu fais un dernier pas pour te retrouver dans le vide

Tu le retrouves sur le toit. Il est sur le rebord. Mais qu'est-ce qu'il fou là ? Il est pas assez stupide pour le faire ? Non ? Tu arques un sourcil et reste stoïque face à lui. Pourtant, ton coeur s'emballe, il dérape et si tu le laissais faire, tu serais déjà à côté de lui. Tu te contentes de rester à distance en croisant les bras contre ton torse. Tu pousses un soupire agacé en faisant un pas, présumant mieux vouloir entendre ce qu'il avait à te dire, mais en fait, c'était pour mieux réagir. Il était trop près du rebord et ce qu'il débite... Merde, c'est mauvais signe. Tu te souviendras de ce jour toute ta vie, puis aussi celui que tu étais prêt à donner ta vie pour lui, ou encore celui quand tu as torturer et tué ton propre père. Il y a tellement de jours que tu espérais oublier, mais qui sont arrivés et te marqueront jusqu'à ta mort. Tu lèves la tête au ciel en soupirant de nouveau. Tu fais mine qu'il est lourd, que tu n'en peux plus de l'entendre. « Bah, vas-y. Sautes si t'en as vraiment envie. C'est pas moi qui va t'arrêter. » Ô si tu le feras! Tu viens enfouir tes mains dans tes poches après lui avoir fait signe d'y aller. Il ne le fera pas, t'en es convaincu, mais une partie de toi te dit qu'il le fera. Puis les gifles te viennent comme des coups de couteau en plein coeur. « Adieu », « cadeau », « vie tranquille », « boulet ». Tu figes sur place et ton regard change à travers tes verres fumées. Pourtant t'es tétanisé, son regard toujours posé sur toi. Il pose un pied dans le vide et ton coeur s'arrête net. Ton corps se décrispe, se mets en action. Ta voix elle, elle se déchire et toutes oreilles inattentives pourrait entendre ce cri du coeur. « EVAAAANNNN!!!! » Une enjambée et puis deux, tu te retrouves sur le rebord en l'agrippant par le col. Ton pied manque de glisser en t'entrainant avec lui, mais tes réflexes se sont allumés d'un coup. Tu l'as tiré contre toi et t'es tombé à la renverse sur le toit. Tes bras se sont accrochés à lui, tu respires très mal. Tu n'es pas près de le lâcher. Merde, ton frère allait se suicider sous tes yeux et toi ? TOI! T'es resté immobile comme un con! PUTAIN! Tu le repousses pour t'asseoir et ta main part d'elle même pour aller se plaquer contre sa joue. Ouais, une putain de gifle. Que ça! Tu l'agrippes a nouveau par le col pour le ramener contre toi. Tes mains tremblent sous la pression.

C’était haut, très haut. Il n’y avait aucune chance que tu survives à une telle chute. Tu vois aux yeux de Kaj qu’il ne s’inquiète pas pour toi alors que tu te trouves sur proche du vide. Il s’en fou vraiment, ou est-ce une façade ? Tu espères vraiment qu’il reste une part d’humanité derrière ce regard si vide d’émotion. Il t’incite même à sauter. Tu le fixe de tes prunelles si sombres sans pouvoir cacher tes émotions. Ouais t’es triste de le voir comme ça. Déçu aussi. Tu n’as donc jamais compté pour lui ?! Tes poings sont autant serrés que ta mâchoire. Tu choisis ce moment pour lui faire tes adieux. Tu vas réellement te jeter du haut d’un immeuble juste pour tester ton frère ? Oh ouais t’allais le faire. T’as l’esprit assez dérangé pour ça et tes idées suicidaires te poussent à le faire. « J’ai plus rien à perdre » Sur ces derniers mots, tu recules d’un pas, le dernier qui te maintenant sur la terre ferme. Tu sens déjà la gravité t’attirer vers le bas quand une force te retient, t’empêchant de finir ta course dans le vide. Ton cœur bat si vite que t’as l’impression qu’il va lâcher, mais il tient bon tout comme Kaj qui ne t’agrippe toujours par le col et qui t’attire vers lui. T’as l’impression que tout s’est passé au ralenti alors qu’en réalité quelques secondes à peine ce sont écoulées. « Je le savais » Tu te retrouves allongé sur le bêton froid et tu ris. Réaction nerveuse après un stresse profond. La peur de ne pas le voir te rattraper t’avais réellement prit aux tripes, même si t’en avais rien à foutre de mourir. Toi qui étais friand de sensation et d’adrénaline, t’avais été servi. Même la gifle que tu reçois ne t’énerve pas. T’es soulagé, ton frère est de retour. Tu te relèves et à nouveau il te tire contre lui. Pas pour te sauver cette fois, mais pour te serrer contre lui tels deux frères. Tu passes tes bras autour de lui et tu lui fais une tape amicale dans le dos. « Welcome back brother » Tu te contentes de simplement dire ces quelques mots. Il t’avait sauvé contrairement à ce qu’il laissait paraître juste avant que tu ne sautes. Tu comptais toujours pour lui.

Tu lui mentais, tu te mentais à toi-même. Toi qui ne ratrapperait pas ton frère s'il en venait à sauter? Vraiment ? À qui tu veux faire croire ça ! Tu le détestais, tu ne le supportais pas et dès que tu as su qu'il était ton frère, t'as changé du tout au tout avec lui. Il avait ton sang, c'était ton frère et contrairement à ta mère, tu ne laisserais pas ta famille tomber. Tu le gardais loin de toi, tel un sauvage qui refusait d'être apprivoiser de nouveau. Ton père t'avait brisé par la mort de Peia, il t'avait tellement fait souffrir. Tu penses à ton frère qui aurait pu mourir à cause de toi. Y'a ce gamin aussi, Sullen, tu voulais t'en servir pour faire tomber ton père et c'est ce que tu as fait. Le pauvre... Pourtant, lui aussi c'était ton frère et pourtant, tu le traitais différement.

Evan l'avait fait, il s'était jeté dans le vide, mais ton corps s'est jetté vers lui pour qu'il ne tombe pas. Ton coeur s'est litéralement arrêté avant que ta main ne l'agrippe. Tu aurais pu tomber avec lui, c'est vrai... Tu aurais pu tomber de ta tour avec lui. Tu aurais pus mourir avec lui. C'est vrai, ça aurait été une belle fin pour tous les deux, mais tu préfèrais qu'il reste en vie avec toi. De toute façon, Catherine ne te l'aurait jamais pardonné si tu l'avais laissé tomber. Tu t'étais retrouvé au sol avec lui. Ton souffle court, t'es resté figé un moment avant d'arriver à te lever. Tu ne le regardes pas, ton regard fixe le sol, putain, il est humide en plus. Comme si tout te ratrappait de plein fouet. Tu finis par le col et tu le rapproches de toi. Tu plantes enfin tes yeux dans les siens. « Espèce de taré! » Tu gueules presque, mais ta voix s'est enrouée d'émotions et tu ne peux pas la contenir. Tu l'attires contre toi et tu le prends dans tes bras. Tu le serres comme un imbécile et ta main vient se plaquer derrière sa tête pour qu'il reste là. « T'es complètement taré! »