Je l’avais retrouvé. J’avais retrouvé le père de Noah, mon ex petit-ami de jeune adulte, celui avec qui je croyais faire ma vie à un certain point, avant que le destin n’en décide autrement. Le détective privé que j’avais embauché m’avait donné son adresse, toutes les informations que j’avais besoin d’avoir à son sujet. À tout hasard, il habitait ici, à Bishopville. Pourquoi s’était-il établi en ces lieux précisément ? Emploi ? Nouvelle famille ? Je ne savais pas vraiment si je voulais le savoir. En vérité, je ne voulais pas vraiment savoir ce qui lui était arrivé à la base. Pas que nous nous étions laissés en mauvais termes, mais compte tenu de mes deux précédentes tentatives de le retrouver, simplement pour le prévenir pour son fils, j’avais abandonné l’idée de probablement ruiner sa vie. Si je l’avais fait, c’était à la demande de Noah. Jamais je ne lui avais caché que son père n’était pas celui qui l’avait élevé, et jamais il ne m’avait demandé à le retrouver. Était-ce parce qu’il l’avait perdu qu’il avait changé d’idée ? C’était possible. Je lui en avais parlé, brièvement, lui racontant qui il était, pourquoi il ne l’avait pas connu. Et j’avais été obligée de lui rappeler, de lui dire qu’il était possible qu’il ne veuille pas le voir, qu’il ne soit pas possible de le revoir. Noah avait accepté les conséquences, comme s’il avait réfléchi à tout. Je n’en étais pas surprise, il était brillant, et je ne disais pas cela seulement parce qu’il était mon fils, enfin, pas que. Mais protectrice comme je pouvais l’être, et refusant que Noah ait le coeur brisé encore une fois par la perte d’un parent, je n’avais pas voulu le lui annoncer, pas tout de suite. J’avais trop peur. Peur de la réaction d’Austin si jamais Noah se présentait à sa porte et se présentait comme son fils, peur de le laisser aller dans l’inconnu. Résultat; pour lui, j’avais décidé d’aller voir moi-même, d’aller le prévenir. Pensais-je à mentir à Noah comme quoi on ne l’avait pas trouvé ? C’était possible aussi, mais je n’aimais pas cette éventualité. Si je n’avais pas un jeune adolescent renfermé et rebelle, c’était parce que nous avions toujours été honnêtes l’un envers l’autre, et je ne voulais pas que ça change, même dans une épreuve aussi difficile. Profitant du fait que Noah était à l’école, j’avais lu l’adresse qui se trouvait sur le document qui m’avait été remis. L’enveloppe à la main, j’avais pris ma voiture - récemment achetée - pour m’y rendre. À destination, j’inspirai un bon coup, nerveuse, et je sortis du véhicule. Je pensai à faire demi-tour un instant, mais je ne le fis pas. Je me rendis à la porte, et j’y frappai, ignorant si j’allais avoir une réponse quelconque, mais sachant que j’étais plus nerveuse que jamais.

J’étais en train de songer à abandonner l’idée, prendre la fuite. Et pourtant, je luttai contre cette idée, refusant de laisser tomber mon fils. Lorsque Noah était un bébé, c’était différent. Était-ce pour ça que je n’avais pas insisté davantage au fond ? C’était possible. Mais je savais que j’avais un jeune adolescent qui comptait sur moi, qui voulait que je lui donne des réponses, qui voulait savoir qui était son paternel, et je ne pouvais pas lui en vouloir. Ne pas avoir connu mes parents biologiques, même si ç’avait été pendant une toute petite période de ma vie, j’aurais voulu, probablement, un jour, à apprendre à les connaitre, les rencontrer ne serait-ce qu’une fois, tenter de comprendre. Je ne pouvais pas lui refuser une chose pareille, mais j’ignorais si j’avais le courage désormais. Puis, mon débat intérieur prit fin d’un seul coup, lorsque la porte s’ouvrit. Je devais vraiment être perdue dans mes pensées puisque je sursautai légèrement, mais cette réaction était bien futile comparativement à celle que j’eus quand je le vis. En fait, on devrait appeler ça un manque de réaction, parce que je figeai, tout simplement. Et je ne figeai pas comme je craignais le faire, parce qu’il était devant moi, parce que je le revoyais après plus de treize ans sans nouvelle, sans rien. Je figeai en raison de sa tenue, ou… son manque de tenue. Je n’eus pas la réaction à laquelle je m’attendais. Je ne savais pas si c’était ma période d’ovulation qui jouait plus sur mes hormones que je le pensais dans un premier temps, mais le voir aussi peu vêtu… Il était encore mieux taillé et musclé que je m’en souvenais. D’un homme dans la vingtaine avec un visage encore un peu innocent, il était devenu un trentenaire viril… Bordel, si seulement le petit pli qui retenait sa serviette pouvait tomber… Non, il fallait que je me ressaisisse, et la façon dont il s’exclama vint me rappeler à l’ordre très rapidement. Après, je ne retrouvai pas toute ma contenance, donc le mieux que je trouvai à lui répondre fut:  « Surprise… ? » Oui, c’était pathétique, plus que pathétique même. J’aurais voulu avoir une réaction plus glorieuse, mais est-ce qu’il y en avait vraiment dans la situation présente ? Bon, j’aurais pu aussi lui sauter dessus, mais ce n’était plus au goût du jour, ce serait limite l’agresser, et je n’étais pas là pour ça. Inspirant profondément, je dis:  « Ça fait longtemps… » Non, ce n’était pas mieux, et non, je n’en étais pas plus fière vraiment. Mais oui c’était vrai que ça faisait longtemps, et je réalisais plus que jamais à quel point il m’avait manqué. Mais il fallait que je m’y fasse; lui et moi, c’était chose du passé. On ne partageait plus rien, sauf un fils, dont Austin ne connaissait même pas l’existence.  « Je… C’est un mauvais moment… ? » Après tout peut-être que la serviette était due au fait qu’il était nu pour d’autres raisons que pour une douche, il fallait que je me le dise, qu’il s’était certainement marié, avait eu des enfants et tout ce qui venait avec. Il le méritait, et moi, je sentais que j’étais sur le point de gâcher son existence. Je me détestais pour ça. Limite, j’avais envie qu’il me dise qu’il ne voulait pas me parler, que je le dérangeais et que je ferais mieux de repasser plus tard, ou jamais, mais ce n’était pas une situation que je contrôlais désormais. Tout ce que je pouvais faire, c’était attendre, nerveusement, qu’il dise quelque chose.

Je sentis le malaise un peu moins grand au moment où Austin me dit que je ne le dérangeais pas, mais qu’il sortait seulement de la douche. Bon, ce n’était pas l’idéal, mais c’était certainement mieux que s’il y avait eu quelqu’un et que moi, son ex, je débarquais. Là au moins, il n’avait qu’à s’habiller et la situation serait à peu près normale. Évidemment que dans ma tête ma mauvaise conscience me dit qu’il n’était pas obligé de le faire, mais je parvins à la faire taire. Non sans difficulté, sinon ce ne serait pas drôle. Pour lutter contre ma mauvaise volonté, je fus obligée de pincer les lèvres, gardant le silence tandis qu’il se rendait dans une autre pièce et que moi, je me retrouvais dans sa demeure, regardant autour, réalisant encore à quel point le temps avait passé. Clairement, la demeure d’un jeune étudiant ne ressemblait pas à ça. Il avait très certainement réussi, refait sa vie… Et moi j’étais sur le point de la perturber, grandement très certainement. Perdue dans mes pensées, je sursautai un peu à son retour et à sa question. Réalisant que j’avais la gorge un peu sèche, je dis:  « De l’eau, s’il te plait. » C’était simple, mais j’étais persuadée que ça saurait m’aider. Et puis, je ne me voyais pas lui passer une commande très compliquée ou un truc du genre. Je n’étais pas là pour ça. J’étais là pour lui parler de Noah. Je ne voulais pas tourner autour du pot et faire comme si rien n’était, mais en même temps, j’étais terrifiée d’arriver à ce moment. Et ce moment, il arriva probablement un peu trop rapidement à mon goût. Inspirant, je pensai commencer par lui dire tout de suite, lui expliquer que je n’étais pas venue par nostalgie ou pour lui parler de la pluie et du beau temps. Mais je n’y parvins pas, pas tout de suite. Ce qui sortit de ma bouche donc, ce fut:  « Je… On peut s’asseoir ? » Ça ne regardait jamais bien en mon sens, commencer un propos comme ça. Mais non, je n’avais pas envie qu’il se ramasse sur le derrière. Parce que ce ne serait pas sympathique, et parce que je ne voulais pas que ça devienne une occasion de profiter d’un moment où il serait vulnérable pour lui sauter dessus. Je n’avais pas le droit de faire ça. Attendant un moment, je finis par lui dire:  « Je dois te parler de quelque chose… » Je ne commençai pas à lui parler directement. Je voulais attendre, encore une peu, pour rassembler mes idées, parce qu’elles s’éparpillaient n’importe comment dans ma tête. J’étais perdue, j’étais confuse et je me demandais encore pourquoi j’étais là. Je savais que je ne pouvais plus reculer, mais j’avais peur quand même, et je voulais me faire croire qu’attendre sa réaction était une bonne idée, mais j’étais loin d’en être certaine maintenant, même si rien ne voulait sortir de ma bouche pour continuer pour le coup.

Je sentis le malaise un peu moins grand au moment où Austin me dit que je ne le dérangeais pas, mais qu’il sortait seulement de la douche. Bon, ce n’était pas l’idéal, mais c’était certainement mieux que s’il y avait eu quelqu’un et que moi, son ex, je débarquais. Là au moins, il n’avait qu’à s’habiller et la situation serait à peu près normale. Évidemment que dans ma tête ma mauvaise conscience me dit qu’il n’était pas obligé de le faire, mais je parvins à la faire taire. Non sans difficulté, sinon ce ne serait pas drôle. Pour lutter contre ma mauvaise volonté, je fus obligée de pincer les lèvres, gardant le silence tandis qu’il se rendait dans une autre pièce et que moi, je me retrouvais dans sa demeure, regardant autour, réalisant encore à quel point le temps avait passé. Clairement, la demeure d’un jeune étudiant ne ressemblait pas à ça. Il avait très certainement réussi, refait sa vie… Et moi j’étais sur le point de la perturber, grandement très certainement. Perdue dans mes pensées, je sursautai un peu à son retour et à sa question. Réalisant que j’avais la gorge un peu sèche, je dis:  « De l’eau, s’il te plait. » C’était simple, mais j’étais persuadée que ça saurait m’aider. Et puis, je ne me voyais pas lui passer une commande très compliquée ou un truc du genre. Je n’étais pas là pour ça. J’étais là pour lui parler de Noah. Je ne voulais pas tourner autour du pot et faire comme si rien n’était, mais en même temps, j’étais terrifiée d’arriver à ce moment. Et ce moment, il arriva probablement un peu trop rapidement à mon goût. Inspirant, je pensai commencer par lui dire tout de suite, lui expliquer que je n’étais pas venue par nostalgie ou pour lui parler de la pluie et du beau temps. Mais je n’y parvins pas, pas tout de suite. Ce qui sortit de ma bouche donc, ce fut:  « Je… On peut s’asseoir ? » Ça ne regardait jamais bien en mon sens, commencer un propos comme ça. Mais non, je n’avais pas envie qu’il se ramasse sur le derrière. Parce que ce ne serait pas sympathique, et parce que je ne voulais pas que ça devienne une occasion de profiter d’un moment où il serait vulnérable pour lui sauter dessus. Je n’avais pas le droit de faire ça. Attendant un moment, je finis par lui dire:  « Je dois te parler de quelque chose… » Je ne commençai pas à lui parler directement. Je voulais attendre, encore une peu, pour rassembler mes idées, parce qu’elles s’éparpillaient n’importe comment dans ma tête. J’étais perdue, j’étais confuse et je me demandais encore pourquoi j’étais là. Je savais que je ne pouvais plus reculer, mais j’avais peur quand même, et je voulais me faire croire qu’attendre sa réaction était une bonne idée, mais j’étais loin d’en être certaine maintenant, même si rien ne voulait sortir de ma bouche pour continuer pour le coup.