You'll never know the top till you get too low ~ Lou

Sujet: You'll never know the top till you get too low ~ Lou 2020-11-05, 15:33

Je suis inquiète pour mes parents. Alors je roule un peu plus vite que je ne le devrais pas. Je me le permet puisque mes filles ne sont pas dans ma voiture. Elles sont avec une de mes amies. Je ne voulais pas les emmener pour un enterrement, c'est trop glauque, elles sont bien trop petites. Je me gare rapidement près de l'église et vais rejoindre mes parents qui attendent devant. C'est étrange de les voir tout de noir vêtus et si triste. Je n'ai pas l'habitude, la plupart du temps ils sont pleins de joie de vivre. Mais pas aujourd'hui. Ce n'est peut être qu'un oncle de mon père, mais je sais qu'il l'appréciait beaucoup et la mort a été si imprévue qu'il est encore sous le choc. Je sert dans mes bras ma mère puis mon père bien plus longtemps. Il embrasse mon front et je lui dit que je suis vraiment désolée. C'est étrange d'être avec mes parents. Je ne les ai pas vu depuis quelques jours, j'évite la maison familiale contrairement à mon habitude, mais je dois avouer que je fais tout pour ne pas croiser Lou. Je ne supporterais pas l'idée qu'elle me déteste maintenant qu'elle savait même si je me doutais que c'était le cas. Je ne me sentais pas la force de la voir me regarder d'un air noir ou pire qu'elle m'ignore. C'est en saluant les frères et sœurs que je me rend soudain compte qu'elle est là. Trop ancrée dans l'idée de réconforter mes parents, je n'avais même pas fait attention. Quand je salut Wesley la tension est assez palpable. Mais quand je me retrouve devant Lou c'est le blocage, je ne sais vraiment pas quoi dire, quoi faire. Je finis par murmurer « Salut ... »

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Lou n’aimait pas les enterrements. Ce qui est assez ironique en soit, puisqu’elle n’a jamais eu l’occasion d’assister à l’un d’entre eux. Ses parents, façon de parler, s’étaient toujours assurés que quelqu’un puisse veiller sur sa fratrie et elle, quand il fallait rendre un dernier hommage après un décès dans la famille. Elle était anxieuse, parce qu’elle était persuadée qu’on allait lui demander un discours pour ce vieux monsieur qu’elle n’a rencontré qu’une fois ou deux. Mais aussi, et surtout, parce qu’elle allait revoir Edwige pour la première fois depuis leur dernière conversation. Elle avait beaucoup réfléchi depuis, mais elle n’était toujours pas parvenue à prendre une décision : Lou était incapable de savoir si elle allait reprendre leur conversation là où elles l’avaient laissée la dernière fois, si elle serait capable d’affronter le regard d’Edwige ou encore si elle trouverait la force de la pardonner. Elle se demandait si sa sœur avait eu le courage de parler de cet épisode aux parents. Lou, elle, ne l’avait pas fait. Elle n’en avait pas parlé à ses amis du lycée non plus d’ailleurs, ni à qui que ce soit d’autre : elle était au pied du mur, seule, avec ses problèmes en suspens. D’ailleurs, tout le monde se demandait bien ce qu’elle pouvait faire pour mettre autant de temps à arriver. N’est-elle pas au courant que les morts n’attendent pas ? Si ça ne tenait qu’à elle, Lou aurait pris de l’avance et serait allée réserver des places pour tout le monde, le plus loin possible du cercueil.

Quand Edwige finit par pointer le bout de son nez, tout le monde semble soulagé. Sauf elle, bien sûr, et Lou. Elle salue les membres de la famille l’un après l’autre, en chaîne, jusqu’à finalement arriver devant la blonde. Elle évite son regard, cherche à contenir les larmes qui lui viennent instantanément aux yeux. « On n’est pas obligées de se parler, tu sais. » S’il y a bien une chose positive à retenir de l’hypersensibilité de Lou, c’est que son corps ne manque pas de lui faire savoir quand elle est prête pour quelque chose ou non. Peut-être qu’elle est trop mauvaise avec Edwige, peut-être qu’au fond, à son âge, elle devrait comprendre à quel point ça avait dû être difficile pour elle quand elle a appris qu’une petite blonde arriverait dans sa vie neuf mois plus tard. Qu’importe, les portes de l’église s’ouvrent et mettent momentanément fin au malaise. Mais ça, c’était sans compter sur le fait qu’elles se retrouvent assises côte à côte.

Lou évite mon regard et je me sens mal. Elle me déteste, c'est certain. Je jette un regard désemparé à maman, je ne sais pas quoi faire pour réparer mon erreur. J'aimerais tant que Lou reste ma Lou que j'aimais tant. Mais j'ai tout gâché, j'aurais du lui dire avant. Maman me sourit faiblement, elle sait tout, j'avais besoin de me confier et c'est toujours à elle que je me confie, enfin presque toujours. Mais elle ne peut pas m'aider et je ne veux pas l'impliquer plus que ça, elle a déjà fait beaucoup pour moi. Je détourne donc le regard de ma mère. Je ne veux pas qu'elle intervienne. Un bref instant mon regard se pose sur Wesley qui nous fixe d'un drôle d'air. Mon frère ne sait pas ce qu'il se trame entre Lou et moi mais je sens qu'il aimerait comprendre. Il esquisse un mouvement vers moi, mais je secoue doucement la tête. Je n'ai pas besoin d'ajouter un facteur au problème. Je crois que je préférerais être avec Wesley même si c'est aussi tendu entre lui et moi, ça l'ait toujours moins qu'avec Lou en ce moment. D'ailleurs quand cette dernière m'adresse enfin la parole c'est pour me dire que rien ne nous oblige a nous adresser la parole. Je soupire doucement alors qu'elle a les larmes aux yeux. J'ai envie de caresser sa joue pour essuyer ses larmes mais je sais qu'elle ne voudra pas de mon contact. Alors je murmure « Comme tu veux Lou » Et on entre dans l'église. Malheureusement pour moi je finis par m'asseoir à côté de Lou. Pendant la messe je ne dit pas un mot. Quand ça se termine je ne peux pas m'empêcher de regarder Lou « Je suis vraiment désolé »

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Edwige était présente elle aussi, bien qu’en retard. Ce n’était donc pas une surprise pour la petite blonde. Cependant, elle ne se sentait toujours pas prête à discuter avec elle, bien qu’elle eut tout le temps de retourner la question dans sa tête pendant la semaine qui s’était écoulée. Elle n’était toujours pas prête à entendre la réponse à certaines questions, toujours pas prête à pardonner sa mère pour toutes ces années à jouer la comédie. C’était malsain, trop malsain pour quelqu’un d’aussi sensible que Lou. Alors quand Edwige se retrouva face à elle, prête à la saluer, Lou se contenta de détourner le regard, faisant mine de ne pas la connaître pour éviter de faire tout un cinéma devant tout le monde. Bon, elle n’était tout de même pas capable de retenir quelques larmes, mais comment pouvait-on le lui reprocher ? Sa vie avait changé du tout au tout en quelques minutes à peine, et elle ne savait toujours pas comment s’adapter à ce changement. Edwige n’insiste pas, elle comprend très bien que l’envie n’y est pas du côté de sa fille et que ce n’est pas le moment non plus. C’est alors que les portes de l’église s’ouvrent. Lou s’installe près des siens, en prenant soin de s’installer près de ses frères et sœurs plutôt que de ses parents. Malheureusement, elle se retrouve à côté de la seule place libre, attribuée à Edwige. Elles ont droit à une cérémonie dans les règles de l’art, mais très vite, Edwige s’adresse de nouveau à la blonde. Lou préfère d’abord ne pas répondre, mais très vite, ce sont sa haine et son besoin de réponses qui prennent le dessus. « C’est facile d’être désolée. Ça fait bientôt dix-huit ans que tu me mens. » Et c’est tout. Elle ne prononce plus le moindre mot jusqu’à la sortie de l’église, jusqu’au moment où elle remonte en voiture avec ses parents jusqu’au domicile de sa tante, désormais veuve, où se déroule une veillée en souvenir de son mari défunt.

Lou passe une partie de la journée avec ses écouteurs sur les oreilles. Elle se déplace parfois jusqu’au buffet, file parfois faire la conversation à ses parents ou à ses frères et sœurs. Elle n’aime pas les événements de ce genre, et c’est pourquoi elle évite de trop s’attarder près des proches du défunt, qu’elle ne connaît de toute façon pas forcément. Puis vient ce moment où l’ambiance devient trop pesante pour elle. Elle enfile son manteau, avant d’aller jusque dans la cour où elle tombe nez à nez avec Edwige. Elle glisse les mains dans ses poches et s’appuie contre le mur, sans dire le moindre mot. Puis, comme le silence devient trop pesant lui aussi, elle se décide à s’ouvrir à la conversation. « Je n’ai rien dit à personne. Mais je l’ai fait seulement pour moi. Je veux pas savoir ce que tu en penses, et je ne veux pas non plus que tu m'expliques pourquoi tu m’as abandonnée. »

Je ne sais pas ce qui est le pire en ce moment. Être à l'enterrement ou être assise juste à côté de Lou qui me déteste. Oh elle a toute les raisons de le faire, évidemment je ne peux pas lui reprocher mais c'est vraiment dur. Je la regarde discrètement pendant la messe et je vois combien elle est malheureuse. Je m'en veux vraiment car tout est de ma faute. Alors quand on sort et que j'ai quelques minutes seule avec elle je lui dit que je suis désolé. Mauvaise idée. Elle m'envois chier me disant que c'est facile. Je ne sais même pas quoi lui répondre. Elle a raison sur ce coup là. Je la laisse donc partir avec papa et maman et prend une autre partie de la tribu dans ma voiture. Être avec le reste de la famille me fait du bien. Il n'y a rien de lourd quand je suis avec les autres. Pas de secret ou de moment de gêne et j'en oublie un peu tout ce qu'il se passe. Mais la situation redevient lourde pendant la réception. Je reste en grande partie avec mes parents, surtout mon père qui en a le plus besoin. Mais je finis par en avoir marre et je sort un instant. Je fouille dans mon sac en quête de mon paquet de clope qui doit y trainer. Je ne fume pas souvent mais en ce moment j'en ai besoin. Je fais un peu le vide, repensant à tout ça. Puis j'écrase ma cigarette au moment où Lou arrive. Je la regarde et un long silence s'installe entre nous. J'attends qu'elle parle en premier, ne voulant pas me faire recaler une autre fois. Elle finit par le faire m'apprenant qu'elle n'as rien dit à personne. Je hausse les épaules. Elle fait ce qu'elle veut je ne suis plus à ça près maintenant. Puis elle me dit qu'elle ne veut rien savoir de pourquoi je l'ai abandonné. « Tu fais ce que tu veux Lou » Je soupire, je crois que j'ai besoin d'une autre cigarette. Alors je sors de nouveau mon paquet de cigarette et en rallume une avant de lui déclarer « Ecoute Lou, si tu veux en parler on peut quand tu le veux. Si tu ne veux jamais le faire, on peut aussi ne plus rien se dire »

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Lou ne s’attendait pas à tomber sur Edwige en sortant prendre l’air. Comment est-ce qu’elle fait pour toujours être là au mauvais moment, celle-là ? Qu’importe, la petite blonde ne se démonte pas et se laisse tomber contre le mur, mains dans les poches et regard dirigé vers le fond du jardin. Elle ne croise pas le regard d’Edwige, jamais, pour la simple et bonne raison qu’elle risquerait de fondre en larmes en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Puis elle se sent obligée de se confesser, alors elle explique à Edwige qu’elle ne veut pas en savoir plus. Elle en sait déjà trop, trop pour continuer de vivre comme elle l’avait toujours fait jusqu’à maintenant. Pourtant, au fond d’elle, quelque chose la pousse à s’ouvrir davantage. « Je ne veux pas qu’on fasse comme s’il ne s’était jamais rien passé. Mais je crois pas non plus être prête à accepter que... » Elle soupire, roule des yeux et fond de nouveau en larmes, comme elle s’était juré de ne plus le faire. « Que tu t’es foutue de moi pendant tout ce temps, Edwige ! Je te déteste, je te déteste tellement pour ce que t’as fait. » Elle renifle, scrute vers l’horizon tandis que des flots s’écoulent de ses yeux. Elle hésitait entre retourner à l’intérieur, prétexter que c’est l’émotion du décès de son oncle qui la rend comme ça ou alors dire ses quatre vérités à sa mère. Faute de savoir prendre une décision, elle restait là, au milieu du jardin, à essuyer ses larmes d’une main et à boire son jus de fruit de l’autre. « Comment est-ce que je suis censée t’appeler maman alors que je t’ai toujours considérée comme ma sœur ? », qu’elle lâcha entre deux reniflements.

Je regarde la réaction de Lou. Et quand je vois la détresse dans ses yeux, j'écrase ma cigarette pour l'écouter me dire qu'elle ne veut pas effacer ce qu'elle sait mais qu'elle ne se sent pas non plus complètement prête à accepter l'idée que je suis sa mère. Elle fond en larme et je me sens tellement mal. Je ne sais pas si je peux la prendre dans mes bras. Et quand elle me dit qu'elle me déteste je me dis que c'est une mauvaise idée. Je pose tout doucement une main sur son bras « Lou ... si tu savais combien je suis désolé, je n'étais qu'une gamine, je ne savais pas quoi faire. Alors j'ai laissé maman prendre les choses en main. Et quand j'ai enfin mûrit et réalisé, tu avais déjà quatre ans et maman c'était tout ton monde. Je ne voulais pas t'arracher ta vie et tout détruire autour de toi » Je me mordille la lèvre et la regarde avant de murmurer « Je sais que je viens de le faire et j'en suis désolé Lou » Je sais qu'elle risque de me repousser mais je ne peux pas la laisser pleurer de la sorte alors tout doucement je la prend dans mes bras et la câline. Je veux juste qu'elle ne pleure plus, je ne veux plus la voir malheureuse, plus du tout. Puis ma sœur me dit qu'elle ne sait même pas comment m’appeler, qu'elle ne peut pas dire maman alors qu'elle m'a toujours vu comme sa sœur. Je la regarde « Je ne te demande pas de m'appeler maman, évidemment que non » Je caresse sa joue avant de murmurer « Ecoute je suis prête à tout pour te redonner le sourire, je ne veux que ton bonheur Lou, c'est toujours ce que j'ai toujours voulu »

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Lou ne sait pas quoi faire non plus, là, tout de suite. Les excuses d’Edwige lui semblent presque trop faciles, et d’un autre côté, elle ne souhaite pas faire comme si elle avait toujours été sa mère auprès du reste de son entourage. Elle comprend que ça ait pu être difficile pour elle quand elle était jeune, parce que Lou non plus ne saurait pas quoi faire d’un enfant à son âge, mais elle lui en veut d’avoir couvert le secret si longtemps et de prétexter que ça a toujours été pour son bien. Peut-être qu’elle n’aurait pas apprécié être arrachée à sa mère adoptive à l’époque, mais elle aurait fini par s’y faire et la situation aujourd’hui ne serait pas aussi catastrophique. Elle laisse Edwige la toucher, mais après qu’elle se soit défendue, Lou ne sait faire autrement que de la repousser d’un geste brusque. « C’est bon, arrête un peu. Ça t'a pas empêché de faire deux bébés après ça. » C’était injuste, mais Lou était désormais incapable de voir Pia et Mia de la même façon. Elle était pourtant si proche d’elles, il y a encore une semaine de cela. Evidemment, elle ne laisse pas Edwige la prendre dans ses bras non plus. Mieux, elle la laisse parler avant de la gifler pour extérioriser une bonne fois pour toute sa colère. « Je veux pas que tu me tou-... » Elle s’arrête. Elle fait quelques pas hésitants, la main toujours levée, avant de se détendre. Puis, sans dire quoi que ce soit de plus, elle se laisse aller dans les bras d’Edwige, pleurant en silence.

Evidemment qu'elle me repousse, j'aurais été surprise qu'elle ne le fasse pas. Mais c'est douloureux quand même. Plus j'y pense et plus je me dit que j'ai tout foiré, oui j'aurais vraiment du faire autrement. Peut être que j'aurais du la récupérer quand j'en avais encore l'occasion, qu'on puisse être une famille. Mais le soucis c'était qu'a cette époque je n'avais pas encore affronté tout mes démons. Mais ça je ne peux pas en parler à Lou. Alors quand elle me dit que j'ai gardé mes autres enfants je ne sais pas tout de suite quoi lui répondre. Je finis par répondre « N'en veux pas à Pia et Mia, elles n'y sont pour rien. J'ai eu les jumelles a vingt neuf ans et j'étais très amoureuse de leur père » Bon ça ok c'était une erreur, je ne savais décidément pas choisir les hommes que je laissait entrer dans ma vie. C'était bien pour ça d'ailleurs que je ne comptais plus jamais tomber amoureuse. Je ne m'attendais pas à me prendre une gifle. Je recule alors que Lou me dit qu'elle ne veut pas que je la touche. Mais elle ne termine même pas sa phrase. Elle s'approche et je crois qu'elle vas m'en mettre une autre. Mais ce n'est pas le cas. Elle baise sa main et vient se blottir dans mes bras. Aussitôt je la sert avec douceur, et embrasse le haut de son crâne « Je t'aime tellement ma Lou. Je suis désolé d'avoir tout foiré » Et à mon tour je laisse mes larmes couler, gardant mon bébé contre moi.