Langue tirée et yeux plissés la petite fille dessine avec application. Toute fière de son dessin elle court vers sa maman pour lui montrer, sourire aux lèvres. C’est sans compter sur son grand frère qui passe par là et lui arrache la feuille des mains avant de la regarder. Il sourit méchamment avant de déclarer « Il est moche ton dessin ! » La petite brune est sensible et ses larmes coulent déjà « T’es qu’un méchant ! » Elle sautille pour attraper le dessin que son grand frère tient au-dessus de sa tête. Enfin sa mère arrive et prend le dessin des mains du petit garçon. Ondine le reprend les larmes aux yeux avant de se blottir contre sa maman en reniflant « Valentin est méchant » La mère soulève sa fille en douceur avant de regarder son fils d’un air sévère « Tu dois être gentil avec ta sœur je te l’ai déjà dit ! » Le petit garçon fixe d’un air noir la gamine et répond froidement « C’est pas ma sœur cette intruse » Ondine regarde sa mère d’un air perdu. Valentin ment, elle en est certaine. Maman est maman c’est tout naturel. Pourtant elle se souvient qu’elle s’est quelques fois demandé pourquoi ses cheveux à elle sont brun et ceux de papa et maman sont blonds. La question s’était posé quelques minutes mais elle n’avait pas cinq ans alors la question avait été bien vite chassé. Ondine s’était rassurée en se disant qu’elle était brune mais que plus tard ses cheveux deviendront blonds comme ceux de ses parents ou alors c’était normal, tout le monde n’avait pas forcément la même tête dans une famille. Alors Ondine se blottit un peu plus contre sa maman qui frotte son dos avec tendresse. Oui maman est maman et Valentin ne raconte que de vilaine histoire pour la rendre triste. Ondine refoule tant bien que mal la pensée obsédante qu’il vient s'immiscer dans son esprit. Pourtant à partir de ce jour ça reste là dans un coin et ça ne partiras jamais.

Un peu plus perdue encore, Ondine regarde toutes les photos qui s’étalent sur son bureau face à elle. Si l’idée avait été tassée jusque-là, voilà qu’elle lui revient en plein dans la figure. Car ses cheveux n’ont pas changé de couleur et que personne sur toutes les photos devant elle ne possède une crinière brune semblable à la sienne. La fillette se met à maudire sa prof qui a eu la brillante idée de leur demander un arbre généalogique, elle n’avait aucune envie de se replonger dans toutes ces histoires. Car au fond elle sait Ondine, que les parents qui l’ont élevé ne sont pas vraiment ses parents. Une voix au fond elle se fait de plus en plus puissante. Finalement la brune délaisse ses photos et rejoint sa mère dans la cuisine « Maman ? » Sa mère se retourne et son visage s’illumine en voyant sa fille, elle vient caresser sa joue avant de lui demander « Oui ma puce ? » La fillette se tortille un peu, mal à l’aise, ce n’est pas une question facile qui vas sortir. Mais il faut que ça sorte, Ondine n’as peut-être que dix ans mais ça fait des années que ce mystère la travaille et ce devoir est le moment idéal pour enfin assouvir sa curiosité. Alors finalement elle demande « Est-ce que tu es ma vraie maman ? » Elle plante son regard sur le visage de sa mère et ce qu’elle voit est loin de la rassurer. Elle a sa réponse avant même que sa mère la prononce. Non, elle n’est pas sa mère. Ondine se crispe un peu, on lui a menti et c’est dur de se dire qu’on vit sur une base de mensonge. « Je t’aime comme ma fille ma puce » Les mots confirment ce qu’Ondine pensait. Elle vient se blottir contre cette femme qui ne l’a peut-être pas mise au monde mais qui est sa maman quand même. Ondine ne veut rien savoir de plus, alors quand sa mère propose de raconter elle secoue la tête, pas maintenant.

Cette pièce la met des plus mal à l’aise, elle se demande pourquoi elle est là. Evidemment elle sait, elle n’est pas dans ce parloir par hasard. Mais elle se demande ce qu’elle a bien pu faire pour se retrouver dans un pétrin pareil. Elle n’avait rien demandé Ondine et pourtant, si elle veut savoir ses origines elle doit passer par cette case. Nerveuse elle regarde tout autour d’elle, les gardiens, les vitres, les murs gris et ternes. Pas de doute, elle se trouve bien dans un lieu peu accueillant. Et dans ce lieu peu accueillant se trouve sa mère. Enfin la femme qui l’a mise au monde, sa mère biologique quoi, car pour Ondine sa mère est celle qui l’attend quelques mètres plus loin, derrière la porte, celle qui l’as accompagné jusqu’ici. Elle n’a pas voulu entrer dans le parloir, elle ne voulait pas revoir celle qui avait été sa meilleure amie. Une porte s’ouvre, de l’autre côté de la vitre. Ondine se redresse et observe, une femme brune rentre. Il n’y a pas vraiment de doute possible, d’autant plus que personne d’autre n’est présent du côté d’Ondine, il n’y a pas trop de suspens. La femme s’assoit face à Ondine, cette dernière évite le regard de cette inconnue. Elle a beau savoir que celle qui se tient face à elle est celle qui lui a donné la vie, ce n’est qu’une inconnue. Une inconnue qui est enfermé derrière les barreaux et la jeune femme n’est pas certaine de vouloir savoir pourquoi. Ondine a peur de découvrir la vérité. La femme l’appelle. Ondine lève doucement les yeux vers cette inconnue qu’elle aurait pût appeler maman, dans un autre monde, dans un autre univers. Mais dans ce monde, elle n’est qu’une femme qu’elle ne connaît pas. Sa mère la contemple les larmes aux yeux « Tu as tellement grandit, tu es magnifique » Ondine n’est pas à l’aise alors comme à son habitude elle se cache derrière une pseudo agressivité « J’ai seize ans ! » Et ça sonne comme un reproche, car ça fait seize ans qu’elle grandit sans savoir. Le silence revient dans la pièce puis Ondine pose la fameuse question, celle qui lui brûle les lèvres depuis son arrivée « Pourquoi tu es là ? » Pour la première fois, Ondine pose son regard dans celui de cette femme, elle veut la vérité, elle veut comprendre. Pendant de longues minutes, la femme ne dit rien et Ondine se dit qu’elle ne le fera jamais. Alors Ondine se lève. Ce mouvement semble délier les langues « J’ai tué ton petit frère … » Ondine se fige. Voilà une crainte qui se confirme, elle est la fille d’un assassin. Ondine la fixe « Pourquoi ? » Mais elle part avant d’avoir la réponse et vas s’effondrer en larme dans les bras de sa maman, celle qui l’a élevée, qui la protège et qui l’aime.

Musique douce, posée sur son lit, Ondine était heureuse. Elle se sentait bien dans les bras de cette fille, Jézabelle. Sa bulle d’oxygène, son échappatoire. Jéza ne savait rien de cette histoire, histoire qui avait fait le tour du lycée deux semaine après sa visite au parloir. Évidemment personne n’avait jamais dévoilé qui était la source de la rumeur mais Ondine savait très bien qu’elle ne devait sa réputation de fille de meurtrière qu’a une seule personne. Celui qui était pourtant son frère sur les papiers et dans le cœur de ses parents adoptifs, Valentin. Leur relation ne s’est jamais améliorée, bien au contraire. Alors quand son frère adoptif avait appris les origines de celle qui avait toujours prit sa place dans le cœur de ses parents selon lui, il s’était empressé de faire courir cette foutue rumeur. Ondine avait eu du mal à faire face à ça. Mais Jezabelle était arrivée. Et Jezabelle avait fait décoller Ondine. Avec elle tout allait bien, tout était beau et mieux. Sa vie redevenait belle, elle avait enfin quelqu’un auprès de qui elle se sentait elle-même. Ondine, juste Ondine, pas la gamine recueilli par la meilleure amie de sa mère, pas la gamine dont le petit frère avait été tué par sa mère, pas la gamine dont le père brillait par son absence. Juste Ondine. Et c’était bien d’être Ondine avec Jézabelle. La jeune fille était drôle, naturelle, tout ce qu’Ondine aimait. Les deux filles profitaient que personne ne soit chez Ondine pour passer du temps toutes les deux. Elles s’embrassaient, se chatouillaient et riaient. Elles étaient dans leur monde. Puis soudain la porte s’ouvrit. Ondine quitta les lèvres de Jézabelle pour relever la tête et découvrir Valentin. Elle envoya un oreiller vers lui en lui hurlant de dégager. Valentin attrape le cousin et ricane « Tient la gamine parfaite se tape une fille, ça ne va pas plaire à papa ça ! » Ondine se lève pour gifler Valentin qui vas trop loin cette fois. Mais c’est à ce moment-là que leur père rentre. Valentin s’empresse de rejoindre son père « Papa ! Ondine se tape une fille ! » La brune arrive et elle capte le regard de son père sur elle, un regard tellement déçu que son cœur se brise. La fierté de ses parents c’est tout ce qui comptait. « Il raconte n’importe quoi, on préparait juste un exposé » Elle fusille son frère du regard puis elle remonte, plante son regard dans celui de Jéza et murmure « C’est fini »

Contemplant son reflet dans la vitre, Ondine attend qu’elle arrive. Il lui aura fallu deux ans pour revenir la voir. Et depuis elle venait là un jeudi sur deux, toujours toutes seule, sa mère ne l’accompagnait plus, ne comprenant pas. Elle passait un quart d’heure à fixer cette femme qui était censé être sa mère et elle ne disait pas un mot, elle écoutait la femme parler mais dès que le sujet déviait elle partait. Au bout de quinze minutes elle se levait, disait au revoir et filait. Pas un mot échangé en plus, pas vraiment de regard non plus. Elle avait failli arrêter de venir, elle n’avait pas envie de savoir en fait, elle ne savait même plus pourquoi elle restait avec elle. Mais elle avait une bonne raison de venir maintenant. Une fois dehors elle sort une cigarette et puis elle rejoint cette bonne raison sourire aux lèvres, Lorenzo. Lui aussi il vient rendre visite à quelqu’un ici. A force de se croiser ils ont fini par se parler. De fil en aiguilles ils se sont donnés un rendez-vous silencieux. A chaque fois ils se retrouvent, échangent une cigarette ou quelques mots. Elle apprécie ces moments passé avec lui. « Alors ? » Elle hausse les épaules. Elle s’est confiée à Lorenzo, car il était un peu dans le même bateau, lui c’est son père qui se trouvait là, pas pour les mêmes raisons certes mais il pouvait comprendre. Lorenzo caresse sa joue tout doucement et Ondine le fixe un peu surprise. Ils sont proches mais Lorenzo ne s’est pas montré si proche, jamais. Finalement Ondine écrase sa cigarette « On vas faire un truc ? » Lorenzo ne se fait pas prier. Quelques minutes plus tard les voilà au cinéma et à la fin de la séance les gestes affectueux de Lorenzo ne dérange absolument plus Ondine, loin de là.


Elle pleure, terrorisé. Comment vas t’elle pouvoir faire ? Elle ne se sent absolument pas prête à affronter ça. Pourtant elle sait qu’elle n’a pas vraiment le choix. Lorenzo rentre du travail et il se précipite vers sa femme quand il l’entend pleurer. La présence de son mari redonne le sourire à Ondine. Elle l’embrasse comme à son habitude, le laissant deviner au goût légèrement salé de ses lèvres, qu’elle a pleuré. Il l’attrape par la taille et murmure tout doucement [color:435c=#v]« Chérie ? Qu’est-ce qu’il y a ? » Ondine se remet à sangloter. Elle aimerait le dire calmement, pas se mettre dans un tel état. Mais c’est mission impossible. Elle finit par sangloter « Je suis enceinte » Lorenzo a un grand sourire, Ondine savait qu’il réagirait bien. Ce n’est pas la réaction de son mari qui l’inquiétais, loin de là. Mais c’est sa réaction à elle qui la terrorise. Si elle lui faisait du mal à ce bébé ? Comme sa mère. Elle ne sait pas ce qui a poussé sa mère a tué son petit frère mais si c’était en elle aussi ? Si elle tuait son bébé ? Elle ne supportait pas cette idée. Alors savoir que dans son ventre grandissait un petit humain, ça la terrorisait. Lorenzo embrassa son front « Mais c’est super mon amour » Ondine secoue la tête, non ce n’est pas superbe, ce n’est pas merveilleux, c’est effrayant. Il ne comprend pas, il ne peut pas comprendre. Ondine n’as jamais dit pourquoi sa mère était en prison. Il la regarde perplexe « Tu ne veux pas de cet enfant » Ondine ne sait pas tout de suite quoi répondre, la question mérite réflexion pour elle. Petite elle voulait une grande famille et puis elle a découvert cette femme derrière les barreaux et la question ne s’est plus vraiment posé. Elle finit par murmurer « Si bien sûr que si mais j’ai peur Lorenzo, très peur. » Il caresse de nouveau sa joue « C’est normal, tous les parents ont peur » Ondine finit par murmurer « Certain tellement qu’ils tuent leurs enfants » Son mari la relâche un peu, totalement perdu « Tu … ? » Il ne finit même pas sa phrase, la simple hypothèse qu’Ondine puisse faire du mal à un enfant le laisse sans voix. Elle secoue vivement la tête, jamais. « Ma mère » Il presse sa main « Tu n’es pas ta mère » La brune fait un faible sourire, il a raison, elle n’est pas sa mère et elle prendra soin de cet enfant, elle s’en fait la promesse. Ondine embrasse avec tendresse son mari, il sait trouver les mots pour la réconforter. Elle l’aime et bientôt il y aura une preuve supplémentaire de leur amour dans ce monde, un petit bout d’eux deux.

A travers l’écran de son téléphone Ondine babille comme une folle et de l’autre côté un petit bonhomme s’agite. Elle sourit tendrement, il est si beau son fils et c’est un tel déchirement pour elle d’être si loin de lui. Mais elle n’avait pas le choix. La naissance de son fils avait fait remonter tellement de chose. Elle avait besoin de savoir, elle ne pouvait pas rester comme ça, ses questions avaient besoin de réponses et le seul moyen de les avoir était de confronter cette femme. Alors elle avait pris un avion pour retourner aux Etats-Unis. Elle envoie un dernier bisou puis son mari retourne le téléphone vers lui « Il vas bien ? Il me manque tellement et toi aussi » Lorenzo sourit « Tu reviens demain chérie, je te jure que d’ici là il ne t’aura pas oublié et promis il ne marchera pas avant au moins six mois » Face à ce regard taquin Ondine tire puérilement la langue à son mari « Facile toi tu n’as jamais été séparé de Pablo plus d’une journée ! » Son mari rit « Et toi tu ne le quitte pas depuis sa naissance, tu sais il va falloir trouver quelqu’un quand tu reprendras le boulot » Ondine lève les yeux au ciel « Je sais » Elle n’a pas envie de se relancer dans ce débat. Ils ont vu un tas de nourrices et aucune ne s’est attiré la sympathie et la confiance d’Ondine, après tout elle allait quand même garder leur petite merveille, il ne fallait pas que ce soit n’importe qui. « Bon ils ouvrent les portes j’y vais » Elle raccroche, trop heureuse d’avoir réussi à éviter le débat, ils ont encore un mois pour trouver une nourrice, d’ici là elle n’a pas envie de penser aux longues séparations de son petit ange, déjà ces quatre jours dans son pays natal sont les pires de sa vie.

Même mur grisâtre, même vitre un peu sale et même silence angoissant. Non rien n’a changé depuis la dernière fois qu’elle s’était retrouvé ici, comme si le temps s’était arrêté. Mais ce n’était pas tellement le cas, elle avait grandi, décroché son diplôme, obtenu un bon poste et elle avait construit sa famille. C’était pour ça qu’elle était là. Il restait une page à tourner pour avoir un avenir parfait. Et pour ça il fallait qu’elle arrête de jouer à la sourde. Aujourd’hui elle allait entendre ce que sa mère avait essayé de lui dire plusieurs fois. Elle allait savoir ce qui avait poussé sa mère à commettre un crime odieux. Peut-être aussi qu’elle pourrait savoir qui était son père. La brune regarde la femme rentrer, plus vraiment brune cette femme-là. Si le lieu n’a pas changé, on ne peut pas en dire autant de cette femme, on dirait qu’elle a pris trente ans depuis la dernière fois. Ondine se force à la saluer doucement alors que l’autre la fixe d’un air étonné « Je ne pensais plus te voir » Sa fille répond simplement « Les Etats-Unis et la France c’est pas vraiment la porte à côté » Sa mère répond « Je vois, tu n’avais rien pour te retenir » Ondine secoue sa tête faisant bouger sa crinière brune avec « Si j’ai mes parents ici mais là-bas j’ai du monde aussi » Elle n’approfondit pas plus, cette femme ne mérite pas de savoir quoi que ce soit de la vie d’Ondine. « Aujourd’hui c’est moi qui pose les questions de toute façon ! Je veux savoir ! Pourquoi tu lui as fait ça » Pas besoin de préciser de qui elle parle. Cette femme est une meurtrière certes mais elle n’est pas idiote. La femme reste silencieuse un long moment avant de déclarer « Pour te protéger » Ondine perd pied, pour elle, sa mère aurait tué son petit frère pour elle. Ses mains se crispent sur sa chaise, non elle cherche juste à rejeter la responsabilité sur elle, elle veut déculpabiliser. Ondine souffle « Raconte ! » Elle ne voit pas comment elle aurait pu être coupable. La femme reprend « Ton père, il voulait un fils, il s’est contenté de toi car il n’avait que toi, mais avec ce garçon, il t’aurait tué toi. C’était lui ou toi ! » Ondine la fusille du regard « Tu l’as tué pour ne pas qu’il me tue moi ?! » Mais c’était tellement idiot, pourquoi faire ça, il y avait des tas de gens qui auraient pût l’aider mais elle avait décidé de tuer son fils. Ondine la fusille du regard « Tu mens ! Ça n’a rien à voir avec moi ! Tu as tué ton fils, tu en avais rien à faire de lui et moi c’est pareil ! » Sa mère se met à sourire. D’un sourire malsain dont l’image ne s’effaceras plus jamais. « Si tu avais vu sa gueule quand il a retrouvé ce gosse mort, il en chialait, il vous aimait tellement, vous qui avez gâchée ma vie ! S’il était arrivé plus tard à toi aussi je t’aurais tordu le cou ! Tu n’as aucun droit de vivre heureuse alors que tu as détruit ma vie ! » Ondine se lève et la fixe froidement « En attendant moi je suis libre alors que tu croupis ici, vielle et seule » Elle sort sans rien ajouter. Plus jamais elle ne verra cette femme. Elle pensait qu’il y avait du bon en elle, des remords mais maintenant elle sait deux choses. Elle ne doit rien à cette femme et surtout, le plus important, elle ne lui ressemble en rien. Dernière page tournée. Sa famille c’est les parents qui l’ont élevé, ce frère insupportable, son mari et puis son fils, sa raison de vivre.

Assise sur son lit, elle regarde son mari faire sa valise sans un mot. Si quelques années plus tôt on lui avait dit que son couple finirait par se séparer, elle aurait ri en pensant à une mauvaise blague. Mais cette mauvaise blague était réalité aujourd’hui, de leur couple il ne restait plus grand chose. Pourtant ils avaient tout pour être heureux, de beaux métiers, une belle maison et un magnifique petit garçon. Mais un seul petit garçon, c’était là tout le drame qui avait fissuré les bases si solides de leur couple. Quelques mois plus tôt ils attendaient avec impatience l’arrivée d’un nouvel enfant, un autre petit garçon qui allait venir agrandir la famille, leur famille parfaite. Ondine allait avoir sa famille nombreuse. Mais c’était avant. Avant l’accident, sans cet accident ils auraient Thiago dans leur bras à cet instant mais ce n’était pas le cas. Elle tend machinalement les affaires à Lorenzo « Tu t’installes où déjà ? » Il la regarde à peine « Je te l’ai dit Ondine, chez un ami, il a de la place pour moi et pour Pablo quand ce seras mon tour » Ondine se crispe « Pablo reste avec moi ! » On ne lui prendra pas son fils, pas celui-là. Elle pose une main sur son ventre vide. Non il ne peut pas faire ça. Lorenzo la fixe « C’est aussi mon fils Ondine, tu ne vas quand même pas m’empêcher de le voir ? » Ondine sert le poing « On régleras ça avec nos avocats » Il soupire et boucle sa valise. Elle tient sa promesse et quand la question de la garde se pose, elle se bat bec et ongle. Elle finir par gagner et c’est sans aucun remord qu’elle décide de quitter la France, pays où elle avait suivit son mari, pour retourner auprès de ses proches, avec son fils dont elle a la garde pleine et entière.