Cela faisait une semaine que t'étais revenue, une semaine que tu n'avais pas fait grand chose à part dormir. T'étais passée chez le coiffeur pour changer de coupe de cheveux ainsi que de coloration, et à présent, tes cheveux étaient rouges et blonds en bas. T'as toujours aimé l'originalité, te faire voir avec ton apparence. T'avais un peu tourné en rond, regarder les dernières actualités que tu avais manqué, et avait affronté par la même occasion une tempête dans la ville. T'étais restée au manoir avec comme seule visite celle de ta meilleure amie qui en revenait pas que tu sois encore en vie. Tu appréciais sa compagnie, et au moins, t'étais pas tout à fait seule. Depuis la mort de tes parents dans un accident de voiture, ta vie avait plutôt basculé. Tu ne t'étais jamais sentie aussi seule et encore plus désormais.

Mais il y avait une chose dont il fallait que tu t'occupes et tu avais attendu d'être prête avant de te lancer à l'aventure. Tu ne savais pas comment lui annoncer ou réapparaitre dans sa vie, mais il te fallait improviser. Rayan Hartmann. Cet homme qui te croyais encore morte, sans doute, et que tu n'avais pas revu depuis ton retour. Tu avais appris qu'il donnait des cours à l'université de Columbia, et ni une, ni deux, tu étais décidée à le voir. Il fallait que tu le revois, c'était obligé. Il fallait qu'il sache que tu étais bel et bien en vie, que tu n'étais pas indifférente à toutes les choses qu'il t'avait dite avant de tomber. D'une certaine manière, tu l'aimais. Il était marié, mais c'était plus fort que toi.
Tu te levas de bonne heure pour arriver à temps à l'heure, te prépara et t'habilla le plus naturellement possible. Tu ne savais pas vraiment s'il allait te reconnaître, mais tu sauras aller vers lui en cas contraire. Tu pris ta moto et te dirigeas jusqu'à l'université où tu te garas sur le parking. T'étais un peu nerveuse, mais plutôt confiante. Tu demandas à l'accueil le cours du professeur Hartmann en te faisant passer pour une étudiante un peu perdue et tu te dirigeas vers la salle qu'on t'indiqua. Le cours avait déjà commencé depuis quelques minutes, et c'est discrètement que tu t'installa dans l'amphithéâtre, pendant que Rayan, bel et bien vivant, expliquait son cours. Lorsqu'il posa les yeux sur toi, tu redressas ton bras et secouas tes doigts pour le saluer de loin.

@Rayan Hartmann

La reprise des cours. Tu viens de rentrer et normalement, il te restait encore la fin de la semaine avant de reprendre les cours. Tu devais déjà te remettre de l'état de ton bras soutenu contre ton torse par une écharpe d'immobilisation. Tu avais eu droit à de l'infection. C'est sûr que ne pas t'en occuper pendant un mois a occasionné des problèmes. Dès que tu es arrivé, t'étais passé à l'hôpital et on t'avais arrangé ça. Ils avaient rebrisé les os pour les replacer. C'était douloureux, mais tu allais t'en remettre. Tes étudiants ont remarqué dans quel état tu étais. Beaucoup ont posé des questions, mais peu de réponse ils ont eu. Tu étais faible d'esprit et ton cours était plutôt platonique comparativement à d'habitude. Tu étais face au tableau quand la porte a ouvert. Tu n'y as pas porté attention, les retards ça te répugnaient et tu saurais très bien qui c'était, tu as tout de même beaucoup de mémoire.

Tu continues ton cours pendant plusieurs minutes avant de te tourner face à la classe. Tu croises le regard de plusieurs étudiantes qui te font les yeux doux, mais tu continues ta volé de tes regards. Tu continues ta matière en évaluant la réaction de tes étudiants, puis à travers ce lot ton regard s'arrête sur elle. Ton coeur rate un battement et tu cesses de parler. T'as une faiblesse dans les genoux. « Proffesseur ? » Tu tournes ton regard vers l'étudiant. « Ou est-ce que j'en étais ? » Tu te fais ramené à l'ordre par tes étudiants qui se mettent à rire. Tu te racles la gorge et t'approches de ton bureau. T'as l'impression d'avoir vu un fantôme. T'as la nausée soudainement. Tu t'appuies contre ton bureau et tu fermes les yeux. Tu restes silencieux pendant une dizaine de minutes. Les comères se lancent et tu viens frapper ton poing contre le bois. « Tout le monde dehors. DEHORS! » Tu te laisses tomber sur ta chaise en venant te prendre la tête entre les mains. Ta voix étaient rouée et tu étouffes un sanglot. Pourquoi est-ce que tu étais proie à ces visions... Ça n'arrêtait pas depuis que tu avais lâché prise...Tu entends tout le monde se lever et tu te refermes sur toi-même. T'as même une larme qui coule le long de ta joue.

Avant d'entrer dans l'université, t'as hésité. Mais c'était l'unique moyen que t'avais trouvé pour le voir en vrai. Tu ne voulais pas l'appeler ni lui envoyer de message, c'était trop superficiel pour toi. T'avais besoin de le voir en chair et en os, tout comme le fait que tu serais plus crédible si tu le voyais que si tu l'appelais ou lui envoyais un message. Il t'avais manqué mine de rien, et t'espérais ne pas trop l'ébranler en faisant apparition soudainement.
L'université, cela faisait longtemps que tu n'y avais pas mis les pieds. Plusieurs années même. Celle ci était plutôt grande, mais heureusement, pas autant que celles que tu avais pu côtoyer. Tu trouvas assez rapidement l'amphithéâtre où Rayan était occupé à donner son cours et tu t'installas à une place libre. Tu faisais un peu tâche parce que tu n'avais pas d'affaire, pas d'ordinateur ou de papier pour noter le cours mais tu te contentais de l'observer de loin. Il était toujours aussi beau, quoiqu'il avait la mine fatiguée.
Au bout d'un moment, il t'aperçus et s'arrêta dans son discours avant qu'un élève ne vienne le rappeler à l'ordre. T'eus un sourire amusé mais tu le laissas poursuivre son cours. Mais cela ne dura pas. Au bout d'un moment, Rayan exigea que la classe sorte puis il s'assit à son bureau et tu le vis... pleurer?
Tu restas un long moment immobile pendant que les élèves sortaient, toujours à ta place. Tu ne savais pas comment l'aborder, ce n'était pas une tâche aisée. Tu finis par te lever pour le rejoindre. Tu posas une main sur son épaule et tu caressas le haut de son dos pour le rassurer. T'étais bel et bien en vie.

Elle est là, suspendue à ton bras, l'autre, coincé au dessus de ta tête, enroulé dans la corde. Elle te déchirait la peau, se resserrait et pourtant, tu ne pensais qu'à la sortir de là. T'as merdé, tu l'as laissée tomber, tu l'as abandonnée. C'est tout ce à quoi tu penses. Ton coeur te fait mal, pourtant, ce n'est pas elle que tu as épousée. Tu lui as dit et maintenant, tu dois vivre sans elle. Elle qui te hante depuis un mois maintenant. Tu ne dors même plus dans le même lit que ta femme. Elle passe son temps à te hurler dessus, mais tu n'écoutes rien. Tu es vide. Tu prends les injures et tout, sans broncher. Ta seule liberté, c'était le boulot et c'est bien pour ça que tu as accepté quand ils t'ont demandé de venir.

Ta classe est devenu ce petit havre de paix qui te faisait échapper à ces cauchemars représentant sa mort. C'était le seul endroit ou tu n'avais pas l'impression de la voir. Enseigner l'archéologie à des jeunes qui semblaient passionnés, mais dès que tu vois son visage dans la foule, son sourire, elle te manquait tellement. Tu t'es cru devenir fou. Tu as repoussé tout le monde, tu les as tous fait sortir en espérant que cette hallucination disparaisse avec eux. T'es là, seul dans cet amphithéâtre à te morfondre sur toi-même. Tu te sens responsable de sa disparition et depuis qu'elle n'est plus là, ton coeur hurle le manque. Tu aurais du te taire et ne pas lui dire ce que tu ressentais. Tu te sentirais peut-être mieux.

C'est pas vrai... Tu te sentirais tout aussi mal. Elle n'est plus là. Tes mains tremblent et la douleur dans ton bras te prends à nouveau et tu le laisses tomber. À ce moment là, un contact se créé sur ton épaule. Tu tournes la tête à l'opposé et les traits sur ton visage se décompose. Tu hésites un instant, mais tu finis par tourner la tête. Ton regard se pose sur... « Jolene... » Tu la détaille de haut en bas et tu viens toucher son visage. Elle est bien là, elle est en vie. Tu pousses ta chaise vers l'arrière pour te lever. Tu ne refléchis pas et tu glisses ton bras autour de ses épaules la prenant contre toi. « T'es en vie... Je t'ai attendu un mois au camp... Je... Je croyais que t'étais morte... Mais... T'es là... » Tu te recules pour croiser son regard posant ta main sur son visage à nouveau.

Toi même tu ignorais comment t'en étais arrivé là. Si t'avais fait plus attention, tu ne serais pas tombée dans le ravin et Rayan n'aurait pas tenté de te sauver. Tu te rendais compte du traumatisme que ça avait dû lui infliger parce qu'à sa place, t'aurais été dans le même état. Tu te serais pas pardonné de l'avoir laissé tomber, et t'en aurais probablement fait des cauchemars. Mais t'avais survécu, t'étais plus forte qu'on ne le pensait. On ne pouvait pas se débarrasser de toi si facilement visiblement. T'étais restée inconsciente plusieurs jours, l'entièreté de ton corps t'avais fait mal, tu t'étais fêlée deux côtes mais t'étais plutôt ressortie indemne. Si on avait pas pris soin de toi, Dieu seul sait ce qui serait advenu de toi. Mais t'avais une bonne étoile, heureusement.
Cela te faisait étrange de revoir Rayan. Ton Rayan. L'histoire que vous partagiez tous les deux était unique. Tu l'aimais, et visiblement, c'était réciproque, mais il était marié et c'était un peu plus compliqué que cela. Pour le moment, tu ne te préoccupais pas tant de tes sentiments pour lui. Ta priorité, c'était le revoir et lui montrer que t'étais bel et bien en vie.
Lorsque tu le touchas, Rayan se tourna vers toi et prononça ton prénom. Tu esquissas un sourire à son adresse, tes yeux plantés dans les siens. Rayan finit par se lever et enroula son bras autour de tes épaules. Tu posas tes deux mains contre son dos pour profiter du câlin qu'il te donnait, puis il se recula pour mieux t'observer. Il te fit remarquer que tu étais en vie et te dit qu'il t'avait attendue un mois au camp en pensant que t'étais morte. Tu posas une main sur sa joue et tu caressas cette dernière du revers de tes doigts.

"Tu ne te débarrasseras pas de moi aussi facilement." Lui dis-tu enfin alors. "J'ai eu un mal fou à revenir parce que je n'avais pas de papiers mais je suis là désormais."

Ce fut à ton tour d'avoir une perle de larme qui coula le long de ta joue. T'étais émue, émue de le revoir, bel et bien là à tes côtés. Tu échappas un rire nerveux devant ta propre stupidité, tu ne pleurais jamais en général, mais là c'était plus fort que toi.

"Tu m'as manqué Rayan." ajoutas-tu alors sous un autre rire.  Tu ne riais pas parce que la situation était drôle, non. C'était juste... trop beau. Et t'étais contente de le retrouver après tout ce temps.

Dire que tu t'étais laissé prendre au jeu à deux reprises. Elle n'avait pas seulement pris ton corps sous sa possession, non, elle avait pris ton coeur. En fait, dès la première fois, elle l'avait récupéré et t'as fait le mauvais choix. Ta vie aurait été différente si tu avais pris la décision d'être avec elle. Elle t'offrait plus que ta femme n'arriverait à te donner. Elle n'arrivait même pas à te donner un enfant, alors de là à te satisfaire dans la vie générale... Tu n'y crois pas. Le meilleur coup que tu as eu dans ta vie entière c'était Jolene, la tigresse devant toi. T'oubliras jamais comment vous vous êtes rencontré. Vous vous batiez pour la même relique. Et merde, tu revivrais ce moment si ce n'était que de toi.

Tu fermes les yeux en laissant ta tête s'incliner contre sa main. Tu pousses un soupire, soulagé. « J'ai pas envie de me débarasser de toi. Deux fois c'est déjà assez. Même trop. » Tu ouvres les yeux pour la regarder et tu ajoutes. « Tu connaissais mon numéro... Tu aurais pu m'appeler. » Tu ne penses même plus au fait que tu la croyais morte. Tu n'y penses même plus. Elle est là et tout part de travers dans ta tête. Si tu l'avais su plus tôt, tu aurais pas la ramener avec toi. Mais t'avais que ce deuil sur le dos. Même si ta femme venait à mourir, tu n'aurais jamais eu autant de chagrin. Avec sa mort, tu t'as compris que c'était avec elle que tu voulais être et revenir aux bras de ta femme, ça te tuait à petit feu... T'avais perdu l'envie de travailler, ton boulot ne te passionnait plus autant. Tu viens glisser une main sur sa joue pour retirer cette larme qui te perturbe. Tu te raproches d'elle, laisses ta main se glisser au creux de sa nuque et tu plonges ton regard dans le sien à nouveau. « Jolene... » Tu n'avais pas pu lui voler un dernier baiser avant qu'elle ne chute et il faut l'avouer, il te démange depuis. Tu la rapproches de toi sans trop réfléchir et tu viens poser tes lèvres contre les siennes en douceur.

La relation que tu entretenais avec Rayan était particulière et chère à tes yeux. Tu étais tombée amoureuse de lui et pourtant, tu l'avais laissé partir avec cette autre femme pour qu'il aille se marier. Tu ne voulais que son bonheur et tu ne voulais pas être une interférence à ce bonheur là. Alors même si tu l'avais aimé, et que tu continue de l'aimer aujourd'hui, tu l'avais laissé faire. Sa décision avait été prise de toutes façons, t'aurais rien pu faire. Alors, pour l'oublier, tu t'étais mariée aussi et ça avait été la pire de tes décisions. T'avais fait la conclusion que t'étais mieux seule, sans aucun homme dans ta vie. Ta vie, c'était ton boulot et voilà tout. Ton seul regret était de ne pas avoir eu d'enfant. Tu vieillissais et l'horloge biologique te le faisait rappeler. Mais t'avais pas encore trouver l'homme parfait et ça n'était pas prêt de s'arranger.

Pourtant, Rayan te faisait comprendre que les sentiments que tu lui portais étaient réciproques et t'avais du mal à réagir. Tu te demandais s'il comptait quitter sa femme pour vivre avec toi, si t'étais capable de lui demander une chose pareille. Aussi, lorsqu'il te dit qu'il n'avait pas envie de se débarrasser de toi parce que deux fois c'était trop, tu l'observas avec attention. Tu posas ton front contre le siens et tu fermas les yeux.
"Je serais toujours là pour toi Rayan" murmuras tu à demi mot. Tu rouvris les yeux lorsqu'il te dit que t'aurais pu l'appeler et tu esquissas un sourire narquois.
"Et rater la tête que tu as fait en me voyant? Oh non, c'était plus approprié que je vienne te voir directement."
T'étais émue de le retrouver, à tel point qu'une larme s'échappa de tes yeux pour couler le long de ta joue. Une larme que Rayan chassa en la voyant. Il murmura ton prénom et tu te pinças les lèvres. Vous étiez très proches tous les deux et pourtant, t'aurais dû prévoir ce qui allait se passer. Tu sentis les lèvres de Rayan se poser sur les tiennes et tu fermas les yeux en te laissant guider par le baiser. Tu posas tes mains contre son torse et tu prolongeas le baiser langoureusement. Un baiser tendre et sucré auquel tu n'avais pas eu le droit la dernière fois. C'était comme une drogue pourtant, ça te faisait du bien. Aussi, à la fin du baiser, tu posas ton front contre le siens et tu fermas les yeux.
"Ça aussi, ça m'avait manqué" dis-tu d'une voix basse.

« Ne me fait plus un coup pareil. Cette fois, on ne se quitte plus. » Tu laisses tomber un rire. Maintenant, en repensant à ce moment, ouais t'allais en rire. Tu devais avoir eu une sale gueule. Si quelqu'un t'avait dit : "Ça va ? On dirait que t'as vun un fantôme." T'aurais tout simplement répondu : "Huh ouais, exactement!" Pourtant, ce n'étais pas l'écho d'un souvenir, ce n'était pas une fiction, ni même une hallucination. Elle était bien là. Elle s'était glissé dans la foule de tes étudiants et elle t'avait surpris. Tu la regardes, elle et ce sourire narquois... Tu ne peux que lui sourire à ton touor. « C'est vrai que ça a du être marrant à voir de l'autre côté. Je comprennais plus rien... Je te croyais morte avec cette chute... J'avais l'impression de voir un fantôme... » Le plus beau fantôme qui puissait exister sur cette terre. Un ange peut-être ? Non, elle n'avait rien d'un ange, elle était différente... Elle te faisait ressentir les choses comme personne et tu ne peux pas penser autrement.

La retrouver te fait réaliser que ta vie n'avait plus de sens sans elle. Tu l'avais retrouvé et regardes ce qui est arrivé... Elle t'avait filé entre les doigts à nouveau... Le Karma ne voulait pas de vous deux ensemble. Tu ne t'étais pas retenu de l'embrasser, tu en avais besoin. T'as repris son visage entre tes mains à nouveau et tu as plongé ton regard dans le sien. « Te perdre m'a brisé le coeur... »

Tu t'étais un peu attendue à la réaction de Rayan. A vrai dire, si les rôles avaient été inversés, t'aurais été tout autant bouleversée. Mais ça te touchait de te rendre compte à quel point il tenait à toi. Tu n'avais jamais eu d'importance pour quiconque, hormis pour les yeux de tes parents et les quelques amis que tu avais. Mais de la part d'un homme, jamais. Pas même ton ex mari pour qui tu n'avais été qu'un objet. Il n'avait pas eu de respect envers ta personne, sinon il ne t'aurais pas fait subir tout ça. Mais Rayan, c'était différent. Pourtant, il avait choisi à se marier avec une autre le jour où vous aviez passé la nuit ensemble. Tu n'avais pas pu le blâmer. Vous vous connaissiez à peine et même si le feeling était passé, il devait connaitre mieux sa femme que toi. Puis vous vous étiez fréquentés à plusieurs reprises, jusqu'à ce qu'il te révèle ses réels sentiments. Jusqu'à ce que tu faillis mourir une bonne fois pour toutes dans ces montagnes.

"Rassures toi, je ne compte aller nul part pour l'instant."

Et quand bien même tu partirais, tu lui proposerais de venir avec toi. Toi non plus tu n'avais plus envie de le quitter, tu t'étais bien trop attaché à lui pour cela.
Tu lui avais fait un sacré coup, t'en étais consciente, mais t'avais pas su t'y prendre autrement. T'avais toujours aimé être surprenante et ces retrouvailles improvisées en étaient la preuve. T'aimais pas le classique, tu ne voulais pas te contenter d'un simple coup de téléphone, tu voulais lui prouver de ton existence en chair et en os. Et t'avais plutôt réussi ton coup.

"Je sais Rayan, je sais. Mais je suis bel et bien en vie, à moins que je ne sois pas au courant. J'ai moi même cru que... enfin, tu sais."

Tu avais cru ne pas t'en sortir. Au final, tu t'en étais plutôt bien sorti. En tout cas, t'étais si heureuse de le retrouver que tu ne l'avais pas repoussé lorsqu'il t'avais embrassée. Au contraire, t'avais prolongé le baiser, savourant ce moment avec intensité. Tu avais l'impression de redevenir vivante tout à coup, de ressentir quelque chose de vrai. Il t'as pris le visage entre ses mains et t'avais pas trop le choix que de le regarder. Tu l'observas tandis qu'il te disait que te perdre lui avait brisé le cœur. Tu caressas doucement sa joue de ta main tandis que tes lèvres traçaient un sourire paisible.

"Vraiment? Je... je ne pensais pas être aussi importante pour toi. Je veux dire.. un peu, mais pas autant."

Tu posas tes deux mains sur ses joues et tu lui baissas doucement la tête pour poser tes lèvres sur son front. Tu te sentais beaucoup mieux à présent, avec lui, même si être dans sa salle de classe était toujours un peu bizarre.

« Je te l'ai dit Jolene... Tu l'es, plus que je ne l'aurais cru. Je quitterais ma femme pour toi. Jamais je n'aurais du l'épouser. » Tu la laisses faire et tu fermes les yeux dans un soupire. Ça n'a pas le même effet que lorsque ta femme te touche, c'est beaucoup plus que ça. Tu glisses une main sur sa joue à nouveau et l'autre au creux de son dos pour la rapprocher de toi, tu relève tranquillement la tête pour l'embrasser, mais la porte s'ouvre. « Monsieur Hartmann ..? » Tu te freines net dans ta lancé. Tu te mords la lèvre inférieure et tu te redresse. Tu caresses en douceur sa joue avec un sourire. Tu jettes un coup d'oeil vers l'étudiant qui avait baissé la tête. « Donne-moi une minute. » Tu ramènes ton regard sur elle et glisses tes doigts sous son menton pour lui relever la tête. Tu embrasses en douceur sa joue. « Je dois y aller. Tu m'écris, d'accord ? » Tu lui fais un sourire, caresse sa joue en douceur avant d'agripper ton sac et rejoindre ton élève. Rendu à la porte, tu le laisses sortir en premier et tu te tournes vers elle. Tu la regardes tendrement, ça te rassure tellement de la voir en vie, que tu te sens soudainement serein. Tu te fiches de foutre ton mariage en l'air.