En vrac...
I Tu as habité la rue depuis si longtemps que tu n'as pas la même élocution que d'autres. Tu sais parler, bien entendu. Tu sais très bien, si tu te forces. Sauf que tu t'es adaptée au langage criminel, alors la vulgarité quitte tes lèvres sans même que tu n'y fasses gaffe, désormais. II Tu as une addiction, outre celui qui fait battre ton coeur. La drogue. Des petits comprimés aux sachets de poudre en passant par les rouleaux magiques, tu as commencé à consommer assez jeune. C'est sans doute l'une des rares choses que tu fais qui vient contredire James, bien qu'il ne t'empêche pas pour autant. III Amatrice de films. Les films d'horreur, notamment, ou les thrillers psychologiques aussi. Tout ce qui capte ton attention ou qui fait travailler ton esprit. Puis, il y a ce petit côté fleur bleu bien loin de l'admettre qui ne refuse pas une comédie romantique. ÎV Il y a une fine et courte ligne creusée à ton front. Résultat d'un combat aux poings à la suite d'un éclat de jalousie de ta part. C'est dur, un comptoir de bar. Mais au moins, t'as gagné et t'as une belle blessure de guerre, finalement.  V L'eau te terrorise depuis que ton père aura tenté de te noyer à même le bain au courant de l'une de ses maltraitances. Tu n'aimes pas te retrouver dans tout ce qui pourrait te faire amener au fond de l'eau et t'étouffer. Heureusement, votre nouvel appartement n'a plus de bain. Les instants relaxation te manquent parfois, mais les souvenirs sont trop récents. VI Tu gardes la bague de ta mère accrochée à une chaîne à ton cou. Un souvenir d'elle, le seul que tu te permets en dehors d'une vieille photo. Souvenir amer, mais il y a aussi la mémoire qui se souvient de ses câlins, ses baisers à ton front et ses berceuses avant d'aller dormir. Tu serais prête à tuer quiconque cherchant à te retirer ton bien le plus précieux. VII Il n'y a que James qui, jusque là, a assisté à ton côté plus délicat, doux et fragile. Si tu es prête à tuer pour lui, tu pourrais aussi mourir sans lui. VIII Ayant quitté l'école jeune sans être bonne élève, tu as de la difficulté à l'écrit et certaines notions de base.

One hell of a story
« Maman? Pourquoi tu pars? »

Tu n'as pas plus de neuf ans quand tu vois ta mère avec ses valises, au bord de la porte d'entrée de votre appartement. Tu ne comprends pas ce qu'il se passe, tu ne sais pas non plus pourquoi. Tu lui en veux, à ta mère. D'ainsi abandonner votre famille, de défaire cette petite harmonie qui vous entoure. Tu ne sais pas qu'elle avait une affaire depuis des mois avec cet autre homme. Qu'elle aura trompé ton cher père depuis si longtemps déjà que lorsqu'il aura appris la nouvelle, il s'est détruit et la solution aura été radicale: Ils doivent se séparer. Pire encore, c'est ta mère qui aura lancé le coup de feu, qui aura annoncé la tragique fin évidente. Elle a mis les faits de l'avant, il les aura acceptés sans réellement le faire, plus par obligation de son sort de mari cocu plutôt qu'autre chose.

Tu as refusé de la voir, ta mère. Refusé de lui parler de nouveau lorsqu'ils auront tentés de faire une entente de garde partagée. « Je reste avec papa, il ne nous abandonne pas, lui! » C'est ce que tu avais dis à ta mère lorsqu'elle aura tenté de venir te voir, cette fois-là. Probablement par culpabilité de te laisser à quelqu'un qui n'est pas ton père biologique, n'est-ce pas? Mais tu ne l'as jamais su, ça. Tu ne le sais toujours pas, d'ailleurs. Pourtant, tu ne savais pas ce qui était à suivre. Tu ne savais pas ce qui était à prévoir pour la suite. Tu as souvent senti cette odeur d'alcool fort contre la peau de ton père lorsque tu lui faisais un câlin avant d'aller dormir, au point de ne pas y faire gaffe. Tu étais trop jeune pour comprendre que lorsqu'il buvait, c'était synonyme de querelle avec ta douce maman, jadis. C'était dans le flou, tout ça. Alors non, tu n'as pas porté d'attention particulière au fait que cette odeur se voulait toujours plus présente contre sa peau, qu'il était de moins en moins réactif. Il buvait, toujours plus. Une dépression qui tente de se guérir au travers de ce sentiment de brûlure interne pour en cicatriser les plaies intérieures.

Ça aura été soudain et ce, très peu de temps après le départ de ta maman. Un mois tout au plus, alors qu'il était à son apogée de douleur. Il voyait en toi l'ombre de son ex-femme et s'est soudainement mis à rejeter toute forme d'affection. Les insultes se sont rapidement levées dans les airs, brisant ton coeur par le fait-même. La main se sera abattue contre ta joue, délaissant une marque rouge après qu'il t'ait repoussé lorsque tu seras venue l'embêter un soir, à la suite d'un cauchemar. T'avais que neuf ans, merde. Rapidement, tu es devenue une ombre déambulant dans l'appartement ou c'est du moins l'impression que tu auras eu. Il ne te répondait pas, quand tu l'appelais, préférant rester affalé à son canapé devant sa télévision, énième bière à la main. Il faisait rarement à manger, jamais vraiment de façon équilibrée. Du type repas pré-préparés, que vous n'aviez qu'à réchauffer au micro-onde ou en vitesse dans une casserole. Tu n'étais plus sa fille, mais bien un parasite à ce lieu, car la moindre attention qu'il savait t'offrir se dérivait en coups, insultes. Toujours plus, toujours pire. Marques de brûlures contre le bras et ecchymose à tes poignets, bien d'autres se sont vues apparaître avec le temps tandis que tu trébuchais. Trébucher par tentative de fuite ou parce qu'il aura décidé que tu ne méritais pas de tenir debout, qu'il t'aura repoussé ou que le coup porté t'aura fait perdre équilibre, te cognant contre un meuble, contre un plancher, contre une porte ou sa poignée. Pourtant, personne n'aura porté attention. Tu ne sais pas même aujourd'hui comment les gens auront pu être si aveugles face à ton état. Faut dire que tu étais une vraie peste, à l'école. Toujours à chercher les emmerdes, à te battre avec d'autres. Les marques sur ton corps passaient étrangement bien, en vue de ton comportement, présumant que ce n'était que le fruit d'un petit combat entre deux gamins. Pourtant, personne n'aura semblé comprendre que tes élans de colère envers les autres se voulaient être un cri du coeur, un reflet de ce qui se passait chez toi.

Puis il y aura eu la drogue, aussi, alors que tu n'avais que quatorze ans. Quatorze ans et déjà, tu vendais autant que tu consommais. Véritable passe-temps devenu une addiction à force de traîner avec les mauvaises personnes, avec les rebelles de ton école. Cercle d'amis restreint, complètement faux, plutôt du genre à se tourner le dos en cas de besoin, à se planter un poignard au dos lorsque l'invitation se prêtait. Relation tournée autour de nombreux défis où si tu refusais, tu étais une poule mouillée et on te rejetait aussitôt, t'ignorais, te trouvant si peu courageux, si peu digne de ces soirées. Combien de fois auras-tu écorché le côté de tes doigts avec la lame de ce couteau, dans ce jeu ridicule où il se fallait de taper le plus rapidement entre les espaces de ta main? Combien de fois t'es-tu retrouvée avec les jointures et le dessus des mains abimées pour ces jeux de cartes aux conséquences douloureuses si vous aviez malheur de tomber sur la mauvaise carte? Tu ne recules devant rien, toi. Ton ambition et une part de ta folie se démontre dès le bas âge tandis que tu acceptes tout défi, du plus simple au pire, incapable de refuser cette adrénaline qui se provoque en toi tandis que tu ressens le vent te frapper de plein fouet sur le toit du bâtiment et la douleur du ciment qui abîme ta peau alors que tu t'écroules sur le toit d'en face après t'être dit que dans le pire des cas, tu t'écraserais au sol sur la ruelle qui sépare finement les deux blocs d'appartements et que personne ne viendrait pleurer ta perte. C'est donc pleinement logique que tes souffrances provoquées par ton père se seront fondues dans la masse et ces marques autour de ton cou soigneusement cachées en classe ? Tes amis auront lancés des rumeurs idiotes, présumant que tu t'étais abandonnée à des jeux intimes sauvages avec l'un de votre cercle de dégénérés, au point de te laisser aller à de la strangulation érotique. Imbéciles.

Tu auras répondu de travers, simple rébellion de ta part tandis que tu oses une fois de plus lever le ton contre ton père à l'esprit troublé par l'alcool qui coule dans ses veines. Tu te préparais tout simplement à aller prendre un bain, il sera venu t'interrompre et rapidement, les choses se sont mises à dégénérer. Une dispute qui éclate et la violence de ton paternel s'impose sur ton corps déjà abîmé depuis les années. Corps dont tu auras pris l'habitude d'en cacher les souffrances au travers de l'apprentissage du maquillage, au travers des quelques tatouages qui ornent ta peau. Il y a ces marques à tes poignets, tes cuisses, celles qui se perdent au travers du reste, celles qui te servent d’exutoire, tentant tant bien que mal de faire évacuer cette sensation d'étouffement. Celle qui se presse sur tes poumons, tes épaules, moindrement que tu poses les pieds dans la maison. Celle qui s'échappe en même temps que la sensation de brûlure contre ta peau, tout comme semble te donner de la force pour mieux encaisser les prochains coups. Comme si le mal quittait ton corps en même temps que cet épais liquide bordeaux et qu'il y avait une quelconque satisfaction à être l'auteure du geste plutôt que quelqu'un d'autre. Cette sensation d'être en contrôle sur tes propres douleurs t'aura permise de laisser tes paroles couler hors de tes lèvres avec toute la haine éprouvée envers ton géniteur, mais l'influence de la drogue aura sans doute empiré la situation. Parce que soudainement, c'est une punition bien plus poussée qu'une gifle, un poing ou les cheveux qui se font tirer pour rencontrer le sol. Non, tu te retrouves plutôt à te débattre alors que l'eau qui intègre ton système respiratoire semble être tel du feu, tes doigts tatoués agrippant au mieux les poignets qui forcent contre ta tête. Tu vas te noyer. C'est ainsi que ta vie se terminera. Non pas en t'écrasant au bas de cette ruelle, le crâne éclaté contre le sol, mais bien par ta figure paternelle qui aura décidé de se venger en te maintenant la tête sous l'eau dans la baignoire. Et lorsque tu commences à peine à te sentir faiblir, lorsque les mains ne savent plus agripper correctement le bord du bain, c'est à cet instant qu'il te remonte, comme dans un instant de lucidité, afin de te laisser reprendre ton souffle. Tu tousses, tu t'agrippes au bord du bain, trempée jusqu'au haut du buste et il te délaisse là, échouée à demi contre le plancher de la salle de bain. Comme s'il venait de réaliser qu'il est un monstre et le pire dans tout ça ? Tu ne saurais dire s'il en est fier ou effrayé.

Il est endormi, ton père. Là, sur le canapé, comme l'alcoolique qu'il est. Peut-être aurais-tu pu jouer tes cartes différemment. Peut-être aurais-tu pu le dénoncer pour la violence qu'il t'aura fait en appelant les services sociaux. Peut-être aurais-tu pu tenter de trouver de l'aide. Sauf qu'il ne le mérite pas. Parce que chaque coup porté, tu l'auras défié davantage. Chaque insulte lancée, tu auras rendu les paroles. La chaîne tient difficilement sur ces portes qui tentent de contenir cette bête noire. Celle qui sommeille en toi depuis probablement ta naissance, qui cherche à faire surface depuis le départ de ta mère et les premiers coups portés de ton père. Les réflexions se font rapidement, ce soir-là. Tu n'as que 16 ans, mais tu vois de façon claire. Il ne veut pas de toi dans cet appartement et tu ne seras plus son souffre-douleur. Tu ne seras plus son jouet défouloir lorsqu'il a terminé de boire. Ton sac à dos suspendu à tes épaules, tu quittes Harlem sans même savoir où tu iras, où tu dormiras. Tu auras pris de l'argent, les billets trainant dans son porte-feuille. De quoi te soutenir un peu. Quelques vêtements, quelques essentiels de survie, un peu de nourriture, ta drogue et son argent et voilà que tu quittes les lieux. Tu seras même parvenue à bien te débrouiller, au départ. Entre quelques petits vols à l'étalage et cette gueule de pitié à l'aubergiste pour avoir une chambre où dormir le temps d'une nuit, la vie de rue t'offrait cette liberté et ce pouvoir sur toi-même que tu auras longuement désiré.

James. C'est lui qui t'a permis de relever la tête, si l'on puisse dire ainsi. Tu avais déjà bien commencé, pourtant. Tu t'étais trouvé un petit cercle de gens avec qui traîner, avec qui c'était plus facile de vivre dans la rue. Malgré les complexités que de ne pas avoir de logis pouvait causer, tu te sentais bien, mieux que jamais, libérée de la douleur. Les marques de ton corps s'effaçait lentement, autant en terme d'ecchymoses causées par ton père que les marques qui commençait enfin à réellement cicatriser contre tes poignets et cuisses. Puis tu l'as croisé, lui, et ça aura été fusionnel dès le départ. Vos similitudes vous ont rapprochés, sa folie s'est déteint à la tienne et sous votre proximité, c'est là que tu lui as demandé. « Accompagne-moi, j'veux qu'on fasse ça ensemble, rien que tout les deux. » C'est presque langoureux comme demande, avec cette flamme au travers de tes iris clairs alors que pourtant, la demande se veut bien moins douce. Ton père, tu veux le voir éteint. Mort, inerte. Tu veux lui faire payer ce qu'il t'a fait subir depuis tant d'années. Tu aurais pu faire simple, sûrement. Faire passer le tout pour un accident en trouvant un moyen efficace de mettre son appartement en feu et le laisser succomber aux enfers des flammes. Pourtant, tu sais que ce ne serait pas suffisant. Tu te devais de ressentir la panique, le coeur qui s'affole pour ensuite cesser de battre. Tu voulais le ressentir contre ta peau, contre tes doigts. Tu jubilais d'avance de l'adrénaline que le geste allait causer et si une faible part de toi était un peu anxieuse, surtout en cas que les choses ne dérapent et que tu manques ton coup, le fait que James t'y accompagne ne faisait que t'aider, te rassurer. Tu l'auras rapidement vu comme une main tendue vers toi, comme un équilibre alors que vous êtes tous sauf équilibrés mentalement. Il a arraché la chaîne qui retenait difficilement la bête noire sadique de ton esprit pour la laisser se relâcher tandis qu'il aura accepté ce complot. Ce soir-là, celui du meurtre, ce fut la première fois où tu laissas ta folie, ton sadisme, se transmettre jusque dans tes gestes, te permettant de lui offrir un châtiment digne de tout ce qu'il t'avait fait encaisser depuis le tout début, depuis des années. Cette nuit-là, ce fut sanglant, tandis que l'hémoglobine tâchait vos mains, tandis que tu avais les iris qui se dilataient sous la satisfaction de ressentir son pouls ralentir contre tes doigts tatoués, ressentir son corps qui se débat alors que la vie le quitte. Cette nuit-là, ce fut le début d'une complicité sans fin.

Il n'y a pas d'Ange sans James, désormais. Accroc à lui, attachée comme s'il était ta seconde moitié au point que lorsque vous créez ce gang, lorsque vous montez ce groupe dangereux, on vous voit tel un duo, un couple de psychopathes qui devient rapidement une menace dans la ville alors qu'au fond, vous ne faites que rendre à la ville ce qu'elle vous a envoyée au visage. On vous aura laissés à la rue, on ne vous aura jamais tendus la main et étrangement, ça vous convient ainsi. Ensemble, vous gravissez les échelons de la chaîne alimentaire que se veut être la Grande Pomme afin de viser le sommet, afin de mieux regarder les autres comme ce qu'ils savent être; des déchets de société. Braquages, blanchiment d'argent, trafique d'armes, meurtres, trafic d'organes, vous devenez peu à peu un empire, guidé par vos ambitions et votre folie démesurée. Tu t'emportes à ses côtés, toujours prête pour de nouvelles aventures, toujours prête pour mettre votre mortalité à l'épreuve face à divers dangers à affronter. Ensemble, alors que le coeur bat à mille à l'heure sous l'adrénaline, tu ne saurais te sentir plus vivante. Puis il y a ces sentiments qui se mêlent, te laissant jalouse et possessive au point de sortir les griffes dès que tu vois quelqu'un poser un regard ne serais-ce qu'un peu trop insistant sur lui. James est à toi, rien qu'à toi, et tu es prête à retirer quiconque qui se veut de trop dans le chemin. Vous vivez ensemble, vous braquez ensemble et vous avez tué ensemble. Véritables partenaires de crimes capable de tout, mais surtout du pire.

Il a disparu. Du haut de tes vingt-huit ans, alors que vous étiez au plus haut sommet de vos arnaques, il a disparu. Ça t'en a pris du temps pour le retrouver, pour avoir une piste. C'est même un miracle que tu es parvenue à le faire parce que finalement, ce n'est pas toi qui l'a trouvé. On l'a amené à l'hôpital dans un pietre état et une infirmière a envoyé des messages pour tenter de savoir qui contacter. Elle est tombée sur toi, heureusement, et tu t'es déplacée à toute vitesse quand tu as enfin pu avoir l'adresse. Parce qu'il était timbrée, cette femme. Elle ne voulait pas te rendre James. Sauf que tu as réussi à tirer les informations et finalement, tu l'as retrouvé après des semaines de disparition. Vous avez fuis l'hôpital et lorsqu'il allait enfin mieux, tu as confessé. Tu as confessé ta bêtise que tu as fais pendant qu'il n'était pas là. Quelqu'un avait envoyé un membre de votre gang en taupe chez le clan adverse, ennemi. Tu n'as jamais été mise au courant, tu ne sais pas qui l'a fait. Sauf que le gars, presque gamin, s'est retrouvé mort à la porte de votre quartier général. L'évidence était là: Le clan adverse avait tué un membre innocent de ton gang. Et ça, ça ne te plaisait pas. On ne les touche pas, tes pantins. Alors tu as fait pire, probablement trop. Tu as tué le chef du gang ennemi. Trop sanguine, tu l'as abattu afin de te venger sauf que ça a déclenché une guerre et maintenant, tout le monde te cherche, flics comme criminels.

La décision aura été hâtive. En moins de temps qu'il ne le faut, vous avez ramassé ce qui vous appartient et vous avez fuis. Vous deux contre le monde entier. Vous avez fais de la route jusqu'à être sur le point de manquer d'essence. Vous vous êtes arrêtés dans cette petite ville. Bishopville. James remplissait sa voiture, parce que la tienne était dans le garage pour être réparée: La fuite à l'hôpital avait fait de sacrés dégâts. Toi, tu en auras profité pour te dégourdir les jambes, appuyée contre la voiture, à observer les alentour, le calme de la nuit. Il se faisait tard, vous aviez roulé longtemps, vous étiez épuisés. « On reste pour la nuit, dis? » Tu ne sais plus si c'est lui ou toi qui a parlé. Sûrement toi, trop protectrice envers lui, ne voulant pas qu'il s'endorme au volant. Alors vous avez été dans un hôtel. Une nuit où le sommeil aura été difficile, où tu te réveillais au moindre son autour, de peur que l'on défonce la porte pour vous massacrer. Une nuit est alors devenue deux. Puis trois, ainsi de suite. Jusqu'à vous prendre un emploi, incapable de vous fixer et réaliser qu'un appartement serait de mise aussi, toujours dans l'idée que vous allez quitter "demain". Tu as galéré pour te trouver un emploi, ayant d'abord postulée comme serveuse puisque tu ne sais pas faire grand chose. Au final, tu as été renvoyée en peu de temps et tu as eu une idée soudaine lorsque vous êtes passés devant ce petit garage à vendre. Un aspect glauque, comme s'il était à vendre depuis longtemps et que désormais, on l'utilisait comme repère. Il n'était pas très dispendieux, tu avais assez pour le rénover. Puis il y avait cet appartement, juste au-dessus. Appartement bien insonorisé pour éviter le bruit en-dessous. Ça te semblais comme une bonne idée, comme un bon endroit où démarrer. De toute façon, tu faisais déjà pas mal de réparations sur les voitures que vous utilisiez. C'est toi qui réparait ta bagnole cassée à cause de quelques fuites lors des braquages. Tu réparais les problèmes de celle de James. Tu as appris de toi-même, mais tu te démerdes bien. Alors pourquoi pas, non? Après tout, il fallait bien commencer quelque part pour cette nouvelle vie. Parce que autant l'admettre: Vous vous êtes installés ici sans même en prendre conscience et vous étiez bien loin de repartir.

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<pris>RUBY ROSE</pris> @"Ange Brooks"

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<pris>BROOKS</pris> @"Ange Brooks"

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<pris>ANGE</pris> @"Ange Brooks"