Deux semaines, une éternité et pourtant, tu as l'impression que ça ne date que d'hier. Tu revois son regard dans la voiture, tu ressens cette difficulté de respirer. Ton fils était mort sous tes yeux, impuissant. Tu n'as rien pu faire. Tout ce que tu as trouvé à faire, c'est d'acheter une bouteille de scotch que tu as but à peine quatre heures suivant le décès de ton enfant. Aucun lot de consolation n'existait d'aussi puissant réconfort. Personne ne pourrait comprendre ce que ton esprit traverse depuis sa mort. Tu te sens minable, inutile, toi, marines de carrière, t'as pas su le protéger, le sauver. Depuis deux semaines, tu t'es fait un nom dans le bar au nord de la ville. Le mec silencieux qui reste au coin du comptoir sans jeter un regard vers les femmes qui s'attardaient à attirer ton attention. Tout ce qui t'importait, c'était que ton verre ne soit jamais vide. T'y voilà encore, dix jours après la descente du cercueil en terre. Ce fu le premier soir ou tu sortis ton jeton de dix ans des alcoliques anonymes de ta poche. Tu le fais passé d'un doigt à l'autre avant de le faire tourner comme une toupie sur le comptoir devant toi. Tu appuies ton menton sur le rebbord du comptoir et tu fais tourner la pièce à nouveau. Ton état plus merdique qu'à l'habitude, t'attires le barman qui retire ton verre. Tu te redresses en vitesse en le lui arrachant des mains. « Il te prend quoi gamin, on retire pas le verre d'un mec qui boit. » Il te fixe et pointe la pièce avant de la prendre dans sa main. Tu pousses un soupire et roule des yeux. « Vous étiez bien avancé monsieur. Pourquoi avoir replongé? » Tu restes silencieux, tu n'as pas envie d'en parler, tu ne te vois pas dire ce qui t'arrive dans les mots exactes. « Je regarde le futur et je ne vois rien. » Tu fouilles dans ta poche et en ressort ton portefeuille. Tu déplis un revers pour observer la seule photo de famille que tu n'avais jamais eu. Le dernier moment que vous aviez eu tous les cinq.

Tu termines ton verre et lui fait signe de t'en donner un autre. Tu ranges ton portefeuille après avoir tendu un billet au barman. Tu te refermes dans ta bulle en observant le jeton dix ans que tu as gagné par un dure labeur. T'avais replongé après douze ans. Putain, tu n'en avais pas besoin de cet alcool, tu n'en sentais pas le besoin, pourtant, la douleur le réclamait comme un poupon réclamant sa mère en pleine nuit. Tu t'abreuves au scotch en fermant les yeux.

Douze putaines d'années sobres et te voilà maintenant, deux semaines conscécutives, au bar en train de prendre un énième verre. T'es minable, en fait, tu te sens minable. C'est toi qui risquait ta vie pour ton pays et c'est ta femme qui fini dans un accident de voiture, c'es ton fils qui subit le même sort. La mort n'a même pas voulu de toi quand ce fu un plan facile. Qu'est-ce que la vie attend de toi alors ? Pour que tu sois encore en vie? Tu as tout perdu, ta fille est à des milliers de kilomètre, ton second fils est je ne sais ou. Plus le temps avance, plus tu as l'impression que tout te file entre les doigts. Ça te fait mal, tu en souffres et tu as jugé que la seule chose qui semblerait couvrir tout ça c'était l'alcool. Jusqu'à présent, ça pouvait fonctionner. Tu contemples ton verre avant de profiter du scotch. Avant même que tu n'aies le temps de finir ta gorgé, on t'arrache ton verre. Tu grognes, tu soupires agressivement. « Sérieusement! Je t'ai dit de me laisser tranquille. » Tu ouvres les yeux et fixe le barman qui regarde à ta gauche. Tu fronces les sourcils et tournes la tête pour voir ce qu'il regarde. T'as l'impression de tomber du tabouret, vu que ton pied glisse du barreau. T'es stupéfait, il te faut un instant avant d'arriver à parler. « Roméo... » Non! Ton cerveau percute et ta respiration s'accélère. « Lysandre! » Tes mains agrippent son visage pour mieux le regarder, tu te rapproches avant de poser ta main contre son torse. Ce coeur qui bat qui réchauffe le tient. T'as la gorge nouée. Une main l'agrippe par la nuque pour venir le plaquer contre toi. Le bras libre vient se refermer dans son dos et tu le serres comme si c'était la dernière chose que tu puisses faire avant de mourir. Ton corps se met à trembler. Tu ne veux pas le lâcher de peur qu'il s'envole, qui disparaisse, ou encore qu'il finisse comme son frère.

Depuis ton retour de l'armé, de ta dernière mission, tout semblait insoutenable, rien ne semblait se produire comme il le devrait. Tu as perdu la tête en revennant. Tu aurais pu mourir, tu aurais du mourir si ce n'était pas de cette partenaire. Tu n'aurais pas pu revoir tes fils, ta fille. C'est plutôt dure a gérer en pensant que ta fille est parti. Maintenant, l'un de tes fils avait trouvé la mort. Sous tes yeux, toi, impuissant. Tu te sens minable. Tu n'as pas su sauver la vie de ton fils, mlagré ton expérience, malgré tes capacités. T'aurais préféré te faire faucher par ce mec plutôt que la voiture de ton fils soit devant. S'il n'avait pas été là, c'est toi qui serait six pieds sous terre aujourd'hui. C'est ce que tu aurais préféré. Enterrer l'un de ses enfants, aucun parent ne devrait vivre ça.

À ta grande surprise, tu te retrouves avec ton second fils dans les bras. Pendant l'éclaire d'un instant, plus rien ne semblait t'atteindre, mais cette accolade ne dura pas longtemps. Il se détache et la colère se lit à travers ses yeux. Sa voix suit de près et tu baisses la tête. Il a rason, tu ne lui a rien dit et tu n'as pas chercher à le lui dire non plus. Ça peut sonner égoïste de le dire de cette façon, mais c'est vrai. C'était volontaire. Non pas de mauvaise intension. Tu n'y es pas arrivé tout simplement. Tu en avais été incapable. Tu n'as même dit à personne ce qui s'était passé ce jour là. Personne d'autre que la police sait que tu étais là quand c'est arrivé. Personne ne sait que tu as tenté de le sauver. Tu n'y es pas arrivé et ça t'as fait plongé bien bas. Tu regardes le barman qui te fixe. Tu rigoles, simplement parce que tu n'arrives plus à extériorisé normallement ce que tu ressens. « T'as vu? C'est comme ça qu'on fait. » Tu sors ton portefeuille, quelques billets et t'en mets même un de plus et tu poses le tout sur le comptoir en y apposant sur le dessu, le jeton de sobriété de dix ans. Tu n'en avais plus besoin. Tu te lèves, regardes ton fils. « C'est bon. C'est payé. » Tu baisses les yeux vers une tache orange dans ton champ de vision et croisant un renard, tu regardes Lysandre avant de t'enligner vers la sortie.

T'aurais préféré continuer à boire, mais faut croire que le rabajoie était débarqué. T'as grogné à sa remarque au barman. Tu lui offres un petit spectacle de mimique de gamin. Des grimaces qui montrait que ça ne te déplaisait pas de partir. Mais faut croire que tu étais encore à l'étape d'être docile. T'avais pas encore assez bu pour vraiment faire tout à ta tête. T'es tout de même sorti sans broncher. Tu fais quelques pas étrange en te dandinant avant qu'il t'annonce que vous alliez chez lui. Tu le dévisages et tu as ce ton arrogant, ce ton de repproches. « Ah parce que maintenant tu deignes être dans la même ville que moi? C'est une première! » Tu fais une fausses moue joyeuse. Tu étais blessé de ne plus avoir eu de ses nouvelles depuis des années, mais le vrai toi ne lui aurait jamais fait de repproche de ce genre. Tu baisses de nouveau les yeux vers la boule de poils. Tu roules des yeux et émet un son bizarre avec ta bouche avant de frapper tes mains ensemble. « Bon bah go, hein. » Tu le suis en sifflotant des airs en tout genre et riant tout seul sans même qu'un mot ne soit prononcé. Peut-être que tu te comptes des histoires bien marrantes dans ta tête. Tu entres après lui et tu regardes tout autour avant de rejoindre le canapé. Tu t'y laisses tomber et fixe le vide. Tu as entendu sa question, mais autant sobre qu'ivre, tu ne répondras pas. La simple idée d'en parler te donne envie de boire. « Y'a rien à boire ici ? »

Tu t’es écrasé sur le canapé de ton fils. Tu émets des sons étranges qui sorte de ta bouche. Tu ne t’es même pas rendu compte du reproche que tu lui avais fait. Tu étais soudainement sauvage envers ton propre fils. Le réveil allait être difficile. Ouais. Tu grognes à nouveau quand il te parle de l’eau. Tu grimaces comme si tu détestais l’eau. Pourtant, en pleine journée, dans ton état normal t’en bois pas mal, même si ça peut finir par te faire penser à ta noyade. Tu ne portes même pas attention aux mots : médocs Tu ne penses qu’à l’alcool. T’as ce mot en tête et tu n’es pas prêt de te le sortir de la tête. Ouais, c’est vraiment comme si on reculait dans le temps. Tu faisais pleurer ta femme par toutes les conneries que tu disais. Tu ne t’en rendais pas contre de ton comportement et ça te perds. Tu fermes les yeux en t’écrasant encore un peu plus dans les coussins. Tu marmonnes quelques trucs bien bas et tu finis par fixer le vide. Les seuls mots qui te font grincer des dents. Tu te lèves d’un bon, les poings qui se serre d’un coup. « Rien. » Tu contournes le canapé en silence, tu ne jettes pas un regard à ton fils, tu n’as pas envie de lui répondre, en fait, tu n’y arrives tout simplement pas. Tu t’approches de la porte et sans réfléchir tu la passe. Tu te la prends en pleine gueule et tu continues tout de même ton chemin. Tu fais plusieurs pas dans le couloir et le temps te ratrappe. Tu fronces les sourcils et tombes dans une réflexion étrange. Totalement sérieuse à te donner froid dans le dos. Tu regardes derrière toi et reste là, pantois pendant une bonne minute. Tu reviens sur tes pas et passe la porte à nouveau. Tu la refermes - directement sur ton pied, cela dit - et tu dévisages ton fils avec cet air semi sérieux. « médocs ? » Houla… T’avais du retard sur le trajet. Tu t’en fiches un peu, tu ne réalises pas que ton corps se met à trembler. T’as peut-être un peu trop abusé de l’alcool ce soir. Pourtant, tu restes planté là, devant la porte. Pourquoi il a parlé de médocs ? Tellement de questions qui se posent. On prend pas des médocs pour rien, si ? Non. T’en es sur.

T'es chez ton fils... Fils que tu n'as pas eu de nouvelles depuis des années. Il était revenu pour son frère, mais Roméo n'était plus. Il n'était plus là à cause de toi. Il venait te chercher suite à une rencontre des alcooliques anonyme. Il était fier de toi que tu aies continué suite à la mort de ta femme. C'était tout ce qui t'importait. Son sourire te suffisait pour continuer. Sa fille aussi te donnait assez de force pour continuer. T'étais grand-père maintenant. Tu n'en revenais toujours pas. Dire que ta femme avait manqué tout ça. Ça te pèse au coeur, ça t'occasionne un pincement. T'es pas près pour en parler, pour parler de ce qui te pèse sur le coeur. Tu sais bien que tu devras en parler à quelqu'un, dire ce que tu ressens, mais tu caches tout derrière l'alcool. C'est plus facile d'oublier, c'est plus facile de laisser tomber que de parler. Tu ne t'attendais pas à ce que ton fils te tombe dessus comme ça. Tous ceux qui te connaissent depuis longtemps ignorent que tu es retombé dans l'alcool. Lysandre est le premier à le savoir.

T'as essayé de foutre le camp, de te défaire de cette emprise familiale, mais tardivement, t'as capté quelque chose. Il avait parlé de médocs. Le détail, c'est qu'en te levant le lendemain matin, tu ne te souviendras plus de tout ça. Tu ne te souviendras plus d'avoir retrouver ton jumeau en vie, si tu quittes cette appartement. T'es revenu vers lui avec ce questionnement. Il te fous un verre d'eau dans la main et tu le regardes. Ça n'étanchera pas ta soif, tu le sais. Tu soupires, grognes avant de te laisser tomber sur le canapé à fixer devant toi. Tu tends l'oreilles à ce qu'il dit et c'est en fixant le verre que tu ressors tes sombres idées. « Ma vie c'est de la merde. Voilà. Je regarde le futur et je ne vois rien. » La vie t'avait arraché ta femme, Roméo, ce serait quoi la prochaine fois ? Lysandre ? Un coup de fil d'Europe t'annonçant que ta fille n'était plus ? T'as soudainement une rage qui te prends et tu balances le verre d'eau au sol et il éclate. Tu passes ta main sur ton visage en grognant à nouveau. Y'avait pas que ça, toi tu le savais, mais est-ce que lui le détecterait ? T'en sais rien. T'es trop saoul pour te rendre compte si tu laisses paraitre ton coeur meurtri à travers ta voix.

Un père n'est pas fait pour voir ses enfants mourir. Un parent n'est pas fait pour ça. Ton boulot était dangereux, tu pouvais tomber bien bas, tu pouvais partir en mission et ne jamais revenir. Les risques sont élevés dans ce métier et pourtant, c'est ton fils qui est mort avant toi. L'univers te faisait un grand doigt d'honneur. T'avais osé mourir en mission ? Te noyer ? Alors, tiens voilà un coup de pute, je t'arrache ton fils. Pourtant, t'as survécu à cette mort. Tu t'es noyé, mais tu es revenu. Ta vie n'était pas termiée. Tu allais devoir vivre sans tes fils. C'est ce que tu t'es dit au départ, mais en croisant Lysandre au bar, tes idées se sont embrouillées, entrechoquées. Tu ne pensais pas arriver à le revoir et encore moins te retrouver chez lui. Tu le prends mal ? Non, t'as été un père minable pour tes enfants. Tout ce que t'arrives à penser, c'est que tu les as abandonné à leur sort. Dans ta tête, tu as causé le départ de l'un, causé la mort de l'autre. T'as fini par éclater le verre au sol. Geste que tu n'aurais jamais eu en temps normal. T'as toujours su contrôler ta colère, même sous l'effet de l'alcool. Tu ne supportais pas la mort de Romeo... Il était mort à cause de toi. T'as encore son visage gravé en mémoire, ce regard qu'il te lançait quand il a rendu son dernier souffle. T'as vu la gueule du gars qui l'a tué, t'aurais pu faire quelque chose, le ratrapper, mais tu es resté tétanisé par l'état de ton fils, t'as rien pu y faire. Le gars cours toujours. La police ne l'a toujours pas retrouvé et tu ne supportes pas. Ils ont même osé dire que tu t'étais peut-être trompé, que celui que tu décrivais n'était peut-être pas le gars qui avait causé l'accident. Il a tué ton fils, tu sais que c'est lui! T'as le regard vide et tu ne le regardes pas, ni son renard, cette boule de poils qui grogne. Tu t'écrases dans le canapé sans dire un mot de plus. Tu le laisses parler. Tu fermes les yeux, mais que pour un faible instant. Tu sens ton coeur meurtri s'étteindre, tu ne respires que très peu. Ton corps se met à trembler et il se pli vers l'avant. Tu te sens si con et c'est pire avec l'alcool. Il a faillit y passer ? Tu aurais pu perdre les deux d'un seul coup? malgré l'effet que l'alcool a toujorus eu sur toi : l'humour, elle avait ce don maintenant de te rendre dépressif si elle se mêlait avec tes sentiments originaux. Tu viens prendre ta tête entre tes mains, te replis vers l'avant retenant un sanglot. Les larmes viennent couler d'elles même, se heurtant au sol.

Tu préférais quand l'alcool te rendait insensible, invincible, mais là... Ces révélations elles t'ont perçé au coeur, trop profond. C'était pire qu'une lame, c'était un javelot qui te traversait le corps en entier. Ça te faisait mal, trop mal. T'as eu l'impression de perdre un fils de plus en un claquement de doigt. Tu ne tiens plus la pression, les larmes coulent, elles tombent, tu ne les contrôle pas. Tu sens sa main contre ton épaule et tu te redresses un peu avant de l'agripper d'une main par la nuque. Tu le rapproches de toi et plaques en douceur ton front contre le sien en fermant les yeux. Tes doigts tremblent contre sa peau et tu finis par le tirer vers toi pour le serrer dans tes bras comme tu le faisais quand ils étaient gamins. Tu ne l'avais pas vu depuis si longtemps et il faut que tu lui donnes cet affection, complètement bourré. Pourtant, c'est un instant de faiblesse que tu aurais su contrôler à jeun, ça, tu le sais. Tu l'éloignes comme tu l'avais approcher et tu prends sa tête entre tes mains. Tu embrasses son front avant de le relâcher. Tu viens essuyer ton visage le laissant s'éloigner. Il est à l'écart et merde, ces mots sortent sans que tu ne les contrôles, ces mots qui te brûle le torax depuis des années. Tu n'avais pas pu les lui dire. « Lysandre... Je t'aime mon garçon. » Tu t'étais allongé avant de dire ça et claqué de ta soirée, tu t'es endormi avant qu'il ne revienne.

Tu t'étais endormi sans trop de confort, mais dans ton état, tu t'en contre-foutais. C'était le détail le moins important de ta soirée, de toute façon, sur ton lit de mort, tu ne t'en souviendrais plus. En fait, assurément à ton réveil, tu ne te souviendrais pas de cette soirée, la claque que tu vas te prendre en te réveillant. Tu ne te souviens plus de ce qui t'attends et c'est plutôt ironique, parce que dans ton état normal, le retrouver te ferait un bien fou. Ton fils te manque, t'as simplement jamais osé faire le pas vers lui. Les premières lueurs du soleil t'effleure enfin le visage et tu grimaces en grognant. Tu te retourne pour éviter la lumière et ton visage fini dans un coussin. Cet odeur est étrange, tu ne la connais pas. Ce n'est pas la tienne. Tu ouvres les yeux en cherchant à te tourner sur le dos. Tu viens à glisser du canapé et tu te retrouves les fesses au sol. Tu pousses un soupire en passant tes mains sur ton visage. Tu t'appuies contre le canapé pour te redresser, mais ta tête tourne et elle te fait un mal de chien. Ah ouais, tu t'es bourré la gueule la veille, tu t'en souviens. Tu te laisses tomber sur le canapé en soupirant. Il te prends un moment avant d'observer ou tu étais. Ton regard se pose sur un drôle de coussin. T'as jamais eu ça chez toi. Tu tournes la tête et tu ne reconnais pas du tout les yeux. Tu fronces les sourcils avant de sursauter en entendant "papa". Impossible. Roméo n'était plus là et ce n'était pas chez lui de toute façon. Tes yeux deviennent rond en entendant l'écho de sa voix. Ce timbre... Ce ton... Il n'y avait que... Tu tournes la tête et ton coeur s'emballe. Tu le fixes. Ta voix tremble légèrement, ta gorge est nouée. « Lysandre? » Tu restes assi, si tu te lèves tu vais encore te retrouver au sol. Tu viens à baisser la tête. Ton cerveau semble faire les liens, mais tout s'embrouille facilement et tu viens écraser tes yeux dans tes orbites pour freiner les larmes qui cherchaient déjà à sortir. Tu prends une grande respiration et plus rien ne parrait. Tu fixes la boule de poils qui vient de déposer. « C'est quoi ça ? » Tu ne te gênes pas de ramener ton regard sur lui. « Je fais quoi ici ? Hum, meilleur question : Tu fais quoi ici ? Depuis quand t'es là ? » T'essaie d'être neutre, surtout supposant qu'il t'avait récupéré soul la veille. Dire que tu ne te souviens pas des retrouvailles avec ton fils. De toute façon, vu l'état dans laquelle il t'a trouvé, c'était sûrement de la merde. En fait, tu t'entends, t'es pas neutre du tout, t'es écrasé par ce putain de poids qu'est la mort de Roméo et tu sais très bien que tu ne l'as pas dit à son jumeau.

Ton fils, ton Lysandre! Il était en ville ! Mais... Non... Tu te sens soudainement nauéseux. Non, ça n'a aucun lien avec l'alcool. Tu ne l'avais pas contacté. Ni lui, ni sa soeur... La mort de Roméo, tu l'avais gardé pour toi. Tu avais sûrement fait une erreur en faisant ce choix, mais tu l'as fait. Tu avais honte de toi. C'était toi le père, tu aurais du protéger ton fils, à la limite attraper celui qui avait causé sa mort. Dans ta tête, depuis le départ, t'as été le premier agent de sa mort et c'est ce qui t'as poussé à avoir honte de toi, de ce que tu lui avais fait subir par ce besoin de reprendre les rencontres des alcooliques anonymes. Tu n'oses plus regarder ton fils et t'as détourné ton regard sur la boule de poil. Rox... Un renard... Et ben... Tu t'attendais àas à voir un jour un renard d'aussi près. Tu te contentes d'hausser les épaules sans ajouter quoi que ce soit. Tu t'écrases lorsqu'il parle du bar. Et merde... Tu n'avais personne vraiment dans cette ville qui connaissait ton problème d'alcool. Il fallait que ton fils tombe sur toi dans cet état... Tu viens masser ta nuque en récupérant la tasse de café qu'il te tend. Tu arques un faible sourire et lèves la tasse en guise de remerciement. Tu tombes dans un silence noir. Tu ne réagis pas à ce qu'il dit, t'es toujours aussi honteux. Puis la question fatidique te frappe en pleine gueule. Pourquoi est-ce que tu t'étais remis à boire ? Tu te contentes de prendre une gorgée de café sans dire un traitre mot.