Après deux heures de concert, c’était le moment du grand final. Les violons commençaient, d’autres instruments se joignaient à eux, à nous, dans une harmonie intense, mais tout simplement parfaite. Les yeux fermés, je laissai mes doigts glisser sur les cordes de mon instrument, mon archet dansant dans l’autre main sur celles-ci, me laissant emporter par la musique jusqu’au bout. Ce morceau, je le connaissais par coeur. Nul besoin de regarder personne ou quoi que ce soit. Puis, les dernières notes retentissent. Je rouvris les yeux, juste à temps pour voir le dernier mouvement du chef d’orchestre, signifiant que le concert était terminé, et entendre les applaudissements de la foule. Certains s’exclamaient plus forts que d’autre, certains se levaient pour acclamer la performance. Ce n’était pas la première fois que je voyais ça, j’avais vu des assistances plus enthousiastes que celle-ci et pourtant, je ne me lassais pas d’entendre ces applaudissements. Le chef d’orchestre salua, nous invitant ensuite à nous lever pour saluer la foule aussi. D’abord en ensemble, par instruments, puis les solistes, un à un, dont je faisais partie. Dernières salutations, et tout était terminé. Les gens allaient rentrer chez eux, reprendre leur vie quotidienne comme ça, sans avoir besoin de quoi que ce soit. Moi, ce n’était pas ce qui allait arriver. En effet, les concerts provoquaient chez moi une telle montée d’adrénaline que je ne pouvais pas juste rentrer et m’endormir, d’autant plus que j’avais presqu’une heure de route à faire, et encore là, ce n’était pas suffisant. Mais ce sentiment, je l’aimais toujours autant, et j’étais persuadé que cela n’allait jamais changer. Mais avant de prendre la route, je devais me rendre en coulisses. D’abord pour féliciter mes collègues, puis pour me changer un minimum, retirer le noeud papillon qui serrait autour de mon cou et détacher quelques boutons de ma chemise. Je pris le temps, comme à chaque fin de concert, de nettoyer et ranger mon instruments. Le rangeant soigneusement dans son étui, je pris mes effets personnels et je sortis de la salle de concert, ne m’attardant pas à l’intérieur cette fois-ci. Par contre, je ne quittai pas tout de suite, me retirant dans un coin à l’extérieur, à quelques mètres de la salle, histoire de faire quelque chose que je n’avais pas fait depuis ce qui me semblait un peu trop longtemps; fumer une cigarette. Ç’aurait pour effet de me rendre un peu plus normal, et surtout, un peu plus concentré pour la route que j’avais à faire avant de rentrer chez moi, et avoir un minimum de sommeil pour recommencer demain matin. Un peu à l’écart, je déposai mon violon par terre - en gardant un pied de chaque côté, hors de question que quelqu’un l’accroche au passage - et je sortis mon paquet de cigarettes, n’attendant pas plus pour en placer une entre mes dents et l’allumer, laissant le poison infiltrer mes poumons et rejeter de la fumée dans l’air frais, mais agréable de la ville.

Je savais bien que je n’étais pas une personne très célèbre, mais j’étais conscient que compte tenu de ma place en avant-plan sur la scène pendant les concerts, il se pouvait que quelqu’un vienne me parler si je venais à trainer non loin de la salle après un spectacle, comme j’étais entrain de le faire en ce moment. Bien souvent, c’était pour me féliciter, poser quelques questions. Si c’était de gens de ma connaissance, la discussion était un peu plus informelle, plus longue, plus fournie, et ça ne me gênait pas non plus. L’ambiance changeait chaque soir et ce n’était pas plus mal que ça. Au vu de comment les premières minutes se déroulèrent après que je me sois retiré dans mon coin pour fumer ma cigarette, personne ne semblait enclin à venir me parler, et je ne m’en faisais pas trop, ce n’était pas plus mal. Bien rapidement, je me rendis compte que j’avais faux par contre; une jeune femme vint à mes côtés, m’abordant, me demandant si j’étais bel et bien celui qui portait mon nom. Je devais admettre, ce n’était pas comment on m’interpellait d’habitude, mais après, ce n’était pas complètement ridicule non plus. Il y avait toutes sortes de gens dans ce monde, il fallait les accepter comme ils étaient. Même moi, j’avais mes particularités, souvent certaines que les gens ne sauraient comprendre. Malgré tout, je ne me montrai pas impoli, coinçant ma cigarette entre mon index et mon majeur pour l’éloigner de mes lèvres, et dire:  « Oui, c’est moi. » Je marquai une petite pause pour regarder la jeune femme. Elle avait des traits familiers, mais pas suffisants pour que je la connaisse. Ou si je la connaissais, c’était trop vague, trop lointain. Fronçant les sourcils, je demandai donc:  « On… On se connait… ? » En faisant mon possible pour ne pas paraitre trop déplacé, même ma question se voulait on ne peut plus banale. On ne savait jamais, il était possible qu’il s’agisse d’une personne que je me devais de connaitre et je ne m’en souvenais pas, ce qui aurait tôt fait de la vexer. Je n’espérais pas, je n’avais pas nécessairement envie de me prendre la tête ce soir pour tout dire.

Il faisait nuit à l’extérieur, mais nous étions suffisamment près de la maison symphonique pour que la lumière extérieure de celle-ci vienne éclairer nos visages. Et ce fut ainsi que je vis celui de la demoiselle changer lorsque je lui confirmai que j’étais bel et bien celui qu’elle croyait. Je ne savais pas vraiment comment je devais interpréter sa réaction. Évidemment, j’avais déjà croisé des gens disant apprécier mon art, certains plus que d’autres, mais une groupie ? Ce n’était pas possible dans mon monde, ou du moins, je n’avais jamais entendu une telle histoire auparavant. Serait-ce une première ? Je ne savais pas si j’en avais vraiment envie. Essayant d’en savoir davantage, puisqu’elle ne semblait pas apte à prendre la parole, je lui demandai si on se connaissait, redoutant un peu plus la réponse que précédemment et regrettant légèrement de l’avoir demandé. Mais c’était chose faite, et ce serait un peu horrible de ma part - et complètement ridicule - de tenter de prendre la fuite. J’attendis un peu, le temps qu’elle me confirme par la positive, et rende la chose encore plus inconfortable pour moi en disant qu’elle était juste… elle. Pourtant, je ne connaissais personne qui s’appelait « Moi », je ne savais même pas si c’était un prénom légal ou utilisable. Je connaissais des gens avec des prénoms particuliers, mais ça… Ce serait étrange. Fronçant les sourcils, j’attendis encore un peu, gardant le silence, jusqu’à ce qu’elle dise finalement son prénom, prénom que je reconnaissais, et pas seulement par son caractère unique. Mon coeur manqua un temps, j’écarquillai les yeux, la regardant, encore une fois. La dernière fois que je l’avais vue, elle était toute petite… Était-ce pour moi légitime de ne pas l’avoir reconnue ? Je continuais à croire que oui. Et puis, au vu du choc que cela me fit, je ne pensais pas que je serais capable. Tout ce que je parvins à dire dans un premier temps, ce fut:  « Ellyn… ? » dans un souffle, comme si j’avais besoin de le dire moi-même pour que ce soit concret. Reculant d’un pas, continuant de la regarder, de bas en haut, de haut en bas, confirmant que je ne savais que faire.  « C’est bien toi… ? » Pas que je ne la croyais pas, mais j’avais besoin d’une confirmation comme quoi je n’hallucinais pas, et aussi parce que:  « Ça fait si longtemps… » Vingt-trois ans, plus que ça. Je n’avais pas envie de me tromper, je n’avais pas envie qu’on se joue de moi et de mes sentiments encore une fois, déjà que ceux-ci me jouaient des tours, parce que clairement, je n’étais pas prêt pour ça ce soir.

J’avais que trop peu parlé de l’existence de ma soeur à qui que ce soit. La seule personne qui le savait, c’était mon ancienne famille d’accueil, avec qui je n’avais plus de contact depuis un bon moment maintenant, et mon ancien professeur de musique, modèle dans ma vie, exemple encore pour moi aujourd’hui à qui je devais beaucoup. Par conséquent, il ne pouvait pas me faire un coup aussi horrible que d’envoyer une personne qui se ferait passer pour ma petite soeur perdue depuis une éternité. Du coup, alors que tout ça me semblait trop gros pour être vrai, une fois le choc passé, j’avais envie d’y croire, vraiment, quand la jeune femme vint me confirmer son identité. Je me rendis compte à quel point je voulais y croire lorsqu’elle se jeta dans mes bras. En effet, sans réfléchir, sans me demander si pendant un seul instant c’était une bonne idée, je répondis à son étreinte. Ce n’était pas parfait, évidemment, la surprise était encore bien présente, mais c’était suffisant pour lui faire savoir, et me faire comprendre par la même occasion, comment elle m’avait manqué. Et pour ne pas perdre ma contenance, je fus obligé de pincer les lèvres à ses propos. Moi non plus, je ne pensais pas la revoir un jour. Évidemment, je n’avais jamais perdu cet espoir. Je n’avais pas eu envie de le perdre. J’avais juste cessé de croire que ce serait possible de la revoir un jour. J’aurais pu faire un effort supplémentaire, j’en étais conscient, mais finalement, c’était elle qui l’avait fait. Je voulus lui demander pour le coup:  « Comment… » Je ne parvins pas à terminer ma phrase qu’Ellyn se décala, passant un commentaire auquel je ne m’attendais pas, qui m’arracha un rire nerveux. Jamais je n’aurais cru pouvoir entendre ça venant de ma soeur un jour. Et puis, ce fut pour moi un déclencheur, pour la regarder un peu plus en détails, malgré l’obscurité de la nuit. Évidemment que je trouvais qu’elle avait changé, elle était si jeune quand nous avions été séparés… Mais mes souvenirs me permirent de faire une constatation, un peu difficile à faire, puisqu’un peu émotive. Cette constatation, ce fut:  « Tu lui ressembles tellement… » Je parlais de notre mère. Elle était probablement celle de qui j’avais un souvenir le plus clair de mon enfance. Mais il n’en demeurait pas moins que je ne disais pas ça pour dire quelque chose, je le pensais, et ça venait me toucher. Refusant toutefois de céder à l’émotion, surtout en public, je finis par me ressaisir, et lui demander ce que je pensais être une question évidente, soit:  « Comment… Comment tu m’as trouvé ? »

Je me sentis un peu moins mal lorsqu’Ellyn m’avoua qu’elle m’avait retrouvé tout à fait au hasard. Cela signifiait qu’elle n’avait pas fait de recherches que j’aurais pu moi-même faire. Je ne disais pas que ce n’était pas faisable, mais au final, ça n’avait pas été nécessaire, le hasard ayant bien fait les choses. Enfin, le hasard et… une affiche. À ce commentaire d’ailleurs, j’eus un petit rire nerveux. En toute franchise, je n’avais pas vraiment l’habitude de ça. Je savais que j’étais sur certaines affiches, à certains endroits. En tant que premier violon, c’était chose normale. J’avais d’autres collègues qui avaient joué le jeu pour la publicité, sans parler du chef d’orchestre. Et si je voulais jouer ce rôle un jour, il fallait que je m’y habitue. Enfin, prendre les photos et tout ça, je m’y étais fait, ce n’était pas si mal. Mais les voir, et surtout savoir que certains les voyaient et les regardaient attentivement, ça, c’était un peu plus troublant. Mais là, tout de suite, ce n’était pas plus mal, ça m’avait permis de retrouver ma petite soeur, qui l’aurait cru ? Un peu plus pour moi que pour elle, je dis:  « Je n’aurais jamais cru apprécier autant une de ces affiches un jour. » Parce que j’en comprenais l’utilité mais ce n’était pas une raison pour apprécier de voir mon visage apparaitre ainsi un peu partout. Mais là, que ç’a ait poussé Ellyn à prendre une place et venir voir un concert… J’étais ravi, j’étais touché. Elle n’avait probablement à en faire autant, mais ça me faisait plaisir, à un point que ça me paraissait toujours irréel. Clairement, j’avais encore du chemin à faire pour me faire à l’idée. Mais je n’avais pas envie de faire comme si ce n’était pas vrai, loin de là. Et puis, comment aurais-je pu essayer de nier quoi que ce soit, alors qu’Ellyn me sortit un discours si touchant ? Il était évident que je ne saurais m’expliquer pourquoi, comment, après tout ce temps, après vingt-cinq ans… Pinçant les lèvres, ému, je la laissai aller au bout de son propos, et finalement, je me laissai aller à lui dire:  « Tu m’as manqué… » Et je ne mentais pas. Je n’en parlais pas au quotidien mais il n’en demeurait pas moins que c’était vrai. Au fond de moi j’avais toujours eu cette envie et ce désir de retrouver ma petite soeur à un moment, et voilà que ça arrivait. Je me retrouvais avec tellement de questions que je voulais lui poser, tellement de choses à lui dire… Et là, devant la salle de spectacle ? Je ne trouvais pas que c’était approprié.  « Tu… Tu as un peu de temps ? » Je marquai une pause, sachant que mon propos sortait un peu de nulle part, et j’ajoutai:  « Il y a un bar non loin, on pourrait aller boire un verre et discuter plus tranquillement. » Après, peut-être elle avait un enfant à aller voir ou quelque chose comme ça. Je ne voulais pas lui imposer non plus, quitte à lui laisser mon numéro, mon adresse pour une autre fois. J’essayais juste de m’adapter à la situation pour le coup, sans trop en faire, je l’espérais.

Je gagnais ma vie à jouer de la musique classique et voilà que ma soeur me disait qu’elle détestait ça. Comment étais-je supposé réagir ? Sans faire quoi que ce soit d’exagéré. En fait, ce fut presqu’avec désinvolture que je pris son propos, me contentant d’hausser les épaules avec un sourire amusé, lui demandant  « Tu ne t’es pas trop ennuyée au moins ? ». J’étais bien conscient que ce n’était pas la préférence de tout le monde, la musique classique. Après, je ne pourrais jamais nier le fait qu’un concert avec un orchestre, lorsque la pièce était bien exécutée, avait quelque chose de magique et enivrant, mais je ne pouvais pas défendre mon art. Moi-même lorsque j’écoutais de la musique, que ce soit dans ma voiture ou chez moi, je ne mettais pas de musique classique, la gardant pour lorsque je jouais de mes instruments, même si parfois je me laissais aller un peu plus à du style libre. Ne me voyant pas raconter ça ici et maintenant, je passai outre le sujet par la suite, affirmant encore une fois du fond du coeur à ma soeur qu’elle m’avait manquée, me faisant rendre le commentaire. Certains pourraient trouver ça complètement idiot, mais en famille d’accueil, j’avais toujours ressenti ce vide, le manque d’une personne plus jeune comme moi à qui me confier, qui allait me connaitre mieux que quiconque, une soeur. J’avais appris à vivre ans, mais ç’avait été un trou dans mon coeur, trou qui allait peut-être se refermer doucement, je ne savais pas encore, tant d’années étaient passées, il y avait tant à se dire et à rattraper. Je me surpris à me dire que je n’avais pas nécessairement envie d’attendre plus longtemps, d’où ma proposition, proposition qu’Ellyn accepta. J’eus un sourire, et je lui dis:  « Super, allons-y. » Je pensais que ma façon de lui répondre avait été suffisante pour lui faire comprendre que oui, elle pouvait me suivre. Je me disais que c’était la chose la plus simple à faire, puisque je connaissais les environs par coeur, au vu du temps que je passais ici.  « C’est à quelques coins de rue, nous y serons dans quelques minutes. » Il fallait marcher un peu, mais pas tant, c’était convenable à mon avis. Elle pourrait retourner à sa voiture sans problème, et moi aussi par la suite. Et puis, cette petite marche me permit de lui demander:  « Je t’en prie, parle-moi un peu de toi… Que fais-tu ? Tu habites dans le coin ? » Est-ce que je voulais voir si j’avais la possibilité de la revoir, d’approfondir ce lien que j’avais perdu sans le demander ? C’était possible, ça restait encore à voir. Mais je ne voulais pas en arriver à dire ça, me contentant de questions vagues auxquelles j’étais déjà curieux d’avoir une réponse, à mon grand étonnement.

J’acceptai le compliment de ma soeur avec un petit sourire. Je n’avais plus vraiment besoin de me faire dire que je jouais bien. Je savais pertinemment que je n’aurais pas le boulot que j’avais en ce moment si ce n’était pas le cas. Mais venant de personnes de mon entourage - parce que je voulais croire que ce serait ainsi avec Ellyn - ça me faisait plaisir. Par contre, je n’ajoutai pas quoi que ce soit sur le sujet, refusant de lancer un débat sur le fait d’aimer ou ne pas aimer la musique classique. Ce fut donc ainsi que nous commençâmes à marcher vers le bar proposé. Je crus bon de lui demander ce qu’elle faisait, apprenant ainsi qu’elle était en « reconversion professionnelle ». Son choix de mots, je n’allais pas le nier, était quelque peu curieux, intriguant surtout. Que faisait-elle avant ? Ça me semblait la question la plus évidente. Mais puisqu’elle n’avait pas pris la peine de me mentionner ce fait, alors qu’elle aurait pu le faire, je ne me vis pas vraiment le lui demander. Je la laissai continuer, l’écoutant attentivement, souriant doucement lorsqu’elle me dit ce qu’elle faisait, montrant ainsi que non, je ne détestais pas les gâteaux. Je n’en mangerais pas à outrance mais bon, une fois de temps à autre, pour une occasion spéciale, ce n’était certainement pas de refus. Ce fut suite à cela qu’elle vint à me demander si j’étais là depuis longtemps. Je notai la crainte qui apparut sur son visage quand elle évoqua l’éventualité que je ne sois que de passage. Je ne sus pas vraiment quoi en faire, mais d’une certaine façon, ça me touchait, même si nous venions tout juste de nous retrouver. Et puis, je me rendis compte par sa question que finalement, j’étais rassuré qu’elle me dise qu’elle habitait à Bishopville. Je ne savais pas m’expliquer pourquoi au début, mais j’avais compris à ce moment. Refusant de la troubler plus longtemps, je ne tardai pas à lui répondre:  « C’est ici que j’ai abouti après… Tout ça… » Tout ça étant l’accident, le fait que nous étions séparés. J’en avais si peu parlé depuis que je n’étais pas capable de mettre le nom dessus. C’était un peu pathétique, mais je décidai de progresser dans mes propos et dire:  « J’ai étudié à New York, puis je suis revenu ici il y a environ huit ans, quand j’ai obtenu ce boulot. » Ce boulot étant dans l’orchestre. Et je n’avais pas envie de changer d’endroit de si tôt. J’aimais les autres membres de l’orchestre, j’aimais ce que j’y faisais, je n’avais pas de raisons valables de bouger. Voilà pourquoi je me permis de finir en disant, d’un sourire un peu plus timide:  « Je crois qu’il serait bien difficile de me faire bouger maintenant… » Et j’étais d’avis que c’était suffisant pour lui faire comprendre que je resterais ici, et que par conséquent, si elle voulait continuer à me voir, que nous puissions rattraper ne serait-ce qu’un peu du temps perdu, moi j’étais partant, même si je ne saurais demander mieux, vu tout le temps que j’avais attendu et espéré pour la revoir.