Tu ne pouvais que dire merci à Moïra. Grâce à elle, sans question, sans avoir à croiser l'ainé, t'avais pu récuperer ta voiture. Un dodge challenger noir, dans le classique. Ta caisse t'avait affreusement manqué et depuis que tu avais pris tes distances avec Violet, t'arrivait pas à rester immobile. Le fait d'avoir récupérer ta voiture te permettait de rouler ou bon ça te chantait. Il fallait que tu occuppes ton esprit en permanance pour contrer l'héroïne. Grâce à l'encadrement médical, t'avais su t'en sortir sans trop de mal. Une cure à l'extrême. Une cure totale de toute la merde que tu avais pu prendre en quelques mois. Il n'y avait que l'alcool qui ne semblait pas près de te quitter.

C'est bien pour ça que t'es dans ce bar à cuver une enième bière. Tu fixes le fond de la bouteille par le goulot. Tu fais tourner la bouteille. T'as une jolie blonde à ta droite qui t'accoste et veut ton attention, mais tes pensées sont dirigées vers une brunette que tu meurs d'envie de voir. Plus tu penses à elle, tu commandes une autre bouteille. Des pas passent derrière toi, ce n'est pas la première personne à le faire, mais cette fois tu te retournes. Tu tombes presque de ton tabouret quand tu reconnais ton frère. T'en oublis tout. Pourquoi est-ce qu'il t'évite ! Tu te lèves d'un bond. « Evan! » Tu le suis jusqu'à l'extérieur. « Hey! Putain! Attends-moi, Merde! » Ton ton peut sembler agressif, mais en fait, t'as peur de ce qu'il pourrait te dire. Tu n'entends plus les bruits du bar quand tu viens enfin à le rejoindre. Ta main se pose sur son bras et tu le fais se tourner vers toi. « Evan! Merde! Je te parle! » Tu le dévisages, y'a quelque chose de différence, quelque chose cloche... T'arrives pas à dire quoi.

Il t’avait fallu 2 semaines avant de sortir seul du manoir. T’étais déjà allé boire un verre avec Moïra, une autre fois avec Giulia, mais tu n’y étais pas encore allé seul. Tu n’avais pas osé, de peur de perdre encore les pédales comme la dernière fois. T’avais tué quelqu’un et ce n’est même pas ça qui t’avais fait peur, c’est ta réaction. Tu avais fait ça tellement facilement que ça t’avais effrayé. Mais aujourd’hui t’en avait marre d’être enfermé et t’avais besoin de prendre l’air. Alors t’avais pris ta voiture, du moins celle qu’on t’avait désigné comme telle, et tu étais parti pour le bar.

Ta capuche est rabattue sur ta tête et tu te fais discret dans le fond du bar, assis à une table seul. Un groupe de trois mecs vinrent s’asseoir à ta table et tu sais qu’ils sont là pour chercher la merde, tu le sens. « Hé mec, tu sais qu’il pleut pas, tu peux retirer ta capuche » les autres rigoles quand il tire ton couvre-chef vers l’arrière. Ta cicatrice se révèle par la même occasion et ton regard sombre se pose sur les types. « Matez-ça la plaie ! Il t’est arrivé quoi mon gars ? » Le ton de sa voix n’a rien de compatissant au contraire, c’est de la confrontation. D’un coup, tu plaques sa tête fortement contre le bord de la table et tu laisses tomber son corps sonné sur le sol. Par chance, personne n’a remarqué ton acte. Tu défies du regard les deux autres qui se taisent et se tourne vers leur pote assommé. « ça aurait pu être pire alors estimez-vous heureux qu’il s’en sorte comme ça » Sur ses mots, tu prends une clope que tu mets entre tes lèvres et tu t’éloignes d’eux.

Tu passes derrière les gens assis au bar sans prêter attention. Tu entends ton nom, mais tu continues d’avancer. Une fois dehors, tu te sens retenu par le bras. Tu te tournes et tu ne perds pas de temps pour plaquer ce mec au mur à l’aide d’une clé de bras. Tu ne sais pas d’où tu sors toutes ces techniques, mais c’est automatique. « Ton pote en a pas eu assez c’est ça ?! » T’es persuadé que c’est l’un des gars qui s’était assis à ta table « Il en redemande ?! » . Tu ne te poses même pas la question sur la façon dont il avait appris ton prénom.

Putain! T'avais Evan sous le nez et il t'évite putain! Il t'a vu, t'en es certain, même convaincu ! Fait chier ! Tu l'appelles, mais il fait comme s'il ne t'avait pas entendu. Ça t'agresse, ça te fait mal. Tu le suis et tu le ratrappes. Tu veux simplement comprendre pourquoi il fait comme s'il ne te connaissait pas. C'était comme si tu n'existais plus à ses yeux, comme si tu n'avais jamais existé et ça te fait mal.

Tu le ratrappes, tu l'agrippes par le bras, mais tu le regrettes aussi tôt. Sans prévention, pris par surprise, tu te retrouves plaqué au mur, le bras coincé dans ton dos. Tu retiens ton souffle, le visage écrasé contre la brique du mur. « Mais qu'est-ce qui te prends putain! » Tu ne ressens pas la douleur, tu restes immobile tout simplement. Tu sens déjà les deux points au sourcil qui ont cedé. Ton coeur s'emballe, c'est pas normal. C'est pas ton frère! C'est qui merde ! Non, t'es certain, ça ne peut être qu'Evan. La poigne est la même, la prise a été faite de la même façon. « Mais qu'est-ce que je t'ai fait! » Tu ne peux pas dire que c'est de la peur qui s'échappe à travers ta voix, mais c'est tout comme. Tu as besoin de lui faire face, de le regarder droit dans les yeux. Tu prends une grande respiration et tu ramènes un pied contre le mur pour te repousser. Un geste vif et ta tête se heurte à la sienne. Tu arrives à te libérer. Tu te retournes et le fixe. Tu le repousses pour vous éloigner du mur. Tu saignes déjà, super. Tu repousses le sang pour qu'il ne te tombe pas dans l'oeil et tu le dévisages. « Il te prend quoi ! Je t'ai rien fait putain! » T'aimes pas qu'il te traite comme ça et ça t'énerve. Tu le repousses à nouveau et encore une autre fois. Tu ne sais pas d'ou ça sort, mais c'est plus fort que toi.

Depuis que tu t’es réveillé, tu n’as été que très rarement tout seul. Au manoir, Alfred était toujours là pour garder une œil sur toi et quand tu sortais, c’était toujours accompagné. Mais ce soir, t’avais réussi à échapper à toutes surveillance pour enfin passer du temps avec comme unique compagnie, ta mémoire défaillante. Tu veux être tranquille, mais il semblerait que les ennuis n’étaient jamais bien loin de toi. Pourquoi tout le monde vient t’emmerder tout le temps ? On ne sait donc pas te laisser en paix ?! Avant que tu ne t’énerves complétement, tu avais fait taire l’un des types avant de sortir de ce bar. Au vu de ce que tu étais visiblement capable de faire, il ne valait mieux pas qu’ils insistent. Cette petite altercation te met déjà sur les nerfs et pourtant on t’interpelle à nouveau. Sans difficulté tu plaques ce nouvel arrivant contre le mur.

« Demande à tes potes qui sont venu à ma table ! » Tu ne sais pas qui est cet homme, mais tu l’associes au gars que tu as assommé il y a 2 minutes à peine. Dans le mouvement, tu perds ta clope qui tombe à terre. Génial, c’était ta dernière ! Mais ce n’est pas le plus important pour le moment. L’inconnu se défait de ta prise en te cognant la tête. Merde, t’as encore d’atroces douleurs au crâne et un choc n’arrangeait rien du tout. Tu poses ta main sur ta longue cicatrice en grognant. Tu recules quand il te pousse et d’un geste tu attrapes ton arme que tu avais dans ton dos et tu la pointe sur ton agresseur. « Qu’est-ce que tu me veux hein ?!! T’as un problème avec moi ?! » Le ton de ta voix est tranchant et ton regard est plus sombre que d’habitude. Ton arme est pointée sur sa tête et ta main ne tremble même pas. C’est comme si t’avais l’habitude de faire ce genre de chose.

Il t'évitait, faisait comme s'il ne te connaissait pas. Tu ne supportais pas et tu voulais savoir pourquoi il faisait ça. Tu allais insister jusqu'à savoir ce qu'il lui prenait. Tu as fini contre le mur. Pourquoi est-ce qu'il faisait ça ? Même quand tu t'es retourné contre lui à cause de votre père, jamais il ne s'est retourné contre toi. Qu'est-ce qui était différent ? Qu'est-ce que tu avais fait pour le mettre dans cet état. Tu t'es visiblement énervé, parce que tu t'es remis à le repousser, encore et encore. Ton coeur était lourd, ton regard rempli d'imcompréhension. Pourquoi est-ce qu'il faisait ça! Tu voulais comprendre.

Tu restes tout de même prêt de lui et tu fronces les sourcils. « Mais de quoi tu parles putain! Je comprends pas ! » Tu ouvres les bras pour montrer ton incompréhension et tu les laisses retomber. Tu fais un pas vers lui, avant qu'il sorte son arme. Tu perds pieds, trébuches dans ton propre pied et tu recules en levant les mains vers lui. « Mais qu'est-ce qui te prend putain! » Ta voix tremble et tes mains aussi. Qu'est-ce qui se passe. Tu fixes un instant le canon de l'arme et tu poses ton regard dans celui de ton frère. « Pointes ça ailleurs ! » Tu viens frapper sur le côté de l'arme pour la repousser. Tu n'aimes pas ça et la vitesse à laquelle ton coeur bat t'empêche de réfléchir.

Tu ne sais pas pourquoi tu sors cette arme. Tu te sentais agressé et sans réfléchir tu l’avais attrapé aussi rapidement que Luky-Luke. Tes réflexes te faisaient peur par moment … comme cette fois-là où tu avais tué quelqu’un par la force de tes coups uniquement parce qu’il t’avait mal parlé. Ce tatoué, lui, avait posé la main sur toi pour te pousser. Tes membres s’étaient crispés, ton regard s’est assombri davantage. T’es comme un animal sauvage prêt à attaquer et tu ne contrôle pas ça. Tu ne te contrôle pas toi-même. « Je parle de tes potes qui sont venu s’installer à ma table juste pour m’emmerder ! T’es venu continuer le travail ! Fais pas l’innocent ducon » Ta voix tranchante crache ces quelques mots à la figure de ton interlocuteur. Tu vois que l’arme lui fait peur et ça t’arrache un petit sourire à peine perceptible. « On fait moins le malin maintenant hein ?! » Tu t’approches de lui, le canon toujours pointé vers son corps. Il tremble, mais n’hésite pas à frapper sur ton arme. Tu ne t’attendais pas à ce geste, tu ne t’y es pas préparé et ton flingue dévie de sa trajectoire. Un bruit de coup de feu raisonne dans les alentours et il te faut moins d’une seconde pour comprendre que c’est toi qui a tiré. Un réflexe encore ? Peut-importe, au moins il est à terre et il te fera moins chier. « Faut faire gaffe à qui tu t’en prends mon gars ! La prochaine fois t’auras peut-être moins de chance encore … enfin, si tu survis à cette balle déjà » Tu le regardes se vider de son sang et dans un geste de rage, tu lui donnes un beau gros coup de pied en plein dans les côtes. « Pauvre merde ! » Tu lui donnes un dernier coup avant de reprendre une clope et de dégager des lieux avant que les flics n’arrivent.