Tu devais aller voir ton frère. Tu ne sais pas comment le prendre, comment réagir. Tu lui avais balancé ta grossesse avant de t'en aller sans même lui laisser le temps de réagir. Tu lui as caché pour ton bien, pour le bien de ton enfant. Tu voulais protéger ta famille, quitte à ce que ça signifie que tu sois amenée à couper les ponts avec ton frère. Tu l'aimes, mais tu ne supportes plus cette vie qu'il t'impose, ces bêtises qu'il peut faire. Tu as accepté de le voir mais dans un lieu public, hors des heures de pointes. Tu préfères t'assurer de ne pas être seule face à lui, mine de rien. Surtout vu les gestes qui étaient selon toi, assez violents. Tu y es allée avec la boule au ventre. Hayden n'est pas avec toi, tu as préféré l'épargner de cette situation douloureuse. Tu es donc installée à la terrasse d'un petit café, patientant que Timao arrive. Tu as peur de sa réaction, peur de ce qu'il va te dire. Mais tant qu'il ne cherchera pas à se soigner, tu ne peux tout simplement plus continuer ainsi. Tu ne pourras pas laisser quelqu'un de toxique dans la vie de tes enfants, c'est trop difficile pour toi....

@Timao Fitzgerald

Tu lui en veux. Tu es en colère. En réalité, tu avais bien décidé de le jeter hors de ta vie, même si ça te fais du mal. Tu ne regrettes pas tes paroles, ni cette gifle. Tu avais certainement mieux à faire, comme t'occuper d'Hayden ou profiter de ta grossesse. Tu n'espérais rien en réalité, tu ne voulais pas forcément garder contact avec lui. Tu étais honnêtement prête à vivre sans ton frère. Tu étais installée à la terrasse avec un thé glacé que tu venais de commander auprès du serveur. Ton ventre est légèrement visible, mais pas avec tes vêtements. Tu ne cherches pas à le montrer à tout prix, tu veux surtout profiter de ta grossesse, profiter de ces moments magiques. Tu ne regardes même pas ton frère en réalité. Qu'est-ce que tu veux...? Lui demandes-tu finalement avec froideur. Tu n'as pas forcément envie d'être gentille et amicale, ce n'est pas le moment.

Tu ris nerveusement à ses paroles. Comme ça, il ne sait donc pas ce qu'il veut? Comme si tu pouvais aller loin avec ça. Comme si ça pouvait apaiser ta décision de ne plus l'avoir dans ta vie pour le propre bien de ta petite famille. Tu ne peux pas te permettre de mettre la vie d'Hayden ni celle de ton bébé à naître en danger. Ils passent avant tout pour toi. Super. Commentes-tu en soupirant sans réfléchir avant de siroter ton thé glacé. L'ambiance est lourde et te mets assez mal à l'aise, tu n'aimes pas vraiment ça pour être honnête. Mais tu sais très bien que ça ne suffit pas comme raison. Tu n'as toujours pas posé ton regard sur lui depuis qu'il est arrivé. Tu n'as qu'une envie, celle de prendre la fuite très loin. Courir, sans jamais te retourner. Courir jusqu'à n'en plus pouvoir. T'en aller loin.

Ça n'avait jamais été aussi tendu entre ton frère et toi. D'aussi loin que tu t'en souvienne, jamais tu n'avais vécu ça avec lui. D'habitude, c'est plutôt vous deux contre le reste du monde, pas l'un contre l'autre. Tu n'aimes pas franchement cette situation, ni cette ambiance. Sauf que tu ne peux pas lui pardonner ce qu'il a it, ce qu'il a fait, ce qu'il t'impose. Tout comme tu ne peux pas imposer ça à tes enfants... Tu ne réponds pas, tu préfères te taire. Tiens, il est donc au courant qu'il n'existe pas que l'alcool dans la vie ? Surprise ! Tu es surtout ironique, bien que tu n'en dis pas un mot. Tu gardes cette pensée pour toi. Plus de violence ? J'ai cru que tu allais me frapper dessus, toi aussi. Tu me fais peur. Lui dis-tu à calme. Ce soir-là, tu n'as même pas reconnu ton frère. Tu as vraiment cru qu'il serait capable de te lever la main dessus. Lui aussi, parce que la violence, tu l'as vécue il y a cinq ans et ça te fais peur. Ce qu'il devient te terrifie. Tu m'as dis que tu n'en avais rien à foutre. Ouais, ça t'as fais de la peine, même si t'es trop fière pour l'admettre. T'as ton égo, tu ne veux pas lui montrer qu'il a réussi à t'atteindre. Et pourtant, il t'as touchée en plein...

Il t'avais terrorisée l'autre soir. Et si, dans son état normal, tu sais très bien qu'il ne te ferais aucun mal, ce soir là, tu as douté. Tu ne pouvais pas faire autrement face à ces gestes brusques. La violence te fais peur. Puis, tu l'as vu passé un homme à tabac parce qu'il a voulu te toucher. Tu te douterais bien qu'il n'en arriverait jamais jusque là avec toi, mais l'idée qu'il te lève la main dessus te fais déglutir. Tu sais que tu aurais dû lui annoncer ta grossesse d'une manière plus agréable, plus belle, mais tu n'avais pas pu. Tu lui avais caché la nouvelle ces dernières semaines. En réalité, quand cet homme a voulu s'en prendre à toi un mois plus tôt, tu étais déjà enceinte, tu venais de l'apprendre... Pour ça aussi que ton instinct s'est déclenché aussi rapidement. Tu devais vous protéger, ton enfant et toi. Ton regard croise le sien pour la première fois avant de descendre jusqu'à ton petit ventre. Toi, tu fais déjà la différence bien que ce n'est pas encore flagrant. Ça ressort doucement, mais sûrement. Dix semaines... J'en suis à dix semaines. Lui dis-tu finalement d'une voix un peu plus douce, un peu plus apaisée. Tu bois une autre gorgée de ton thé glacé, laissant le temps à ton frère de digérer la nouvelle avant d'ajouter. Je voulais te l'annoncer autrement, tu sais... C'est sorti tout seul... Tu culpabilises un peu, tu lui as annoncé qu'il allait être tonton de la pire des manières qui soit. Hayden est comme ton fils, certes, mais il s'agit là de ta première grossesse...

Évidemment que tu regrettes de lui avoir annoncé de la sorte, c'est sorti tout seul face à ta colère et à ta tristesse. Tu aurais aimé lui dire autrement mais tu ne pouvais plus faire marche arrière, il était désormais au courant de ta grossesse. Dix semaines, tu es enceinte de dix semaines déjà. Tu baisses la tête à l'entente des paroles de ton frère. Évidemment que ça te fais mal à entendre, il a brisé ce petit quelque chose entre vous que tu ne pourras pas recoller seule, et surtout pas ainsi... Arrête, bien-sûr que tu mérites de le savoir. Pas comme ça, c'est vrai, mais tu mérites de le savoir. Il n'y arrivera pas tout seul, c'est bien ce qu'il vient de dire, pas vrai? As-tu seulement bien entendu ces paroles, ou t'imagines-tu des choses? Tu n'es plus certaine... Sauf que ça ressemble bien à ce que tu espérais entendre un jour de sa bouche, étonnamment. Dis-moi ce que je peux faire pour t'aider, Tim'... Tu sais que je le ferais. Bien-sûr que tu le feras, tu es prête à tout pour l'aider à s'en sortir...

Dis pas de bêtises, j'ai envie que tu fasses partie de la vie de mon bébé, que tu puisses être un tonton en or et peut-être même un parrain mais.... Vu les circonstances, j'ai peur. Mais je t'aime Tim, tu es mon frère et ça ne changera jamais....

Il veut que ça change, tu as bien entendu ? Tu en es sûre. Tu te redresses légèrement de ta chaise pour mieux t'installer, tu as peur de mal comprendre. Changer ? Est-ce qu'il veut vraiment arrêter ses bêtises ? Lui semblait très opposé à l'idée lorsque tu l'as récupéré à l'hôpital ? Ton frère qui préférait encore se détruire il y a quelques jours ? Tu veux en être sûre, tu oses donc finalement lui poser cette question qui peut fâcher.

Tu veux... Aller dans un centre de désintoxication...?

Je ne peux pas le contrôler Timao, je ne t'avais jamais vu aussi violent que ces derniers temps. Et il est vrai que ça ne peut plus durer mais... Je ne veux pas que tu le fasses contre ton gré, tu sais...

Tu es agréablement surprise par cette décision qu'il peut prendre. Évidemment, tu lui rendras visite aussi souvent que possible pour l'encourager. Tu seras là s'il prend cette décision que tu estimes sincèrement être la meilleure pour ton frère...

Tu seras un autre homme, tu sais. Tu deviendras un homme bien, Tim. Celui que tu mérites d'être même si tu ne t'en rends pas compte... Et je t'y a accompagnerais s'il le faut, tu sais ? Je ferais tout pour toi.

C'est vrai que je n'aurais pas dû voir ça, mais maintenant c'est mon rôle de t'aider aussi, d'être présente pour toi. Et si tu veux te prendre en main, je serais là pour t'épauler dans les moments difficiles. Je ne t'abandonnerais pas. Tu as une famille...

Tu viens caresser ton petit ventre en prononçant ses paroles. Tu englobes évidemment ton bébé dans la famille. Tu adorerais que ton frère fasse partie de sa vie, qu'il puisse rencontrer ton enfant et qu'il puisse prendre son rôle de tonton s'il le désire. Rien ne te ferais plus plaisir d'ailleurs.

Tu vois l'hésitation de ton frère, lui qui approchait sa main de la tienne. Tu tends donc la main vers la sienne pour la serrer doucement. Bien-sûr que je peux les appeler. Tu as déjà un numéro? Lui demandes-tu finalement avec douceur.

Ton frère a été un con. Son comportement envers toi n'avait pas lieu d'être, d'autant plus que tu ne lui as jamais voulu de mal. Pourtant, tu ne peux pas lui en vouloir pour autant. C'est ton frère, vous êtes soudés et vous l'avez toujours aidé. Deux inséparables, deux atomes indissociables. Ton frère est tout pour toi et même s'il t'as fais peur, tu ne peux pas lui en vouloir.

C'est normal...

Tu viens donc combler les quelques centimètres séparant vos mains. Un geste qui démontre que tu seras là pour lui quoi qu'il arrive. Un geste simple qui n'en est pas moins lourd de sens vu ce que vous traversez ensemble à cet instant précis. Lorsqu'il te tend un petit papier avec le numéro dessus, tu souris. Il a un numéro à te fournir et tu ne t'y attendais pas. Tu lâches sa main à contre coeur afin de composer le numéro qui y est indiqué. Tu appelles donc ce centre de désintoxication pour venir en aide à ton frère...