Back in the days... Tu t'étais fait des amis hors normes. Les discussions allaient dans tous les sens. T'avais un boulot plutôt louche, tout comme un boulot respectable. Tu sais ce que tu faisais de ta vie, ta femme de l'époque ne l'a jamais su et encore aujourd'hui, tu te vois très mal le lui avoué, surtout que vous n'êtes plus ensemble. Dans ce monde, tu avais appris à reconnaitre ceux à qui faire confiance et ceux à éliminer. Tu avais rencontré ce jeune... Il y a neuf ans maintenant. Un petit nerveux qui avait une certaine soif à assouvir. Tu l'as pris sous ton aile comme si c'était ton môme, ou encore plutôt ton frère, puisque vu la différence d'âge... Tu n'aurais jamais pu être son père. Tu l'as fait entré dans ton cercle, tu l'as protégé des plus anciens qui cherchaient seuleemnt à l'énerver. C'était ton petit protégé, ton apprenti, ton petit prodige. Tu lui avais appris tout ce que tu savais. Miami... Ça sonne loin dans ta tête maintenant. Tu t'es gardé loin de lui à ton retour de l'armée, tu étais devenu plus dure, mais il restait un ami et c'est bien pour ça que tu faisais ton possible pour en rester loin. Jusqu'à ce qu'il disparaisse... Il y a un an maintenant.

T'as quitté Miami depuis six mois. Il faut le dire, depuis le départ de Evan, tu étais de moins en moins agréable avec les autres. Dis-le Ried. Tu en est venu à tuer de tes collègues. Tu avais pété un plomb. Ce n'est que quelques jours plus tard que ta mère est débarqué et qu'elle t'a sauvé le cul en te ramenant avec elle. On veut ta peau à Miami maintenant.

Ce soir, tu t'es rendu dans le bar le plus louche de la ville et tu allais te poser quand une tête t'accroche au bar. T'as ce sourire narquois qui se dessine. Tu ne l'avais pas vu depuis un an... Putain... Cette ville elle t'en cachait d'autres des surprises comme ça ? Ta soeur... Lynn... Et maintenant Evan ? Tu émets un sifflement. « Ryder! » Aucune réaction. Tu t'approches et ton peid vient chercher la patte du tabouret sur lequel il est assis. Tu tires dans le but qu'il se retrouve le cul au sol.  « T'as perdu tes réflexes gamin ? » Tu laisses tomber un rire en lui tendant la main pour l'aider à se relever.

Ton frère a raison, tu t’apitoyais sur ton sort. En même temps, qu’est-ce que tu peux faire d’autre ? Tu as l’impression d’avancer constamment dans le flou. T’as l’impression de n’avoir aucun but, aucun intérêt à te lever le matin. Tu ne sais pas quoi faire de tes journées à part tourner en rond et aller à tes rendez-vous quotidiens avec ton psy. T’étais obligé de consulter, ordre médical. Tu aurais pu ignorer et n’en faire qu’à ta tête, mais tu sais que si t’y allais pas, on te laisserait pas tranquille. Alors tu t’y rendais pour discuter sans avancer. Parfois, comme ce matin, tu piquais de grosses crises de colères. Il t’énervait avec ses questions et ça te frustrais de ne pas pouvoir y répondre. Ta frustration se traduisait en excès de rage. En fait, t’as bien compris que tu n’étais pas maître de tes émotions, tu ne les contrôles pas du tout. Tu l’as vu en tuant cet homme dans la ruelle. Tu l’as vu en tirant sur Sullen. Tu l’as compris en voyant le nombre de fois où tu t’énervais pour une broutille. Lui aussi l’avait compris. Après tout, c’était son job de voir ce qui n’allait pas chez toi.

Mais qu’est ce qui cloche chez toi au juste ? C’est la question que tu te posais au moment précis où as senti ta chaise être bousculée, t’envoyant directement sur le sol. Ça y est, déjà tu sens ton sang bouillir dans tes veines. Alors que tu lèves ton regard noir, un homme prend la parole en te tendant sa main. Tu regardes cette dernière avant de l’attraper et de te relever. Dès l’instant où t’es sur tes pieds, tu envoies une droite dans la mâchoire de cet homme. Encore une fois, c’est tes gestes qui agissent avant que ton esprit n’ait le temps de penser. Ton psy serait déjà en train de te demander pourquoi tu as frappé ce gars avant de le questionner. Tu ne sais même pas si c’est lui le responsable de ta chute. Peut-être que c’était quelqu’un d’autre et que lui est gentiment venu t’aider ? « Le gamin il t’emmerde et il te conseil de te casser d’ici ! »

Ça te faisait étrange d'être dans cette ville, mais c'était pas si mal. Tu avais étrangement retrouver Lynn et simplement avoir pu la prendre dans tes bras un moment t'avait fait un bien fou. Calmant pendant un moment tes crises. Tu avais aussi retrouvé ta soeur et son attitude t'annonçait rien de bien bon. Tu étais resté à son chevet pendant une heure ou deux t'assurant qu'elle était endormie. T'avais pris le temps d'allumer la télé avant de partir. Une chaine stupide sans agressivité, quelque chose de bien calme. Tu avais pris ses clefs pour bien verrouiller la porte. Tu n'allais pas lui dire que tu sortais la nuit, à la voir, ce n'était pas une bonne idée.

Dans ce bar, tu tombes sur un vieux pote. Cette ville t'en cachait des bonnes! Tu lui fais un coup chien, comme à ton habitude, mais ce regard qu'il te lance te fait étrange. Tu fronces les sourcils, curieux. Tu as à peine le temps d'ouvrir la bouche qu'une fois sur ses pieds, il te balance une droite en pleine gueule. Tu tournes la tête sous la pression du coup et tu te mets à rire. Sacrée droite. Tu te redresses en te massant la mâchoire. Tu lèves les yeux au ciel en plaçant tes poings contre tes hanches. « Toujours aussi mauvais caractère ma parole! » Tu lui frappes en douceur sur l'épaule, de ce coup fraternel. « C'est comme ça qu'on traite un viel ami, Ryder. » Tu te penches pour récupérer la chaise et tu lui prends l'épaule pour l'asseoir. Tu te laisses tomber sur la chaise près de lui et tu le regardes. Ce n'est qu'à ce moment là que tu remarques la cicatrice à sa tampe. Tu tires ta chaise pour te rapprocher. Ton regard est soudainement sérieux. Tu lui agrippes le menton pour lui tourner la tête. « C'est quoi ça ? Qui t'a fait ça? » Tu le relâches, les points d'interrogation dans les yeux. « J'espère pour lui qu'il est mort. » Tu accostes la première serveuse en lui prenant le bras en douceur. Tu vous commandes à boire et termines sur un clin d'oeil avant d'appuyer tes coudes et tourner la tête vers lui. « On dirait que tu t'es fait plus d'ennemi depuis que t'as quitté Miami. »

Est-ce que c’était trop demandé de pouvoir passer une soirée au bar sans que quelqu’un ne vienne t’emmerder ? Tu ne sais donc pas sortir seul sans que quelque chose ne dérape ? D’abord tu tabasses quelqu’un pour une simple parole mal interprétée, ensuite tu tires sur ton propre frère (dont tu ignorais l’existence) et maintenant encore quelqu’un te cherche en te faisant tomber de ta chaise. Ton sang bouille déjà alors que tu ne sais même pas si cet homme baraqué était le responsable de ta chute. Après tout, peut-être que t’avais simplement perdu l’équilibre. Ça t’était déjà arrivé il y a quelques jours à peine à cause de ta tête qui te donnait des vertiges. Tu ne l’avais dit à personne ne trouvant pas ça important, mais si ça se reproduisait trop souvent, ça deviendrait un problème. Mais perdre l’équilibre en étant simplement assis sur une chaise ? Improbable selon toi. Non, ce type doit être responsable. Tu n’hésites d’ailleurs pas à lui mettre une belle droite en pleine mâchoire. « Ryder ?! Tu te trompes de personne mec ! J’suis pas ton ami ni un Ryder » Tu serres tes poings en restant sur la défensive au cas où tu devrais le frapper à nouveau. Par son geste, tu te rassieds sur ton siège en essayant de te calmer histoire de ne pas créer encore de problèmes. Tu pouvais parler calmement et lui expliquer qu’il se trompait de personne non ? T’étais bien capable de faire ça quand même. « J’en sais rien et ça te regarde en rien ! » D’un geste brusque tu dégages sa main de ton visage. T’aimes pas qu’on regarde cette cicatrice qui commençait au niveau du haut de la pommette et qui finissait sa course au niveau de la tempe derrière ton oreille. Elle te rappelait sans cesse un passé que tu ne connaissais pas. « Qu’est-ce que tu me veux ?! Qui t’es déjà hein, t’es pas capable de te présenter ?! » T’es énervé, mais putain t’arrives à plus ou moins rester tranquille. Sinon tu l’aurais déjà menacé » [/color]

Mais c'est quoi cette attitude à la con ? Il lui prend quoi ? Tes jointures se craquent dans des points bien serrés. Tu serres la mâchoire tout en grognant. Tu ne supportes pas qu'il te parle comme ça et ça a toujours été comme ça. Tu l'aimes bien Evan, il est comme un petit frère pour toi et t'as le grand frère rude en ce moment. « Ok, Evan, tu fais chier là! Tu me feras pas ce coup de chien là! C'est pas parce que t'as plus besoin de moi qu'on est pas amis merde! Toi et ta gueule d'ange, ton putain de caractère, y'a que toi pour réagir comme ça. » Si seulement ça s'arrêtait là! Il dit qu'il ne se souvient pas de toi. La loose... Tu te pinces l'arrête du nez, tu tentes de rester calmer, mais tu sais bien que ton corps réagira comme il le voudra. Putain, c'était comme si tu étais n'importe qui, comme si tu avais fait quelque chose pour le faire souffrir et ça va finir par te rendre malade.

« Oh ! Parce que tu veux jouer la carte de la mémoire ? Ok. Parfait. » Tu sors ton portable de ta poche et tu parcours les photos pour en sortir une que vous avez pris après une beuvrie, une sale beuvrie, disons-le ! Tu lui balances le portable sous le nez et comme tu le faisais quand tu étais énervé contre lui, tu l'agrippes par la nuque et tu lui poses la pointes du nez contre l'écran. « Tu ne viendras pas dire qu'après cette soirée t'as décidé de tout oublier et tout laisser derrière. On était comme des frères monsieur belle gueule. » Tu le relâches avant de prendre ta bière en te callant dans ta chaise. Tu le fixes, silencieux. À quoi ça serre de lui donner ton nom, putain il le connait ! Non ? C'est quoi cette histoire. Tu regardes autour de toi et la serveuse s'approche de nouveau de toi. « Ried, tu sais que la patronne aime pas ça. » Tu lèves la tête vers elle et vient poser ton bras contre le dossier de la chaise dévoilant une arme avec tes initiales sous la crosse. « Elle n'a qu'à venir me le dire en pleine face cherie. Tu sais bien que ça me fera plaisir de lui dire ce que j'en pense. Mon ami ici présent à de petits soucis de mémoire et il ne se souvient même plus de son mentor, faut bien lui rafraichir la mémoire. » Tu lui donnes quelques billets pour qu'elle foute le camp. Tu viens ensuite appuyer tes coudes contre la table. « Tu m'expliques ce qui t'arrive pour que tu sois encore plus à cran que d'habitude. »

Ryder. Ce nom sonnait étrangement dans ta tête. Une drôle de sensation te parcourait le corps et ce n’était pas très agréable. Ce n’est pourtant pas la première fois que tu en entendais parler, tu es presque sûr que Sullen l’avait mentionné dans un de ses messages. Pourtant le lire ne t’avait pas procuré le même effet que de l’entendre. « Que je sache je buvais tranquillement mon verre quand tu es venu me faire tomber de ma chaise ! Donc celui qui fait chier là c’est toi ! Moi je n’ai rien demandé » Tu le regardes lui et son air sévère quand il te parle. Comme si c’était toi l’emmerdeur de l’histoire. Ça te rend dingue ça, mais faut que tu arrêtes de t’énerver et de tuer tous ceux qui sont contre toi. Pour le moment tu arrives à gérer et à ne pas exploser de colère, mais combien de temps arriveras tu as tenir ? Surtout vu la façon dont ce type te parlais. D’ailleurs, tu aurais voulu qu’il se contente de laisser tomber, mais il n’en avait aucunement l’intention. D’un geste, il sort son téléphone pour te mettre des photos de vous deux sous le nez. Il te force à regarder même s’il n’y en avait pas besoin. Cette photo t’intriguait assez pour que tu plonges ton regard sur celle-ci. Tu vois bien que c’est toi, en train de boire et sourire comme un défoncé à ses côtés. « On était ami … » Tu murmures ces paroles sans savoir s’il entendrait ou pas. Tu fixes le petit écran et avec ton doigt tu fais défiler afin de voir s’il y avait d’autres photos. « Comme des frères … » Tu répètes la fin de sa phrase. Il te prendrait peut-être pour un fou, mais qu’importe. T’étais à l’affût du moindre souvenir te concernant et lui en avait sûrement sur toi. Tu relèves la tête et la serveuse l’appelle par son prénom. Ta tête te fais soudainement très mal comme si tu lui en demandais trop. Tu grognes en posant tes paumes de main sur ton front puis tu tournes ta tête vers ce Ried. « Ce qui m’arrive ? » Tu lui montre ton profil droit et du doigt tu pointes ta cicatrice. « Tu vois ça, c’est une balle qui a fait son chemin. Depuis, plus aucun souvenir ! Alors Putain, arrête de me prendre la tête parce que je me souviens pas de toi ou de cette photo ou de n’importe quoi d’autre. Je ne me rappelle RIEN ni PERSONNE !!! » Tu lui cries les derniers mots, énervé de devoir encore dire à quelqu’un que t’es maintenant un moins que rien sans mémoire.