Tu as mal au coeur. Tu te voyais mal continuer comme ça. Ta mère était toujours à l'hôpital, Jacob avait réussi à te faire rentrer à la maison. Pour être franche, tu ne le lâchais pas. Tellement de peur qui te prennaient aux entrailles. Tu avais peur que ta mère ne rentre pas, pourtant, tu sais bien que ce n'est pas de la plus haute gravité. Tu avais peur qu'on s'en prenne à Jacob, même s'il sait se défendre. Tu avais malgré tout cette peur qu'il arrive quelque chose à ton père. Tu sais bien ce que tu lui as dit et c'est sûrement la plus douloureuse rupture que tu te vois vivre dans ta vie. Toi qui ne pensait qu'à ça. D'avoir ton père dans ta vie, pouvoir être avec lui. Qu'il s'en prenne à quelqu'un, tu t'en fous... Qu'il tue des gens... Tu t'en fous tout autant. Il ne t'écoutait pas, il te prennait comme une gamine et tout le monde sait à quel point ça t'énerve. Tu n'es plus une enfant depuis longtemps.

Tu avais besoin d'air et tu avais besoin d'être seule. Tu as laissé un mot sur ton lit, pour Jacob, dans tous les cas il viendrait sûrement dans ta chambre pendant que tu seras parti. Tu y déposes ton portable avant d'attacher tes cheveux. Tu sors par ta fenêtre et tu trouves ton chemin jusqu'en bas de la maison. Tu lèves les yeux vers sa chambre et dans un soupire tu t'élances sur ton chemin. Tu chasses une larme rapide avant de t'enfoncer à travers les arbres près de la maison. Tu as ton petit endroit fétiche et c'est là que tu t'étais rendu qu and Enzo était venu à la maison durant un weekend avec Clara. Tu marches à travers les arbres. Tu croises les bras contre ta poitrine en te tenant les bras. Tu marches sans te retourner. Tu rejoins cet espace en hauteur, d'ou tu peux voir tout le lac. C'est affreusement haut et c'est peut-être ce qui t'a attiré dans cet endroit. Tu fais les derniers pas jusqu'à te retrouver sur le bord. Tu fixes l'horizon en prenant de grandes respirations. Il y a une légère brise et tu frissonnes. En fermant les yeux, tu cherches à faire le vide.

Il n’y avait pas une journée sans que tu ne repenses à ses mots. « Je te déteste » Même le coupe papier dans ta main n’était pas aussi douloureux de voir sa fille te haïr. Selon Lolita, tu devais parler à Jacob pour réussir à la récupérer, mais t’en vois pas l’utilité. Au contraire, si tu vois ce gamin, t’allais envenimer la situation plus qu’autre chose. Tu ne serais pas capable de te montrer sympa avec. Pas maintenant alors que Vica t’avais rejeté pour lui. T’en souffrais et elle te manquais horriblement.. Ça ne faisait pas longtemps qu’elle était réellement entrée dans ta vie pourtant, mais elle avait déjà une place importante dans ton cœur. C’était ta fille, ta princesse et tu voulais lui offrir ce dont elle avait toujours rêvé : un père. Mais t’as tout foiré. T’as foiré sur toute la ligne et tu devais réparer tes erreurs. Plusieurs fois t’étais venu jusqu’à la maison du lac. Plusieurs fois tu t’étais garé un peu en retrait, essayant de réfléchir à ce que tu pourrais lui dire pour améliorer votre relation. Mais à chaque fois que tu l’apercevais, elle était avec Jacob. Sauf aujourd’hui. La voilà ta chance ! Elle sortait seule pour une fois. Ce satané gamin ne la suivait pas et c’était l’occasion pour toi de la suivre. Elle grimpe rapidement et toi tu suis derrière sans attirer l’attention. T’attends d’arriver au sommet pour montrer ta présence. « C’est dans ce genre de situation que je vois que j’ai plus 20 ans » Elle avait fait le chemin facilement. Toi, avec ta jambe qui fatiguait assez vite, t’avais eu un peu plus de mal. Tu regardes ta fille et t’espère qu’elle n’allait pas te repousser encore une fois. T’as vraiment envie que les choses s’arrange. Tu avais besoin que quelque chose de positif se passe dans ta vie pour une fois. T’avais besoin d’elle à tes côtés.

Cet espace en haut, à l'air libre, c'était ton moment à toi, ce petit lopin de terre qui te permettait de réfléchir ou de vivre ce que tu ressentais. Tu fermes les yeux, pousses un soupire pour profiter du silence et de la solitude. Tu ne pleures pas, tu ne veux pas pleurer, tu ne veux plus pleurer, pourtant, c'est là au fond de ta gorge. Ça te fait mal. Tu t'étais attaché à lui et lui dire adieu pour de bon, t'as pas vraiment envie. C'est ton père, non ? Tu sais bien qu'il n'a pas été là en dix ans. Tu sais aussi qu'il ne le sait pas depuis longtemps, mais ce n'est pas une raison pour venir écraser ta vie et faire tes choix à ta place. Tu as bien accepté le fait d'être lié à la mafia et tous les risques ta mère prends pour que tu puisses être heureuse. Tu l'as vu à sa mine à l'hôpital qu'elle avait fait quelque chose qu'elle n'aurait pas du. Tu le sais, tu n'es pas stupide. Tu connais ta mère, malgré ses absences, tu sais comment elle est et tout ce qu'elle serait prête à faire pour toi. Tu sais que ce qu'elle a fait pourrait lui couter cher et tu penses déjà à ce que tu ferais si tu te retrouvais seule. Chaque geste que ta mère pose, tu sais pourquoi.

Tu viens pour t'asseoir au sol, mais une voix arrive de derrière toi. Tu tournes la tête sans regarder ou tu mets les pieds en tournant. Ton pied frôle le rebord, mais tu ne t'en rend pas compte. Tes yeux se posent sur ton père et tes traits deviennent dure et une grimace de dégoût s'affiche. Tu ne supportes plus de l'aimer autant. Pourquoi est-ce qu'il fait ça ? Pourquoi est-ce que c'est si dure de le détester? Tu viens à lever un bras vers lui. « Ne m'approches pas ! Dégage! Je veux pas te voir ! Je veux plus te voir ! » Tu fais un pas à reculons et tu pied s'ancre dans le vide. Ton corps bascule vers l'arrière. Tes yeux deviennent rond, ton coeur s'arrête et un cri de stupeur s'extirpe de tes lèvres. Tu n'as jamais eu aussi peur de ta vie. La détresse se lit dans ton corps raidit et dans tes mires fixées dans celles de ton père. Ton bras est toujours tendu vers lui, mais cette fois, pas en cherchant de l'éloigner, mais plutôt pour l'atteindre. Tu tombes, le sol se dérobe sous tes pieds. « PAPA! » Ta voix se déchire, tu ne réalises pas ce que tu viens de dire. C'est strident, aigüe, un son que tu ne te connaissais pas. Tu n'avais jamais eu aussi peur de toute ta vie. Pourtant, tu tombes, tu vois le sol se rapprocher de tes yeux. Tu as l'impression que tout se passe au ralentit. Tu es dans le vide.

Il est temps que tu rattrape les choses avec ta fille. Tu n’aimais pas du tout la relation froide qui persistait entre vous. Elle te manquait plus que tu ne l’aurais cru. Ses mots t’avaient fait mal, très mal, mais en y réfléchissant, ça avait sans doute été plus dur pour elle. Elle avait rêvé d’un père, tu lui en avais offert un avant de devenir son pire cauchemar. Tu lui avais promis de ne jamais devenir tyrannique avec elle et tu avais trahis cette promesse. Toi qui ne jurais jamais rien si tu ne pouvais pas tenir ta parole. On pouvait te reprocher bien des choses, mais t’étais un homme de parole ! Sauf ces derniers temps. Tu t’étais perdu, tu avais été trop loin, dépassé tes propres limites et Ludovica, ta princesse, en avait souffert. « Vica s’il te plait ! On doit parler ! » Sa réaction te brise le cœur. Elle te haïssait au point de même plus pouvoir te regarder ? Comment est-ce que votre relation avait pu autant se dégrader alors qu’elle avait si bien commencée ? Mais ce n’était pas ce rejet le pire. Non, le pire c’était de la voir faire un pas en arrière alors qu’elle était déjà si proche du bord. Tes muscles se bandent, tes réflexes s’éveillent d’un seul coup et tu cours vers elle au moment où tu comprends qu’elle va tomber. Son cri déchire tes oreilles. « ViCA !!! » Tu fais un bond et t’attrape sa main de justesse. T’es allongés sur le sol, ton bras droit dans le vide, ta fille retenue par la seule force de ta main. Tes yeux sont aussi effrayés que les siens. « Accroches toi ! S’il te plait mon ange accroche toi ! Ne me lâche pas ! » . Ta voix est cassée par la peur de la voir glisser. De ton autre main, la blessée, tu essayes de prendre appuis tant bien que mal pour pouvoir relever Ludovica. Tu tires de toutes tes forces « Agrippes toi au bord dès que tu peux ! » Tu tires encore, et tu l’aides à revenir sur la terre ferme. Ton cœur bat à toute allure tellement tu as eu peur de voir son corps s’écraser en bas de la falaise. Tu ne te le serais jamais pardonné. Une fois sur le sol. Tu l’attire contre toi, l’entourant de tes bras encore tremblants. T’as des larmes aux yeux en la serrant forts contre toi. Tu ne veux plus la lâcher « Tout va bien …. » Tu tentes de la rassurer, mais surtout la garde contre toi, soulagé et encore apeuré à la fois.

Tu aurais aimé que tout s'arrête, que le temps se fige et pourtant, non, il a simplement ralenti suffisament pour quoi tu croises le regard de ton père. T'as craint le pire. La pensée qu'il n'arrive pas à toi à temps te fais encore plus peur que la pensée en elle même. Que tu en viennes à y penser te donne froid dans le dois. Tu te demandes même si c'est comme ça que tu voudrais que votre relation se termine. Est-ce que ce serait vraiment les derniers mots que tu aimerais lui dire. Tes yeux croisent l'endroit ou se trouvait tes pieds quelques secondes plutôt et tout espoir disparait. Au moment ou tu viens à fermer les yeux, sa main agrippe la tienne toujours perchée au dessus de ta tête. Tes doigts tremblants cherche à s'agripper à son poignet, mais tu es tellement paniquée que tu n'y arrives pas. Ton regard se pose dans le sien, tu pleures, ta lèvre inférieure tremble. Tu ne te souviens pas la dernière fois ou tu t'es retrouvé dans un état aussi tétanisée. Il te prend un simple coup ou tu glisses de sa main pour que ton corps prenne le relai sur ton esprit terrifié. Ta main vide tente de s'accrocher à lui, à sa manche, n'importe quoi, mais tu ne trouves pas grippe. Celle qu'il tient glisse encore et tu pousses un cri court et sec. « J'y arrives pas ! Dépêche-toi papa ! Je glisse! » Tu cherches une grippe, mais tes mains tremblent tellement qu'à chaque fois que ton bras retombe, ça te fait glisser un plus. Par chance, un dernier essaie et tu arrives à atteindre le bord. Tu te hisses sur la terre ferme et tous lâches. Tu te retrouves en sanglot, en état de panique et toujours ce cri au fond de la gorge, mais celui-là ne semble pas vouloir sortir. Dès que tu te retrouves contre lui, tu t'accroches à en fait rentrer tes ongles à travers ses vêtements. Tu t'agites sans trop savoir comment réagir. Tu t'écrases complètement contre lui en fermant les paupières du plus fort que tu peux. « Papa! Papa! Me lâche pas ! Me lâche pas ! » T'es sous le choque, tu ne te rends pas compte de ce mot que tu répètes sans cesse. Tu sais bien qu'il a toujours sa chance avec toi, mais toi, tu ne voulais pas le lui dire. Ces papa, pourtant, contradiront toujours ce que tu lui diras par la suite.

Ta foutue main blessée et inutilisable ne t’aide pas. Tu ne peux pas t’en servir pour resserrer la prise ni pour te tenir correctement toi-même. Si ta fille venait à glisser davantage ou pire, si elle venait à s’écraser contre le sol, tu tiendrais Kaj pour responsable. Avec tes deux mains, tu aurais eu tellement plus facile à la sauver. En attendant, tu vis dans un cauchemar éveillé. Elle glisse, tu sens sa main s’échapper de la tienne. La peur te tord les tripes d’autant plus. Tu es tellement effrayé de la voir tomber que tes yeux se brouille à cause des larmes qui menacent de couler. « Tu peux y arriver mon ange ! Agrippes toi ! S’te plait ne lâche pas ! » Tu serres ta main aussi fort que tu le peux autour de la sienne et tu tires de toutes tes forces. Tu la soulève assez pour qu’elle puisse trouver le bord du bout des doigts. « Encore un petit effort » Tu tires à nouveau et cette fois elle a prise et enfin tu peux l’attirer contre toi. Tu la serre dans tes bras, le cœur meurtri par ses sanglots. Encore paniquée, elle te supplie de ne pas la lâcher. Tu resserres ton étreinte « Je suis là … c’est fini princesse. T’es en sécurité. J’suis là et jamais je te lâcherais » T’as envie de pleurer avec elle, d’évacuer cette pression, ce stresse que tu avais ressenti en voyant ta petite fille disparaître dans le vide, mais tu gardes tes sanglots pour toi. Tu ne peux pas craquer, elle n’a pas besoin de ça. Elle a besoin de pouvoir compter sur toi, de s’appuyer contre toi. « Je te lâcherai jamais. Jamais tu m’entends ? Tu es ce que j’ai de plus précieux maintenant. Je serais toujours là » Tu tentes de la rassurer du mieux que tu peux.

Ton corps propulsé dans le vide, tu n'as aucune prise, pas main à la main de ton père. Tu crains la mort plus que jamais, toi qui ne t'es jamais sentis effrayé par elle, mais là... C'était différent, quelque chose en toi avait changé. Tu avais eu ta chance d'avoir un père et il te fillait entre les doigts. Ton coeur t'empêchait de réfléchir tellement il battait trop fort. Tellement fort qu'il te donnait mal à la tête. Tu as les yeux rivés sur lui et tu n'arrives plus à pleurer tellement tu veux t'accrocher à la vie qui t'a été offerte. Tu fais ce que tu peux et enfin, tu arrives à rejoindr le bord. Une fois en dite sécurité sur terre, tu sens ton corps endolori trembler contre une chaleur rassurante. Ton visage vient se nicher contre le torse de ton père et tes mains cherchent à s'agripper à lui, pourtant, elles tremblent que la prise ne se fait pas. Tu en oublis l'animosité que tu lui portes depuis qu'il t'avait dit vouloir t'éloigner de Jacob. Tu lui avais dit le détester, ta voix prononçant son prénom en entier vibre encore dans ta tête. Tu fermes les yeux, serres les paupières, tout ce que tu vois, c'est ta chute, ta main qui n'arrive pas à garder la sienne en prise. Tu n'arrives pas à faire descendre ta peur, t'as encore cette impression de tomber et tu étouffes un nouveau cri de peur dans un spasme qui te décolle de lui. « Non! » Tes bras se tendent et l'agrippent te plaquant brusquement contre lui à nouveau. Ils s'enroulent ensuite autour de son torse agrippant difficilement ses vêtements. Tu essaies de respirer, mais soudainement, l'air ne passe plus. Ça y est, tu es en crise de panique. Tu cherches ton air, mais plus rien ne semble passer.

T’as jamais eu aussi peur de ta vie. En une fraction de seconde tu aurais pu perdre la personne qui était devenue la plus chère à tes yeux. Ta fille avait pris une grande place dans ton cœur et la voir disparaître sous ton regard de père coupable de sa tristesse aurait été la pire épreuve de ta vie. T’avais laissé tes réflexes parler pour toi, tu les avais laissés te guider jusqu’à la main de Vica que tu tenais désespérément dans la tienne pour la retenir de sa chute qui lui serait fatale. Tu y avais mis toute ta force pour la remonter. Tu ne pourrais même pas décrire le soulagement que tu as ressenti quand elle s’est retrouvée sur la terre ferme, dans tes bras saine et sauve. « Je suis là » Tu répètes ces paroles encore une fois alors qu’elle resserre sa prise contre toi. Ça pourrait aller mieux, mais elle n’arrive pas à reprendre son calme. C’est même de pire en pire. Tu poses tes mains sur ses épaules pour l’éloigner un peu de toi et tu les poses ensuite sur ses joues. Ta main blessée saigne à nouveau, mais tu t’en fou. L’important c’est ta fille. « Vica regarde-moi ! Ouvre les yeux ! Regarde-moi » Tu plonges tes yeux dans les siens fermés. T’es accroupis à sa hauteur, tes mains toujours sur ses joues. « T’es sur la terre ferme mon cœur ! Regarde-moi ! Ouvre tes yeux »