Depuis mardi je squattais chez Lily. Je ne voulais pas prendre le risque de croiser Clara avec qui j'étais en froid depuis qu'elle m'avait annoncer passer son weekend avec Enzo. Pour le coup je n'arrivais plus à la suivre. Ce type lui avait fait du mal et maintenant elle traînais avec lui. Je voulais aussi éviter de me retrouver seule avec papa. Je ne voulais pas balancer ma soeur, même si je lui en voulais et il se douterais que j'étais en colère contre elle. Alors passer du temps chez Lily était ma meilleure option. Puisque Klaus vivait avec ce con d'Enzo et qu'Alistair n'avait plus d'appartement. Mais ce soir je n'avais pas le choix, il fallait que je passe à la maison, pour récupérer des affaires, j'en avais emprunter à Lily ce matin déjà, je n'allais pas lui piquer des fringues tous les jours. La maison était vide, papa devait travailler tard, ça m'arrangeait. Je mis quelques vêtements dans mon sac puis descendit à la cuisine. Je sortais de mon entrainement et je crevais de faim. Alors que j'allais atteindre le frigo je me rendis compte que je n'étais pas aussi seule que je ne le pensais. « Salut papa » Je le rejoignis dans la cuisine alors qu'il me proposait de manger avec lui. J'hésitais mais en même temps ça faisait des jours que je fuyait la maison, je lui devais bien ça. « Ouais je suis passé récupérer des affaires, je retourne chez Lily ce weekend » Je savais que je le laissais seul, que ça faisait plus ou moins de moi une fille indigne. « Mais je vais peut être rester finalement... Enfin je sais pas » Si Clara était en weekend avec Enzo, je ne la croiserais pas. Je posais mon sac dans un coin et m'installais à table « L'entrainement a été intense, je meurs de faim. Tu as pris des trucs végétarien j'espère ? » Je ne mangeais plus de viande depuis un peu moins d'un an à présent, hors de question pour moi de déroger à cette règle.

J'avais prévu de passer mon weekend avec ma meilleure amie, la raison principale étant que je me retrouvais sinon seule avec papa à la maison et que je m'ennuyais. Mais Lily était également un sacré bon argument pour m'éloigner de la maison. J'étais donc passé prendre de quoi tenir pendant le weekend, même si Lily n'habitait vraiment pas loin. J'étais convaincue que papa terminais plus tard que ça alors je fut surprise en le trouvant à la maison. Devant lui, mon sac à la main je me sentis un peu prise en faute. Comme si je l'abandonnais. Je ne sut pas trop quoi faire, ni quoi dire. Alors je le laissais parler. Il me demanda si j'avais tout ce qu'il me fallait. « Oui j'ai tout, j'ai lancé une machine d'ailleurs. J'ai mis tes affaires » Maintenant je ne sais plus quoi faire, je me vois mal partir en le laissant manger seul. Je finis par poser mon sac et le rejoindre à table. En voyant son sourire. « Je rejoindrais Lily plus tard » Quand il évoqua ma meilleure ami, je me sentis un peu plus mal. J'en avais parlé à Clara mais je n'arrivais pas à évoquer mon attirance pour les filles et précisément pour Lily à mon père. J’appréhendais sa réaction. Et puis c'était bien souvent tendu entre nous alors je ne voulais pas jeter de l'huile sur le feu. Je regarde les boites de nourriture et demande à mon père si j'ai de quoi manger là dedans étant végétarienne y'a des choses que je ne touche pas. Heureusement papa sait très bien mon régime et à prévu le coup. J'attrape une boite et l'ouvre avant de commencer rapidement à manger, oui je suis affamée. Je savoure mon plat, y'a pas à dire, c'est délicieux. Papa me demande alors comment je vais. Je hausse les épaules. Franchement je ne sais pas quoi lui répondre. Finalement je opte pour une réponse verbale « Pas trop mal » Disons que j'ai connu mieux comme pire. Mais je n'ai pas envie de m'étendre plus sur ça « Et toi ? » Je pioche de nouveau dans mon plat avant de demander « En fait papa je peux te poser des questions sur maman ? » Depuis quelques jours, je ressens le besoin de parler de maman. Je pourrais questionner ma grande soeur mais Clara n'était pas bien vieille non plus quand maman est partie alors elle n'aura pas toute les réponses. Et puis j'ai envie d'entendre certaine chose de la bouche de mon père, il parle si peu souvent de notre mère.

Je secoue doucement la tête quand papa me dit que je grandit trop vite. Je ne suis pas d'accord, moi j'ai l'impression d'être encore une gamine et je crois bien que ma famille n'aide pas. Alors je lui répond « Vous me voyez tous comme un bébé encore. » Je savais bien que j'étais la petite dernière et que c'était surement le lot de tout les petits derniers de toute les familles. Mais parfois j'en avais un peu marre, beaucoup en réalité. Mais je ne pouvais même pas leur en valoir. Je m'installe en face de papa et attrape un truc à manger. Le sport m'a donné faim, alors je n'attends pas longtemps avant de commencer à manger. Je reste silencieuse un moment, trop occupé à savourer la nourriture. Mais papa me demande comment je vais. Je le regarde, hésite mais finit par lui dire la vérité. Enfin plutôt je lui disait juste que ça allait pas trop mal, sans m'étendre sur les détails. Papa me dit que je peux lui en parler mais je secoue la tête « Tu comprendrais pas » Sur le coup, je ne me rend pas compte de ce manque de tact. Mais je me reprend « C'est juste que ... c'est plus une histoire de fille » Je me replonge dans mon plat, consciente que je ne fais que m'enfoncer. Peut être que j'aurais du filer chez Lily en fait, je ne serais pas dans cette situation. Mais trop tard. Je lui pose donc à mon tour la question et écoute sa réponse, ravie que ça aille bien pour lui. Je mange encore un peu avant de lui poser la question qui me trotte dans la tête depuis un moment. Je vois sa tête, je sais que ma question lui fait du mal. Je secoue doucement la tête « Excuse moi, je veux pas que tu te force à en parler. C'est juste que je me suis rendue compte que je me souvenais de moins en moins d'elle. Enfin j'ai jamais eu de vrai souvenir avec elle mais je ce qu'on me raconte. C'est toi qui la connait le mieux, alors je me disais que tu pourrais me parler d'elle » Je souris tristement. « Désolé, si tu préfères j'en parlerais aux garçons »

Je le regarde pas tout à fait convaincue. Mon père me dit qu'il sait que je ne suis plus un bébé, mais par moment on me traite ainsi. Je sais que je suis la petite dernière et que je serais toujours le petit bébé de la famille. Parfois ça m'énerve, parfois j'avoue j'en tirais aussi des avantages. Enfin le plus souvent ça m'agace. Mais je ne lui répond pas, ça ne sert à rien, je n'ai pas envie d'entrer en conflit pour ça. Pas aujourd'hui en tout cas. On se prend très souvent la tête pour pas grand chose alors ce n'est pas la peine d'insister. Je change de sujet mais là encore ce n'est pas le meilleur. J'aurais peut être du parler d'autre chose. Car là je suis en train d'insinuer qu'il ne peut pas m'aider. Heureusement mon père est compréhensif et je lui répond « Je sais bien, c'est pas contre toi ... c'est juste que ... » J'hésite, je devrais lui en parler, je le sais bien. Mais je n'y arrive pas. J'ai peur, beaucoup trop peur. Alors je secoue doucement la tête « Non rien oublie » Je lui dirais plus tard, ou jamais je ne sais pas. Peut être qu'il comprendra de lui même, ce serait bien plus simple que de lui avouer. Enfin plus simple pour moi. Encore une fois je changeais la conversation sur un point sensible, pour changer. Je voulais en savoir plus sur elle. J'ai aucun souvenir à moi, tout ce que j'ai c'est ce que je me construit. Mais celui qui pourrait m'en parler le mieux, c'est lui. Alors j'essaye d'avoir des informations. Je vois bien qu'il n'as pas très envie d'en parler. Malgré tout il m'affirma qu'il pouvait m'en parler « Merci papa, ça compte vraiment pour moi » Je sers sa main qu'il a glissé dans la mienne « Tu pourrais me parler de comment elle était avec moi ? Je sais qu'elle allait pas très bien? Mais elle m'a un peu connue non ? Elle était déjà malade quand elle est tombé enceinte ? » Petite j'avais eu du mal à comprendre tout ça, j'avais longtemps été persuadée qu'elle était morte par ma faute.

J'écoute papa me dire que ce n'est pas grave, que je n'ai pas à me justifier. Mais j'entends bien au ton de sa voix que je lui ai fait du mal. Mais je ne le voulais pas. C'est juste que parfois j'aimerais vraiment me confier à une femme, enfin non à ma mère. Mais elle n'est plus là alors c'est souvent Clara qui prend sa place, d'ailleurs c'est à elle que j'ai parlé en premier de mon attirance pour les filles. Ce que je n'arrive pas à dire à mon père, j'ai trop peur de le blesser. Ou pire de le décevoir. Alors je n'insiste pas plus, peut être que je lui dirais plus tard, peut être pas, je n'en sais rien pour le moment. Alors je lui demandais plutôt de me parler de maman. Mais ça non plus ce n'était pas une bonne idée, ça le rendait triste, je le voyais bien et j'en étais vraiment désolé, ce n'était pas mon but. Je m'excuse, lui dit même qu'il n'est pas obligé de m'en parler s'il ne le veut pas. Mais il le fait et j'aime ce qu'il me dit. Savoir que ma mère m'a connu, m'a aimé surtout, ça me fait du bien. Même si j'en doutais pas, c'était agréable d'en avoir la confirmation. Je souris doucement « Merci papa » Mais je veux en savoir un peu plus. Alors je continue mes questions « Quand est ce que vous avez découvert qu'elle était malade ? Et pourquoi elle n'as pas survécut ? Enfin c'était quel genre de cancer ? Maintenant la plupart peuvent être vaincu ? C'était trop tard ? » Il y avait toujours eu un grand flou autour de la mort de maman et j'avais vraiment besoin de comprendre pour mieux accepter de ne pas l'avoir connu. Je sais que remuer ça vas faire mal à papa, je ne devrais peut être pas. Mais je ne peux pas m'en empêcher, j'ai envie d'en savoir plus.

Je ne posais pas souvent de questions sur maman à papa, mais en ce moment, j'en avais besoin. J'étais en pleine phase de construction, notamment sur mes sentiments amoureux. J'aurais vraiment aimé avoir ma mère pour lui parler de tout ça, ce que je ressentais pour Lily, mon attirance pour les filles. Avec papa, c'était différent, je n'osais vraiment pas lui en parler. Enfin en tout cas je lui souris quand il me dit que ça lui fait plaisir de me parler d'elle « Merci papa » Je savais également que ça le rendait triste. Je lui pose donc toute les questions qui me passent par la tête. Peut être tout un tas, surement trop mais il me répond tout de même. Ses réponses me laissent encore un peu plus dans le flou, j'avais toujours été persuadée qu'elle était malade depuis longtemps lors de sa mort, qu'elle était même malade avant ma naissance, sinon pourquoi elle était partie si vite après ma naissance. Encore une fois je le questionne. Puis il répond. Et ce qu'il me dit me trouble, si son cancer était curable, pourquoi elle n'était plus là aujourd'hui ? J'ai peu de comprendre ce qu'il me dit à demi-mot. Alors je ne peux pas me retenir et demande « Alors elle a arrêté son traitement ? » Si elle ne le supportait pas et qu'elle n'était plus là, je ne voyais pas d'autre explication. Et ça me fait mal de penser à ça, je sens les larmes qui montent, je sers le poing, je ne veux pas fondre en larme. Non, un autre sentiment arrive, je me met à trembler alors que l'évidence me vient de plus en plus vite en tête. « Elle nous as abandonné! Elle m'a abandonné ! Comment elle a put faire ça ! »

Parfois je regrette vraiment d'avoir posé des questions et c'est le cas ce soir. J'aurais mieux fait de filer chez Lily, de ne pas remuer le passé. Car ce que je viens de découvrir ne me plait pas du tout, pire que ça, ça me fait mal. Ma mère a arrêté son traitement, elle s'est laissé mourir. Moi qui l'avait toujours considéré comme une battante, une femme qui avait lutté jusqu'au bout contre la maladie et avait malheureusement perdu. Je me trompait. Elle n'avait pas essayé, elle avait abandonné. M'avait abandonné, moi qui était si petite. Mais pas que moi, elle avait abandonné tous ses enfants et son mari. Mon père a qui je ne cessait de faire des reproches. Lui au moins était resté là pour nous. Alors qu'elle, que j'idéalisais tant, ce n'était qu'un monstre d'égoïsme qui n'avait même pas tenu bon pour ses enfants. Ce triste constat me fait pleurer, moi qui ne craque pas souvent, encore moins en public. Je ne peux pas me retenir. Et encore une fois je murmure cette affreuse vérité « Elle nous as abandonné » Comment pouvait il se montrer encore si aimant envers elle? Moi elle me répugnait. Comment pouvait on faire ça ? Je regarde mon père qui me dit qu'il est désolé. Ce serait simple, de recentrer toute cette colère sur lui, il est là lui, ce serait une cible idéale. Mais je me refuse de l'accabler. Il n'y est pour rien, c'est elle qui a prit cette décision de nous laisser tomber. Alors je secoue la tête « Ce n'est pas ta faute, c'est la sienne, toi tu as été là pour nous » Et je me blottie contre lui, je ne sais pas quand je lui ai fait un câlin pour la dernière fois, mais là j'en ai vraiment besoin.

C'était une drôle de sentiment qui me prenait, je ne savais pas si je regrettais d'avoir posé des questions ou de ne l'avoir fait que maintenant. J'avais toujours eu des doutes sur ce qui entourait ma mère, trop de chose passé sous silence et de non dit. Mais je ne pensais pas à ça. Papa s'excusa et je niais, ce n'était pas sa faute à lui. Il n'avait pas tué ma mère, elle l'avait fait toute seule en laissant la maladie gagner. Alors non je n'en voulais pas à mon père pas maintenant en tout cas, j'étais trop concentré à lui en vouloir à elle. « Ce n'était pas à toi de te battre pour elle, c'est sa faute. Elle nous as abandonné » Ce seras mon refrain de la journée et je ne suis pas prête de l'oublier. Ma mère m'a laissé tombé, c'est douloureux de l'apprendre. Moi qui l'idéalisait tant, tout n'était que mensonge. Je me laisse allez pour une fois et je prend mon père contre moi. C'est rare mais j'en ai besoin et ça me fait du bien. Je sens que ça lui fait plaisir alors je reste un moment contre lui. Je fermais les yeux quand mon père embrassa mon front. Oui ça faisait du bien, me renvoyant à une époque lointaine, quand j'étais encore en âge de me réfugier dans ses bras quand bon me semblait. Ainsi blottie contre lui je me calme, a quoi ça sert d'être en colère contre une personne morte que je ne pourrais jamais confronter. Alors je me calme et écoute mon père me dire qu'il seras toujours là « Je sais papa, merci d'être là. Tu sais je t'aime, je te le dis pas souvent mais je t'aime papa. Merci encore » Je reste encore un moment contre lui avant de me détacher doucement « On devrait manger, Lily vas m'attendre »