Tu l'as invité chez toi. Tu as fais ça au plus simple. Tu aurais pu l'inviter ailleurs, mais tu voulais être quelque part où tu te sens à l'aise et que tu pouvais parler librement. Malgré tout, la nervosité prend le dessus sur ton corps. Avec James qui est disparu depuis des mois, surtout avec ce petit moment d'espoir au travers de quelques sms avec cet étranger, tu te sens complètement seule. Tu n'en as pas l'habitude, il a toujours été la seule personne de ton monde. La seule personne qui a toujours été là. Tu te retrouves parfois à dormir sur le divan parce que merde, t'es pas censée dormir seule dans ton lit. Il est censé être à tes côtés. Sauf que non. Il n'y a personne. Alors dans un élan de courage et de solitude, d'abandon, tu as finalement contacté cet homme. Nazzar. Ce type qui te cherche. Qui dit être ton père. Un mois que tu avais son numéro. Un mois que tu attendais de te décider.

Dans une heure, qu'il a dit. Tu regardes l'horloge et au même moment, on toque à la porte. Tu prends une inspiration et enfile une dernière gorgée de bière pour la redéposer sur la petite table du salon, à côté d'une photo. La seule que tu as encore, d'ailleurs. Abimée, usée avec l'âge, tu as maltraité le visage de ton pseudo-père au fil des années. Des trous à la lame, la photo grattée, afin qu'il ne reste que ta mère et toi. Tu ouvres la porte, inspirant discrètement, le laissant aussitôt passer sans rien dire. Sans ne savoir quoi dire. Comment est-ce que l'on salue son père, après tout..?

Les cheveux en bataille, tu fixe Ava dans ton lit, encore endormie. Une soirée de plus en enfer, faut croire. Elle était ce petit rayon de lumière qui arriverait peut-être à te ramener à la surface. Une nuit de plus à ne pas arrivver à dormir, des envies dangereuses qui t'a déjà mener à déroger de l'homme que tu étais devenu. Depuis quelques mois tu n'étais plus le même et peu de gens semblaient s'en rendre compte, ou peut-être s'en soucier. Tu as eu droit à une approche tardive de la garagiste qui avait géré ta voiture quelques mois plus tôt. Elle disait avoir des informations sur ta fille. Fille que tu avais fini par oublier par moment avec ce trou dans la tête. Quelques heures plus tôt, tu avais sorti Vincenzo d'une cellule et tu avais par le fait même découvert un mensonge de plus à ta vie. Le gamin dans la cellule d'à côté... Un simple regard et tu l'as su. Putain, mais combien sont-ils ? Comment les femmes peuvent être aussi stupide !

Tu avais pris une heure pour te rendre à cette Ange... Ça sentait le roussi, mais tu n'écoutais pas ton instinct moisi. Tu t'es rendu jusqu'au lieu de rendez-vous et tu as frappé à la porte en gardant le silence. Tu ne portais même pas attention au fait que tes cheveux étaient tout de travers et que tu ne cachais pas ta cicatrice derrière ta tête. Tu as abandonné le look de cowboy depuis un moment et des jointures restent toujours marquées de tes combats interminables. Le veston sur tes épaules, tu ajustes les boutons et la porte s'ouvre. En poussant un soupire, tu lèves les yeux sur elle. Tu restes silencieux, sans pour autant avoir de lueur dans les yeux.

Ton père. L'information te tourne en tête depuis des mois, incapable de t'y accrocher. Incapable de te centrer sur l'idée que tu as tué quelqu'un d'autre que ton paternel. Il ne faut pas se leurrer, il l'avait mérité ce type. À te battre ainsi et tenter de te noyer. Sauf que ce n'était pas ton père, bien qu'il se soit ainsi fait passer pour ce rôle toute ta vie. Du moins, de son vivant. Et pourtant, ton père était bel et bien en vie. Et dans cette ville, en plus.

La porte s'ouvre et la nervosité monte d'un cran. L'air fatigué qui se mélange à tes traits, tu tentes de cacher. Cacher les nuits à pleurer ou t'inquiéter. Les nuits à boire ou à t'engourdir le corps en fumant de l'herbe. Ta consommation a augmentée, c'est ton seul moyen pour y arriver. Pour oublier qu'il n'est pas là.

Il entre et tu refermes la porte derrière lui, ton regard croisant le sien. Il semble sans vie, presque autant que le tien. Tu ne parviens pas à le soutenir longtemps, loin de toi ton assurance habituelle. Tu passes une main à ta nuque et te dirige vers la petite table pour prendre la photo. Tes dents mordillent l'intérieur de ta joue. Tu pourrais encore changer d'idée et le monter en bateau. Lui faire croire de fausses informations. Parce que qui te dit qu'il voudra rester, quand il saura que c'est toi? « Tiens, y'a ça, déjà. » Tu lui tends la photo et te racle doucement la gorge. « C'est Joyce, là, non? Je ne sais pas ce qu'elle t'avait donné en terme de photo... »

Elle t'a ouvert la porte et tu lui as jetté un faible coup d'oeil. Assez long pour te rendre compte qu'elle n'osait pas tant te regarder. Tu ne chercherais pas à avoir ce contact visuel, tu n'en demanderais pas autant. Tu détailles l'appartement en silence avant de baisser les yeux vers la photo qu'elle te tend. Tu la prends et lèves un instant les yeux pour la regarder. Sourcil arqué, tu fixes l'image. Tu te râcles la gorge et détourne le regard. « Quelques années en plus, mais oui, c'est elle. » Tu la lui redonnes et fouilles dans la poche intérieur de ton veston. Tu en sors la lettre aux multiples plis qui annoncent la relecture fréquente de la lettre et tu la déplies pour récupérer la photo que Joyce avait mi adjacant à sa lettre. Tu lui tends la vieille photo. « C'est tout ce que j'ai en terme de photos. Bon, y'a les classiques photos de classe que j'ai pu retracer, mais ça s'arrête là. » T'avais relâché la bride depuis quelques mois, les recherches ne menant nul part. Tu lui fais dos en passant une main derrière ta tête et tu observes autour de toi.

Ça te rend nerveuse. D'avoir une famille de nouveau. De compter pour quelqu'un, peut-être. La crainte des déceptions, aussi. Et si tu n'étais pas comme il imaginait? Il venait d'entrer dans ta vie, rien ne l'empêchait d'en sortir aussi facilement. Tu souris pourtant légèrement lorsqu'il regarde la photo, lorsqu'il confirme que c'est ta mère dessus. Un sourire discret, un peu rassurée qu'il ne soit pas un imposteur. Il sort à son tour une lettre, un papier abimé par le temps, par le fait d'avoir été pliée à maintes reprises. Il a dû lire et relire, tu présumes. Tu prends la photo, tes dents trouvant ta joue intérieure. C'est toi. « Je ne savais pas qu'elle avait gardé une photo... » C'est presque murmuré au travers du silence.

Il se tourne, observe ton appartement. C'est pas autant en ordre que lorsque James était là, faut l'admettre. C'était un adepte du ménage alors que toi, tu laisses l'eau de la douche fuir tes jambes en traversant l'appartement. Tu vas pour ouvrir les lèvres et dire quelque chose, mais tu t'arrêtes en voyant la cicatrice. « On t'a tiré? » Tu reconnais beaucoup trop les cicatrices de balles. Ta plus récente se veut à la cuisse bien qu'elle commence à se mêler à ton épiderme. La main se lève pour tenter de retirer sa main, au plus doucement possible, afin de mieux voir. Voir à quel point il a eu de la chance de ne pas y laisser sa vie, vu la position.

Ça te fait étrange de ne plus sentir la présence de la photo contre ton torse. C'est peut-être seulement du papier, mais ça te fait cette impression. Tu la regarde l'observé et tu arques un sourcil en captant quelques mots de son murmure, sans pour autant comprendre ce qu'elle te dit. Tu pointes la photo. « C'était la seule qu'elle avait. Elle n'en avait plus besoin de toute façon. Elle est morte quelques jours après avoir posté la lettre. » Tu hausses les épaules avec ta voix d'un neutre. Tu te foutais un peu qu'elle soit morte, tu l'avais connu pendant un court moment. Tu n'avais jamais vraiment su quel genre de femme qu'elle était.

Tu contemples l'appartement quand la question te glace le sang. Tu n'y pensais même plus. Tu ne bouges plus sentant ses doigts contre les tiens. Tu écartes ta main et tourne légèrement la tête. Tu pousses un soupire et attend un moment avant de te retourner. Grâce à ta barbe, la sortie de la balle était dissimulée. Tu fermes les yeux en te massant le front. « Je te l'ai dit, faut prendre un numéro pour avoir ma peau. C'est pas la première que je me prends dans ces derniers mois. » Tu regardes un côté et puis de l'autre. Tu regardes une chaise et la pointe. Tu lui jettes un regard, un peu pour lui demander la permission. Tu n'attends pas vraiment avant de t'y laisser tomber. « Ma femme n'a pas vraiment eu la même chance que moi. » Tu tournes la tête vers la fenêtre un peu loin et tu pousses un long soupir. « Tu disais avoir des informations. Vas-y, je t'écoutes. »

C'est comme un retour en arrière, comme un miroir du passé, quand il te donne la photo. C'est bel et bien toi, il y a de cela des années. Ça te fais un choc, mais pas autant que ce qu'il te raconte ensuite. Le regard se dresse vivement sous la surprise que tu tentes de contenir sur tes traits. « Elle est-... Oh. » Les paroles ne sortent pas vraiment, pas sur le coup, alors que tu ramènes tes iris sur la photo. Tu reviens sur ta photo à toi, celle que tu lui avais montré. « Tu sais de quoi elle est morte? » Tu te racles légèrement la gorge, tentant de te faire discrète. Encore et toujours pour t'assurer de pouvoir revenir en arrière si le besoin se présente.

Il s'arrête et tu en fais tout autant, quand tu observes sa cicatrice. Il écarte sa main, finalement, et tu relâches ses doigts. Il soupire, avant de répéter ce qu'il t'a déjà dis. Est-il en fuite comme toi? Tu avais tellement de questions. « Pourquoi on t'en veux autant? » Il pointe la chaise et tu as à peine le temps de hocher la tête qu'il est déjà dessus. Tu t'installes sur la seconde, sans savoir quoi ajouter lorsqu'il parle de sa femme. T'excuser alors que tu n'as rien fais ne te semble pas approprié. Il te ramène plutôt à raison alors qu'il parle des informations promises. C'était maintenant ou jamais. Tu inspires, lentement, tes yeux clairs cherchant finalement les siens. « C'est moi. » Tu lâches d'une voix incertaine. « Sur les photos, j'veux dire... Lauryn. » Et tu ne sais pas à quoi t'attendre, désormais. Tu as l'impression d'avoir cessé de respirer.

Tu repenses encore à cette lettre. Il fallait qu'elle soit sur le point de mourir pour te l'avouer, hein? Il fallait qu'elle meurt sans que tu puisses lui parler de vive voix. Tu n'avais même pas chercher sa tombe. C'était tout de même huit ans en arrière. Tu pousses un soupire et la regarde avant de lui répondre. « Un cancer. » Tu avais toujours ce ton désinteressé. À croire qu'elle attisait ta haîne même dans la mort. C'étaita déjà lourd à gérer de ne pas avoir pu être présent dans la vie de Vincenzo, apprendre que son bras droit était lui aussi ton fils et qu'en plus de ça, tu avais un troisième fils et ta fille... Tu aimerais bien que ça cesse. Peut-être que faire un appel général pourrait mettre un terme aux surprises. Non ? Peut-être... C'est une mauvaise idée.

Tu restes affalé sur la chaise et tu lèves les yeux sur elle et tu humectes tes lèvres. Pourquoi on en veut à ta vie ? Longue histoire que tu ne balanceras pas à une inconnue, qui plus est, as déjà braqué une arme sur toi. Tu restes silencieux un court moment avant de lui répondre. « Plusieurs raisons qui se résume à un nom. » Tu lèves une main avant qu'elle ne te lance d'autres questions en lien avec la mise en danger de ta vie. Tout ce que tu voulais c'était savoir pour ta fille... La bombe fini par sortir et tu te figes, ton regard ancré dans le sien. Tes mains se mettent à trembler... Depuis des mois, elle le savait... Tu le lui avais dit et elle n'avait rien dit. Elle était restée silencieuse. De quoi avait-elle peur ? Tu te lèves lentement et comble le pas entre vous avant de glisser une main sous son menton pour la regarder de plus près. Ton coeur s'emballe, un pas de plus... Enfin.. Tu viens doucement prendre son visage entre tes mains pour la détailler. Un fin sourire se dessine un instant sur tes lèvres pendant que tes yeux s'embrouillent. Tu caresses sa joue de ton pouce. Tu n'as rien à dire.

Tu veux tout savoir. Tant de questions sans réponse. Tant de choses de ton passé que tu as tout simplement voulu oublier. Tu n'as jamais réellement pensé à ce qui advenait de ta mère depuis qu'elle t'a laissé avec cet homme. Pourtant, la voilà morte, sans même que tu ne sois au courant. Un cancer, qu'il te dit. Tu hoches la tête silencieusement, ne voulant rien ajouter de plus. Devrais-tu aller trouver sa tombe? C'était sans doute peine perdue. Encore fallait-il que tu te rendes à New York pour ça et ça, c'était trop risqué. Encore trop de gens voulaient ta peau, là-bas.

Il ne te répond pas vraiment. Il reste vague, sans en dire plus, levant la main pour t'empêcher de poser davantage de questions. Plutôt, il en vient à la sienne, à la raison de sa venue. Et tu oses. Tu oses parler, lui dire qui tu es. Le voilà qu'il se fige et tu ne sais pas à quoi t'attendre. Tu as déjà l'image de l'homme qui se lève et qui quitte car ce n'est pas la fille qu'il cherchait. Sauf que non, il ne disparait pas. Le coeur bat fort dans ta poitrine, tu n'entends rien d'autre que les battements. Tu te mets à balbutier des paroles, des explications. « Je ne savais pas si... Si je devais... J'avais peur que ce soit du faux- que ce soit quelqu'un qui m'en veux, je- » La voix est tremblante, remontant le visage lorsqu'il amène sa main à ton menton. Et tu ne sais rien dire, le regard qui s'embrouille à la vue du sien qui en fait de même. Tu ne sais pas quoi ajouter quand il fait preuve d'autant de douceur comme ça, envers toi. Tu pinces plutôt les lèvres, incapable de détourner le regard, en tentant de ne pas bêtement pleurer. Tu ne sais pas quoi dire alors que tu as l'impression d'être redevenue une petite fille, soudainement, fragile et vulnérable.

À son regard, tu comprends que sa vie à du être un enfer et tu ne peux pas rester de marbre face à ça. Ce silence, cette distance, cette arme contre ton torse. Non... Elle ne l'a pas eu facile et ça te fait mal de le comprendre. Faut croire que ton sang était voué à vivre la merde. C'est sûrement tout ce que ça attire. Tu pousses un soupire à ses mots et tu fermes un instant les yeux avant de venir poser un genou à terre pour t'abaisser à son niveau. Une main vient se glisser contre sa nuque pour la rapprocher de toi. Tu viens poser sa tête contre ton torse en appuyant ton menton contre le dessus de son crâne. Tu restes silencieux avant de la prendre dans tes bras. Tu fermes les yeux et caresses la pointe de ses cheveux. « Je suis désolé... Si seulement je l'avais su plus tôt... Tu n'aurais pas eu à vivre l'enfer qui t'es tombé sur la tête... Je n'étais peut-être pas là, mais je suis là maintenant et je n'ai pas l'intention de te laisser tomber... » Tu poses instinctivement un baiser sur le dessus de sa tête avant de pousser un soupire. Tu regardes droit devant toi tout en la gardant dans tes bras.

Tu as l'impression que tu vas te réveiller d'un rêve quelconque. Que ce n'est qu'un rêve sous les substances qui fait que ça te semble si réel. Toi, un père? Après tout ce temps? Il soupire sous tes mots. En as-tu trop dit? Peut-être que ce n'était que mascarade et il n'attendait que ça. Sauf que non, la main s'apporte à ta nuque et il t'amène contre son torse. Son menton contre ton crâne, tu restes immobile un instant. Trop habituée d'avoir des ennemis, d'avoir des gens qui ne font que mensonges pour mieux t'atteindre. Ça a toujours été ainsi, à New York et c'est difficile de mettre ça derrière toi de façon officielle.

Il te prend dans ses bras, plutôt. Il te prend dans ses bras et caresse tes cheveux, te laissant frémir faiblement alors que ton esprit est en pleine contradiction. La seule personne à avoir eu des instants de douceur comme ça, c'est James. Que ce soit ton père qui agisse ainsi te déstabilise. Tes paupières se ferment et tes bras osent l'entourer, s'agripper au veston, le serrant entre tes doigts tatoués. Est-ce que tu regrettes réellement l'enfer que tu as vécu? Non. Pas totalement. Tu regrettes seulement ce temps avec ce qui aura fait croire qu'il était ton père. « T'es pas responsable, t'as pas à t'excuser. » Tu lances la gorge serrée avant d'enfouir un peu mieux ta tête contre son torse à la suite du baiser, de sa douceur inattendue au meilleur moment.

Suite aux retrouvailles mouvementées avec Vincenzo... La découverte de Enzo... Puis celle de Thomas. Ça te fait plutôt étrange d'enfin pouvoir serrer dans tes bras l'un de tes enfants. Cela t'est arrivé avec Vincenzo, lors d'un moment de faiblesse, mais ce n'est pas tous les jours que ça arrivera. Dire que ça ne te fait rien, ce serait mentir... Pouvoir tenir Lauryn... Ange... Peu importe quel nom elle préfère... Ça te fait du bien et appaise ce animal blessé qui ne cherche qu'à mordre. Tu te concentres sur elle, la garde contre toi et resserres doucement ton étreinte autour d'elle. Tu caresses encore ses cheveux, encore un moment avant de te décaler vers l'arrière pour récupérer son visage entre tes mains. Tu repousses ses cheveux d'une main et caresse sa joue de l'autre. Tes yeux semblent déjà plus vivant qu'à ton arrivée, ton coeur semble déjà plus chaud à l'idée d'y accueillir une personne de plus. Tu te râcles la gorge et la regarde en silence une minute ou deux. « Demande-moi ce que tu veux. Toutes les questions qui te passent par la tête. J'y répondrai. » C'est peut-être un peu stupide, mais tu n'as jamais su avoir des secrets pour personne. Il suffisait simplement de poser les bonnes questions.

C'est encore difficile à avaler, comme information. La gorge qui persiste à rester nouée malgré que tu te retrouves là, dans ses bras. Les bras d'un étranger qui pourtant parvient à t'apaiser, à retourner tes émotions complètement. Entre James, l'annonce que tu as un père... Tu veux que les surprises s'arrêtent. Ton coeur a trop de mal. Le sommeil est trop aléatoire. Trop de mal, trop perdue. Trop seule jusqu'à maintenant et même encore, tu ne sais rien de lui. Les larmes roulent sur tes joues, silencieuses, tandis que tu serres le tissu entre tes doigts.

Il te relève la tête et tu relâches son dos d'une main pour passer ta paume contre tes joues humides. Puis, il repousse tes cheveux, caresse ta joue. Ses yeux semblent un peu plus pétillants. Toi, ce n'est que confusion. Tu tentes d'assimiler les informations, les unes après les autres. Quelque part tu maudis la terre d'arriver à te donner ce que tu croyais mort plutôt que ce que tu espères encore vivant. Tu soupires doucement à ses paroles. Tout ce que tu veux? Ça pourrait être long. Tu essuies de nouveau tes yeux et retire doucement ses mains. « Donne-moi quelques secondes. » Tu te redresses pour aller chercher ta bière sur la table du salon et revient vers lui, hésitante, avant d'ajouter finalement. « T'en veux une aussi? » T'as pas l'habitude d'être l'hôtesse. Encore moins pour ton père que tu ne connais pas.