Une soirée étrange pour un homme de ton âge, mais hey ! T'as cru avoir passé douze ans dans le coma, alors il faut bien profiter un peu de la vie pour ratrapper les années absentes ? Àa te fait plutôt étrange de savoir que tu as oublié beaucoup de ta vie. À en croire les médecins, ça ne reviendra pas, pas de si tôt. Toi, bon samaritin, t'as remarqué cette femme qui ne semblait pas bien aller. Tu t'en étais approché et elle t'était tombé dessus. Tu as pris pour acquis que pour elle, la soirée se terminait là. T'as essayé de savoir ou elle vivait, histoire de la mettre dans un taxi et quel puisse rentré, mais ça c'est résolvé inutile. Tu l'avais donc montée à l'étage pour qu'elle puisse s'allonger et dormir. C'était une idée dans une grande simplicité. Pourtant, tu t'es retrouvé allongé à côté d'elle, sur les couvertures. Pourquoi ? t'es tombé, tout simplement et t'as pas eu le courage de te lever, épuisé de la journée. À ton réveil, t'as eu droit à une main sur la torse. Il t'a pris un moment avant d'ouvrir les yeux, mais tu y arrives et tu te retrouves appuyé sur tes coudes. Tu tournes la tête vers la voix qui s'adresse à toi. Tu lèves une main pour la saluer. « Bonjour. » Tu arques un sourire simple, classique de ta part. Tu écrases tes yeux avant de t'asseoir. Tu te racles la gorge en replaçant tes cheveux en bataille. Elle te demande qui tu es et tu laisses tomber un rire. « Je n'ai pas pu me présenter hier soir. Je m'appelle Dastan. Esfahani. Et vous? » Tout en douceur, t'as jamais été brusque. La situation t'amuse en fait, mais ce n'est peut-être pas son cas. Tu pointes le lit ou vous étiez un instant plus tôt. « Il ne s'est rien passé. Vous ne sembliez pas très bien, je me suis dit que vous auriez besoin de vous allonger un peu et faut croire que moi aussi. Je suis désolé du désagrément. »

Drôle de retournement de situation. Te voilà dans une chambre inconnue avec une charmante inconnue. Tu ne te permetteras pas de lui dire qu'elle est jolie, ce n'est pas ton genre. En fait, ce genre de situation n'est pas ton genre. Pourtant, c'est bien là que tu te retrouves, dans un lit avec une femme. Déjà, l'idée de ces soirées ne te ressemblaient pas. Mais bon, quand tu as perdu des années de ta vie, quand on t'a arraché tes enfants, par principe que tu ne te souvenais pas d'eux, c'est une assez bonne raison pour boire. T'as jamais vraiment, tout à fait bien tenu l'alcool et tu contrôlais aisément ta consommation. Pourtant, tu t'es trouvé dépassé la veille et déplacer cette femme pour sa sécurité a un peu bousillé ton équilibre et tu t'es retrouvé près d'elle. Tu n'as pas inicié de contact en te présentant à elle, on ne sait jamais ce que ça pourrait engendré. Toujours trop respectueux de tout, il faut croire. « Charlène... Ça vous va à ravir ce prénom. Enchanté. » Tu marques la fin de tes mots d'un sourire et tu passes une main contre ta nuque. C'était une situation plutôt loufoque. Tu te racles la gorge et regarde vers la porte. Étrange que personne n'est dérangé. Tu ne sais même pas à qui appartient cette maison, tu as oublié. « Vous étiez sur le point de tomber, donc je suis intervenu. Je ne sais pas ce que vous avez bu, mais je crois que c'était peut-être un peu trop pour la soirée. »

Tu n'aurais jamais dit non de te retrouver dans le même lit qu'une femme, mais il faut toujours faire attention aux circonstances. En temps normal, tu ne serais pas resté, mais quelque chose t'as épuisé et tu n'as pas su tenir, tu t'es endormi à ses côtés en un claquement de doigt. Tu ne sais pas ce qui t'as épuisé en un seul coup, de ce que tu te souviens, tu tenais plutôt bien l'alcool et depuis ton réveil de coma, ce n'est pas la première soirée alcoolisée que tu as. Pourtant, voilà, t'es là, assis sur un lit, installer près d'une jolie dame. Tu gardes ton sourire qui se transforme rapidement en rire qui se mêle au sien. Tu passes nerveusement une main sur ta nuque. « Je crois que je vais aussi devoir faire attention à la mienne, faut croire. » Tu la détailles un instant. « Vous devez à peine dépasser quarante ans et vous devez surveiller votre consomation? Punaise, à mon âge je ne devrais plus boire alors. » Tu ris à nouveau avant de te lever du lit. Tu contournes le lit pour rejoindre son côté et tu lui tends une main qui se veut amicale. « Ma mémoire me fait défaut, je ne crois pas que je saurai ou nous sommes de cette chambre. » C'est vrai, ta mémoire n'était plus ce qu'elle était depuis ton accident il y a bien des années.