T'étais tombé dans des travers que tu n'avais jamais eu. Depuis que tu avais tué ton paternel, tu avais pris goût à observer la mort se prendre de tes victimes. Tu récupérais les contrats allechant pour les exécuter toi-même. Mais ce n'était jamais sans les regarder souffrir. Tu pouvais rester des heures à observer la cible du contrat suffoquer, souffrir en baignant dans son sang. Tu les ramenais toujours au manoir pour faire disparaitre les corps. C'est pas pour rien que t'as un incinérateur dans ton sous-sol. C'est là que tu es quand t'entends la porte ouvrir à l'étage. Malgré le bruit que pouvait faire la machine, t'avais une ouï parfaite. Tu l'arrête sans te soucier que tes mains étaient encore couverte de sang. Tu reconnais la voix. Ton frère est là et au timbre de sa voix, il n'est pas de sa plus belle humeur. Tu roules des yeux, agrippes un linge et montre tranquillement les marches, un peu trop calme. Tu te rends jusqu'au rez-de-chaussez et tu le rejoins dans la pièce ou il est rendu. « Alors l'animal en cage, pas trop perdu à tourner en rond? » T'es cru, mais c'est ce que t'es devenu... Tu essuies tes mains en t'appuyant contre le cadrage de la porte. Tu lèves les yeux vers lui, un regard complètement banal, mais sans étincelles au creux des iris. Tu te fiches complètement dans quel état est le petit. C'est pas ton problème. En fait, plus rien ne semble être ton problème. Tu balances le linge couvert de sang dans un coin de la pièce et tu reposes ton regard sur ton frère. « Qu'est-ce que tu fais ici, Evan. »

Tu n’aurais jamais cru qu’arrêter de travailler te serais aussi difficile. T’avais de grosses sautes d’humeur comme une femme enceinte. Un coup tu étais détendu et la moindre petite chose pouvait te mettre les nerfs à vif. C’est exactement ce qu’il s’est passé avec ton fils et son bol renversé. Même chose aussi quand t’as appris que Sullen était en prison. T’étais tout le temps irrité par ce qu’il se passait autour de toi. T’avais aucun moyen de te défouler alors tu criais. C’est ce que tu faisais de mieux en fait. Mais cette fois, ce n’est pas Catherine qui allait subir ton énervement, mais Kaj. Pourquoi lui ? Parce qu’il pourrait encaisser et parce qu’il répondrait sûrement. C’est ce que tu voulais. Puis il méritait ta colère après ce qu’il t’avait dit l’autre jour par texto. (…) En enttendant la voix de ton frère à proximité, tu te retournes pour lui faire face. « Tu parles de toi je suppose ! » Ta voix est agressive. T’as les nerfs et quand tu vois les traces de sang sur ses mains tu hausses un sourcil. Lui qui soit disant ne tuais pas, il se rattrapait bien pour le coup. Mais putain, t’étais presque jaloux de voir ces traces rouges sur lui. Toi t’y avais plus le droit. T’étais devenu un gentil toutou et ça te faisais chier en fait. T’aimerais tellement pouvoir reprendre une arme et tirer sur quelqu’un. Ou planter un couteau dans le cœur d’une cible. Merde, est-ce normal d’avoir autant besoin de jouer avec la vie de quelqu’un pour se sentir exister ? Pour se sentir bien ? Pour se sentir puissant ? Toi tu trouvais ton bonheur dans la mort d’une victime. Pas dans la torture, mais dans le coup final. Ça te donnait l’impression d’être un Dieu, décidé qui vit ou non. Mais là n’était pas la question. T’étais présent dans ce manoir pour voir ton frère et passer tes nerfs peut-être. « Je suis venu voir le Ô GRAND KAJ ! Voir ce qu’il est devenu parce que sa pauvre petite-amie est morte ! » Tu le provoque, tu le fais exprès. T’as besoin d’apaiser tes nerfs d’une façon ou d’une autre. Mais surtout, t'essayes de le réveiller de ce monstre derrière lequel il s'est caché. « Le plus triste dans cette histoire c’est pas qu’elle soit morte ! Mais c’est que t’es devenu comme celui qui l’a tué ! Tu rends hommage à son assassin. Un bel honneur ! Peia serrait fière de voir que t’es devenue exactement comme lui ! Félicitation frangin » T’es yeux aussi noirs que le charbon soutiennent ceux de ton frère. T'es à l'affût d'un petit changement dans son regard. N'importe lequel. Quelque chose qui prouverait qu'il ressent quelque chose.

Une visite surprise ? Est-ce vraiment une surprise ? Non. En fait, tu t'y attendais. Il aurait fini tôt ou tard par venir te voir. Non, tu ne l'espérais pas. Tu n'avais pas besoin de lui. - Du moins, c'est ce que tu dis. - Si seulement ta tête suivait le lot, tu serais dans un meilleur état, pourtant, elle a repris tes anciens plis, elle en a même fait plus. Tu n'es que l'ombre de l'ombre de toi-même. Tu n'est sûrement qu'un monstre et pour l'instant, ça ne te plait pas. Tu laisses tomber un rire sadique en roulant les yeux. « Je ne suis pas en cage, mais si tu veux, ouais, ça peut parler de moi. » Tu restes là dans le cadrage de porte à le regarder. On dirait vraiment un fauve en cage, les muscles tendues, la tension dans ses épaules est beaucoup trop visible pour ne pas y porter attention. Tu prends ce ton provocant comme un compliment et t'as ce sourire noir qui se dresse sur tes lèvres, il reste tout de même ancré lorsqu'il te parle de ta copine décédé. Il aurait du disparaitre, pourtant, ce stade était passé. S'il restait un peu de bonté en toi, elle se cachait plutôt bien, même très bien. Tu as ramené ce blocage émotionnel, qui t'a mené loin et haut dans les échelons. Tu l'écoutes parler et ton corps ne réagit pas, pourtant, ton coeur ne supporte pas. Tu glisses du cadre et te dresse. Tu t'avances vers lui, toujours les mains parciellement couverte de sang. « J'ignore si pour toi je devrais te remercier ou si je devais ignorer tes jolies belles paroles. » C'est sarcastique, ironique, tu te fiches épermiment de ce qu'il a à dire à ce sujet, pourtant, tout au fond, dans l'Innaccessible, tu sais qu'Il a raison et que tu ne fais que te cacher derrière cette carapace qui se veut douloureuse. Un hurlement venant du sous-sol se fait entendre. « Comme tu vois, je suis occuper. Dit ce que tu as à dire et fous le camp. »

T’étais calme et la seconde d’après vénère. Tu changeais d’humeur comme de chemise et c’était pire maintenant que t’étais enfermé chez toi. Avant, tu pouvais encore évacuer sur le terrain. Tu pouvais lâcher toute la haine qui t’habitais constamment à travers les balles que tu destinais à tes cibles ou à travers tes lames que t’aimais enfoncer dans leur carotide. Là t’étais en manque d’adrénaline, en manque de danger, en manque de meurtre. C’était comme une drogue pour toi ! Ça donnait un sens à ta vie, un objectif que tu avais bien besoin. Aujourd’hui, chaque jour se ressemble. T’es plus rien à part un père et un mari. Mais ça ne te suffis pas. Vu ton caractère, t’as besoin d’action. T’essayes de tenir pour ta femme, mais t’as peur d’exploser pour de bon et que ça soit elle qui prenne tout. T’as peur de la blesser sans le vouloir, t’as peur de lui faire tellement de mal qu’elle t’abandonne pour de bon. Alors, quand tu sens que ton sang chauffe avec les derniers événements, c’est vers le manoir que tu te diriges. C’est là que tu vas pouvoir passer tes nerfs avant de rentrer retrouver ta famille. Kaj lui saura encaisser tes nerfs à vifs. Et peut-être qu’avec ça, il se réveillera. T’as peu d’espoir de l’atteindre complétement avec tes paroles, mais t’oses espérer que derrière sa façade de monstre, quelque chose se passe. Tu t’approches de lui, tu le toises et tu attrapes son menton fermement dans ta main « Non mais regarde-toi ! La même gueule que papa » C’est faux, des trois, c’est toi qui ressemble le plus à ton père, mais tu ne parles pas du physique là, tu parles de l’expression qu’il a sur son visage. « La même gueule d’abruti ! Même gueule de monstre » T’entends les cris de la cave, mais tu n’y prêtes pas attention. Tu t’en fou de ce qu’il fait là en bas. « Ça te plait ? Ta nouvelle vie ?! Les tortures, tout ça ?! T’aime voir Sullen trembler en entendant ton nom ? T’aimes ça hein ? T’es plus que l’ombre de toi-même. T’es faible en fait. Peia t’as rendu faible au point que maintenant t’as besoin de te rassurer en torturant des moins que rien »

Stoïque, tu le regardes de cet air sans expression, toi qui normalement appréciait toujours ses petites visites surprises. La dernière fois qu'il s'était pointé à l'improviste chez toi, il t'avait sauvé la vie et tu l'en as toujours pas remercié. Tu n'es pas près de le faire par contre, t'es pas dans ton état normal, tu lui rirais en pleine gueule s'il t'en faisait part. Pourquoi, tu restes là, sans émotions reconnaissable. Ton frère était en mode explosion retardataire et tu ne l'aidais pas en restant beaucoup trop calme face à lui. Il méritait ton attention, après tout, il porte le même sang que toi, il t'a sauvé la vie plus d'une fois. Merde, mais qu'est-ce que t'es devenu pour laisser tomber ton frère qui semble clairement en appel de détresse ? Ton plonge ton regard vide et assombri dans le sien lorsqu'il atrappe ton menton, tu ne bronches pas, les bras toujours croisé sur ton torse. Tu écoutes, mais tu n'enregistres pas. Peut-être que tu as la gueule de votre père, tu t'en fiches. Il n'était pas là, il n'avait jamais été là pour toi et il a osé te dire que tu étais sa grande fièreté ? Que tes frappes n'étaient que de pures échecs. Il faut le dire, votre père avec une sale gueule et parlait trop facilement, il suffisait de garder le silence pour qu'il te fasse un monologue. Il t'Avait soulé, blessé, il s'en était pris à tes frères, à ta Peia... Il tentait de tout t'arracher et la solution que tu avais trouvé, c'était de le faire souffrir à ton tour. Oh oui. Le tuer n'était qu'une fin innévitable et tu tenais à ce que ce soit toi qui le fasse, pas Evan, ni Sullen. Ils méritaient mieux que de vivra avec ça sur leur conscience. Tu le laisses vider son sac, il en avait des choses à dire. Tu fini s par lui agripper la main, la faisant tourner pour lui occasionner un inconfort. Tu lui tords la main, joignant le bras dans le geste. Tu ne fais que le faire reculer en gardant ta prise. Tu te détaches de ton appuie et fait un pas vers lui. « Nouvelle vie ? Qu'est-ce qui te fait croire que c'est moi qui a une nouvelle vie? T'es un homme au foyer, un animal pris dans une cage. Mon pauvre, tu n'arrives même plus à te gérer. Tu viens me dire que c'est moi le monstre? Tu t'es regardé un peu ? Quand est-ce que tu vas exploser et tuer toute ta maisoné ? Je fais ton boulot et j'y prend plaisir. Sullen n'est rien, c'est un faible, s'il a peur, qu'il dégage, j'en ai rien à foutre. Tu devrais foutre le camp toi aussi. J'ai pas besoin de toi. »

Tu ne comprends pas comment il arrivait à garder son sang-froid malgré tes paroles. Putain, toi à sa place tu aurais déjà explosé. Tu serais devenu violent au point de tout détruire autour de toi. Objet comme humain. Quand tu étais en colère, tu ne faisais plus la différence entre ami, ennemi, allié,… Tu ne voyais que noir et ton entourage en faisait les frais. Ce n’est pas pour rien que tu avais déjà frappé June et Cat. T’étais un mec impulsif et c’était là ton pire défaut puisqu’il pouvait s’avérer être très dangereux. Tes crises de colères étaient souvent excessives et incontrôlées ! Ce n’est pas pour rien que tu étais considéré comme le patient le plus dangereux de l’aile psychiatrique. Peut-être que tu aurais dû y rester finalement. Un mois n’avait pas suffi à guérir ton mental malade. En fait, c’était un miracle que tu n’aies encore fait de mal à personne ces derniers mois. Tu avais failli lever la main sur ta femme encore une fois, mais tu t’étais retenu et rien que ça, c’était un énorme progrès. Mais Kaj avait raison, t’étais qu’un animal en cage et tu n’attendais que de pouvoir sortir et bondir sur une proie. Mais est-ce que tu étais sauvage au point de t’en prendre à toute ta famille ? T’as peur que la réponse soit positive. Merde, t’étais venu pour l’atteindre lui, pour essayer de le faire réagir et le réveiller, mais au lieu de ça, c’est lui qui t’atteins et ça t’énerve. Tu grimaces sous sa prise et tes yeux s’emplissent de colère. Tu écoutes ses paroles et sa dernière phrase te fait mal au cœur. Il n’a pas besoin de toi. T’es vraiment devenu inutile. Tu grognes et dès qu’il te lâche tu lui fonces dessus pour lui foutre un coup de poing en pleine tronche. Tu as besoin d’évacuer. Un animal en cage . « LE SEUL FAIBLE ICI C’EST TOI ! » Tu hurles sous la rage. T’étais plus facile à faire enrager que lui. Tu le pousses « Tu ne vaux plus rien ! Je t’ai sauvé la vie pour rien ! Sans moi tu serais sans doute encore sous terre, mais non c’est vrai, t’as pas besoin de moi ! »

Son poing arrive et t'as l'impression qu'il arrive au ralentit. Tu lèves la main pour le repousser avec aisance et tu écartes la tête. Ton visage reste neutre et ton regard s'ancre dans le sien. « Tu te ramolis Evan. Tu n'arriveras pas à me toucher. Tu deviens faible. » Tu le repousses pour l'éloigner, tu sais bien qu'il ne s'arrêtera pas à un seul coup. Tu le sens bien. Il n'est pas en état, il a la rage. Tu connais ton frère, même si tu préfère qu'il ne soit plus là, qu'il ne soit plus dans ta vie, il reste ton frère et s'il a besoin de se vider contre toi et bien tu le laisseras faire. Être là sans être là, c'est que tu dirais, mais ton choix est fait. Ton frère sera bien mieux sans toi. Il est tombé une fois, même deux en fait. Très bas. Il a frôlé la mort deux fois et ce depuis que tu es entré dans sa vie. Catherine a risqué gros dans la même ligne directrice. Cassiopeia a perdu la vie à cause de toi. Les gens autour de toi, de trop près, ne font que tomber et tu ne supportes plus. Il n'y a que Alfred toujours debout et à l'âge qu'il est rendu, il ne tiendra pas une éternité. Tu passes ta main sur ton arcade sourcilière en soupirant. Tu te recules d'un pas et lui fait signe d'approcher. « Tu veux te vider sur moi ? Vas-y. Essaies. Je t'attends. »