Une soirée de plus dehors. T'as rejoint les entrepôts en marchant. Ce ne fut pas facile, mais à force de marcher, ça devient de plus en plus facile et tu gères plus facilement la douleur. Tu rejoins l'entrepôt du fond, là ou ils se sont tous rejoint. Ton tour fini par venir et tu retires ton t-shirt pour ne pas le salir. Tu te retrouves au centre de ce groupe et les coups s’enchaînent. Tu n'as pas grande mobilité, donc les coups, tu t'en prends et c'est douloureux. Tu grognes et encaisses. Ton coeur s'emballe. Ce soir, tu t'enlignes pour perdre. Un coup supplémentaire et tu te retrouves hors de l'entrepôt. La foule suit et ils s'exclament. T'as une excellente endurance. Tu frappes, mais résultat, tu fini au sol.

Ce soir, c'était soirée entre amies. Tu venais de fermer la librairie puisque t'étais la dernière à être présente sur place, puis tu entrepris de rejoindre ton amie qui se trouvait chez elle. T'avais préparé des cookies vegan pour pouvoir ne pas venir les mains vides et ça tombait bien parce que ton amie en raffolait. Tu décidas de marcher à pieds, même si ça n'était pas forcément prudent. Tu restais à l'affut des gens que tu rencontrais sur ton chemin, puis tu passas dans un endroit un peu plus désertiques, près des entrepôts. Malheureusement, tu entendis du bruit pas loin et tu sus que tu n'étais pas toute seule. Curieuse, tu t'approchas de la petite foule qui se trouvait par là et tu surpris Prince, dont tu n'avais pas de nouvelles depuis perpète, en train de... se battre?

"Prince?" l'appelas-tu, mais tu ne savais pas s'il t'avait entendue avec tout ce raffut. Alors tu l'observas sans trop savoir quoi penser. C'était la première fois que tu assistais à ce genre de spectacle et tu ne savais pas quel jugement en porter.

Tu te prends les coups, c'est sauvage et pourtant, tu te prends une sale râclé. Tu es là, au sol à te prendre des coups. Tu te protèges de tes poings, mais ça ne t'aide pas vraiment. Un coup vient te sonner et ta tête se fracasse contre l'asphalte, elle tourne. T'es étourdi. Ton souffle devient plus court. Il s'est reculé un instant en levant les poings en sang. La foule s'exclame, mais faut croire que ça l'encourage à continuer. Il vient se poser contre toi et ses poings te frappe encore et encore. Si quelqu'un n'intervient pas, ouais, bah ce fou risque de te tuer.

T'en revenais pas. Prince était là, devant toi, à se battre avec férocité. T'avais pas eu de nouvelles de lui depuis le mois de février et tu t'étais beaucoup inquiétée à son sujet. Mais il n'avait pas répondu, rien, alors t'avais fini par abandonner. Et voilà qu'à présent, il était devant toi. Tu l'aurais presque pas reconnu mais ces cheveux roux étaient uniques. Tu savais que c'était lui. En tout cas, il prenait cher. Si bien qu'à un moment donné, tu décidas de t'interposer et tu le bouscula.

"Non!"

Il fallait que le combat cesse. Il se faisait frapper comme pas possible et tu te devais d'agir. Tu l'avais mis hors combat, à la surprise générale. Tu observas Prince avec de la tristesse dans tes yeux. Il t'avait tant manqué! Mais grand Dieu, tu aurais souhaité le revoir dans de meilleures circonstances.

Tu ne te battais plus, en fait, t’étais rendu à l’étape de subir. T’es au sol, sonné à subir d’autres coups. Tu grognes en décalant la tête pour un coup. Ton souffle se coupe et tu ouvres les yeux en entendant une voix familière. Ton agresseur s’écarte et tu te redresses sur tes coudes en ouvrant difficilement les yeux. Tu tournes la tête en la laissant tourner sur le côté. Tu remarques cette chevelure rousse et t’as un sourire qui se dessine. « Eme ? » Tu laisses ta tête basculer vers l’arrière te ramenant au sol. Tu pousses un soupire le corps endolori. T’entends déjà les gars se plaindre que le combat soit arrêté et t’entends aussi les commentaires sur les courbes de la rouquine et ça te ramène soudainement sur terre. Tu ouvres les yeux d’un coup et tu te jettes presque sur Eme avant que l’un des gars ne la touche et tu te lèves d’un bond en la gardant contre toi. Tu grimaces de douleur en entendant ta jambe craquer. Tu baisses les yeux vers elle. « T’es jolie ce soir. » Tu rigoles essayant de cacher ton état médiocre.

Cela faisait longtemps que tu n'avais plus eu de nouvelles de ton meilleur ami et ça t'avais inquiété. T'avais fini par penser qu'il ne voulait plus te parler, même si tu ne savais pas ce que tu aurais pu faire pour cela. Et maintenant, tu tombes sur lui en train de se battre et tu n'avais pas pu t'empêcher de t'interposer avant qu'il n'arrive malheur à lui. Certains soupirèrent, déçus que le combat ait pris fin, d'autres firent des remarques à ton sujet mais tu n'en tenus pas compte. T'étais trop absorbée par Prince, au point que tu ne faisais pas attention autour de toi. A un moment donné, Prince se vautra vers toi avant qu'on ne vienne te toucher et il te dit que t'étais joli ce soir. Tu fronças les sourcils, mécontente.
"Ce n'est pas le moment Prince! Je peux savoir ce que tu faisais?"
T'ignorais tout de ses activités, de sa vie en ce moment, de ce qu'il avait pu devenir. Tu comptais bien s'en tenir informée. Tu sortis un mouchoir de ton sac et tu vins essuyer le sang qui coulait de son visage.
"Viens, on rentre." décidas-tu en lui prenant la main.

Oh... T'es dans la merde. Ce froncement de sourcils s'annonce plutôt mal. T'avais pas vu ta meilleure amie depuis longtemps. Tu ne te souviens même pas de lui avoir parler de ce pari avec Kelsie. Lui as-tu déjà simplement parlé de Kelsie ? T'en sais plus rien. T'as une sale gueule et la douleur camouffle celle qui te traverse de l'intérieur. T'es bousillé, t'es en mile morceaux et c'est en te battant que tu les empêches de te faire éclater. Tu ne t'attendais pas à voir Eme débarquer. Tu ne t'attendais pas à la prendre dans tes bras pour lui éviter les mains baladeuses. Elle n'est pas contente, mais pourtant, tu te contentes de lui sourire. Tu pointes la foule de ton menton. « Ça se voit non? » Ouais, tu te bats, tu te battais facilement quand tu étais jeune, mais toujours pour des bonnes raisons et toujours poussé à bout, mais là, c'était différent. C'était pour le plaisir, pour te punir. Tu grimaces au contact du mouchoir et tu fermes un oeil. « Aïe! » Tu regardes sa main prendre la tienne et tu essaies de marcher. Tu la suis quelques mettres avant de t'arrêter. « Eme... » Les muscles de ta jambe tremblent par la pression et tu viens t'appuyer contre le premier truc que tu croises.

Toi t'étais strictement contre la violence et tu ne comprenais pas en quoi des choses pareilles pouvait amuser une foule. T'étais dans ton petit monde de bisounours quoique, tu ne te laissais pas faire pour autant, mais tu ne comprenais pas la nécessité de se bagarrer. Encore moins de la part de ton meilleur ami que tu n'avais pas vu depuis longtemps. Il avait fallu que tu tombes sur lui nez à nez en train de pratiquer ce genre d'activité et tu ne pouvais pas dire être fière de lui sur le moment. Il peinait à voir, son visage était boursouflé parce qu'il avait du prendre plusieurs coups et t'imaginais les douleurs qu'il pouvait y avoir. Lorsque tu lui demandas ce qu'il faisait, il fit un signe de la tête en montrant la foule en te disant que ça se voyait. C'était pas vraiment la réponse que tu voulais entendre, aussi, tu fronças les sourcils en te décidant à prendre soin de lui.
"Et je suis sensé faire quoi? Te féliciter? Pourquoi tu fais ça?" demandas-tu en essayant de comprendre, même si plusieurs questions te venaient à l'esprit en ce moment même sans que tu ne puisses te décider à les poser. Après avoir pris soin de lui, tu lui prit la main et tu l'entraina ailleurs, loin d'ici, mais il s'arrêta en route. Il ne se sentait visiblement pas bien et il soupira le début de ton prénom. Tu l'observas un instant en hésitant à appeler les secours. Il avait besoin de soin.
"Quoi? Qu'est ce qu'il y a Prince?" demandas-tu d'une voix un peu plus douce mais mécontente quand même. "Tu veux que j'appelle une ambulance?"
Tu te positionnas à ses côtés pour l'aider à se maintenir debout, même si avec ta corpulence de crevette, t'étais pas d'une grande aide pour autant.

Tu ne portes pas attention à son commentaire. Tu sais bien qu'elle a raison, elle est furax, tu l'entends. Tu ne lui as pas donné de nouvelles depuis des semaines, même des mois, merde, tu attends la fureur te tomber dessus. Tu n'attends que ça ! Ça n'a aucun sens... Est-ce qu'elle va t'abimer plus que tu l'es ? Tu n'oses pas la regarder, tu prends un moment pour fermer les yeux et soupirer avant de suivre le trajet qu'elle dessine. Tu finis par t'appuyer et l'appeler. Tu lèves les yeux vers elle et fait ce petit sourire désolé que tu as quand tu cherches sa pitié. C'est bien la seule à qui tu fais ce genre de regard. Tu hoches négativement la tête. « Pas besoin d'une ambulance, ils ne feront rien à l'hôpital, il n'y a rien à faire. » Tu te penches pour masser ta jambe et tu fermes les yeux en soupirant. Tu finis par passer une main dans tes cheveux et tu te mords la lèvre inférieure. Tu regardes vers l'entrepôt avant de te tourner vers elle. Tu sens son bras autour de toi et tu te redresses. Tu glisses ton bras autour de ses épaules et tu la tire vers toi. Tu viens embrasser le sommet de son crâne. « Ça va je te dis, j'ai le nerf siatique de sectionné... C'est normal. Je me crois toujours aussi invincible. » Tu laisses tomber un rire. Tu sens déjà la question arrivée et tu ne t'es jamais vu lui mentir. « J'ai eu un accident avec mon quatre quatre... J'ai foncé dans la maison de mon père. Mes freins étaient bousillés. »

Forcément que tu n'allais pas être ravie pour lui. N'importe qui n'aurais guère apprécié voir son ami, voir même son meilleur ami, dans cet état là. Pire, tu te sentais impuissante, tu voulais faire quelque chose mais t'ignorais quoi. Lorsqu'il te dit que c'était inutile d'appeler une ambulance, tu soupiras et tu levas les yeux au ciel. Forcément, il n'avait pas apprécié ta suggestion, même si c'était la chose la plus raisonnable à faire.
"Et quoi alors? S'il te plait, va au moins voir un médecin. Tu peux pas rester comme ça!" renchéris-tu, en essayant d'être la plus raisonnable possible. Quitte à le soigner toi même d'ailleurs, au moins panser ses plaies. Il avait été pas mal amoché après tout. Il suffisait de passer à la pharmacie et prendre de quoi. Au moins de la glace aussi, pour pas que ça enfle. En fait, t'étais pas médecin, tu ne savais pas ce qu'il fallait faire. Mais tu voulais au moins essayer.
Sentir Prince contre toi eut pour effet de te réconforter un peu. Le baiser qu'il te posa sur la tête ne te laissait pas indifférente, dans le sens où ça te faisait du bien de le retrouver. Il t'avait manqué mine de rien. T'aurais aimé pouvoir le croiser dans de meilleures conditions évidement.
Il t'apprit qu'il avait le nerf sciatique de sectionné et avant que tu ais pu poser la moindre question, il ajouta qu'il avait foncé dans la maison de son père avait son quatre quatre. Tu tournas la tête vers lui en affichant un regard étonné.
"Sérieux?"
Tu remis une mèche de tes cheveux derrière l'oreille avant de poursuivre :
"Comment ça s'est passé?"
T'étais plutôt curieuse et tu t'en voulais de pas avoir été plus présente à ce moment là. Enfin, c'était pas faute d’avoir essayé, mais t'avais plus eu de nouvelles depuis.

Pas d'ambulance, pas de médecin, pas d'hôpital, ça ne servait à rien, tu savais très bien ce qui se passait. Tu allais être pris avec ça toute ta vie, fallait bien t'y faire, non? T'as fini par lui dire ce qui t'arrivait et t'as poussé un soupire en te pinçant l'arrête du nez. Tu lèves les yeux vers elle avant de regarder ailleurs. T'avais pas vraiment envie de lui parler de ça. Tu baisses de nouveau la tête en regardant tes mains. Tu restes silencieux un moment. Tu refermes tes bras autour d'elle en venant appuyer ta tête contre le dessus de son crâne. Tu fermes les yeux en laissant les mots guider. « Avec mon père ça a toujours été la guerre. Il me battait comme si j'étais un punching bag. Mon père a fait une connerie et ça m'a mit la rage. Je suis revenu de LA pour le lui faire comprendre, mais il était passé à mon camion avant. En arrivant chez lui, j'ai essayé de freiner, mais rien à faire. Donc, j'ai fini encastré dans la maison. La carcasse a écrasée ma jambe et puis... Voilà. Bon... Me faire poignarder n'a pas du aider en fait. » C'était sorti sur un ton neutre, sans même te soucier lui avoir dit que t'avait foutu le camp. En fait, ça te faisait un bien fou d'en parler à quelqu'un...

Revoir Prince te faisait énormément plaisir, c'était certain, mais t'aurais préféré le revoir dans de meilleures circonstances. Tu ne voulais pas le voir souffrir, pas dans cet état, t'avais peur pour lui. C'était ton meilleur ami après tout et même si ça faisait longtemps que vous ne vous étiez pas vus, tu tenais toujours autant à lui.
Puis il te raconta un peu ce qu'il s'était passé avec son quatre quatre et ce qui s'était passé avec son père. Ça te glaçait le sang. Il t'avait dit les choses avait un tel naturel que ça te déconcertait. Sa vie était loin d'être facile contrairement à la tienne, et pourtant, t'estimais pas vivre la vie la plus heureuse qu'il soit.

"Prince, je suis désolée..." dis-tu en tout et pour tout. Tu ne savais pas vraiment quoi lui dire d'autre parce que ça te peinais d'apprendre tout ceci. Tu savais que les relations qu'il entretenait avec son père n'était pas au beau fixe, mais t'avais pas idée que ça pouvait être à ce point. Il lui était arrivé tellement de crasse, que tes soucis à côté des siens, c'était du pipi de chat.

"Ca te dirait de passer chez moi? Je te donnerais à boire et si tu as faim, à manger. J'ai des glaçons aussi pour pas que ta tête enfle, et j'ai de quoi faire quelques soins. Enfin, j'ai pas grand chose mais ça devrait aller. Ce que tu m'apprends là me fend le coeur, je regrette de ne pas avoir été plus présente pour toi. Est ce que ce qui t'ont fait ça ont été puni, au moins? Et ton père alors, qu'en est-il?"

Tu ne l'obligeais pas à répondre à toutes ces questions, mais t'étais curieuse, c'était plus fort que toi. Tu voulais te montrer présente pour lui désormais, être au moins un soutien pour lui. En attendant, tu voulais t'occuper de lui, il y avait de quoi soulager la douleur chez toi, et passer un coup sur ses blessures.